Maud Silver mais pas inoubliable...

Ceux qui me connaissent savent que Maud Silver est une enquêtrice de romans policiers que j’apprécie et que je suis régulièrement. Sa créatrice, Patricia Wentworth, lui donne naissance à la fin des années trente. C’est alors une création originale puisque c’est quasiment la première dame à mener son enquête en tant que femme. Maud Silver est en effet plus âgée que son alter ego Miss Jane Marple et elles se sont retrouvées en compétition dans bien des esprits. En fait, elles ne sont pas si proches. Jane Marple est une vieille fille comme Maud Silver mais en dehors de ce point précis, ce qui les rapproche c’est de tricoter pour leurs neveux, nièces et autres enfants de proches. Pour le reste, Jane ne travaille que par analogie avec les évènements de son village, Saint Mary Mead, tandis que Maud, ancienne professeur et précepteur, se comporte en véritable détective privé ayant pignon sur rue. A ce titre, elle est plus proche d’un certain Hercule Poirot… en moins cérébral, plus féminine, plus attentionnée plus humaine…

Cette fois-ci, le roman, La trace dans l’ombre, commence de façon atypique puisque Frank Abbott, ancien élève de Maud Silver, mais aussi inspecteur de police, participe à une soirée familiale et amicale. Oui, même les policiers anglais ont droit à une vie privée. Une belle soirée et la présentation, à un moment, d’une collection étonnante d’empreintes digitales… avec quelques anecdotes pour expliquer comment ces petits secrets se sont retrouvés dans la collection de Mr Field…

Quelques temps après, voilà que Mr Field est assassiné ! Dès lors, Frank Abbott revit ses heures passées hors service et tente de comprendre s’il n’avait pas été témoin de petits signes explicatifs : « En y repensant après coup, Frank s’aperçut qu’un certain nombre de détails se détachaient, distincts. » Mais il n’est pas toujours évident de faire le lien entre les faits, surtout quand on est impliqué quelque peu. Il faudra donc une participation étrangère… d’où l’arrivée de Maud Silver !

La première partie du roman, environ un tiers, se déroule loin de notre chère Maud. On fait connaissance avec Mr Field, vieux célibataire riche, de ses deux nièces, de ceux qui les entourent. Puis, Mr Field étant assassiné, on commence l’enquête avec Frank, mais aussi avec Maud qui saura rapidement poser les bonnes questions sans se laisser impressionner par les apparences, les fausses évidences et les contradictions…

Mr Field n’est-il pas, en fait, victime d’un criminel dont les empreintes digitales seraient dans la collection… piégé par un collectionneur fou, drôle de situation pour un criminel avéré. Mr Field n’est-il pas victime d’un de ses proches qui pris par des besoins financiers urgents aurait voulu voir l’héritage tomber plus rapidement que prévu…

Mais les apparences vont disparaître et le mal sera traqué sans aucune pitié par Maud la grande… J’avoue avoir eu plusieurs phases différentes en tant que lecteur. Tout d’abord, une première partie un peu trop longue qui me lassait presque. Puis une seconde phase très classique avec une enquête comme je les aime, psychologie et réflexion prenant le dessus sur les faits, les preuves, les indices… Enfin, dans la fin du roman, Patricia Wentworth joue un peu trop avec les lecteurs en lui imposant des artifices de fiction un peu gros… Respecte-t-elle, d’ailleurs les canons des romans policiers ? Ce sera à vous de choisir votre réponse !

Même si ce n’est pas, pour moi, le meilleur des romans de Patricia Wentworth, il n’en demeure pas moins que la partie ambiance est très agréable à lire, les personnages assez crédibles, et le roman plaisant. Elle aurait pu le faire plus court, comme souvent chez elle, et, du coup, éviter certains passages qui n’étaient pas obligés…

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  La trace dans l'ombre [Texte imprimé] par Patricia Wentworth trad. de l'anglais par Corine Derblum

  de Wentworth, Patricia Derblum, Corine (Traducteur)
  10-18 / 10-18
  ISBN : 9782264026521 ; 7,80 € ; 16/11/1999 ; 348 p. ; Poche

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