Montedidio de Erri De Luca

Montedidio de Erri De Luca
( Montedidio)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 27 juin 2002 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 846ème position).
Visites : 9 900  (depuis Novembre 2007)

Pure poésie

Cela faisait longtemps que je n'avais plus rêvé en lisant un livre.
Ce manque est largement comblé par Montedidio.
Le narrateur est un jeune garçon de 13 ans qui vit à Naples, dans ce quartier nommé « Montedidio ».
Son père a décidé de le retirer de l’école et de l’envoyer travailler chez un menuisier, décision qui rencontre le désir du petit garçon.
Il est là en « apprentissage ».
Apprentissage global : de l'amour du bois, de l'humanité, de l’Histoire, de la sagesse, de la simplicité, de l’échange, du Beau, du Vrai, de l’extraordinaire.
Deux hommes le guideront sur cette voie : le menuisier, mast’Errico, ainsi qu'un cordonnier juif, Rafaniello, qui a installé pour un temps son tabouret et ses outils dans l’échoppe.
Rafaniello se distingue de deux manières.
D'abord, il ne fait payer personne de ce quartier pauvre où l'on vit l’un sur l'autre.
Ensuite, une protubérance déforme son dos.
Elle grandit, fait un bruit étrange, comme celui d’ailes qui poussent.
Le jeune homme reçoit de son père un « boumeran » dont il ne se sépare pas, bien qu'il ne puisse le faire voler tant les rues de Montedidio sont étroites.
Alors il monte au lavoir, tout en haut du village, et exerce son mouvement, sans jamais lâcher l’objet.
Il ne le fera que lorsqu'il sera prêt, lorsque son geste sera parfait.

Il découvre également l’amour grâce à Maria, une petite voisine entreprenante.
Leur relation commence doucement, puis s'épanouit, s'élance enfin…
Oui, tout « s’élance » dans ce livre.
L'amour, l’amitié, le retour au pays, le grand saut, le « boumeran », la maturité.
Quel souffle !
Que de symboles !
Et tout cela dans une langue des plus limpides, forcément puisque le narrateur a douze ans.
Des images à profusion, un style approprié à une sérénité qui transpire, de la douceur, et enfin l’envol…

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Les éditions

  • Montedidio [Texte imprimé], roman Erri De Luca trad. de l'italien par Danièle Valin
    de De Luca, Erri Valin, Danièle (Traducteur)
    Gallimard / Du monde entier (Paris).
    ISBN : 9782070762682 ; 18,80 € ; 17/01/2002 ; 207 p. ; Broché
  • Montedidio [Texte imprimé] Erri De Luca trad. de l'italien par Danièle Valin
    de De Luca, Erri Valin, Danièle (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070302703 ; 7,50 € ; 23/10/2003 ; 240 p. ; Poche
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Les livres liés

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Petite parenthèse napolitaine

6 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 30 août 2022

Une belle écriture mais un roman qui manque de profondeur, notamment dans l’écriture des personnages. Peut-être est-ce volontaire de la part de l’auteur, une volonté de légèreté, propice aux sensations poétiques de Montedidio.
A cela s’ajoutent des chapitres ultra courts, le roman fait 230 pages mais tiendrait aisément en une centaine. Un format sûrement idéal pour une lecture de détente.
J’en retiendrai quelques beaux passages et la sensation d’avoir vécu une courte parenthèse napolitaine.
Une lecture agréable mais dont j’attendais plus.

Un poétique apprentissage de la vie

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 25 février 2019

Un jeune Napolitain d'un quartier populaire qui donne nom au roman, découvre son nouveau métier, la langue officielle de son pays, l'amour, la vie en société, la vie en général, l'apprentissage de son corps qui change étrangement. Une profusion d'anecdotes retracent de manière pointilliste ce cheminement vers la vie d'adulte et l'attachement toujours intact à un mode de vie et à ses proches. Généreux et sensible, ce livre s'avère touchant et poétique, donc émouvant.

un peu de ciel

10 étoiles

Critique de Catoate (, Inscrite le 6 octobre 2014, 40 ans) - 6 octobre 2014

Quartier populaire de Naples, ça parle napolitain et ça rêve... les ailes poussent sur le dos d'un pauvre cordonnier qui sera le guide historique, social, l'ami et le confident du jeune narrateur. Sous ses ailes, l'Histoire aussi, pas uniquement l’utopie d'un vol.
Comme à chaque fois, on retrouve la poésie d'Erri de Luca, ses phrases coups de poing qui "versatilent" et "poétisent" avec des thèmes souvent violents : la croissance rapide d'un enfant qui doit devenir homme et faire un deuil trop vite; la pauvreté; les corps qui changent et s'apprennent en cachette...
C'est le premier roman de De Luca que j'ai découvert il y a de cela des années. Je ne cesse de défendre l'écrivain et le poète. Je vis désormais un peu plus près de lui, de ses mots et de ses récits...

Voyage en terre napolitaine. Beau, populaire et poétique.

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 19 septembre 2014

Erri de Luca est vraiment un grand auteur, il excelle à restituer des ambiances et durant ces 230 pages, j'ai eu le sentiment de déambuler dans les rues napolitaines, d'entendre la langue personnelle de ses habitants, de sentir les odeurs de pizza ...

Le narrateur est un adolescent de 13 ans vivant dans le quartier de Montedidio. Il travaille déjà aux côtés de mast’Errico, un menuisier et ne se sépare plus de son boomerang offert par son père, qui a beaucoup à faire avec son épouse gravement malade. Le narrateur fait son apprentissage et semble basculer dans l'âge adulte en vivant des scènes fortes et décisives. Sa rencontre avec Maria lui permet de découvrir l'amour. Un autre personnage fascinera notre jeune adolescent, c'est Rafaniello, un cordonnier juif, bossu. Mais il n'est pas un simple artisan, il est aux yeux de l'enfant un ange qui cache ses ailes dans sa bosse.

Ce roman permet de s'imprégner d'une atmosphère, du quotidien de ces hommes qui vivent dans la simplicité. Le regard de l'enfant transfigure parfois la réalité et l'on s'attache rapidement à ce lieu où il vit, avec ces coutumes et ces êtres croyants. Les dernières pages sont magnifiques. Chez Erri de Luca, l'on rencontre des personnages touchants. L'auteur ne tombe pas dans la facilité et évite le mélo, même dans les scènes qui s'y prêteraient bien. Il y a une humanité que l'on retrouve rarement en littérature.

Erri de Luca peint avec talent un univers qu'il connaît bien et des gens simples qui deviennent inoubliables sous sa plume.

Poésie du regard

8 étoiles

Critique de JEyre (Paris, Inscrite le 17 juillet 2010, 43 ans) - 9 juin 2013

Montedidio retranscrit la parole d’un jeune adolescent italien de l’après-guerre, dans ce moment charnière de sa vie. Au fil du rouleau sur lequel il marque les événements de cette courte mais intense période, c’est toute la poésie du regard de l’enfant qui nous saisit. A la fois conte et récit initiatique, on est sous le charme de sa parole, de sa naïveté poétique.

"Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie."
Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d'un manque, je dois l'appeler présence ?
"C'est ça, et à chaque manque tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil."
Alors quand vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi ?
"Non, dit-il, quand il t'arrive de penser à moi, je suis présent."
J'écris sur le rouleau les paroles de Rafaniello qui ont mis le manque sans dessus dessous et il est mieux comme ça maintenant. Lui avec ses pensées, il fait comme les chaussures, il les retourne sur sa caisse et les répare.

Naples après la guerre

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 4 octobre 2004

Naples, fin de la deuxième guerre, un enfant apprenti menuisier et un cordonnier juif se rencontrent. L'enfant consigne ses premiers jours de travail sur des morceaux de papier. Peu à peu, sa découverte de la vie prend forme sous sa plume. Il parle napolitain mais écrit en italien. Comme Erri de Luca enfant, qui a grandi dans un quartier napolitain, laissant à la langue italienne l’honneur d’être celle des livres et de la bureaucratie.
On peut également faire un parallèle entre cette rencontre avec un vieillard juif et la jeunesse d’Erri de Luca dont les parents lui racontaient souvent les horreurs de la guerre et la honte qu’ils avaient d’avoir été contemporains de toutes les atrocités commises sur les juifs.
C’est un beau roman poétique et réaliste à la fois.

Lyrique mais mince

4 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 4 octobre 2004

Oui en effet, le récit est poétique et une certaine beauté émane de ce portrait humble d'une Italie pittoresque. Toutefois, en choisissant de construire son roman avec de courts chapitres (1 par page ou demi-page), l'émotion ne passe pas, pour ma part. Un peu comme des jolies photographies de paysages et d'inconnus que l'on regarde sans trop s'y attacher.

amour et poésie au naturel, un enchantement

9 étoiles

Critique de Flo39 (, Inscrite le 25 janvier 2004, 64 ans) - 25 janvier 2004

Un roman empreint d'une grande poésie. Trois anges sur la terre de Naples, ou plus exactement de Montedidio, hésitant entre le parler napolitain et la belle langue italienne, celle des personnes instruites. Une jeune fille à la recherche de l'ammour (avec deux m), un adolescent étonné transcrivant consciencieusement les faits et gestes de la petite communauté travailleuse du quartier populaire, un bossu à la recherche du Mont de Dieu et de Jérusalem venu s'égarer à Montedidio pour réparer gratuitement toutes les chaussures des pauvres napolitains ...

Un peu de rêve

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 6 avril 2003

Le sujet pourrait paraître rabâché; c'est celui du passage à l’âge adulte d'un gamin de treize ans. Et pourtant ce livre vaut largement la peine d'être lu.
Cela se passe dans un quartier très populaire de Naples, les gens y vivent pauvrement mais ils sont riches de contacts humains ; on y croise quantité de personnages chaleureux, comme on imagine d'après les films italiens anciens: le cordonnier juif, le menuisier, les marchands ambulants, et tout les autres... A côté de la vie du quartier, si bien rendue, il y a la découverte par l'enfant de l'amitié, du travail, de la mort et de l'amour. Le tout est dépeint dans un langage simple et lumineux, plein de belles images, ce qui, comme le dit si bien S-G-d-P, nous fait rêver.

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