Leon Tolstoï. Photographies de Sophie Tolstoï de Pierre Apraxine
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Photographie
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L'art de Sophie Tolstoï
La photographie fut une des passions de Sophie Tolstoï. En 1861 alors qu’elle est âgée de seize ans, elle fait la rencontre à Moscou de Koukouli, un photographe grec qui lui enseigne la technique photographique très compliquée de l’époque. Elle se marie et délaisse la photographie pendant une bonne vingtaine d’années, occupée par mille autres activités. Elle reprend son art à la fin des années 1880 pour immortaliser, le magnifique domaine d’Iasnaïa Poliana, la vie quotidienne, les loisirs et les réunions en plein air de la famille Tolstoï. En 1911, Sophie décide de publier un album de photos devenu aujourd’hui rarissime. Les plus beaux clichés sont repris dans ce livre. Ils sont présentés non en ordre chronologique mais selon un classement thématique ce qui rend l’ouvrage particulièrement fascinant. L’éditeur a précisé avoir voulu mettre en valeur l’art de Sophie Tolstoï délaissant ainsi une approche iconographique ou purement historique. Cela donne un ouvrage particulièrement attachant.
Les portes du domaine d’Iasnaïa Poliana nous sont donc toutes grandes ouvertes et le lecteur pénètre dans l’univers tolstoïen grâce à des photographies exceptionnelles d’une femme aimant profondément sa famille et son mari. Avant de lire la charmante introduction de Serge Tolstoï, le petit-fils de l’écrivain et le texte de l’historien d’art Pierre Apraxine, je n’ai pu résister au plaisir d’admirer toutes les photographies. J’ai été surprise de constater la présence de Sophie sur presque tous les clichés, elle qui est censée en être l’auteure. J’ai aussi été étonnée de l’attitude souvent figée des personnages mais les réponses m’ont été données lorsque j’ai lu les deux textes. Bien sûr, Sophie utilisait la technique du déclenchement à retardement ce qui lui permettait de poser aux côtés des siens, elle toujours si élégamment vêtue de ses belles robes blanches de dame du monde. Il faut réaliser la complexité des appareils de l’époque pour bien comprendre le fait que les personnes manquent de naturel et prennent presque toujours la pose.
Est-il besoin d’écrire que les documents photographiques présentés dans ce livre sont tout à fait uniques ? Nous y voyons Tolstoï prenant la pose avec un air toujours grave et vaguement ennuyé. Jamais un sourire ne vient éclairer son visage. Il semble absent et détaché du reste du monde. Par contre, Sophie est bien présente et la contraste d’attitude entre les deux époux est étonnant. Ils semblent si éloignés l’un de l’autre, chacun évoluant dans son univers propre et ne réussissant pas à se rejoindre.
Les photos que je préfère sont : Paysage d’hiver prise en 1897, Léon Tolstoï en 1906, Tolstoï à sa table de travail en 1909, Sophie au chevet de son mari en 1902, Tatiana au chevet de son père en 1902, La famille au complet en 1902, Départ en promenade en 1903, Avec Ilia Répine en 1908, Avec sa petite-fille Tanetchka en 1907.
Une série de clichés a été prise lors du séjour de la famille en Crimée, au domaine de Gaspra en 1901. On peut voir Tolstoï convalescent et vulnérable fixant la caméra de ses yeux perçants. Je crois que c’est la série que je préfère. Ce sont des photos très émouvantes. La série sur les loisirs est par contre fort joyeuse. On peut y voir Tolstoï patinant, montant à cheval, jouant au tennis et prenant la tête de sa famille pour les entraîner dans une promenade en forêt.
Un très beau livre renfermant des documents photographiques d’une grande valeur et qu’on ne se lasse pas de contempler.
Les éditions
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Leon Tolstoï. Photographies de Sophie Tolstoï
de Apraxine, Pierre Tolstoï, Serge (Préfacier) Tolstoï, Sophie (Photographe)
Marc Vokar / Musée Tolstoï
ISBN : 978SANS00002692 ; 01/01/1991 ; 159 p.
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