Il n'est pire prison que celle que l'on bâtit autour de soi sans y être forcé"

Un équipage de sous-mariniers expérimentés est formé à Bergen à la fin de la seconde guerre mondiale.Un sous-marin flambant neuf, équipé d'une rampe à missiles et arborant une immense croix gammée sur le kiosque est lancé en grande pompe par l'amiral Doenitz en personne.

L'équipage ne sait rien de la mission. Le capitaine s'entend dire : "vous êtes associés à la gloire du IIIème Reich.".Il ne pourra consulter ses ordres qu'une fois en mer.

Extrait : "Nous n'étions ensemble que des instruments serviles, sans réelle importance....".

Seule une route devait être suivie au nord de l'Atlantique, sans se préoccuper des cibles croisées en chemin.L'opération portait le nom de "Feurball".

Après quelques essais de plongée, la bateau prend le cap. Quelques marins, dont Muller, Magath, Kassel seront les personnages principaux de cette aventure.

Le commandant ayant pris connaissance du but de sa mission semble adopter un comportement suicidaire en faisant prendre surface alors que l'aviation ennemie pourrait localiser et attaquer le bâtiment. Une tentative de mutinerie échoue. Ils reprennent la route.

Autre échantillon du style de l'auteur :"Le bateau allait par vent debout. Quelques hommes protégés de harnais recevaient des lames s'abattant sur le pont. "Attention devant, criait quelqu'un.
On se recroquevillait, on remplissait ses poumons. L'eau glacée happait le bas du corps, montait à la taille , serrait les épaules et les tempes, un seul instant durant lequel le monde jouissait de sa violence".

Robert Alexis explore ses obsessions habituelles via les confidences de ses personnages qui, alors que la navigation est calme, décident de raconter leur enfance, la formation de leur identité.

L'un refuse son genre masculin (pourquoi être limité à un genre), l'autre veut jouir de la vie mais sans entraves au besoin par le sexe et la violence. Il rejoint des bandes de jeunes nazis qui chassent les juifs.

Extrait : "J'attendais qu'ils m'initient aux moyens de tout changer. Le plus dur quand on souffre, c'est de ne pas savoir à qui s'en prendre".

Le sous-marin subira d'autres attaques et avaries.

Quel destin pour les survivants de cet équipage?

Robert Alexis veut franchir les "limites imposées par le corps et les rituels , comme W.Gombrowicz combattait la "forme", M.Moreau donnait le "discours contre les entraves", et beaucoup d'autres .

J'admire la puissance des idées et du style, la richesse du vocabulaire et l'efficacité pour susciter le trouble et la réflexion.
Mais pourquoi seulement les voies du sexe et de la violence? Est-il impossible d'accepter le "donné" avec ses difficultés , de jouir par le partage, l'amour, la lutte (au besoin armée )contre le mal et les malfaisants lorsqu'il est impossible de les fuir?

J'ai pu lire que d'autres lecteurs trouvaient certains de ses textes "pénibles", les terminaient enrichis d'une expérience mais heureux d'en sortir!

Il suscite parfois cet étrange sensation d'attirance/répulsion.

A expérimenter, mais après avoir attaché sa ceinture.

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  U-Boot [Texte imprimé] Robert Alexis

  de Alexis, Robert
  J. Corti / Domaine français (Paris. 1998)
  ISBN : 9782714310019 ; 12,06 € ; 27/08/2009 ; 190 p. ; Broché

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