La vallée de la lune de Jack London

La vallée de la lune de Jack London
(The valley of the moon)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Myrco, le 18 août 2011 (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 74 ans)
La note : 6 étoiles
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Pour les inconditionnels de Jack London?

En quelques mots pour ne pas trop déflorer l'histoire:nous suivons les vicissitudes, les rêves, le parcours-aux sens propre et figuré-d'un jeune couple, Billy et Saxonne, issu de la classe ouvrière de la banlieue de San Francisco au tout début du siècle dernier.

J'avoue ne pas avoir éprouvé le même plaisir que d'habitude à la lecture des oeuvres de London. Je n'ai retrouvé ni l'intensité émotionnelle de "L'appel sauvage", ni la puissance visionnaire du "Talon de fer", ni la force du témoignage implacable sur "Le peuple d'en bas", ni l'intérêt soutenu suscité par la quête intellectuelle de "Martin Eden".

Premier écueil: cela commence par une bluette un peu mièvre à mon goût même si la patte de London est déjà là. Mais avec un peu de patience on retrouve le "vrai" Jack London dans pas mal de ses thèmes de prédilection: l'écrasement de la classe ouvrière par le système capitaliste, l'âpreté des luttes sans merci au sein de cette même classe, la nostalgie du monde des aïeux pionniers porteurs de l'espérance d'un avenir radieux, l'existence d'une élite pour ne pas dire une race supérieure à travers le fantasme des origines de Saxonne entre autres (notion très présente dans "Les mutinés de l'Elseneur"), le mythe des grands espaces, la boxe. . .

Certes, le roman s'avère intéressant par le témoignage qu'il nous livre sur une certaine réalité de l’époque. Retenons par exemple l'analyse de la mise en valeur et de l'appropriation des terres par les nouveaux immigrants. On est souvent interpellé par son étrange modernité: précarité de l'emploi avec son cortège de conséquences destructrices pour l'individu; mêmes mécanismes économiques injustes d'un monde qui marche déjà sur la tête, où les intermédiaires se taillent la part du lion, où les producteurs de denrées alimentaires préfèrent détruire les surplus pour maintenir les prix plutôt que de les donner aux miséreux. . .

Certes, London nous livre un message positif anti-déterminisme: à condition d'avoir le courage de sauter le pas, à force de ténacité et de volonté, il est possible de s'extraire d'un environnement et d'une condition sociale qui vous tirent vers le bas. Encore ce message ne s'adresse-t-il qu'à des êtres "dotés" au départ (Billy et Saxonne ont pour eux la jeunesse, la beauté et pas mal de potentialités qui ne demandent qu'à s'épanouir).

Certes, à travers un schéma traditionnel (l'homme viril, la femme féminine) il nous livre une vision somme toute féministe dans laquelle la femme est bien l'égale de l'homme sans pour autant être son clone. Saxonne sera l'instigatrice de leur aventure, celle qui par sa détermination indéfectible guidera le couple vers le salut, celle sans qui Billy ne se serait jamais dépassé. Mais, plus encore, elle prendra sa part entière de la réalisation effective de leur projet.

Alors pourquoi mes réticences et finalement ma déception?
Cela tient, je pense, essentiellement à deux aspects:
1-à travers tous les thèmes abordés, il me semble que finalement le thème central reste celui de l'amour, du couple, thème universel mais qui -c'est un euphémisme de le dire -n'est pas mon thème de prédilection dans la littérature.
2-la manière dont est traité ici le thème du retour à la nature qui fait l'objet de la troisième partie du roman (thème également moderne).
Je n'ai pas retrouvé le London en prise avec la nature, l'animal, la liberté des grands espaces mais une fable un peu simpliste et utopiste dans laquelle Perrette ne renverserait pas son pot au lait, une vision mesquine et matérialiste dans laquelle le retour à la terre ne serait pas un retour aux fondamentaux, à la proximité du vivant mais un choix dans lequel la terre et l'animal ne sont envisagés que comme moyens de rapport. Enfin pire encore, ce nouveau statut social de notre couple ne fait que reproduire le schéma rejeté en inversant les rôles et il ya là quelque chose qui me met mal à l'aise.

Soyons honnêtes, plus que les caractéristiques intrinsèques du livre, ce sont sans doute ma propre expérience et ma propre appréhension des choses qui me rendent ces derniers aspects peu sympathiques et font que j'ai du mal à adhérer à cette dernière partie. (j'ai fait moi même le choix dans d'autres circonstances de quitter la ville pour faire de l'élevage à la campagne !)

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Les éditions

  • La vallée de la lune [Texte imprimé], roman Jack London trad. de l'anglais, États-Unis, par Louis Postif trad. complétée par François Postif préf. de Noël Mauberret
    de London, Jack Mauberret, Noël (Préfacier) Postif, Louis (Traducteur)
    Phébus / Libretto (Paris. 1998).
    ISBN : 9782859407599 ; 16,56 € ; 12/09/2001 ; 608 p. ; Poche
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