Les Vraies Richesses de Jean Giono
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Trop d’hommes sont privés des joies naturelles.
« Nous sommes envahis par les fausses valeurs et les milles objets inutiles qu’une économie de consommation diffuse pour se conserver et se développer elle-même avec l’aide de quelques profiteurs. Or les vraies richesses ne sont pas où on voudrait nous le faire croire. Elles sont dans la nature et en nous même ; elles sont donc accessibles à chacun ; les redécouvrir donne la joie et la paix ».
Voilà ce que nous dit Giono dans « les vraies richesses ». Livre écrit en 1936 alors qu’on dirait qu’il a été écrit pour aujourd’hui. Le récit commence par un voyage à Paris, où Giono constate « l’entassement des gens » qui vont vers un travail « laid, inutile et dévorant », travail qui n’existe que pour « user de la matière humaine ». Certains habitants de cette ville, « n’ont plus senti de terre sous leurs pieds depuis qui sait combien » Ils n’ont plus senti la terre sous "la petite peau extra sensible de dessous le pouce du pied".
Puis Giono évoque ces paysans qui font eux même leur pain et le partage à plusieurs, évoquant par-là une scène biblique.
Il magnifie les travaux naturels où "jamais rien n’est esclavage ou tout est à la mesure de l’homme lui laissant son temps".
Les paysans pauvres sont comme des arbres. Ils sont une forêt en marche parce qu’ils tirent toute leur vie de la terre.
Dans ce récit, Giono développe une véritable conscience écologique. Plus on va loin dans le progrès technologique plus on recule… On trompe la jeunesse. On trompe l’homme. L’intelligence humaine est coupée de sa base : la nature.
Plus qu’un manifeste écologique, il s’agit d’un récit philosophique et poétique sur le destin de l’homme et de la nature : on a désintégré les esprits en désintégrant les forces spirituelles qui nous étaient nécessaire pour vivre. Les hommes ne peuvent pas se passer d’habitations magiques. Nous sommes des éléments cosmiques…
Giono est un prophète.
Les éditions
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Les Vraies Richesses
de Giono, Jean
B. Grasset
ISBN : 9782246123859 ; 7,50 € ; 14/11/2002 ; 224 p. ; Broché
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La Joie, oui, mais....
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 84 ans) - 7 octobre 2017
Giono lui-même s'en explique clairement dans sa préface. Cet écrit fait suite à la publication de "Que ma joie demeure" et explicite en quelque sorte le propos du roman: l'établissement par Bobi de la joie comme ciment et dynamique d'une communauté paysanne en décomposition. La préface se termine ainsi: "Je donne ce que j'aime à ceux que j'aime. Pour que nous ayons des sacs également chargés. Vers la joie."
Pour lui les constituants de la joie sont les racines et les gestes quotidiens de la vie paysanne, magnifiés dans la deuxième partie du texte. Qui, dans la première, est une critique acerbe et violente de la vie urbaine, à Paris dans ce cas. Pour la suite, c'est un hymne poétique et fleuri à la richesse de la vie à la campagne, telle que la connaissait Giono dans les années 30. Je ne trouve d'ailleurs pas que le langage fleuri et hyperbolique de Giono, avec ses redondances multiples, contribue bien à soutenir ses thèses. Je l'ai malheureusement trouvé plutôt lassant.Qu'aurait-il pensé de l'état actuel de nos campagnes, de nos paysans et de nos villes? (voir à ce sujet "La fin du village" de Le Goff) Il n'empêche que que son illustration de la joie comme moteur de la vie sociale reste puissante. Elle étaie largement les positions de la Confédération Paysanne dont les membres pourraient être des héros de romans modernes. Il s'agit donc d'une thèse qu'il faut conserver vivante, car elle peut encore aider nombre de nos concitoyens. Et c'est d'ailleurs récemment que l'Union Européenne a choisi comme symbole "L'Hymne à la Joie " de Schiller-Beethoven de la 9° symphonie de celui-ci. Mais pense-t-on beaucoup à la joie dans les bureaux de Bruxelles?
Remarque: ce n'est pas à Beethoven que Giono pensait en choisissant le titre "Que ma joie demeure", mais à Bach. Le titre exact vient du choral "Jesu bleibet meine freude" extrait de la cantate BWV 147 dont la traduction habituelle en français est "Jésus, que ma joie demeure", comme Giono l'a entériné. Or la traduction exacte me paraît être: "Jésus, demeure ma joie", infiniment plus religieuse. Ainsi est confirmé par un détour linguistique le caractère panthéiste naturaliste de Giono.
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