Mémoires d'un fou de Gustave Flaubert

Mémoires d'un fou de Gustave Flaubert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 30 mars 2011 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 358ème position).
Visites : 4 674 

Une bien agréable surprise !

C’est à dix-sept ans que Gustave Flaubert a écrit ces ( ses ) « Mémoires « . Un œuvre surprenante à plus d’un titre. Une gymnastique philosophique d’un être tout jeune encore et qui pourtant est déjà si désabusé, si désenchanté mais également tellement lucide. En apostrophant le lecteur, il avance ses arguments et nous fait part de ses méditations. Toutefois, il faut souligner que Gustave Flaubert n’oublie pas que l’humour reste primordial. Il aime, par exemple, l’autodérision. Viennent également se greffer une première grande histoire d’amour pour une dame mature dont il s’éprend sur une plage, non loin de son pays, la Normandie. Puis un amour tout aussi platonique pour une adolescente qui a donc juste quelques années de moins que lui. Deux histoires d’amour romantiques à souhait et quelques excellentes séquences de haute littérature, déjà.
Bref, une très agréable surprise !

Extraits :

- Car il faudra bien que tout finisse et que la terre s’use à force d’être foulée ; car l’immensité doit être lasse enfin de ce grain de poussière qui fait tant de bruit et trouble la majesté du néant.

- ( … ) puis au loin, l’océan bleu sous un soleil ardent, et mugissant sourdement comme un géant qui pleure.

- Je croyais qu’une femme était un ange … Oh ! que Molière a eu raison de la comparer à un potage !

- L’art ! L’art ! quelle belle chose que cette vanité !
L’homme, avec son génie et son art, n’est qu’un misérable singe de quelque chose de plus élevé.

- J’ai longtemps pensé aux morts dans les cercueils, aux longs siècles qu’ils passent ainsi sous la terre pleine de bruits, de rumeurs, de cris, eux si calmes, dans leurs planches pourries dont le morne silence est interrompu parfois, soit par un cheveu qui tombe, ou par un ver qui glisse sur un peu de chair. Comme ils dorment là, couchés, sans bruit, sous la terre, sous le gazon fleuri.

- Pauvre faiblesse humaine ! avec tes mots, tes langues, tes sons, tu parles et tu balbuties ; tu définis Dieu, le ciel et la terre, la chimie et la philosophie, et tu peux exprimer, avec ta langue, toute la joie que te cause une femme nue … ou un plum-pudding.

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Les éditions

  • Mémoires d'un fou [Texte imprimé] Gustave Flaubert
    de Flaubert, Gustave
    Librio / Librio (Paris)
    ISBN : 9782290354599 ; 1,82 € ; 09/11/2006 ; 91 p. ; Poche
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rdv raté

5 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 12 juin 2015

Œuvre de jeunesse, Les mémoires d'un fou est un récit en partie autobiographique de Flaubert, écrit en 1838, et publié à titre posthume en 1901. Flaubert y évoque, du haut de ses 17 ans, une certaine lassitude, voire même un dégoût, de la vie. Il nous raconte ses années de collège,ses premières vacances en Normandie, ses premières réflexions sur l'amour.

Peu habituée à lire des mémoires, j'ai absolument et totalement pris en grippe Flaubert au cours de mes années de lycée, après avoir passé 4 heures par semaine 10 mois durant à écouter ma prof s'esbaudir sur la vie (étriquée de la névrotique) de Madame Bovary, et rougir à ces fameuses scènes de la calèche, quand la femme mariée y retrouve l'un de ses amants. Deux mois à relire l'histoire de la calèche... c'est long, vraiment.

Bref, en toute bonne foi, et en essayant de mettre de côté mes a priori, j'ai essayé de me plonger dans ces mémoires écrites à 17 ans. J'ai été étonnée du recul pris par Flaubert pour évoquer des évènements qui, au final, datent à ce moment-là presque d'hier ! Ses descriptions sur les premiers évènements de cette toute jeune vie sont émaillées de réflexions sur la religion, la culpabilité, l'écriture, l'art, et bien sur, l'amour et les femmes. J'ai été frappée par l'évocation récurrente de thématiques telles que le bien et le mal (quelques années plus tard, il sera jugé pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs à la sortie de l'illustre Madame Bovary !!) ou l'inutilité de chaque chose. Enfin, j'ai trouvé étonnant qu'on puisse être si désabusé à 17 ans. On découvre en Flaubert un jeune homme sensible et intelligent, qui porte sur les choses, les gens et les évènements un regard plutôt réaliste. Mal à l'aise dans le monde tel qu'il le perçoit, il préfère s'attacher l'adjectif de "fou" pour s'en démarquer.
Quoi qu'il en soit, et bien que l'ouvrage soit court (à peine 90 pages dans l'édition lue), j'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu d'unité, de "liant" entre les différents sujets évoqués et dans la façon dont ils étaient évoqués. Quant à la prose de l'auteur, on y trouve entre autre les phrases à rallonge, où les apartés s'ajoutent joyeusement aux multiples propositions entre les non moins nombreuses virgules, un phrasé précis et réaliste, que l'on admire et que moi, je déteste... J'ai personnellement trouvé ces Mémoires d'un fou pompeuses autant que verbeuses, avec tout de même de jolies formulations et des idées intéressantes sur l'océan et l'art.

En conclusion, je dirais que Flaubert est un grand auteur, reconnaissable à son style et à son réalisme, mais que je ne prends pas plaisir à découvrir. Tant pis pour moi !


Or, ma vie, ce ne sont pas des faits ; ma vie, c'est ma pensée.

Et maintenant, si rieur sur tout, si amèrement persuadé du grotesque de l'existence, je sens encore que l'amour, cet amour comme je l'ai rêvé au collège sans l'avoir, et que j'ai ressenti plus tard, qui m'a tant fait pleurer et dont j'ai tant ri, combien je crois encore que ce serait tout à la fois la plus sublime des choses, ou la plus bouffonne des bêtises.

Je voudrais le beau dans l'infini et je n'y trouve que le doute.

Comment aurait-elle pu, en effet, savoir que je l'aimais, car je ne l'aimais pas alors, et, en tout ce que je vous ai dit, je vous ai menti ; c'était maintenant que je l'aimais, que je la désirais, que, seul sur le rivage, dans les bois ou dans les champs, je me la créais là, marchant à côté de moi, me parlant, me regardant. Quand je me couchais sur l'herbe, et que je regardais les herbes ployer sous le vent et la vague battre le sable, je pensais à elle, et je reconstruisais dans mon cœur toutes les scènes où elle avait agi, parlé. Ces souvenirs étaient une passion.

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