Une quête incessante du sens de la vie humaine

Ilia Repine est un peintre russe de la seconde moitié du dix-neuvième siècle dont la réputation dans le milieu de la peinture se compare à celle de Léon Tolstoï pour celui de la littérature. Né en Ukraine en 1844 d’un père militaire, il a fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Pétersbourg à l’époque de la fameuse « Révolte des 14 ». Chacun de ses nouveaux tableaux était un événement. Il était extrêmement sensible aux problèmes sociaux et aux recherches spirituelles de son époque. Il contribua à assigner à l’art russe la place qui lui était due dans le processus culturelle européen. J’ai recopié ici quelques phrases du livre qui résument son œuvre et la place importante qu’elle a occupée dans les milieux artistiques russes de ces années fort fécondes au point de vue littéraire et pictural. J’ai aussi retenu ceci : les deux traits du talent de Repine sont une compréhension parfaite de la vie populaire, des besoins, des joies et des peines du peuple et une quête incessante du sens de la vie humaine.

La première partie du livre est consacrée à l’analyse de l’œuvre du peintre alors que dans la seconde, la place est entièrement laissée aux toiles. En fin de volume, on retrouve une chronologie de la vie de l'artiste accompagnée de photos de lui entouré de sa famille et de ses collègues.

Ce peintre a réalisé de nombreux portraits de dignitaires, de représentants de la haute société de Saint-Pétersbourg et de Moscou, d’illustres personnalités de la culture, de proches et amis. On retrouve entre autres Léon Tolstoï, Nikolaï Rimski-Korsakov, Ivan Tourgueniev, Nikolaï Pirogov, Vladimir Stassov, Modeste Moussorgski et Anton Rubinstein. Repine a aussi beaucoup peint sa femme et ses enfants. Certains portraits sont absolument remarquables dont celui de Tolstoï fort connu mais aussi ceux de ses filles qui sont d’une beauté à couper le souffle. Je pense à celui intitulé « La libellule » et aussi au portrait de Sofia Dragomirova réalisé en 1889. « Le repos », un portrait de Vera Repina, la femme de l’artiste est de toute beauté. Certains paysages sont d’une irréelle beauté : « Nuit de lune, Zdravnevo » réalisée en 1896 est époustouflant et me laisse sans voix. L’éclat de la lune se reflétant sur l’eau force l’admiration et dégage une impression de sublime poésie. J’aime particulièrement « Bouquet d’automne » datant de 1892 et « Petit pont dans un parc » peint en 1878.

Ilia Repine a aussi peint beaucoup de scènes de la vie du peuple et exécuté des commandes de sujets politiques comme cette immense toile qui porte le titre de « Séance solennelle du conseil d’État, le 7 mai 1901, en l’honneur du centième anniversaire de son institution ». Certaines toiles sont d’une intensité dramatique certaine, je pense à « Ivan le Terrible et son fils Ivan » qui représente un père désespéré tenant dans ses bras le cadavre de son fils qu’il vient de tuer sous le coup de la colère. Puissant !

Le livre offre un large échantillon de la production de l’artiste et une belle diversité de thèmes. Cependant, la vie paysanne, la souffrance du peuple et les scènes politiques reviennent régulièrement dans le travail de Repine. Cependant, ce sont les portraits qui dominent l’ensemble de son œuvre. C’est une peinture d’une renversante beauté et tellement évocatrice de la vie de cette époque en Russie. Les textes sont fort pertinents et guident le lecteur dans le parcours de cette galerie de chefs-d’œuvre tous plus éblouissants les uns que les autres. La vie du peintre fut fort longue et bien remplie. Il a laissé au monde un héritage inestimable dont la découverte m’a comblée de bonheur et de ravissement. Un artiste majeur au remarquable talent et doté d’une belle sensibilité devant la souffrance du peuple russe.

• 

  Ilia Repine, le peintre de la vérité de Elena Kirillina, Gregory Sternine

  de Sternine, Gregory Kirillina, Elena
  Parkstone / Grand peintres
  ISBN : 9781859952108 ; 44,10 € ; 14/05/1996 ; 172 p. ; Cartonné

  Go Amazon