Féroces de Robert Goolrick
(The end of the world as we know it : scenes from a life)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Sinistre réquisitoire
En Virginie dans les années cinquante, les Goolrick mènent une vie bourgeoise bien tranquille en apparence. Le père est professeur, la mère s'occupe de son foyer, ils ont deux garçons et une fille et « tout le monde voulait leur ressembler ». Ils vont de réunions, en cocktails, toujours élégants, amicaux et bien habillés. Mais derrière la belle façade, se cachent toutes sortes de drames : l'alcoolisme, le désespoir, l'égoïsme et la cruauté envers les enfants. Un drame personnel marquera à vie l'auteur qui, traumatisé depuis l'enfance, ne pourra jamais avoir de rapports « normaux » avec d'autres humains et ira même jusqu'à se scarifier sauvagement et tenter de se suicider ce qui l'amènera à séjourner en hôpital psychiatrique.
Un roman terriblement autobiographique basé sur des souvenirs éparpillés de manière non chronologique. De vilaines actions, en petites mesquineries, on en arrive assez vite au drame qui fera basculer la vie du jeune Robert : il est violé par son père à l'âge de quatre ans. Le lecteur sent confusément que l'auteur a voulu raconter ses malheurs surtout pour les exorciser, et transformer l'écrit en thérapie. L'ensemble est glauque et déprimant à souhait. Le style parfois lourd. Certaines phrases peuvent atteindre ou dépasser la page. On nage pas mal dans le pathos et la déprime car en dehors du drame personnel de l'auteur, il n'y a pas de véritable intrigue ni même de personnages positifs ou intéressants pour racheter l'ensemble. Féroces, ces gens ? Plutôt veules et répugnants... Quant au lecteur, s'il est aussi fragile que l'auteur, il fera bien d'éviter de se faire du mal en lisant ce sinistre réquisitoire contre des parents indignes.
Les éditions
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Féroces [Texte imprimé] Robert Goolrick traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie de Prémonville
de Goolrick, Robert Prémonville, Marie de (Traducteur)
A. Carrière
ISBN : 9782843375798 ; 20,80 € ; 26/08/2010 ; 254 p. ; Broché -
Féroces [Texte imprimé] Robert Goolrick traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie de Prémonville
de Goolrick, Robert Prémonville, Marie de (Traducteur)
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266213165 ; 2,93 € ; 05/04/2012 ; 252 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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Il y eut un lendemain
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 25 juillet 2022
Les parents boivent beaucoup, ils invitent et se font inviter. On se saoule gaiement, on rit, les femmes sont belles dans leurs robes colorées.
Mais dans la famille l'argent vient à manquer. On réduit donc les fêtes.
Maman boit beaucoup autant tous les jours, papa boit tout le temps ! Du coma à la chaise... scénario qui se renouvelle plusieurs fois par jour.
Et puis un jour d'une petite fête, les rares invités doivent dormir sur place. On s'organise : le grand lit accueillera maman ivre morte, papa dans un état comateux et le petit dernier... moi... dira l'auteur.
J'avais quatre ans et c'est là que j'ai perdu mon enfance. Maman était ivre, mais elle savait. C'est cette nuit là que c'est passé innommable !
Il y eut un lendemain, puis d'autres lendemains.
Robert Goolrick écrira :
" Je pense que c’était seulement un accident. Je pense que c’était simplement de la malchance. Mais, à partir de ce jour, ma mère, mon père, ma grand-mère et moi fûmes enfermés pour toujours dans un secret, où chacun savait, et gardait le silence. Je ne sais pas ce qu’ils ressentaient, eux. Je ne sais pas comment ce qui était intact aurait pu ne pas être brisé, comment ce qui était adorable aurait jamais pu redevenir adorable
Quand j'ai eu dix-huit ans, tout juste dix-huit ans. Je voulais aimer mes parents. Je voulais qu’ils soient fiers de moi et on me dit qu’ils l’étaient, même s’ils ne l’ont jamais exprimé. Je voulais que nous nous regardions autrement que comme des vipères à travers une vitre. Mais rien ne s'est fait."
"la vie fait le ménage sans qui rien jamais ne soit dit. Elle remplace ce qui nous fut un jour vital, pour faire de la place pour d’autres choses, dans le cœur. Je pense à lui presque tous les jours. Je prononce son nom lorsque je prie pour ceux que j’aime. Non pas pour celui qu’il est aujourd’hui, je ne sais pas qui il est aujourd’hui, mais pour celui qu’il était alors. Le temps n’a pas eu prise sur lui dans mes prières. Dans mes prières, le temps n’a pas eu prise sur moi non plus, et rien ne se fane."
"Soixante ans plus tard j'ai écrit ce que je n'avais jamais dit. Voilà... c'est fait."
Qu'en penser. Un roman difficile, parfois insoutenable. Les va et vient entre les époques rythment le texte et l'adoucissent un peu. Une œuvre magistrale. Oui c'est vrai... ces choses se passent. Il est vrai que c'est plus rigolo quand on peut incriminer un prêtre.. c'est la mode !
Mais n’oublions jamais que le premier nid des dérives sexuelles est sans conteste la famille. proche,
Glauque
Critique de Provisette1 (, Inscrite le 7 mai 2013, 12 ans) - 6 décembre 2014
Sensation pénible de lire plus un journal/relevé de faits, certes psychologiquement déstabilisants pour l'enfant/adolescent que fut l'auteur, mais dont la narration met très mal à l'aise, jusqu'à une saturation nauséeuse face à tant de ressentiments, d'amertume haineuse.
J'avoue que, par ailleurs, cet univers d'addiction alcoolique tant des parents que de leur "société" et de l'auteur m'a vraiment beaucoup dérangée.
Un livre que je ne donnerai pas.
Régler ses comptes
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 28 octobre 2013
Il y a des notes très intéressantes, même si elles sont classiques, sur le secret dans les familles et ses ravages, mais le reste , c'est quand même un comble pour ce genre d'histoire dramatique, m'a à certains moments ennuyée!
Et quelle idée, vraiment, de traduire "The end of the world as we know it: scenes from a life" par Féroces???
Féroces oui, mais surtout vraiment sordide
Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 28 octobre 2013
On avance à ses côtés dans un récit complètement déstructuré, à l’image de l’homme complètement torturé qu’il est. On a presque l’impression d’être les témoins d’un patient en analyse qui se dévoile peu à peu et qui nous raconte son enfance volée, sa lente et longue agonie.
Les dernières pages sont tellement terribles, insoutenables, que j’avais envie de fermer les yeux pour pouvoir effacer ce que je venais de lire. Cette confession m’a submergée et j’ai réellement éprouvé une sensation de malaise.
Pour tout vous dire j’ai quitté ce livre avec un véritable soulagement. Je l’ai refermé en me disant tout comme l’auteur « comment ont-ils pu continuer ? »
Impressions étranges...
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 26 février 2013
J'ai été surprise par sa révélation, écœurée. Je comprends que sa notion de l'amour ait été bouleversée par la suite, qu'il ait pu se sentir abandonné. Il en veut à son père de lui avoir fait ça mais aussi de ne pas être proche de lui comme un père. Un roman très intime qui m'a été difficile de prendre comme son histoire, difficile de me mettre à sa place. Bref, pas totalement conquise par ce roman mais il m'a touchée d'une façon particulière.
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