Pour une juste cause de Vassili Grossman
Catégorie(s) : Littérature => Russe , Littérature => Romans historiques
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Avant "Vie et Destin"
V. Grossman, écrivain juif soviétique, a été marqué par la bataille de Stalingrad pendant laquelle il fut correspondant de guerre officiel. Il a écrit ce roman juste après la fin de la guerre en 1952 ; il parut sous forme de feuilleton avec succès mais il ne nous est parvenu que récemment, bien après "Vie et Destin" qui en est la suite... Il faut dire que la censure soviétique battait son plein !
Ceux qui ont apprécié Vie et Destin aimeront connaître les péripéties de la famille Chapochnikov pendant la période précédant le siège de Stalingrad par l'armée de von Paulus. Grossman est virtuose dans les descriptions précises des batailles, du travail dans les mines ou les laboratoires de recherche, c'est un témoignage remarquable. Il excelle également à camper des personnages exceptionnels, aussi bien les membres de la famille Chapochnikov que les obscurs combattants des deux bords.
Mais il faut aussi lire entre les lignes le doute exprimé par l'auteur en ce qui concerne le communisme qui commence à témoigner d'un antisémitisme féroce au moment de la parution de son livre. L'occident n'en avait pas conscience.
Une lecture à savourer qui nous poussera peut-être à relire "Vie et Destin"
Les éditions
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Pour une juste cause
de Grossman, Vassili
le Livre de poche
ISBN : 9782253157816 ; 12,30 € ; 09/02/2011 ; 1056 p. ; Poche
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Du journalisme à la fiction
Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 28 janvier 2013
Rédigée dans l'esprit du réalisme socialiste ayant cours à cette époque, on dit que Grossman s'est par ailleurs inspiré du roman 'Guerre et Paix' (Tolstoï) pour composer cette fresque relatant d'une époque marquante dans l'histoire de la Russie.
Le récit commence en 1942 et met en scène la famille Chapochnikov dont les membres et proches constitueront l'un des pivots autour duquel évoluera cette histoire qui évoque également un certain nombre de militaires (fictifs et réels) directement impliqués.
Les nombreux personnages qui traversent cet ouvrage sont approchés et dépeints par degrés, en sorte que l'on fait connaissance avec ceux-ci en même temps que l'on découvre leurs circonstances de vie, pour ensuite traverser avec eux et suivant leurs divers points de vue, cette période dramatique de l'histoire.
A cet effet, il semble que l'auteur ait souhaité transmettre une vision à grand angle afin que le lecteur, plutôt que de s'identifier à un personnage et ainsi prendre une perspective unique, adopte une position d'observateur lui permettant de prendre l'exacte mesure de ce qui fut.
Parce qu'en fait, il n'y a pas de personnage principal, ou d'élément moteur entraînant l'action dans ce récit; il y a la guerre et tout ce qu'elle implique, y compris les sentiments, les questionnements et les réflexions qu'elle peut susciter chez les uns et les autres.
Une liste des principaux personnages proposée au début du livre s'avère fort utile dans un premier temps, mais il aurait été plus facile de s'y retrouver si elle avait été présentée sous une forme schématisée.
De la même façon, les descriptions des mouvements des armées auraient été plus faciles à lire et à comprendre si un plan ou quelques schémas avaient accompagné le texte.
Résultat d'un travail méticuleux, cet ouvrage, est d'une exhaustivité exceptionnelle. Tant et si bien que le lecteur non initié aux questions militaires et/ou peu documenté sur le plan historique, risque de ne pas être en mesure de l'apprécier à sa juste mesure.
Plutôt récit ou même reportage que roman, ce livre s'adresse donc plus particulièrement au lecteur souhaitant être plongé dans le feu de l'action.
Guerre et guerre
Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 3 juin 2012
L’auteur, Vassili Grossman, est né en 1905 et mort en 1964. Issu de la bourgeoisie juive ukrainienne, il est l’archétype de l’intelligentsia soviétique qui a grandi avec la révolution. Devenu écrivain dans les années 30, l’invasion allemande le propulse en 1941 correspondant de guerre pour le journal de l’armée rouge. Il va y écrire d’innombrables articles notamment sur la bataille de Stalingrad (il y sera du premier au dernier jour…) et les crimes nazis (il recueille dès 1943 les témoignages de survivants des massacres). Couvert d’honneurs et de médailles, il est à la fin de la guerre un authentique héros soviétique.
« Pour une juste cause », paru en 1952, est la première partie du cycle romanesque : « Vie et destin ». Cette saga est un témoignage de première main sur l’URSS de la « grande guerre patriotique » et la bataille de Stalingrad. Le style très classique fait revivre la tradition de la littérature russe à la Tolstoï, avec de nombreux personnages dont les destins se mêlent et se croisent.
On y découvre progressivement Alexandra Chapovnikov et sa famille, Victor Strum le physicien, Krymov le commissaire politique, Novikov l’officier d’état-major…
Mais « Pour une juste cause » n’est que le préambule à « Vie et destin », deuxième partie écrite dans les années 50. Vibrante critique de tous les totalitarismes, elle sera saisie par le KGB en 1961 puis passée clandestinement à l’ouest et publiée seulement en 1980.
Ce pavé littéraire marque donc l’évolution d’un écrivain officiel qui va basculer progressivement vers la critique du système, devenir à titre posthume une figure de proue de la dissidence et accessoirement un des plus grands auteurs russes du XXème siècle.
L’écriture est simple et directe, les chapitres sont courts et faciles à lire.
Certes, le récit s’écoule lentement comme la Volga et certains méandres sont carrément marécageux. Mais l’intensité des meilleurs passages (dissection du système nazi, combats à mort des défenseurs de Stalingrad…) compense à mon sens largement les longueurs. Si un chapitre vous fait bailler, passez au suivant.
Dès le début, on sent bien que le couperet de la censure est menaçant. Grossman sombre donc parfois dans la propagande. Mais cela ne l’empêche pas de dénoncer la corruption et l’égoïsme de certains apparatchiks.
L’évocation des crimes allemands aurait pu servir à la glorification de Staline. Mais non ! Le vrai héros, c’est le peuple soviétique ordinaire, dans toute sa simple humanité.
A sa parution en 1952, « Pour une juste cause » a été démoli par la critique officielle. Un roman sur Stalingrad écrit par un juif et qui n’encensait pas le « petit père des peuples » ! C’était déjà une forme de dissidence…
1000 pages c’est long. Mais j’ai tout lu et ne le regrette pas. Parce qu’au milieu de descriptions sans intérêt, se nichent 300 pages d’une valeur exceptionnelle qui révèlent un immense écrivain
Si vous développez une aversion pour les romans fleuves ou les récits historiques, passez votre chemin. Sinon n’hésitez pas à vous plonger dans ce rejeton apocalyptique de « Guerre et paix ».
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