Caligula de Albert Camus
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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L'absurde jusqu'à la mort
Afin de mieux pouvoir illustrer l'absurde, Camus a choisi un homme qui avait tous les pouvoirs et qui pouvait satisfaire ses moindres folies. Il en était de même avec La Peste dans « L’Etat de siège »
Caligula est né en 12 et est mort, assassiné, à Rome en 41. Capricieux et déséquilibré, il commis un grand nombre d'excès qu’il paya de sa vie. Cette pièce a été jouée pour la première fois en 1945, avec Gérard Philippe dans le rôle de Caligula et Michel Bouquet dans celui de Scipion.
La pièce débute alors que Caligula cherche la lune et dit qu’il va arriver à l’attraper. Il veut quelques chose d'impossible et dit que le monde, tel qu’il est, est insupportable. Son entourage est composé de patriciens, tous plus flatteurs et peureux les uns que les autres. Echappent à cette règle Scipion, jeune homme qui lui est attaché mais dont il a tué le père en le torturant et Cherea qui lui tient tête et qui lui affirme que !e la mort est préférable à la crainte constante.
Nous retrouvons ici l’idée que la peur et la lâcheté sont les pires ennemies des hommes.
Pour Caligula, tous les hommes sont coupables, car ils sont lâches et tiennent trop à leur femme, leurs enfants, à leurs biens et à la vie. Il se dit pour la vérité et va rechercher celle-ci en se comportant selon une logique qu'il va pousser jusqu'à la folie. Il cherche la mort comme conséquence logique de ses actes, mais reproche à son entourage d’être trop lâche que pour la lui donner.
Cherea entend bien lui donner la mort, mais pas pour n’importe quelle raison ! Il ne veut pas participer à un complot qui a pour motif des raisons mesquines d’intérêts personnels. Ce qu'il reproche à Caligula c’est tout autre chose : il se sert de son pouvoir « …sans limites, jusqu’à nier l'homme et le monde. Voilà ce qui m'effraie en lui et que je veux combattre.. Mais voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d’exister, voilà ce qui est insupportable. On ne peut pas vivre sans raison. » Alors que Caligula, lui, dit : « Honnêteté, respectabilité, qu’en dira & t-on, sagesse des nations, rien ne veut plus rien dire. Tout disparaît devant la peur. » Et de continuer à donner ses ordres fous, afin de voir jusqu’où il pourra aller.
Cherea défend l'impossibilité de vivre heureux en poussant l’absurde dans toutes ses conséquences et dit que c’est tout ce que l’homme veut : vivre heureux. A Caligula qui lui demande s'il croit en une idée supérieure, il répond : « Je crois qu’il y a des actions qui sont plus belles que d’autres ; » Mais Caligula poursuit et dit : « Je crois qu'elles sont toutes équivalentes. »
Caligula va pousser sa logique jusqu’au bout et mourra, mais juste avant il aura déclaré, en pensant à Scipion et à Cherea : « Et puis, soyons justes, je n'ai pas seulement la bêtise contre moi, j’ai aussi la loyauté et le courage de ceux qui veulent être heureux. »
Comme « L'Etat de siège », cette pièce est évidemment à thème, avec les avantages et les inconvénients du genre. En tout cas, comme dans « L’Etat de siège », elle illustre parfaitement l’absurde et ses limites.
Les éditions
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Caligula [Texte imprimé], nouvelles versions Albert Camus
de Camus, Albert
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070360642 ; 7,50 € ; 01/03/1972 ; 245 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (8)
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Caligula
Critique de Thevenger (, Inscrite le 26 mai 2012, 41 ans) - 27 mai 2012
Un livre sur les limites de l'auto-destruction. Caligula n'a plus de limites. A quoi servent les limites? Ils ne le sait plus, et agir contre son éducation et surtout ne plus aimer, pour ne laisser que le néant. Où il n'y a pas d'amour, il n 'y a que folie. Un livre à lire.
"Un chef d'oeuvre de la littérature"
Critique de Athénais51 (, Inscrite le 5 juillet 2011, 27 ans) - 5 juillet 2011
Je n'ai pas été déçue du tout, ce livre est devenu "un guide" pour moi, je l'ai lu et relu, et à chaque fois je pleurais tellement cette pièce est émouvante.
Camus m'a permis à la fois de comprendre pourquoi j'étais triste et de me décider à ne pas trop me faire d'ambitions... car moi aussi je rêve de faire l'impossible et d'avoir "quelque chose qui n'est pas de ce monde".
Je le conseille à tous les gens qui sont perdus au milieu des illusions, idéaux, ambitions et rêves.
Je ne peux m'empêcher d'écrire une citation qui me tient vraiment à coeur :
"Ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde."
C'est du sublime, du magnifique, du merveilleux, du céleste, du divin.
l'absurde
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 31 janvier 2010
Belle pièce, encore un grand et bon moment de lecture.
Saint Caligula
Critique de Attila (, Inscrit le 11 août 2009, 63 ans) - 25 novembre 2009
La liberté poussée jusqu’au bout de la folie
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 24 octobre 2009
L'absurde
Critique de Bételgeuse (, Inscrite le 7 décembre 2007, 45 ans) - 7 décembre 2007
Génial!
Critique de Poupi (Montpellier, Inscrit le 11 août 2005, 34 ans) - 17 mai 2006
parce qu'on est sujet de Caligula. Or tout le monde est sujet de Caligula.
Donc tout le monde est coupable. C'est une question de temps et de patience."
Cet extrait du traité fictivement écrit par Caligula résume assez bien cette pièce totalement absurde de Camus. Sous un aspect historique, Camus critique le totalitarisme et les abus de pouvoir. Une très bonne lecture, beaucoup de citations interessantes, de l'humour, de la satire, de la cruauté : ce livre est excellent par la démence du personnage et la plume qui la raconte!
"Caligula : Je viens de comprendre enfin l'utilité du pouvoir: il donne ses chances à l'impossible."
Le dictateur du bien-être
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 6 mai 2005
Le style, bref et concis, de Camus est magnifique : j'aime les extrêmes, Camus et Proust.
L'absurde est ici au service de l'humanisme et de la démocratie, l'Antiquité servant de cadre métaphorique universel, ainsi que l'Etranger. A coupler avec les Lettres persanes de Montesquieu.
Un concentré jouissif de bonheur. Un bijou.
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