Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras

Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Bluewitch, le 25 avril 2002 (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 646ème position).
Visites : 14 475  (depuis Novembre 2007)

Comme une histoire banale...

L'Espagne, l’orage, la chaleur. Le crime, l'adultère, les vacances. Dans un hôtel, on s'arrête pour la nuit, la pluie est bien trop forte pour gagner Madrid. Un bruit, un fait divers. Un homme, Rodrigo Paestra, a tué sa femme et son amant. Peut-être se cache-t-il quelque part, sur les toits.
Maria, Pierre, son mari, Judith, leur fille, et Claire, une amie, sont dans cet hôtel, sous la chaleur et la moiteur de l’orage. Maria a tendance à trop boire, la douceur des manzanillas est trop forte à sa gorge. Pour Pierre et Claire, c'est la passion qui s’ébauche.
Il est dix heures et demie du soir, en été.
Maria les sait à l’agonie du désir qui s’enflamme. Elle les voit, sur le balcon. Ces gestes qui ne se contiennent plus, ces mots dont les lèvres ne sont plus une barrière… Mais aussi, elle LE voit. Rodrigo Paestra. Forme sombre enveloppée dans une couverture, sur le toit, là, en face, à l'abri de l'aurore. Tout le monde l'aime, celui-là, il a bien eu raison de faire ce qu’il a fait. Peut-être peut-elle le sauver, changer le cours de sa propre vie… Que se passerait-il si… ?
Toujours l'écriture en images, les mots qui coulent, sans réserve. Ce roman est un instant dans la vie des personnages, un instant à l'intensité canalisée, secrète. Qui change le cours de l’existence et pourtant semble la laisser identique à elle-même.
Quelques lignes.
« Il faut attendre encore. Et tant l’impatience de l’attente grandit qu'elle atteint son comble, et voici, un répit se produit. Une main de Pierre est partout sur ce corps d'autre femme. L’autre main la tien serrée contre lui. C’est chose faite pour toujours.
Il est dix heures et demie du soir. L’été. »

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Les éditions

  • Dix heures et demie du soir en été [Texte imprimé] Marguerite Duras
    de Duras, Marguerite
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070457847 ; 5,70 € ; 13/02/2014 ; 160 p. ; Poche
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"Tous les enfants dorment et on parle bas."

6 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 7 juin 2015

Très déçu par cet ouvrage de la grande dame de la littérature française, d'autant plus que ses portraits - notamment de brigands - sont le plus souvent clownesques sinon tout à fait dignes d'un film français. Bref, c'est tout dire.

Et puis je n'ai pas trop apprécié ce climat oppressant et sibyllin, surtout entouré la plupart du temps de fumées nébuleuses opaques au possible non-justifiées de la moindre raison cartésienne, et de même, ses formules utilisées sont par trop complexes et ruinent ce minima de compréhension qu'on pourrait avoir. Le fait qu'il n'y ait pas de véritable intrigue dans "Dix heures et demie du soir en été" nuit encore davantage à la continuité du bouquin, et là ou il faudrait du pop art ou du cubisme simplifié, Marguerite Duras persiste curieusement dans un ton impressionniste fort désagréable au final: on a l'impression évidente qu'elle tente de noyer son lecteur dans un smog compact et peut-être aussi qu'il se couche à 22 H 30. Ce qui fait tôt, pour certains comme votre serviteur...

Comme quoi même les plus grands peuvent être très médiocres parfois, et même si l'ensemble n'est pas dénué de qualités; cela reste très hermétique jusqu'à la toute fin qu'on n'espère d'ailleurs même plus.

Des complications adultérines

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 4 juin 2013

Ce roman met donc en scène un schéma amoureux atypique, contrarié par l'adultère, le ressentiment, le partage, la jalousie, ainsi que la présence d'un crime, qui, au bien milieu, n'arrange rien.
Le temps vient amplifier les sentiments : la chaleur et l'orage exaltent l'envie et la colère. Et ce style sec, presque de procès-verbal, sert à retranscrire les sentiments dans leur vivacité, leur sècheresse, et souvent leur impudeur.

La situation est gênante, la lectrice et le lecteur sont mis en situation de voyeuse et de voyeur, dans cette relation où rien ne va, tout part de quinconce, tout est biaisé. Mais c'est bien fait.

Ce roman, qui ressemble déjà presque à un scénario, a été adapté par Jules Dassin à l'écran, avec Melina Mercouri dans le rôle de Maria, et Romy Schneider dans celui de Claire. Je ne l'ai pas vu.
L'anthologie des oeuvres de Duras en un gros volume présente des photos, la rédaction manuscrite du script, des instants du tournage.

C'est un roman apparemment simple, mais intéressant.

En attendant l'orage...

8 étoiles

Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 3 août 2005

Je n’ajouterai que peu des choses aux beaux commentaires déjà consacrés à ce livre.

Les livres de Marguerite Duras et moi, c’est un peu du tout ou rien. Certains m’ont profondément ennuyée (“Un barrage contre le Pacifique”). D’autres au contraire m’ont littéralement captivée (“Moderato Cantabile”, “Les petits chevaux de Tarquinia”…). Et “Dix heures et demie du soir en été” vient tout juste de rejoindre cette deuxième catégorie. Tout y est, une atmosphère prenante, la chaleur, la touffeur de l’air, l’orage qui explose et la passion, celle d’un couple naissant, celle qui a amené la mort… et les derniers frissons d’un couple qui se défait. Cela pourrait être totalement désespéré, et puis non, bien au contraire, cela frémit de vie et d’émotions.

Superbe.

tant d'heures à passer avec elle

10 étoiles

Critique de Alyazaynab (, Inscrite le 31 mars 2005, 40 ans) - 31 mars 2005

Marguerite incroyable, qui continue à vivre en nous, à travers des bonheurs comme "10heures et demie du soir en été", un titre étrange pour une histoire qui ne laisse en tout cas pas de marbre. un de mes livres "préférés", parce que j'y retourne, et y retourne, sans compter, sauf la soif de comprendre ce petit bout de femme. le genre de livres qui me (re)donnent confiance en la suite, en l'avenir. et bien sur, l’Espagne, la chaleur, l'alcool, les liens, de soi à soi, de soi aux autres. on dirait que les méandres de Marguerite se sont estompés pour nous offrir un livre, simple, facile à lire, tellement de tentations et une vie, c'est si court.
RUDEMENT CONSEILLE!!!

Presque indescriptible !

8 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 9 octobre 2004

Ce petit roman de Marguerite Duras, auteur fameusement reconnue pour des oeuvres comme "L'amant", "Le marin de Gibraltar" ou "Un barrage contre le Pacifique", s'est scotché à mes mains de manière invraisemblable ! J'ai plongé littéralement dans le récit, étrange, envoûtant et amer. L'auteur semble écrire comme un homme : des phrases sèches, une tonalité mitraillée et une implacabilité du style, des mots, des personnages et de leurs aventures. A cela même qu'elle a le génie d'écrire sans façon un désabusement féroce, une lassitude des corps et des sentiments, un amour qui s'en va, la beauté du corps qui s'évapore, le temps qui passe sur le couple terrassé ... Cet oeil met à nu les âmes des personnages de "Dix heures et demie du soir en été" : un couple, Pierre et Maria, sont sur la route des vacances, avec leur fille Judith et une jeune femme, Claire, belle et amicale. D'elle, on pressent qu'elle est l'élément qui fait vaciller le couple Pierre-Maria qui s'éloigne et se perd. Maria se perd dans l'alcool, Pierre dans la désillusion de son amour perdu. Et Maria observe ces deux amants qui se guettent, se cherchent et, probablement, consumeront leurs amours à Madrid. Car c'est en Espagne que se déroule cette histoire, d'abord dans un village où un crime passionnel vient d'être commis. Un certain Rodrigo Paestra vient d'assassiner sa jeune épouse et son amant. Depuis l'homme se cache et la police est à ses trousses. Dans ce village envahi par les touristes déroutés par l'orage qui s'abat sur la région, chacun se réfugie dans l'hôtel pris d'assaut par cette masse, où l'on dort à même le sol, dans les couloirs. Mais pendant cette nuit, Maria ne dort pas : elle aperçoit l'ombre de Rodrigo Paestra sur les toits, elle l'appelle et l'emmène hors du village ... Et ainsi le roman se profile : sur les routes de vacances, un couple, un enfant, une femme et un criminel recherché. L'on se noie dans les verres de manzanilla, on s'effleure sur les balcons, on se dit qu'on s'aime en pleurant, et l'on perd la vie dans les champs de blé. Beau et étrange roman, publié en 1960, où les acteurs acceptent avec tristesse et lassitude la défaite - de la beauté, de l'amour, de la vie et de la raison. Insaisissable presque, mais incontournable aussi.

Merci Bluewitch

8 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 20 juin 2003

pour cette magnifique critique qui en soit est déjà un bonheur de lecture et qui m'a convaincue de ne pas rester sur un mauvais souvenir. Le mauvais souvenir, c'est "L'amant", qui ne me laisse qu'une sensation lointaine d'ennui. Je l'ai lu à 15 ou 16 ans, peut-être étais-je trop jeune, peut-être pas le bon moment, peut-être, peut-être,... Mais cette critique m'a poussée à faire un nouvel essai. Réussi cette fois.
Je ne dirais pas que Marguerite Duras est un de mes auteurs favoris, mais ce livre m'a fait passer un très agréable moment. Au-delà de l'histoire, somme toute banale, la romancière s'y entend pour décrire une atmosphère. La chaleur, la pluie, l'orage et encore cette chaleur qui revient, écrasante, qui rythme le récit. Et les sentiments! Malgré une véritable économie de mots, Marguerite Duras réussit à dévoiler les sentiments les plus profonds de ses personnages, par une parole, par un geste ébauché, par un comportement. J'ai parfois eu, au cours de la lecture, cette sensation d'assister aux événements, de les voir se dérouler, dans une sorte de flou, un petit peu comme si c'était moi qui avait abusé de ces manzanillas. Vraiment un très bon roman, très beau...

...mais aussi "Les petits chevaux de Tarquinia"!

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 26 avril 2002

Il ne faut pas oublier dans ces romans de Duras à l'écriture plus classique "Les petits chevaux de Tarquinia" qui demeure, avec le souvenir que j'en garde, mon préféré de Duras et qui, à l'instar de "10 heures et demie du soir en été", a pour acteurs principaux la chaleur, la passion amoureuse et l'alcool.

Impardonable !

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 avril 2002

Honte sur moi !... J'ai omis d'insister sur toute la beauté du texte de Bluewitch !...

Une ambiance avant tout

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 avril 2002

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Il est un des premiers que j'ai lu de Marguerite Duras. Avec "Le Square", "Le marin de Gibraltar", "Des journées entières dans les arbres", "La vie tranquille", "L'amant" "La vie réelle" et "La douleur" il fait partie de ses textes à l'écriture plus "classique". Une grande partie des autres ressemble davantage à un scénario écrit pour le cinéma. Il y a énormément d'émotions dans l'écriture de Duras. Chez elle, très peu de mots sont nécessaires pour rendre des sentiments ou une ambiance. Un auteur un peu trop oublié depuis son décès.

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