Comment je suis devenu un écrivain célèbre de Steve Hely

Comment je suis devenu un écrivain célèbre de Steve Hely
(How I became a famous novelist)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Numanuma, le 30 avril 2011 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 835ème position).
Visites : 4 359 

Tu seras Philippe Delerm mon fils...

Pete Tarslaw a un boulot très original : il est payé pour rédiger des CV et lettres de motivations pour des étudiants étrangers plutôt fortunés voulant intégrer des grandes universités américaines et dont l’anglais est des plus aléatoire. Parfois, il lui est demandé d’écrire des dissertations à la place d’élèves ayant réussi à s’inscrire en fac.
Pete Tarslaw a un problème : son ex copine de fac, son grand amour malheureux, Polly, va se marier avec un australien et il est invité à la cérémonie. Bien sûr, cela ne le réjouit guère, tellement peu que même le fait de perdre son job le laisse indifférent.
Pete Tarslaw a une solution : il va devenir un écrivain célèbre, tellement connu que sa seule présence au mariage de Polly suffira à éclipser le couple héros de la journée ! Une éclatante revanche en perspective ! Et pour cela, Pete Tarslaw a une méthode : analyser ce qui fait qu’un roman se vend et reprendre la recette.
Car même glandeur, un peu crado parfois, Pete sait aligner les mots correctement et a des idées bien arrêtées sur ce qui est un bon roman et ce qui relève de la supercherie littéraire. Dans son viseur, Preston Brooks, sorte de Marc Levy/Guillaume Musso du coin, capable de pondre des best-sellers à la chaine, livres qui paraissent à Pete des ramassis de sornettes sentimentalistes, des bluettes pour jeunes filles à la larme facile ou vieilles dames qui pleurent sur leurs vies ratées ou simplement leurs jeunesses enfuies. Bref, Brooks est l’exemple à suivre et à battre.
Pour faire simple, Pete Tarslaw a une vision fantasmée du métier d’écrivain : des filles faciles dans des hôtels somptueux (note payée par l’éditeur), des milliers de litres d’alcools forts avalés (mythe de l’écrivain qui cherche son inspiration dans les paradis artificiels), des fans transis partout dans le monde prêts à s’arracher ses romans et à augmenter ainsi ses droits d’auteurs, avoir une maison sur la plage et ne plus travailler puisqu’écrire n’est pas un travail…
Pour lui, écrire un livre qui se vend revient à faire une étude de marché et à appliquer des principes de marketing. On ne peut pas lui donner totalement tort quand on voit la quantité de livres qui paraît chaque année (voir notre célèbre rentrée littéraire).
Je dois bien avouer que dans tout ceux que j’ai pu chroniquer ici, plusieurs n’étaient en fait que des coups marketing bien orchestrés et que lire du Philippe Delerm me donne l’impression que je peux faire mieux un jour de gros rhume, avec des moufles et le nez qui goutte !
Bon, il ne s’agit que d’un roman, pas d’une réflexion sur le monde de la littérature. Je pense que l’auteur, Steve Hely, écrivain et producteur, a préféré éviter de se frotter à un sujet aussi sensible et difficile à traiter. Son roman tourne en dérision la tentative de son héros de se frotter à cette réflexion. Cependant, malgré tout l’humour qui imprègne le roman, il y a là un fond sérieux sur la fabrique des best-sellers. Les romanciers le savent tous, même les plus prestigieux, l’éditeur est là pour retravailler le texte, histoire de le rendre plus accessible, plus compréhensible. Plus vendeur. Le livre est un produit culturel. D’ailleurs, ce roman sera adapté au cinéma !
En interview, Steve Hely considère que son livre n’est pas une attaque en règle contre les auteurs de best-sellers mais « pense plutôt avoir voulu gentiment percer un monde où la littérature se prend trop au sérieux ». Et l’un des écrivains que croise Pete Tarslaw lui rappelle que l’important est d’écrire des histoires.
Avec tout ça, la question reste en suspens : un livre qui se vend est-il un bon livre ? Selon Pete, non. Et selon Socrate, si mes souvenirs de philo ne sont pas trop poussiéreux, la foule a tendance à toujours se tromper. Mais rappelons-nous aussi qu’un disque d’Elvis s’intitule 50.000.000 Elvis Fans Can't Be Wrong… Alors, faut-il revoir les Musso/Delerm/Levy/Coelho, etc. à la hausse ou accepter que posséder un réel talent littéraire serait finalement un handicap pour réussir ?

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Les éditions

  • Comment je suis devenu un écrivain célèbre [Texte imprimé] Steve Hely traduit de l'anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié
    de Hely, Steve Esquié, Héloïse (Traducteur)
    Sonatine Editions
    ISBN : 9782355840623 ; 2,10 € ; 10/03/2011 ; 370 p. ; Broché
  • Comment je suis devenu un écrivain célèbre [Texte imprimé] Steve Hely traduit de l'anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié
    de Hely, Steve Esquié, Héloïse (Traducteur)
    Pocket / Presses pocket (Paris)
    ISBN : 9782266216746 ; 1,85 € ; 03/01/2013 ; 350 p. ; Poche
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Devenir Homère. Pas Linus.

7 étoiles

Critique de DomPerro (, Inscrit le 4 juillet 2006, - ans) - 23 mai 2012

C’est l’histoire d’un pauvre type qui prépare un projet de vengeance contre son ancienne petite amie qui va se marier : devenir rapidement écrivain à succès pour pavaner fièrement à ce mariage.

C’est aussi l’histoire d’une douce colère envers la littérature dite populaire, des romans ou essais qui trônent dans la liste des meilleurs vendeurs.

Pour mener à terme son projet, le personnage principal, Pete Tarslaw, va émettre une quinzaine de règles pour devenir un écrivain célèbre, des règles aussi dingues comme mettre de la musique (en prévision de l’adaptation au cinéma), inclure un meurtre ou dans les passages ennuyeux, insérer des descriptions de repas délicieux.

Très rapidement, le lecteur constate que les intentions de Pete sont plus ou moins nobles, mais elles ont au moins le mérite d’être honnêtes. En effet, Pete veut la célébrité, la richesse, un manoir près de l’océan et humilier son ancienne amie à son mariage.

Vous l’aurez deviné, ce livre se lit sous le signe de l’humour noir. Comme Prouprette, j’ai beaucoup souri en lisant la première moitié de Comment je suis devenu un écrivain célèbre, notamment les scènes dans les librairies, avec son éditeur ou les médias. Aussi, la liste fictive des best-sellers du New York Times Book Review est tordante!

Par contre, au fil des pages, j’ai eu de plus en plus l’impression d’être un peu fatigué, ennuyé, par la tonne de théories fantaisistes que propose Pete Tarslaw. Comment je suis devenu un écrivain déborde d’idées folles et de questions amusantes sur les succès d’un livre, un produit culturel pris dans la consommation et les médias, mais il manque un peu de cohésion, surtout dans la deuxième moitié du roman, un peu comme l’a mentionné Guigomas.

En conclusion, cet extrait qui soulève une interrogation sympathique: Le processus qui préside à la sélection des choses qui deviennent célèbres et populaires est étrange. Je me plais à imaginer que, vers 800 avant J.-C., quelque part en Grèce antique, un type, appelons-le Linus, a écrit un poème épique. C’était de la bonne came, un fourre-tout bourré d’aventures, d’animaux étranges, de déesses sexy et de monstres à cinq pattes, tous ces trucs qu’affectionnent les fans d’épopée. Mais pour une raison x, les gens ont préféré L’Odyssée. Personne ne saurait expliquer pourquoi. Peut-être qu’un roi ou un décideur quelconque ne jurait que par la version d’Homère. Peut-être qu’Homère est arrivé le premier, peut-être qu’il avait une meilleure voix quand il déclamait, peut-être qu’il avait fait une meilleure campagne de marketing. Mais deux mille huit cents ans plus tard, tout le monde connaît Homère et personne n’a entendu parler de Linus.

Comment je suis devenu un écrivain célèbre

4 étoiles

Critique de Chouchoune (, Inscrite le 5 novembre 2011, 53 ans) - 5 novembre 2011

Fiou! J'avais lu et entendu des critiques fort élogieuses de ce livre et j'avais sans doute placé mes attentes trop élevées.
J'ai trouvé le livre trop long et il ne m'a pas accroché.
Je connais le travail acharné des écrivains (non je n'en suis pas un mais j'en connais d'autres qui le sont) et je trouve que la pseudo recherche que l'auteur dit avoir faite afin de focusser sur les points que les lecteurs apprécient davantage (et ainsi s'assurer d'écrire un best-seller lui même et ainsi se permettre de vivre sur ses lauriers une bonne partie de sa vie) est une parodie du travail de moine que font les écrivains.
Si la solution était si simple et si un best seller s'écrivait en quelques mois, ils seraient plusieurs à utiliser la recette.
Les critiques que j'avais vu, lu et entendu m'amenaient à croire qu'à travers tout cela je me bidonnerai souvent, j'ai à peine souri.
Je ne le recommanderai pas et je ne l'offrirai pas non plus.
Je n'y ai pas cru.
Désolé!

célèbre, mais à quel prix?

7 étoiles

Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 39 ans) - 30 octobre 2011

J'ai trouvé le début un peu long, à la limite du redondant...Les petits extraits des livres entre chaque chapitre, je les survolais. Pour ceux qui lisent un minimum, ces passages étaient inutiles, en lisant ses critiques, on avait forcément pleins d'exemples en tête.

Puis au fil du livre ça me paraît plus intéressant, l'écriture est très originale, facile à lire. J'ai ri, plutôt souri, à plusieurs reprises.

Un bon livre, original, franc et vrai... mais rien d'extraordinaire non plus. Juste un petit regard sur la question de la célébrité. Vaut-il mieux être célèbre pour un torchon, ou être célèbre mais impopulaire, pour avoir dit tout haut ce que les autres pensent tout bas?

Je serai Musso Levy ou rien !

8 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 54 ans) - 9 septembre 2011

Rarement me suis-je autant bidonné qu’avec ce livre. Il y a chez Steve Hely une jubilation féroce à démontrer que n’importe qui peut écrire un best-seller, un de ces romans lacrymaux pleins d’amour et de déchirures saupoudrés d’un poil de présence de l’au-delà comme il en fleurit dans les rayons des grandes surfaces.

Car, outre les extraits du best-seller de Tarslaw, Cendres dans la tornade, qui émaillent le livre, on a aussi droit à des extraits des modèles dont il s’inspire et qui sont les caricatures des auteurs américains. Là, on confine au génie, non seulement de l’auteur mais aussi de sa traductrice tant ces faux extraits semblent vrais.

Et puis, Tarslaw a du mal : il se rend compte qu’écrire c’est dur, qu’une scène qu’il a en tête peut lui demander deux jours avant d’être couchée sur le papier de manière satisfaisante, à grand renfort de comparaisons poétisantes et de bons sentiments.

Le dernier tiers du livre est un peu moins enlevé mais le plaisir déjà pris suffit au bonheur du lecteur.

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