Moon palace de Paul Auster

Moon palace de Paul Auster
( Moon palace)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 1 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 24 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (128ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 16 311  (depuis Novembre 2007)

Un très bon livre

" Moon Palace " est un de mes livres préférés de Paul Auster, avec " Leviathan " et " M. Vertigo ".
A nouveau, j'ai beaucoup aimé les premières lignes et, cela, c'est souvent important pour moi. " C'était l'été où l’homme a pour la première fois posé le pied sur la Lune. J’étais très jeune en ce temps-là, mais je n'avais aucune foi dans l'avenir. Je voulais vivre dangereusement, me pousser aussi loin que je pourrais aller, et voir ce qui se passerait une fois que j’y serais parvenu. ". Tout un programme !
Le héros, Marco Fogg, n’a pas connu son père et a perdu toute mémoire quant à l’apparence de sa mère. Il n'en a même pas une photo. Pour seule famille, il a son oncle Victor qu'il adore. C'est un doux farfelu, sympathique et chaleureux en diable. Marco Fogg fait des études à New York et vit dans un petit appartement. Un jour, il reçoit une carte de son oncle qui lui dit que rien ne va plus, qu'il n’a plus un sou. Quelques jours plus tard, il apprend la mort de son oncle, suite à un infarctus. Marco Fogg s'en remet très mal : c'était son seul parent, il n'avait que cinquante-deux ans et rien ne laissait prévoir ce décès. Là, les choses vont commencer à évoluer mal pour lui : " Toute une chaîne de forces avait été mise en mouvement, et à un certain moment je me suis mis à vaciller, à voler autour de moi-même en cercles de plus en plus larges, jusqu'à me trouver enfin chassé hors de l'orbite.
Il devra très fortement rationner sa nourriture, ne saura plus payer son loyer, ni ses études. Il dormira à Central Park, même en hiver. Au bout du rouleau, il trouvera un job auprès d’un vieux Monsieur immensément riche, cloué dans un fauteuil. Celui-ci a une cuisinière et le prend pour le promener dans son fauteuil roulant et pour parler de temps à autre. Il est capricieux, parfois même tyrannique. Mais ils commenceront à mieux se connaître et à s'apprécier. Le vieux Monsieur lui racontera sa vie, fabuleuse par ailleurs !.
Un des grands moments du livre se situe lorsque le vieux Monsieur raconte qu’il a été, un jour, tout à fait seul, en plein milieu d'un désert, complètement hors de la route de tout être humain. Il a des tubes de couleur et quelques morceaux de toiles. Il regarde autour de lui et peint, peint, peint. Il se cache quand, par hasard il voit des hommes de loin. Quand il n'a plus de toile, il peint sur les murs de sa grotte, quand il n'a plus de couleurs, il écrit, sur n'importe quoi !… J'ai ce passage en mémoire comme un grand moment de lecture et de visions.
Chez Auster, le hasard joue un très grand rôle dans la vie de ses personnages. Ici, pour du hasard, il va y en avoir !… Le vieux Monsieur est un sacré bonhomme et il va solidement bousculer la vie de Marco Fogg. À vous de découvrir la suite, si vous en avez envie. Tout ce que je puis ajouter, c'est que cela en vaut la peine.

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Le hasard et les coïncidences

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 2 juin 2024

Ce roman de Paul Auster est fascinant. Il est riche, foisonnant et excitant.
Marco Stanley Fogg, dont le nom nous fait déjà voyager, est le personnage principal de ce roman. Il se retrouve rapidement orphelin, pris en charge par un oncle, puis vraiment seul quand ce dernier décèdera. Il se laissera dépérir jusqu"à perdre son domicile et à devoir dormir dans Central Park. Puis il rencontre, ce vieil homme dans un fauteuil roulant au caractère difficile ...

Je ne veux pas trop préciser l'histoire pour ne pas gâcher la lecture de futurs lecteurs. Ce roman repose sur des thèmes récurrents de l'oeuvre de Paul Auster. Il aborde le hasard que beaucoup d'écrivains n'osaient plus aborder en littérature car il a tendance à rendre les textes moins crédibles. Le lecteur accueille facilement le hasard dans son quotidien, moins en littérature car il semble souligner des failles ou des facilités dans un récit. Chez Paul Auster c'est un élément qui compose ses histoires et donne une logique peu justifiable à l'enchainement des faits comme c'est le cas souvent dans notre existence. A ce thème, s'ajoute celui de la quête d'identité. A la fin du roman, le lecteur aura beaucoup appris sur M.S.Fogg. Ce roman peut s'apparenter à un roman d'apprentissage sans forcément rappeler ceux du XIXème siècle français. Le personnage se découvrira à travers ses multiples rencontres. La thématique du voyage est très présente dans ce roman, en tant que découverte de nouveaux horizons, mais il y a aussi des voyages intérieurs ou dans le passé.

Paul Auster est un excellent narrateur, mais ses textes sont profonds et posent de nombreuses questions. On ne mesure pas toujours la richesse de ses textes. La narration séduit aussi les lecteurs. Certaines scènes sont marquantes et totalement romanesques. Les récits sont enchâssés les uns dans les autres. L'on écoute les histoires de plusieurs individus et tout s'imbrique comme les pièces d'un puzzle. Dans ce roman, il y a un souffle, des personnages intrigants, une construction intelligente et des éléments qui font réfléchir sur l'existence. Les phrases de l'auteur sont très travaillées aussi. On passe d'une idée à une autre avec habileté. Tout est intelligent. Et puis il y a cette lune évoquée dans le titre, qui est déclinée de diverses manières dans ce roman. On la retrouve régulièrement dans le texte comme s'il établissait un lien entre tous les faits. Cela fait du bien de lire un tel texte !

Fabuleux

8 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 1 juillet 2023

J’adore me plonger dans les romans de Paul Auster. Ils sont comme des rivières. On y entre pour se rafraichir un peu et le courant soudain nous emporte pour ne plus nous lâcher. Il y a quelque chose de fascinant dans ces lectures. Je ne comprends pas toujours ce qui pousse les personnages dans des situations parfois impossibles, je ne comprend pas non plus cette étrange impression d’être en léger décalage avec la vie réelle mais c’est ce qui fait tout le charme de ces livres. Moon palace c’est surtout trois portraits de personnages hors du commun. Trois histoires reliées les unes aux autres par des liens inattendus. Même si je ne saurais vraiment analyser ce qui me plaît autant chez cet auteur, c’est à chaque fois un plaisir.

De New-York au far West

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 5 avril 2021

Marco Fogg, orphelin, étudiant fauché à New York. Comme souvent dans les romans de Paul Auster, il se noie et se perd dans la grande ville, entre nihilisme esthétique et nonchalance suicidaire. Mais contrairement au héros de City of Glass, il ne se dissout pas car une série de rencontres aussi imprévues qu’improbables (une jolie chinoise, un vieillard impotent et irascible, un prof d’université obèse) vont le repêcher.
De Neil Armstrong à l’enseigne du Moon Palace, des clairs de lune de Blakelock au crâne chauve et brillant de Salomon, notre lunatique héros mène sa quête d’identité et de sens dans un vaste désert affectif où l’amitié et l’amour ne sont pas assez solides et durables face à la spirale de ses maladresses.
Une fois n’est pas coutume, Paul Auster sort ses héros de New York et les emmène à deux reprises dans un voyage initiatique vers l’ouest américain, à travers les paysages peints par Ralph Albert Blakelock et Thomas Moran. Car pour une fois ce n’est pas l’écriture mais la peinture qui sert d’exutoire à la folie.
Bref, un Paul Auster un peu différent mais fidèle à lui-même, à ses thèmes, à ses ambiances. Un ton en dessous City of Glass ou de Brooklyn Follies mais les aficionados apprécieront.

New York et Ouest américain

7 étoiles

Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 38 ans) - 18 mars 2021

Roman de 1989 écrit par Paul Auster, Moon Palace est le récit de la vie de Marco Stanley Fogg. A travers les tribulations de cet homme, nous visitons les Etats-Unis de l'Ouest américain avec un coté Far-West mais aussi en plein milieu de New York dans un univers plus tourmenté. Après avoir perdu son oncle et sa mère, Marco finira fauché et deviendra SDF dans Central Park. Kitty Wu, une fille qu'il a rencontrée à l'Université, réussira à le retrouver et à le sortir de sa vie de clochard. S'ensuivra la rencontre avec un vieux monsieur, Thomas Effing, qui sera une révélation pour éclaircir son passé. Un bon roman de Paul Auster sur la quête d'identité partagée entre coïncidences et destin à travers la beauté des paysages de l'Amérique, de ses peintres, de son art.

Du Paul Auster

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 10 novembre 2013

Quand Paul Auster fait du Paul Auster, il nous donne l'impression d'écrire son histoire sans fil conducteur comme s'il inventait la suite de son récit au fur et à mesure. Mais c'est bien sûr juste une illusion car il sait en fait très bien où il a l'intention de nous emmener et sous couvert d'une histoire alambiquée, il essaye de percer les mystères de la nature humaine. Dans ce nouveau parcours initiatique, il met les personnages dans des situations inédites, face au hasard, pour pouvoir nous montrer les comportements de l'Homme et ses plus bas instincts, lorsqu'il se retrouve dans ses derniers retranchements.
Paul Auster est un vrai conteur rêveur, qui écrit toujours magnifiquement, mais ce "Moon Palace" ne m'a pas fait aussi forte impression que les précédentes lectures de son oeuvre. Je n'ai pas forcément d'explications, même si le manque d'empathie pour les personnages est peut être la cause de ce demi-enchantement.
Ce livre reste tout de même une belle évasion de l'esprit dans la grande tradition "Austerienne".

Evasion garantie

8 étoiles

Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 10 novembre 2011

Ce livre se dévore avec délice et ses nombreux rebondissements, plus ou moins prévisibles selon le cas, vous tiennent en haleine du début à la fin, au même titre qu’un bon film à suspense ; il vous offre en prime un voyage éblouissant au travers des paysages grandioses du Far West, vous fait sillonner les rues de Manhattan ou déambuler dans les allées et les buissons secrets de Central Park. Les qualités cinématographiques de l’auteur ont incontestablement enrichi les descriptions de cet ouvrage, très imagées et détaillées, sans être pour autant jamais ennuyeuses.
Une évasion garantie pour le lecteur, avec toutefois un petit bémol en ce qui concerne les quelques invraisemblances de la dernière partie ; je rejoins, certes, à cet égard l’avis de Dirlandaise, mais regrette néanmoins qu’en déflorant ici l’épilogue du roman, elle ait du même coup, rompu quelque peu le charme de cette découverte, pour le moins stupéfiante !

Paternité, responsabilité, et amour

10 étoiles

Critique de Panda (VLG, Inscrit le 24 décembre 2009, 44 ans) - 24 décembre 2009

Trois mots qui synthétisent toutes les intrigues de ce roman qui se dévore, bien que dense !
J'ai passé un très agréable moment à le lire, et je dois dire que ce qui m'a touché, c'est la réflexion sur la paternité et sur la responsabilité qu'elle entraine. Voir même sur la parentalité au moment où la petite ami de Fogg tombe enceinte !
C'est aussi l'histoire d'une chute vers le monde des sans abris et des laissés pour compte (superbement décrite, et assez déconcertante)
Bref, comme d'habitude avec Auster, un livre à tiroirs, qui permet de le lire selon une multitude d'axes.
A conseiller !

Identités gigognes

8 étoiles

Critique de Lindy (Toulouse, Inscrite le 28 mai 2006, 46 ans) - 25 octobre 2009

MS Fogg est un jeune homme élevé par son oncle suite à la mort accidentelle de sa mère lorsqu'il avait 9 ans. Etudiant sans grande ambition, peu après la mort de son oncle, il va perdre le maigre équilibre vital qu'il avait. Il erre tel un sans domicile fixe pendant plusieurs jours avant d'être sauvé par son seul et donc meilleur ami et une fille qu'il a rencontré une seule fois et par le plus grand des hasards. Une fois rétabli, il trouve un travail pour le moins étrange - tenir compagnie à un très vieil homme assez fantasque. Ce dernier lui raconte sa vie - en particulier celle de sa première identité - et lui de demande d'écrire sa nécrologie.
Je n’en dirai pas davantage pour ne pas dévoiler le clou de l’histoire. Cette dernière, construite à la façon des poupées gigognes, réserve à notre héros des rebondissements assez étonnants et émouvants, notamment sur son propre passé.

Il y a trois parties distinctes dans ce roman, toutes présentées par le personnage principal qui narre l’histoire à la première personne. Malgré l’évolution qui est présentée de façon très claire, il m’a semblé que cela manquait d’un fil conducteur. On passe vraiment d’une histoire à l’autre sans revenir trop à la précédente alors que tout le permet. En fait, le réalisme est très présent et l’enrobage un peu « merveilleux » que j’aime dans le roman m’a personnellement fait défaut.

J’ai toutefois passé de bons moments à lire « Moon Palace ».

De la terre à la lune

10 étoiles

Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 47 ans) - 14 septembre 2007

De Paul Auster je n’avais lu que Cité de Verre il y a très longtemps. Trop longtemps pour que je me rappelle de quoi il s’agit, et surtout, trop tôt dans mon expérience de lecteur pour en retirer un quelconque enseignement. Et sans vraiment savoir pour quelle raison, Auster a été mis de côté pendant de longues années. De longues années où j’étais convaincu que j’aimerais Auster, mais pas de là à concrétiser une quelconque action. Puis ma blonde cette semaine m’a fortement convaincu de m’y lancer (pas que j’aie vraiment offert de résistance) et voilà, je l’ai déjà terminé. Ça fait du bien de se rappeler qu’on est capable de clencher un livre, même si, comme celui-ci, il s’agit de 300 pages tassées, avec très peu de dialogues et aucun espace entre les paragraphes. Mais la profondeur de l’histoire fait oublier ces détails décourageants à première vue.
Auster nous tiens en haleine, même lorsqu’on sent le récit dériver. Et dériver, le récit ne fait que ça. Loin de nous emmener où on pourrait le croire au début, l’histoire de Fogg devient celle des autres, de ceux qui sont mis sur son chemin par hasard, ou par destin, devrait-on dire. Rarement la solitude aura-t-elle été aussi bien sentie et décrite en littérature, en ce qui me concerne, du moins. Auster nous tient dans un genre d’immobilisme actif, où chaque manifestation de chacun des sens trouve son compte et son importance. Ça n’aura jamais été aussi impliquant de ne rien faire.

Un palace où l'on se love !

9 étoiles

Critique de Lig (Gouesnac'h, Inscrite le 23 juin 2006, 41 ans) - 20 septembre 2006

Moon palace est le premier roman de Paul Auster que je lis, et que je viens tout juste de refermer. Je ne suis qu'à moitié surprise par l'abondance de critiques - et toutes positives - présentes sur le site!

En effet, le style d'Auster, qui m'était encore inconnu, m'a séduite.
Et pour l'avoir lu en version originale, je dirai que son style est d'autant plus admirable. Je n'ai eu aucun problème de vocabulaire ou plutôt de compréhension, ce qui m'arrive tout de même la plupart du temps lorsque je lis en anglais.
De plus, chose rare mais que j'apprécie au plus haut point lorsque cela arrive : les premières lignes m'ont fait entrer d'emblée dans l'histoire de Fogg, personnage très attachant de surcroit.

On se laisse emporter, glisser par les cascades de mots, nous emmenant loin, loin des paysages que l'on connait, nous dépaysant donc totalement, pour arriver dans un monde coloré, vrai.
Une écriture donc presque parfaite dans le sens où l'on ressent à peine les descriptions présentes - qui pourtant me gênent la plupart du temps lorsqu'elles sont trop abondantes - .
On vit, tout comme Fogg, plusieurs vies en l'espace de 300 pages, bien fournies.
Je suis vraiment surprise, en y repensant, d'avoir tant aimé, malgré les descriptions et les passages un peu long , comme par exemple l'histoire de Effing.

Mais non, c'est bel et bien passionnant! je le conseille, et dès qu'il me sera possible, je me replongerai dans un autre Auster, et pourquoi pas le tout dernier?

Un voyage initiatique dans les avatars de la solitude.

9 étoiles

Critique de Alphabétix (, Inscrit(e) le 16 mars 2006, - ans) - 3 avril 2006

Écrit tout d'un bloc, ce livre, cette logorrhée littéraire devrais-je dire, constitue un véritable marathon de lecture… la plus haute densité de mots à la page carrée que j'ai jamais lu. Une suite quasi ininterrompue de pages remplies à ras bord d'un texte justifié sans presque aucun paragraphe. Comme s'il lui (l'auteur) avait fallu noircir chaque millimètre carré de la blancheur de chaque page.

Même alourdie d'un luxe de détails parfois superflus, cette histoire est tout simplement fascinante. La lucidité exacerbée du protagoniste principal subjugue et l'on se prend à avaler cette masse de mots sans discontinuer.

On tente tous de construire notre vie. Le protagoniste, lui, se contente tout simplement de la vivre comme elle vient, à fond dans le bonheur comme dans la déchéance. Une vie sans autre but que celui de voir ce qui va arriver sans tenter d'influencer le cours des événements. La fin pourrait vous rappeler un passage de Forrest Gump même si ce film a été tourné quelques années après l'écriture de ce roman.

Auster creuse son sillon

8 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 3 janvier 2006

Moon Palace est le second livre de Paul auster que je lis, après le Livre des illusions... drôle d'impression, tant les thèmes abordés et la trame de l'histoire sont similaires.

La recherche d'identité de celui qui est hors d'une lignée est un des thèmes principaux : là où David Zemmour, le héros du Livre des illusions est privé de filiation, Marco Fogg est privé de paternité... La valeur d'une oeuvre d'art qui ne serait admirée par personne en est un autre : films d'Hector dans le Livre des illusions, peintures de Thomas Effing dans Moon Palace.

Au final, cela pourrait laisser une impression de déjà lu désagréable. Or, il n'en est rien tant l'auteur nous tient par la barbichette de bout en bout, grâce à un style unique, une imagination sans borne et, tout simplement, l'art de raconter des histoires.

Clair de lune

9 étoiles

Critique de Sibylline (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans) - 26 novembre 2005

A mon avis les thèmes majeurs du livre sont, d’abord, la solitude du héros : il réagit tout le temps en solitaire. Il ne songe pas à s’appuyer sur quelqu’un quand il est en difficulté. Il ne songe pas à demander aide ou même conseil, ni encore simplement à se raconter. La situation devient de plus en plus intenable pour lui, sans qu’il ait même l’idée qu’il pourrait se tourner vers les autres.
Et arrivé au terme de ses ressources, littéralement, il fond. Physiquement, la faim lui fait perdre toute graisse, puis ne laisse de lui qu’un squelette ambulant et il fond également en tant qu’individu. Il n’occupe plus de place, n’a plus de rôle social, plus de revenus, plus de logement. Caché dans les buissons de Central Park, il est devenu invisible, il a disparu.
Quand, grâce à ses amis, il reprend pied peu à peu, il apparaît comme un homme totalement malléable. Il est prêt à se prêter à ce qu’on voudra faire de lui. C’est cette attitude ouverte, patiente et réceptive qui lui permettra de s’enrichir de la seconde partie de l’ouvrage
Pour finir, j’ai été assez surprise par l’état d’esprit du héros dans les, disons, vingt dernières pages, que je m’explique mal, mais comme je ne peux pas en discuter ici sous peine de déflorer l’œuvre, vous irez vous faire votre idée vous-même.


très bon livre

8 étoiles

Critique de Gab (bruxelles, Inscrite le 31 décembre 2004, 50 ans) - 23 mai 2005

vraiment un très bon livre dont on reste longtemps sous le charme...

Ça fait du bien !!!!!

8 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 29 octobre 2004

Après m'être ennuyée avec Anne Rice et son sortilège, ça fait du bien de retrouver Paul Auster. Je m'y sens chez moi dans ses livres. Je me reconnais dans les misères et les déboires des personnages et aussi dans leurs espoirs et leur sensibilité. Des passages du livre m'ont littéralement captivée comme celui où le personnage de Marco Fogg entame une descente aux enfers vertigineuse et aboutit sans abri dans Central Park. On suit la lente dégradation de sa situation et son sauvetage in extremis. Ça me rappelle "La faim" de Knut Hamsun que j'ai lu il y a longtemps. Par contre, j'ai trouvé un peu "tiré par les cheveux" le fait que le vieux monsieur qui l'engage comme homme de compagnie se révèle être son grand-père. La caverne dans le désert est un délice, le personnage du fils obèse est savoureux. Bref, je ne m'ennuie jamais en compagnie de Monsieur Auster... J'ai lu "Le voyage d'Anna Blume"et "Le livre des illusions". Je suis contente car il m'en reste plusieurs à lire.

Quand M.S. Fogg a rendez vous avec la lune...

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 8 juillet 2004

Et voilà, je viens à peine de refermer la dernière page ce roman de Paul Auster! Et, à nouveau je viens de recevoir un électrochoc. Pourtant, on ne peut pas dire que les premières pages m'aient véritablement marqué. On y découvre un personnage, M.S. Fogg, qui se complaît dans la solitude, qui se laisse littéralement "crever" de faim, le tout pour essayer de préserver le plus longtemps le pécule hérité de l'oncle Victor. Un personnage qui ne se prend jamais en main et se laisse dépérir. Et puis, il y aura les rencontres, les hasards et les coïncidences, les petites et les grosses surprises de la vie. Mais de la suite, je n'en parlerai pas car cela, ce sont les petits tours de magie de Paul Auster. Et une fois de plus, on ne peut être que soufflé!

Si vous voulez la lune...

10 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 17 juin 2004

Que ceux qui n’ont jamais lu Paul Auster gèlent toute activité et foncent chez leur libraire ! Le choc provoqué par Moon Palace aurait dû, en toute logique, s’atténuer grâce à une bonne nuit de sommeil et une journée harassante, mais que nenni !

J’ai relevé deux thèmes principaux, récurrents chez Auster : l’identité et le soi-disant hasard. La recherche d’identité traverse le livre de part en part. Marco Fogg glisse lentement dans une superbe spirale auto-annihilante lorsque son oncle décède. Comme vêtement, il ne revêt plus que le costume que ce dernier lui a légué, le portant comme une seconde peau : il ira même jusqu’à dire que son corps se disloquerait s’il l’enlevait. D’autre part, il passe son temps à lire les ouvrages hérités de son oncle. Les caisses qui les contenaient fondent petit à petit, au rythme de ses lectures et de ses ventes (il faut bien trouver de l’argent pour manger), laissant son appartement sans mobilier car les caisses lui en tenaient lieu. Il se dissout en tentant de maintenir le contact avec son oncle. Troisième exemple, la transformation finale de Sol Barber. Obèse et chauve, sa graisse et ses couvre-chefs sont un déguisement sous lequel il se cache éperdument. Lorsqu’il assumera et révélera son identité réelle, son poids diminuera quasi de moitié et ses cheveux repousseront. La concomitance des deux événements est chargée de sens. Quant au hasard, il est tellement omniprésent qu’on en ressort légèrement ivre !

Auster est un magicien, peut-être l’ai-je déjà dit. Il fait ici sortir de son chapeau un livre gigogne où les histoires connexes nous laissent entrevoir des couleurs par foisonnement, livre sur lequel veille une lune qui toujours accompagne Marco Fogg.

Vous voulez la lune ? Ce livre en est peut-être un élément…

Presque une habitude ?...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 13 mai 2003

Oui, si vous ne l'aviez pas encore remarqué, Pendragon et moi sommes souvent assez du même avis à propos d'un livre lu. Cette fois ci ne semble pas changer les choses sauf... Il met six étoiles là où je n'en ai mis que quatre. Je pouvais sans hésiter en mettre 4,5 mais ces étoiles me perturbent. Entre moins de quatre ou quatre, les choses me semblent assez simple, au-dessus de quatre cela commence à me poser problème !... L'essentiel me semble être que j'ai toujours annoncé que "Moon Palace" était pour moi un des des meilleurs Auster et qu'il semble bien de mon avis ! Encore une fois, "Merci Pendragon!" Allez, je monte à 4.5 ! (Il y a quand même encore Roth et "La tache", Harrison et Cormac McCarthy et, et, et...

La lune, l'orbite, le tour du monde et de soi-même...

10 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 13 mai 2003

Et voilà ! Je referme à l'instant cette œuvre et je suis encore sous le choc. Etrange ! C'est pourtant le septième Auster que je lis, je devrais m’habituer à ce style si parfait, à cette construction sans faille, à ces méandres, à ces destins croisés, à ce hasard qui résonne tel une musique. Et bien non, je ne m'y habitue pas ! Et c’est tant mieux !
Reprenant mes notes, je revois mes cotes précédentes : un 16, un 17, un 17.5 et trois 19/20… Celui-ci, j'hésite entre 20 et 21 sur 20 ! C’est dire !
L’histoire est comme d'habitude bien résumée dans la critique de Jules et admirablement complétée dans les éclairs successifs. Que puis-je ajouter ? Peut-être que M.S. Fogg est cet être en pleine déréliction que nous sommes tous un jour ou l’autre ? Pas de père, une mère qui meurt alors qu'il n’a qu'onze ans, un oncle plus proche de l'ami que de la famille ; et quand celui-ci meurt, plus rien ! Rien que ses livres que M.S. vendra à mesure qu’il les lit, ne fut-ce que pour manger. Et le dernier livre refermé et vendu marque la fin de la vie de M.S. Enfin, la fin d’une certaine forme de vie. Il abandonne, il s’abandonne. Il lâche prise pour sombrer dans le néant, dans ce néant d’où il croit venir et qu’il veut rejoindre. Sauvé (littéralement) par un ami de collège et par Kitty Wu, son amour magnifié, il reverra la surface.
Transformation accomplie. Il peut maintenant survivre, mais pas encore vivre, il doit encore plusieurs fois se faire avaler par la baleine et se faire recracher pantelant sur le rivage.
L'étape suivante est sa rencontre avec le vieil homme qui deviendra son mentor, Thomas Effing. Comme de juste avec Paul Auster, ce vieil homme est « mauvais à l’extérieur mais bon en dedans » et M.S. apprendra énormément à son contact. A-t-il le choix de toute façon !?
Je passe les détails. Après Thomas Effing vient le fils de celui-ci, Salomon Barber, et une visite au cimetière bouclera la boucle. Marco Stanley Fogg a fait le tour de lui-même !
Ce chef-d'œuvre est somptueux de détails et d'anecdotes, d’idées et de rappels, tout concorde à nous mettre sur la voie. Cette « Lune » qui revient sans cesse, en constante orbite autour de Fogg, Moon Palace, enseigne lumineuse, seule vision vers l’extérieur, la tête de Salomon qui est comme une lune autour de ce corps si rond, la pleine lune si présente dans les tableaux de Barber ou de Blakelock et j'en passe…
Et puis, il y a ces histoires dans l'histoire, celle de Salomon, celle de Julian, celle de Kitty. Et puis, il y a le texte que Salomon a écrit lorsqu’il était jeune, avec ces sorciers indiens qui devaient passer par plusieurs métamorphoses avant d’arriver à la connaissance, avant de pouvoir vivre leur vie. Comme Marco Stanley Fogg. dont le nom a constitué l’histoire !

"La lune est le futur"

10 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 25 février 2003

C'est le deuxième livre de Paul Auster que je lis et je suis définitivement sous le charme. Je remercie d'ailleurs Jules car j'ai choisi Moon Palace grâce à sa critique.
J'ai moi aussi été passionnnée par l'histoire de M.S. Fogg et du vieil homme, un livre dont on ne peux se détacher.
Je n'ai pu m'empêcher de noter certaines similitudes entre Moon Palace et Le Livre des Illusions. En effet, les deux romans racontent la déchéance de leur héros suite au décès d'un ou plusieurs de leurs proches. Dans les deux cas, le héros doit sa rédemption à la "rencontre" d'un homme extraordinaire, artiste peintre ou cinéaste, qui a un jour décidé de changer de vie. Il est d'ailleurs amusant de constater que david Zimmer, personnage principal du Livre des Illusions fait ici une apparition, en tant qu'ami de Fogg. Paul Auster y ajoute d'ailleurs un clin d'oeil en faisant de la première petite amie de Zimmer, une certaine Anna Blume, qui l'a quitté pour rejoindre son frère journaliste.
Comme l'ont très bien souligné Jules et Bluewitch, le hasard et les coïncidences jouent un rôle important dans l'oeuvre de Paul Auster, hasard souvent du à une mort accidentelle qui fait basculer une destinée ou à une rencontre fortuite qui influe sur la vie. Mais sont-ce vraiment des hasards?
Et cette lune qui constitue une sorte de fil conducteur au récit, dont l'évocation débute et clôt le roman, ne serait-elle pas, finalement, synonyme d'espoir? Comme le souligne cette citation de Tesla, auteur favori du viel homme, "Le soleil est le passé, la Terre est le présent, la lune est le futur", citation qui aura une grande signification dans la destinée de Fogg

Un excellent roman!

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 25 février 2002

Suite à la belle critique de Jules et son enthousiasme contagieux à propos de Paul Auster, je me suis lancée dans "Moon Palace", pour y découvrir un fabuleux récit. Je me suis vite laissée porter au fil des pages et le destin de M.S. Fogg n'a pas cessé de me fasciner jusqu'à la dernière ligne. Très bien écrit, de plus, ce roman laisse entrevoir les méandres du hasard quand il vous bouscule sur une autre voie que celle où vous vous trouviez. Vraiment, un très bon livre!

Un autre monde

9 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 27 août 2001

J'ai adoré Moon Palace, bien plus que Leviathan. Auster excelle dans le style américain, c'est impeccable. Ce qui m'a surtout plu ici, c'est la relation qui se construit entre Marco Fogg (rien que le nom du personnage est déjà significatif) et le vieux Monsieur. Et, je suis d'accord avec Jules, le passage dans le désert est un grand souvenir.

ouaip!

9 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 23 mars 2001

du très bon auster! Une histoire vraiment prenante.

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  A propos de "Moon Palace" 1 Jules 20 septembre 2006 @ 18:40

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