Lettres de Belgique à sa mère de Charles Baudelaire

Lettres de Belgique à sa mère de Charles Baudelaire

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 8 juillet 2011 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 9 étoiles
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Pauvre Belgique ! ! ! ( bis )

En 1864, Charles Baudelaire décide, pour de multiples raisons, de quitter la France et de se réfugier en Belgique. Il compte bien visiter le pays et, pour subvenir à ses besoins, y donner des conférences. Mais très vite, il déchante, ses lectures tournent au fiasco, le public le boude, ce qu’il voit de l’art à Bruxelles et dans d’autres villes belges le désole ; il se met à détester ce petit pays étriqué et mesquin. Jusqu'au dégoût, jusqu’à l’abomination. A Paris, ses « affaires « de publications n’évoluent que très peu, pour ne pas dire pas du tout. Sa santé se détériore au fil des mois, des jours. Heureusement, sa mère est là pour le soutenir moralement et financièrement. « Je t’embrasse non seulement comme ma mère, mais comme l’être unique qui m’aime «.

Cet ouvrage émouvant nous propose la lecture de ses lettres écrites à sa mère, qui est en France. Elles débutent en mai 1864 pour se terminer en mars 1866. Ensuite, le poète fera une chute dans l’église Saint-Loup de Namur, accident qui l’entrainera dans une longue descente aux enfers, une agonie extrêmement pénible.



Extraits :





- Il y a ici une grande avarice, une lenteur infinie en toutes choses, une masse immense de cervelles vides ; pour tout dire, tous ces gens sont plus bêtes que les Français.

- Tout d’un coup, le bruit s’est répandu que j’appartenais à la police française !!!!!! Ce bruit infâme vient de Paris, il a été lancé par la bande de V. Hugo, connaissant très bien la bêtise et la crédulité belges.

- Ah ! si je peux me relever en esprit et en santé, je me vengerai de ce grossier peuple, en attendant que j’aie assez d’autorité pour dire ce que je pense de la France elle-même.

- J’ai reçu : du Cercle artistique 100 francs

de toi : 50 +200+50

De Ancelle : 200

Total : 600 francs

Je devais dépenser par jour :

Chambre : 2 francs

Déjeuner : 2

Dîner : 2,50

Total sans vin = 6,50

Total avec vin = 9,50

Mais je ne dépense au plus que 7 francs parce que, si d’un côté je bois du vin, - de l’autre je ne mange pas, et pour cause.

Donc, à ce compte, j’aurai dépensé 7 fois 115 ( il ya déjà 115 jours ! ) c’est-à-dire 805 francs

- Tour est mauvais, excepté le vin. Le pain est mauvais. La viande n’est pas mauvaise par elle-même. Elle devient mauvaise par la manière dont elle est cuite. Les gens qui vivent chez eux vivent moins mal. Mais l’hôtel, le restaurant, la taverne à l’anglaise, tout cela est mauvais.

- (… ) en finir avec ce pays, où les quelques belles choses qu’il faut avoir vues ne compensent pas l’horreur et le dégoût que me causent les habitants.

- Victor Hugo va venir habiter Bruxelles. Il parait que lui et l’Océan se sont brouillés. Ou il n’a pas eu la force de supporter l’Océan, ou l’Océan lui-même s’est ennuyé de lui. C’était bien la peine d’arranger soigneusement un palais sur un rocher ! Quant à moi, seul, oublié de tout le monde, je ne vendrai la maisonnette de ma mère qu’à la dernière extrémité. Mais je suis encore plus orgueilleux que Victor Hugo, et je sens, je sais que je ne serai jamais si bête que lui. ( …)

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Les éditions

  • Lettres de Belgique à sa mère [Texte imprimé] Charles Baudelaire [précédé d'une étude biographique par Eugène Crépet]
    de Baudelaire, Charles Crépet, Eugène (Préfacier)
    Ramsay
    ISBN : 9782812200229 ; 8,00 € ; 23/03/2011 ; 150 p. ; Broché
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