Un peu de respect, j'suis ta mére ! de Hernán Casciari

Un peu de respect, j'suis ta mére ! de Hernán Casciari
(Más respeto que soy tu madre)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Célia S., le 14 avril 2011 (Sambreville, Inscrite le 13 avril 2011, 29 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 4 270 

Une gigantesque et remarquable plaisanterie

« Un peu de respect, j'suis ta mère » est un roman d'Hernan Casciari paru en février 2009 qui raconte le quotidien de Mirta Bertotti et de sa famille à travers les articles que cette mère de famille argentine poste sur le net pour échapper à une dépression nerveuse.
Des personnage atypiques et des situations cocasses, voilà ce qui donne tout son charme à ce livre. Mirta, en mère aimante, tente désespérément de maîtriser cette famille hors du commun... Nacho est l'aîné des fils et sans doute le personnage approchant le plus la normalité malgré une orientation sexuelle (très) changeante. Vient ensuite Caio. Caio a quinze ans, fume des joints devant sa mère sans aucune retenue, se fait renvoyer de son école, mate les seins de sa soeur et, surtout, pratique assidûment le crotting : activité visant à former des sculptures avec ses excréments. Ajoutez à ça une Sofi de quatorze ans qui connaît le sexe mieux que sa mère ; Zacarias, le mari chômeur et lunatique qui n'hésite pas à frapper ses enfants quand ça lui chante et enfin, Don Américo, un beau-père pervers qui pique les petites amies de son petit-fils et lui vend du hash. Détestable ? Cette famille l'est sans aucun doute. Au premier abord, toutefois, car au fil du roman et des confessions de Mirta, on se prend d'affection pour chacun de ces personnages ; tout ça grâce à une mère qui les comprend et les pardonne. Et c'est en les aimant tellement qu'elle nous fait les aimer.
Comment résister à une telle spontanéité ? C'est ce qui donne toute sa dimension au roman. Hernan Casciari, qui avouera s'être inspiré de sa mère pour créer le personnage de Mirta, l'a faite spontanée et sans aucun tabou. C'est avec des mots très crus qu'elle nous décrit son quotidien, ses angoisses, ses désirs, ses petits bonheurs et ses nombreux malheurs. Rien de nous est épargné, nous avons droit à tout dans les moindres détails. Certains se braqueront face à l'aspect burlesque de ce livre, d'autres, au contraire, adoreront se prendre au jeu.
Le plus grand atout de ce roman reste incontestablement l'humour. Il y en a partout, à tout endroit du texte, dans chaque ligne et dans chaque mot. Le livre en lui-même est une gigantesque et remarquable plaisanterie. Mais attention, bien que terriblement drôle, le récit contient également des passages très touchants, notamment celui où Mirta nous parle de Maradona, elle qui n'aime pas le foot et n'y connaît rien, comme de la bouffée d'air frais de l'Argentine.
« Un peu de respect, j'suis ta mère » est sans aucun doute le roman le plus drôle qu'il m'ait été donné de lire. On nage dans l'extravagance et l'excentricité et c'est tellement bon... On rit, on pleure, on vit avec cette famille et à peine quittée, on n'a qu'une envie : la retrouver le lendemain soir. Ce livre est le remède le plus efficace contre les coups de blues. A lire matin, midi et soir. Sans modération.

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