il peut bien pleurer l’andalou,il a perdu le temps jaloux

Un petit recueil de poèmes qui se lit sans effort avec le plaisir intense de laisser résonner et jouer, les mots, les phrases courtes et denses.
Le style incisif, sobre, rythmé, allant à l’essentiel, est très évocateur et porteur de sens. Le vocabulaire usuel ou plus recherché est choisi avec précision et efficacité.
L’auteur forme des petits poèmes courts et carrés dans la tradition française anciennes, l’assemblage et le choix des mots les rend résolument modernes et contemporains avec un délicieux parfum du passé.

Certains poèmes tel la balade andalouse évoque irrésistiblement une chanson, on ne le lit pas, on le chante, il s’y prête si facilement :

« Grenade,Jaen et Cordou
il peut bien pleurer l’andalou,
il a perdu plus qu’un royaume,
il a perdu le temps jaloux
qui ne se rend jamais à nous.
Il peut courir après le baume
Sur la plaie la chair ne renoue
Plus sa lèvre ou la sienne joue

Grenade, Jaen et Cordoue
Les mots reviennent encore d’où
Un beau jour on les a jetés
Et toi, mon amour, moi je t’ai
Jetée un beau jour aux orties,
Comme rime mal assortie
Abandonnée dans un brouillon…
Qu’on aille chercher plus couillon !


Grenade,Jaen et Cordou
Ma chanson rêve du corps doux
D’une infidèle dans mes bras,
Et d’amour que le temps zebra.
Il n’y a pas une parole
Jamais jamais qui rafistole
La moindre fracture des cœurs :
On la chante mais on en meurt.


Grenade, Jaen et Cordoue :
Des mots je tresse la corde ou
Me pendre si je trouve un clou.


Et aussi :

« Sois si tu peux ce que tu es
Sinon tu paie ce qui te tue ;
Le mépris de ce que tu hais,
Ne le bois pas et qu’il soit tu.
Ton eau est au creux des fontaines
Sombres et sans mots qui déclarent
Juste au nom de l’éclat l’écart
Profond si tu crois en ta peine.

Et aussi

Battre au hasard les forets les halliers
A la quête sanglante d’une prise
Ou bien capitaine vieux fou à lier
Guetter l’exclamation parmi la brise
D’une vapeur dont l’horizon s’irise
Affoler l’aiguille et la tourmenter
Virer bord sur bord et la rendre chèvre
Que le nord ne sache plus l’aimanter ?
Mieux vaut à l’entaille à mon tour m’enter (m’assembler)
Dans un bois vif où fleurisse ma fièvre »

• 

  Quadratures [Texte imprimé] Dominique Buisset postface de Jacques Roubaud

  de Buisset, Dominique Roubaud, Jacques (Postface)
  Nous / Disparate
  ISBN : 9782913549548 ; 12,20 € ; 26/11/2010 ; 97 p. ; Broché

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