Un refrain sur les murs de Murielle Magellan

Un refrain sur les murs de Murielle Magellan

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 6 juin 2011 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 665ème position).
Visites : 3 921 

A force de chercher, peut-être trouve-t-on ?

Il y a Adrien et Romane, deux mômes qui partent en vacances chez leur père, laissant sur le quai de gare Isabelle, une mère bravache qui refuse d'avouer sa peur de la solitude. Et pourtant, se retrouver seule, elle en a envie. L'occasion de souffler, de pratiquer un sport ou d'autres activités toujours remises au lendemain, d'aller passer du temps avec sa mère ou avec des copines... il y a tout cela et puis il y a toujours ces fichus contretemps qui vous gâchent la vie, comme le copain américain débarqué de nulle part pour les vacances estivales avec la maman qui aurait dû servir de refuge, les copines qui donnent de bons conseils sans se rendre compte à quel point ceux-ci peuvent faire mal. Et enfin il y a le métro, le musicien, le hasard, un pari un peu fou qui veut qu'au lieu de se morfondre seule en août, notre narratrice accepte de vivre une histoire un peu dingue avec un parfait inconnu qui échange ses talents manuels de bricoleur contre un peu de compagnie et un hébergement. Il n'en faut parfois pas plus pour bouleverser un destin !

Le titre me paraît bien choisi pour dépeindre l'atmosphère générale de ce roman. C'est lancinant, ça va ça vient, c'est une histoire qui se répète, un air de déjà vu, ça tourne et se détourne, à l'image du refrain de la vie et de l'amour. Car d'amour, il en sera fatalement question tôt ou tard.
Je l'avoue, sans Adeline qui se reconnaîtra, je serais sans doute passée à côté de ce livre, et ça aurait été dommage, car on y trouve une sensibilité qui fait du bien, l'évocation d'un destin qui à travers ses questionnements multiples nous aide à mieux nous cerner et à sortir en quelque sorte apaisé. Tout est si souvent compliqué parce que sans tracas, vivrions-nous de la même manière ? N'est-ce pas inhérent à l'être humain que ce perpétuel sens du souci et de la recherche de la sérénité?
C'est un roman qui sent bon la vie et qui, à travers ce nombril que la narratrice aime contempler en soupirant, nous guide vers nos propres recherches de nous-mêmes.

A cela, il ne faut pas oublier d'ajouter la narration à double voix. Celle de la mère délaissée par sa propre mère et abandonnée par ses enfants le temps d'un mois paternel. Celle de sa fille romane qui revient sur les traces du passé et nous raconte à son tour sa mère. Une boucle qui ne se termine pas vraiment, ouvre d'autres portes, offre un autre regard sur les souffrances et les errances existentielles.

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So What? Alors quoi?

6 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 10 mars 2012

Isabelle, jeune femme fraîchement divorcée, au caractère insipide et peu sociable s'apprête à vivre un mois empli de solitude. En effet, ses enfants Adrien et Romane sont partis chez leur père et sa propre mère sur qui elle comptait pour meubler ces longues journées du mois d'août a repris du poil de la bête aux bras d'une vieille connaissance américaine. Que faire donc quand on n'a pas d'idées, quand rien ne semble intéressant? Que faire quand on est d'une timidité maladive?
La narratrice en est là dans ses soliloques quand elle croise, à la sortie du supermarché un jeune musicien de rue à l'aura contagieuse. Ils se parlent. Il s'appelle So What, un surnom délicieusement jazzy (n'est-ce pas Miles?). Mû par un culot monstre, il propose à la femme revêche de l'héberger un mois chez elle en échange de menus services. Illico presto, perturbée par cette demande qui sort de son ordinaire, elle fuit. Avant de mieux revenir et d'accepter. So What sera chargé de repeindre la chambre de sa fille Romane. Durant un mois, le jeune homme va bousculer la vie bien trop rangée de cette prof de physique. Il va la faire s'interroger sur le sens de sa vie.

Ajoutons à cela une double narration, puisque sa fille Romane revient dans sa chambre d'adolescence et s'interroge sur cette mère qu'elle exècre toujours pour la vie insipide qu'elle a menée

So What? Alors quoi? Certes les personnages sont bien campés. Leurs sentiments sont admirablement décrits. L'écriture est belle, rythmée, chaloupée. Mais je n'ai pas accroché à cette histoire. Peut-être est-ce ce personnage fade et ennuyeux qui m'a dérangé, vite lassé? Peut-être est-ce le fait que tout semble si gentillet dans cette histoire? Peut-être.... Comme le dit un commentaire précédent, ce roman est un beau roman de femme. Tout y est vu du point de vue féminin. Et je l'ai trop ressenti. Sans misogynie aucune!

Une vie qui se reconstruit

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 10 janvier 2012

Un refrain joué par un musicien qui intrigue et captive intérieurement Isabelle qui lève des murs de défense. Sa fille Romane, antithèse de sa mère très réservée tague les murs et retient très mal sa violence de vivre.
Après des études de Lettres Modernes, Murielle Magellan apprend son métier de comédienne au Théâtre national de Chaillot. Elle écrit une pièce Pierre et Papillon qui obtient un prix et aussi beaucoup de succès. Un refrain sur les murs est sélectionné pour le Prix Horizon qui couronne un deuxième roman. Il s’agit d’une organisation de la bibliothèque de Marche sous la présidence du romancier Armel Job.
Isabelle, professeur de physique dans un collège, vit mal sa vie soumise, en filigrane de tout ce qui l’entoure : son mari Pierre, ses élèves qui la malmènent, ses collègues qui l’ignorent et… elle-même qui ne s’aime pas. Et puis, tout bascule en ce mois d’août 1987 : Elle rencontre un musicien des rues qui se donne « So What » comme prénom et qui lui retape la chambre de sa fille Romane. Ça tombe pile : ses enfants passent ce mois de vacances chez leur père, Pierre, son ex-mari. Par ses brusqueries, So What ébranle Isabelle ; elle se découvre une nouvelle personnalité qui se construit peu à peu. La deuxième entrée du roman : sa fille Romane. Une jeune en révolte, qui, au contraire de sa mère, fuit la vie rangée et bourlingue d’un continent à l’autre, vit sa vie d’artiste ; au gré des rencontres s’installe et se désinstalle.
La double entrée, Romane et Isabelle, tout au long du roman, bouscule le lecteur mais le tient en appétit de ce qui va suivre. D’autant que cette vie linéaire chahutée par ce mois d’août fait pénétrer le lecteur dans les sensations, les états d’âme d’Isabelle.

Un ange est passé

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 28 juin 2011

Un refrain sur les murs, mais aussi comme une petite musique qui trotte dans ma tête : la voix d’Isabelle, une voix sage - trop sage -, discrète. Celle d’une femme d'abord passive, « rentrée dans le rang, disciplinée comme un petit soldat, aux ordres de ses enfants, de son mec, des trottoirs et des lignes blanches , des feux rouges », dans « l’ incapacité à prendre des chemins de traverse », comme la décrit Roxane, sa fille ; mais qui, dans la vacuité d’un mois d’août, se sent irrésistiblement attirée par la mélodie d’un hautbois, celui de So What, puis par l’homme lui-même qu’elle va accueillir dans son appartement en échange de travaux de rafraichissement d’une chambre .

Loin de l’attirer, comme le joueur de flûte du conte allemand dans le mal et la mort, So What, va au contraire l’amener par une prise de conscience de son propre corps, jusqu’à une maturité affective, avant de disparaître lui-même, sa tâche accomplie. Il a donné un aspect plus gai à la chambre, il a révélé Isabelle à elle-même, lui donnant les clés d’une nouvelle vie.

Celle qui n’avait été jusqu’à ce moment qu’une prof, une mère, une épouse va s’épanouir, devenir femme, toujours dans la discrétion, cependant. So What , c’est celui dont la jeunesse pouvait faire jaser , (et alors , où est le problème !!!, ) le bon ange, l’ ange musicien, dont l’image sur la frise posée sur les murs de la chambre rappelle le passage éphémère, et dont la signature murale va hanter Roxane, induire son destin et la mener jusqu'à la célébrité.

Même si j’avoue que le personnage à l’emporte-pièce de Roxane, la véhémente, « la volcanique » m’a parfois agacée, je dois reconnaître qu’il agit en négatif, comme révélateur du personnage d’Isabelle, tout en nuances et en discrétion. Au personnage juste, humain d’Isabelle, s’oppose celui de Roxane qui m’a semblé plus fabriqué. Son parcours de routarde et de graffeuse révoltée, brûlée par la vie, le ton véhément de ses propos, son style « djeune » m’ont paru plus conventionnels, dans l’air du temps .

UN REFRAIN SUR LES MURS : Un joli roman de femme……

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