Le cheval d'orgueil: Mémoires d'un Breton du pays bigouden de Pierre Jakez Hélias
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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La civilisation de la Terre !
En quelques chapitres émouvants , l'auteur - Pierre-Jakez Hélias - nous raconte sa vie ainsi que celle de ses parents et grands-parents .
Mais avant tout , celle de son Armorique natale et adorée.
Des instantanées de vie au début du XXième siécle à Pouldreuzic ( Finistère ) en pays bigouden.
Perig ( Petit Pierre en breton ) vit dans une famille paysanne pauvre qui traversera les 2 guerres et transmettra ses valeurs terriennes basées sur la fierté , le respect de la nature et la défense des traditions ancestrales .
C'est l'Orgueil de ces petites gens qui domine au fil des pages :
" ma mère n'a jamais supporté d'avoir des obligations envers quiconque "
" c'est déjà assez dur d'être pauvre. S'il fallait encore abdiquer tout honneur, on en arriverait vite à perdre son nom ".
" les pauvres sont toujours reconnaissants pourvu qu'on ne fasse pas insulte à leur pauvreté "
" tout mot prononcé vous engage ; alors vous préférez vous taire et passer pour un lourdeau "
Et l'on découvre (ou revisite) les coutumes locales :
" les chemises de chanvre pour le travail quotidien sont les cottes de maille des misérables chevaliers de la terre "
" les femmes portent sur la tête la coiffe et la cocarde rouge appelée Pompadour "
" la maison de mes parents est le Manoir du Sifflet " ( elle est vide ) .
" nous dormons dans des lits-clos ; des armoires à sommeil ."
" Le lavoir ou les femmes tiennent leur Conseil Général "
" la cérémonie du battage / les noces qui ont lieu le mardi et le fricot durera 3 jours "
Des hommes qui communient avec la Nature :
" les enfants chataignent pour toute la famille "
" le rebouteux et les plantes médicinales plutôt que le médecin et sa pharmacopée de papier "
" le rapport au temps et les activités de saison "
" les enfants du village sont des patrouilleurs de campagne, qui reconnaissent au 1er coup d'oeil les yeux de la Vierge (Myosotis) et les dents de janvier (Stalactites) "
L'omni-présence de la réligion catholique :
" Le Dimanche est consacrée à la messe et aux vêpres "
" l'année est rythmée par les fêtes religieuses , les jours de foi et les pardons "
" l'école parle le français tandis que l'église parle le breton "
" L'instituteur est un hussard de la république qui dirige l'école du diable ( école laïque )
" le jour de la Saint Etienne , les domestiques tiennent le haut du pavé "
" le poisson est la viande du carême et de pénitence "
Un grand écart permanent entre le Breton des anciens et le Français de la République laïque :
" le standing remplacera la foi , le porte-monnaie la religion "
" le breton est leur bien personnel,un pauvre bien comme leur vache, leurs 2 champs "
" Au lycée de Quimper , nous sommes des transplantés , des immigrés , dans une civilisation qui n'est pas la nôtre "
" Le greffon français aura eu raison du sauvageon bretonnant "
Une époque qui s'éteint pour ouvrir l'aube du temps nouveau :
--> la mécanisation .
--> la désertification des campagnes.
--> les paysans qui deviennent des industriels de la terre .
--> l'éclosion du tourisme après 1936.
--> l'instruction et les enfants qui vont au lycée et poursuivent des études (s'élever au dessus des blancs - l'église - )
L'Histoire s'accélère et emporte les réticences de la société rurale .
Cet ouvrage - écrit en breton et traduit en français - s'est vendu à plus de 500 000 exemplaires ( traduit en 18 langues ) et n'a pas manqué de créer une polémique à un moment ou la Bretagne s'ouvrait .
L'auteur a été taxé de conformisme ,un conservateur refusant le progrès.
Il est vrai que le livre s'achève par un règlement de compte sur ce " folklore de bas étage " qui sévit en Bretagne ces dernières années ( musées , fêtes de Cornouailles , Bagadou et Fest Noz ) .
Pierre-Jakez Hélias écrira :
" Ils ont remplacé le Cheval d'Orgueil par l'Anesse de la vanité " ! ( bien envoyé , non ? )
Pour ma part , j'ai été séduit par ce bouquin qui fleure bon les valeurs de travail , d'abnégation , de simplicité .
Le bonheur à portée de main en communiant avec la Nature dans un quotidien très dur.
Un vibrant et émouvant hommage à sa famille et au peuple de la terre qui a subit assimilation et déculturation .
Une oeuvre INDISPENSABLE !
Les éditions
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Le cheval d'orgueil: Mémoires d'un Breton du pays bigouden
de Hélias, Pierre Jakez
Omnibus / Terre Humaine
ISBN : 9782259183963 ; 22,73 € ; 12/09/1999 ; 606 p. ; Broché -
Le Cheval d'orgueil
de Hélias, Pierre Jakez
Pocket
ISBN : 9782266097833 ; 8,40 € ; 16/09/1999 ; 670 p. ; Poche
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La grandeur d'un peuple
Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 7 octobre 2011
Ou bien Grall n'a rien compris, ou bien il n'a rien voulu comprendre, ou alors il a clairement vu ce qui le séparait radicalement en vérité de la réalité bretonne : ses origines de bourgeois auquel ce monde-là était et serait définitivement étranger. Il s'est alors tourné vers la seule valeur accessible à qui n'avait pas goûté au "sel de la terre" comme à celui de la mer (le travail forcé des pauvres) : la religion, le mysticisme tourné en poésie, etc. , faisant de la Bretagne une belle, une sainte recouverte de dorures et de voiles vaporeux, comme celles qu'on porte en procession lors des Pardons. C'est beau, mais c'est faux pour l'essentiel.
Le Breton de toujours ne passait pas son temps en délires enflammés : il tra-vail-lait... Dur, comme un forcené, et s'il était couché c'était sur sa charrue, son champ, ses casiers, son filet, et pour finir dans son cercueil après une vie de maudit.
Grall, contrairement à Per-Jakez Helias et plus encore aux ascendants de ce dernier, n'a jamais vécu poursuivi, traqué, cerné sa vie durant par ces trois grandes, terribles Erinyes si familières jadis aux Bretons pauvres (l'immense masse) :
an aotrou (le maître, le seigneur, le patron), la chienne du Monde (la misère définitive qui vous tuait), et enfin l' Ankou , la mort, la grande faucheuse, à laquelle on sacrifiait plus qu'à son tour chez les crève-la-faim. Per-Jakez Helias ne passe sur aucun détail, sur aucune misère, sur aucune des multiples astuces que la dignité de ces Bretons "d'en bas" leur dictait afin de traverser des épreuves sans nombre. Il n'y eut jamais là-bas que des "Mères et Pères Courage", tout au moins chez ceux qui, contrairement à X. Grall, avaient les mains sales de terre ou mangées pas le sel.
M. Grall fut sans doute un grand poète, mais aussi un grand ignorant. Il abritait vraisemblablement en lui cette honte de soi informulée qui fait tomber vers l'excès de zèle et la surenchère les transfuges.
Le "Cheval d'Orgueil" va plus loin qu'un simple document ethnographique, c'est un hommage filial, une reconnaissance, un moment de Justice enfin rendue.
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