Léa de Pascal Mercier

Léa de Pascal Mercier
(Lea)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Alma, le 5 juin 2011 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 657ème position).
Visites : 4 558 

Celle qui voulait cueillir des étoiles ……

Un chirurgien qui n’a plus confiance dans la mémoire motrice de ses mains et vient d’abandonner son métier , reçoit inopinément les confidences d’un inconnu : Van Vliet , père de Léa, une violoniste à « l’âme brisée » qui lui raconte la passion mystique de sa fille pour la musique.

L’amitié inattendue, insolite entre ces deux étrangers qui ont perdu confiance en eux-mêmes peut paraître improbable mais se trouve justifiée dans la postface du roman par Pascal Mercier qui explique les objectifs de son récit : pourquoi et comment il a écrit et composé son ouvrage « deux scientifiques …. qui n’ont jamais appris le langage des sentiments . Il s’agissait de montrer quelle tonalité prennent les mots qui désignent les sentiments , quand des personnes sans expérience s’en emparent pour exprimer la violence de leurs émotions »

De ce roman qu’on peut alors qualifier d’expérimental , j’ai surtout retenu une brillante analyse de ce que représente la musique du violon, souvent désignée par des mots de l’ordre du divin, et de l’emprise qu’elle exerce sur Léa . Elle constitue d’abord un moyen de défense, de protection « une cathédrale imaginaire de sons , où elle pourrait un jour être à l’abri si elle ne supportait plus la vie » «une cathédrale de clarté et d’azur noir comme la nuit, traduite dans le langage des sons », mais devient progressivement outil d’un processus tragique menant à la perte de soi .

Un récit qui présente le drame d’un père qui devient l’esclave des désirs de sa fille livrée entièrement à la musique en se soumettant à la tyrannie de son talent et finit par la perdre , et la lente dérive dans l’aliénation de celle qui voulait «cueillir des étoiles » .

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La force des faiblesses jusqu'à la folie !

9 étoiles

Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 8 septembre 2012

C’est un roman de passions ; passions dévorantes et destructrices d’un père pour sa fille, d’une fille pour un violon et tout ce qui s’y rattache. C’est le roman d’un drame annoncé, d’une folie programmée ; impossible d’y échapper ! Quand la mort est inacceptable, celle d’une femme et d’une mère ; quand un père est capable de tout jusqu’à l’extrême pour faire oublier à sa fille la mort de cette mère et que l’enfant sombre jusqu’à la folie pour combler cette faille ;
Cela pourrait être un roman sur la musique, omniprésente pourtant ; sur un amour paternel excessif ; mais la musique n’est que ce qui permet au violon d’exister, l’amour paternel qu’une façon de se noyer . C’est comme un vent qui balaie deux êtres à la dérive emportant amour, amitié, trahison, déchéance. Comme toujours avec Pascal Mercier c’est l’introspection presque au-delà du supportable, dans ses moindres détails et on plonge dans la folie avec les personnages.
Jusqu’où doit aller l’amour d’un père pour sa fille, d’une violoniste pour son violon, surtout pour ce qu’il représente? Il y a dans ce roman en plus d’une passion destructrice une belle dénonciation aussi des dégâts que peut apporter la célébrité , celle qui dévore l’esprit et le fragilise au point d’annihiler le talent et surtout le bonheur de pratiquer un art, ici celui du musicien en soliste. Il y a aussi cette course en avant pour qui ne sait plus à quoi se raccrocher quand l’être qui vous servait de pilier a disparu.
C’est l’histoire de deux âmes qui se détruisent l’une l’autre malgré les appels à l’aide silencieux dont ils ne sont pas capables de voir les signaux emportés par leurs passions.
Un beau livre sur la nature humaine et ses faiblesses qui parfois donnent des forces incroyables jusqu’à l’inacceptable…

Les tours des drames et passions sur une vie

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 26 juillet 2012

Une petite fille ne se remet pas de la disparition de sa mère, et elle ne se remet de son deuil que par sa passion subite pour le violon, qui va vite devenir sa seule raison de vivre. Elle va exceller dans son art, être sollicitée par toutes les grandes salles, elle ne vit plus que pour lui et il ne représente plus que le seul lien à l'existence sociale.
C'est ainsi que naît en elle la crainte de troubles de mémoires. Et c'est là que le père de la jeune artiste, Suisse d'origine néerlandaise, évidemment paniqué de la fragilité psychologique de sa fille, se lie avec un chirurgien, qui souffre de la même phobie, tenant à la dextérité de ses mains, et à la santé de ses patients.

Léa, que sa passion a permis de faire revivre, se renferme autour d'elle, s'y emprisonne, et devient étrangère au monde extérieur, à son père lui-même.

Ce roman est très sensible, donc fort touchant, et fait tout autant froid dans le dos. Certains pathologies psychologiques s'avèrent incurables, et rien, aucune manifestation d'affection, aucun sacrifice, ne peut y changer. S'instaure ainsi une sorte de mort en sursis.
A la fois beau, tendre et glacial, ce roman m'a touché, et effrayé quelque peu. Il correspond à un témoignage utile pour toutes celles et ceux qui souffrent de l'éloignement progressif d'un proche. La postface en témoigne.

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