L'amie Slovene de Françoise Houdart

L'amie Slovene de Françoise Houdart

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucien, le 14 mars 2011 (Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 671ème position).
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Trois jours à Ljubljana

Laura et Sarah se sont connues en Belgique il y a trente-cinq ans. Puis Laura s’est enfuie, quittant un homme, un pays, et cette amie qu’elle appelait sœurette. Devenue Lara, elle s’est installée dans le pays natal de sa mère, la Slovénie. Trente-cinq ans plus tard, début 2010, Sarah fait le voyage de Ljubljana. Trois jours durant, les sœurettes se retrouvent. Durant des heures de conversations enregistrées grâce à un dictaphone, Sarah écoute son amie slovène à qui elle a promis de tirer, de ce témoignage, un roman.
Ce roman, L’Amie slovène, est le treizième de Françoise Houdart qui évoquait déjà l'amitié de Sarah et Laura dans le premier, La Vie couleur saison. Fidélité aux liens profonds qui unissent les êtres dans la souffrance, dans la confiance, cette « fidélité des oiseaux de passage » qui amène les sœurettes à se retrouver, se reconnaître dès les retrouvailles à l'aéroport de Trieste. Retrouvailles, premier mouvement de ce roman sonate construit sur trois journées. Les retrouvailles, donc, allegro ma non troppo ; la découverte de la famille de Lara, ensuite, andante affettuoso ; enfin, la guerre qui déchire un pays, furioso, et le départ, l'avion pris dans l'autre sens, fuga.
Le roman de Françoise Houdart n'est pas seulement comme chez Stendhal un « miroir qui se promène le long d'une grande route » car « écrire, pour elle, c'est ajouter de la vérité à la vérité ». Sarah l'écrivaine recueillera donc la parole de Lara, l'amie slovène, qu'elle métamorphosera en roman au terme d'un pacte d'écriture qui lie, plus encore que les amies de mots, les amies de chair. Il s'agira de « débusquer, de saisir sans blesser, sans dénaturer ni trahir » cette fragile et profonde vérité qui, jour après jour, façonne les êtres, les amenant peu à peu à accoucher d’eux-mêmes. C'est là l'honneur et le travail de l'écrivain pour qui, selon le mot de Luc Baba, « écrire un roman, c'est partir avec des chenilles et de l'ambre dans les poches et revenir avec le fossile d'un papillon. »
La petite et la grande histoire, « l'Histoire avec sa grande hache » de Perec, se tiennent la main dans ces pages où l’amie confidente évoque la métamorphose de Laura la chenille en ce beau papillon qui a pour nom Lara ; son mariage avec Ivan, complice de l’âge mûr qui lui permettra d’oublier Lambert, le compagnon de la jeunesse ; son apprivoisement de la langue slovène grâce à l’intercession de Marija, la mère d’Ivan : « Il était essentiel que Lara tisse le lien avec sa patrie. Par la langue, parce que la patrie, c’est la langue. » Cette patrie ? La Slovénie… et ici, la grande histoire naît de la petite, car nous assistons à l’éclatement de la Yougoslavie, dans les années qui suivent la mort de Tito. Un vent de liberté s’empare d’un peuple, mais la tempête de la guerre n’est pas loin. La narratrice tentera, là aussi, de trouver les mots : peut-on parler du dragon de la guerre si l’on n’a jamais respiré son souffle, entendu battre son cœur dans la nuit des abris ? Oui, certes, on le peut, mais avec prudence, en recoupant le témoignage transmis par l’amie avec les sources écrites, authentifiées par les historiens. Avec humilité, surtout, cette humilité du romancier qui animait déjà Françoise Houdart dans "Tu signais Ernst K".
« Chaque jour de vie, on le gagne sur la peur de mourir », nous apprennent ces gens qui ont vécu la guerre. Chaque livre, on le gagne grâce à l’ardeur d’écrire, nous apprend depuis vingt ans Françoise Houdart dont ce treizième roman nous offre de bien belles pages d’écriture et de vie : trois jours à Ljubljana traversée par son fleuve gonflé de neige, de légendes, d’anneaux d’or et de rêves devenus réalité. Rêves de liberté, de bonheur, de vie, d’amour et d’amitié. L’amitié simple et fraternelle, durable et tellement humaine de "L’Amie slovène".

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Une amitié fidèle

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 1 mai 2011

Lara est l’amie slovène de Sarah. Une amitié qui remonte à 35 ans. Du temps de student à l’univ’. Elles s’appelaient alors « soeurette ». Les années les ont éloignées et un drame touche Lara. Pour conjurer, un voyage Bruxelles-Ljubljana est nécessaire, trois jours pour se reconstruire…
Sarah part rejoindre son amie Lara qui vit mal la mort de son mari trop tôt disparu. Elle l’a connue durant ses études universitaires et, par intermittences, elles ont correspondu par lettre ou téléphone. Sarah écrit des romans en Belgique et Lara est traductrice en Slovénie à Ljubljana. La rencontre des deux amies leur permet de faire le point. Sarah redécouvre durant ces trois jours sa jeunesse dans les années 80 et son amitié avec La(u)ra d’alors. Lara confie à son amie l’histoire de cet amour dense et fort avec Yvan qui l’emmène chez lui en Slovénie, province de Yougoslavie. Ces années-là sont dures mais heureuses sous la dictature plutôt ouverte. Après Tito, tout change, Mais avec, tout change et la Slovénie rêve d’indépendance. Celle-ci à peine proclamée, les troupes de Milosevic investissent le pays. C’est la guerre…
L’auteur nous livre ses sentiments dans ce roman. Durant ces trois jours de rencontre, elle vit en pleine empathie avec son amie. Avec beaucoup de retenue, elle retrace les moments tragiques qu’a vécus Lara durant la guerre. Elle nous charme par les descriptions poétiques de la ville de Ljubljana. Une véritable invitation au voyage !

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