Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier

Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Andra, le 12 mars 2011 (Inscrit le 27 juillet 2005, 67 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 674ème position).
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Une étoile naissante

Le livre de Dominique Fortier aborde un sujet délicat : celui de l'expédition Franklin partie d'Angleterre, en mai 1845, avec 133 hommes à bord, dans le but de découvrir le passage du Nord-Ouest. Bientôt, le navire sera emprisonné dans les glaces et une fin tragique s'annonce.

L'auteur, dont c'est le premier livre, aborde le sujet sous un angle original. Le roman est une série de vignettes qui décrit la vie à bord des deux navires de l'expédition, les rapports entre les hommes ; en parallèle, elle peint un tableau sans complaisance de la haute société londonienne qui s'adonne à ses frivolités, pendant que les rations des hommes prisonniers des glaces s'épuisent graduellement, et que le désespoir gagne du terrain. Le récit est entrecoupé d'une recette de plum-pudding, d'une pièce de théâtre composée par les marins en proie à l'oisiveté, d'un poème, etc.

Certains lecteurs pourraient être agacés par le traitement de l'histoire, mais, personnellement, j'ai adoré. La facture du récit est moins classique et c'est bien tant mieux.

Le passage le plus piquant est lorsque les marins font la connaissance des Esquimaux, dont il s'interrogent sur l'humanité. Après tout, ils mangent de la viande crue, vivent en nomade. Le jugement des Anglais est remis en question quand ils constatent que ces sauvages, qui viennent tout juste de les sauver de la mort durant une tempête, arrivent à construire des igloos dont le toit tient parfaitement bien et les gardent bien au chaud.

Dominique Fortier a la plume généreuse ; elle enfile de longues phrases, bien tricotées et le récit se lit comme un charme. Oui, une étoile est née et on voudrait perdre le nord pour lire son prochain livre.

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Du bon usage des étoiles

4 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 26 octobre 2014

Avant la lecture de ce livre, je trouvais que l'histoire semblait prometteuse. C'est le récit romancé de l'expédition de sir John Franklin pour trouver la route maritime du Grand Nord. Malheureusement pour moi, le livre n'a pas répondu à mes attentes.

Pour ce qui est du négatif, je dois commencer avec ce qui m'a achalé le plus. Je n'ai vraiment pas aimé les parties avec Lady Jane et Sophia en Angleterre. je n'y voyais aucun intérêt et ces parties m'ennuyaient beaucoup. Moi ce que je voulais, c'était des récits de bateau, pas de la vie mondaine dans l'Angleterre victorienne. Je n'ai aimé non plus le remplissage de certaines pages avec une recette de Plum-Pudding ou un extrait d'une pièce de théâtre.

Un dernier point négatif est le manque de description lors de l'expédition. Il y a une partie intéressante avec les esquimaux mais pour le reste, c'est très vague. L'auteure parle beaucoup de magnétisme mais n'élabore pas trop sur l'usage.

J'ai bien aimé les parties avec Crozier qui me faisaient parfois penser légèrement au chef-d'oeuvre qu'est Moby Dick. En fait, c'est peut être ça le problème. je m'attendais trop à voir des ressemblances avec le roman d'Hermann Melville.

je crois qu'en résumé, je ne suis pas le public cible pour la lecture de ce livre qui selon moi pourrait convenir à des gens qui trouverait Moby Dick trop lourd avec ses descriptions à n'en plus finir.

L'Exploration de l'Arctique par Franklin

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 24 novembre 2011

Dominique Fortier a le don d’harponner le lecteur en titillant sa curiosité. Quelques pages de lecture suffisent pour fléchir sous le charme d’une écriture qui évoque l’art des auteurs du X1Xe siècle. La belle phrase complexe déroule son tapis de propositions subordonnées, en conformité avec les normes de la concordance des temps du verbe. C’est du plus bel effet. Hormis quelques coquilles oubliées par un éditeur négligent à ce chapitre, la phraséologie s’investit d’un caractère emphatique, qui agacera plus d’un philistin.

L’écriture ne peut être taxée d’un archaïsme en quête d’un second souffle. Le sujet justifiait cette solennité pour conformer le roman aux témoignages scripturaux des écrivains des siècles derniers, qui ont commenté l’actualité de leur époque. Même le titre s’inspire des traités anciens et, en particulier, de la grammaire de Maurice Grevisse intitulé Le Bon Usage. Les étoiles damant le pion, en toute convivialité, aux règles grammaticales.

Étoiles plutôt filantes, qui n’accordent que le temps de séduire la promise avec une constellation relevant du cru du soupirant. Son cours d’astrologie est un exemple des nombreuses digressions intercalées dans la trame. Il en résulte un roman qui navigue majestueusement dans des eaux constamment détournées vers des écluses informatives. Écluses qui ralentissent la marche du roman vers son dénouement tragique alors qu’en 1845, John Franklin avait entrepris l’exploration de l’Arctique afin de découvrir un passage maritime vers l’ouest. Les renseignements qui inondent l’œuvre s’exercent aux dépens de la dynamique des personnages, qui ne dévoilent leur visage qu’à la seconde moitié.

Et contrairement à ce que promet la quatrième de couverture, Dominique Fortier effleure à peine les enjeux de l’ère victorienne, occupée farouchement à la maîtrise des mers. Cependant il faut relever l’importance accordée aux femmes des explorateurs. Au lieu de donner à ces derniers une stature plus grande que nature, le roman aborde avec bonheur l’impact de l’éloignement sur leurs amours.

La facture de l’œuvre a complètement séduit le lectorat québécois, qui s’est vu servi comme un internaute pressé de satisfaire sa curiosité. Un clic et Wikipédia déroule le savoir du monde sous les yeux. Quant à moi, je trouve ce roman so-so (couci-couça). C’est aux dépens des émotions que l’auteure a monté cette trame romanesque coupée de documents. Lire Terreur de Dan Simmons qui porte sur le même sujet. Rien de mieux que de comparer deux œuvres.

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