Tabous brisés

Thomas est ingénieur et aurait selon les apparences tout pour être heureux, mais déprime doucereusement, à tel point qu'autour de lui son monde n'est plus qu'un douloureux silence.
Pour se retrouver et sauver son couple, reprendre son travail, il a entamé une cure (pudiquement l'auteure nous indique que Thomas "pousse le portail en fer forgé").
Au hasard d'un lapsus prononcé en présence de son thérapeute, l'urgence de retrouver certain endroit-clé de son enfance va s'imposer. C'est là, au pied d'un banc que le mystère d'une inscription tracée sur l'arbre généalogique familial va le lancer dans une enquête sur son passé, passé qu'il soupconne du coup pour le moins trouble.
En parallèle, Isabelle Marsay nous dresse le portrait d'une jeune femme, Claire, la grand-mère de Thomas, qui cache dans sa cave durant l'Occupation une mère Juive et ses deux enfants. Heureusement, son jeune mari, Jacques, blessé dans un camp de travail, vient d'être démobilisé par les Allemands et la rejoindra rapidement.
Au travers des confessions faites au crépuscule de sa vie par Claire à Norma, le lecteur comprend vite que la tragédie n'a pas épargné la famille de Claire et Thomas. Mais si ce secret si bien gardé détruit d'autant plus les descendants de Claire, il importera à Thomas d'en dénouer la trame afin de se construire un passé et un avenir...
Le choix de l'orientation psychologique est ici clairement choisi par l'auteur.Le narrateur vouvoye le héros, qui est en cours, ce qui peut faire penser que le récit est en fait livré par le subsconscient du héros. L'approche est originale et traverse l'ensemble d'une première partie très forte, employant une langue interpellante et décrivant avec talent l'état émotionnel chancelant du héros, son désarroi.
La deuxième partie du roman est quant à elle consacrée aux développements de l'intrigue secondaire (le destin de la grand-mère de Thomas) et à leurs implications sur l'intrigue principale. Un roman à tiroirs en quelque sorte.
L'épilogue est réussi dans le sens où il contribue au fait que, le livre refermé sur sa dernière page, le lecteur médite quelques minutes sur le thème du roman: les tabous familiaux et leur influence sur leurs héritiers.
Je recommande ce court roman à ceux qui désirent passer quelques heures à une lecture profondément humaine. Du très bon, mis à part deux petits passages plus faibles notamment dans la deuxième partie, qui m'empêche de donner la note maximale que j'ai jusqu'ici réservée à "A l'Est d'Eden" de Steinbeck (un prix Nobel quand même!)

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  Quand tout se tait de Isabelle Marsay

  de Marsay, Isabelle
  Myriapode
  ISBN : 9782359450057 ; 17,00 € ; 31/01/2011 ; 160 p. ; Broché

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