La vie très privée de Mr Sim de Jonathan Coe
( The terrible privacy of Maxwell Sim)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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L'homme qui ne s'aimait pas
Après les héros désenchantés de « Bienvenue au club » et du « Cercle fermé », après le mélodrame de « La pluie avant qu’elle tombe », Jonathan Coe nous compte superbement l’histoire d’un homme ordinaire, démontrant sa capacité à se renouveler tout en gardant ce talent d’observateur attentif de son époque, son sens de l’humour et une vraie tendresse pour ses personnages.
Maxwell Sim a 48 ans. Il est pour les autres quelqu’un d’« archi banal », celui qu’on ne remarque pas. Il appartient à cette catégorie de gens qui passent à côté de leur vie. Il a peu d’amis et d’ailleurs il ne connaît pas la plupart des 70 qui, sur Facebook, se déclarent tels. Sa femme l’a quitté après 15 ans de « congères de frustration » en emmenant leur fille dont il ne s’est jamais vraiment occupé. Sa mère est morte très jeune et ses relations avec son père sont indifférentes. La rupture conjugale l’a rendu dépressif. D'ailleurs sa femme ne lui avait-elle pas dit que tous ses ennuis tenaient au fait qu'il ne s'aimait pas. Avant de reprendre son travail, il essaie de renouer avec son père en allant le voir en Australie. Nouvel échec. Le retour vers Londres va être le début d’un voyage initiatique où Max, aidé par des événements inattendus va essayer de sortir de cette solitude qui lui poisse au corps pour retrouver « cohérence et continuité ».
A partir de là, Jonathan Coe déploie tout son talent et son imagination pour nous raconter ce voyage où tout est signifiant, aucun incident n’étant sans conséquence sur le reste de l’histoire. La composition de ce roman est époustouflante, un travail de marqueterie littéraire d’une telle qualité que je ne serais pas étonné qu’il devienne vite un modèle à étudier dans les ateliers d’écriture pour futurs romanciers.
Je ne résumerai pas les tribulations de Mr Sim pour vous en laisser le plaisir de la découverte mais disons que son voisin de bord meurt sans qu’il s’en rende compte, trop occupé à pouvoir enfin raconter sa vie à quelqu’un. Ce pénible incident le conduit à voyager avec une « facilitatrice d’adultère » ce qui est une opportunité que Coe saisit pour nous dire tout le mal qu’il pense de Thatcher et Blair qui « ont révolutionné » leur pays, pas forcément en bien. Cette jeune femme lui remémore la curieuse histoire de Donald Crowhurst, navigateur solitaire que sa tricherie dans une course avait conduit au suicide. Tout s’enchaîne avec une proposition pour aller au fin fonds de l’Ecosse participer au lancement d’une brosse à dents écologique (quand je vous dis que Coe a une imagination fertile !). Suite du voyage où il va rencontrer des personnes perdues de vue depuis fort longtemps et qui vont lui faire découvrir tout un passé qu’il ne soupçonnait pas.
« La vie très privée de Mr Sim » est un roman sur la solitude, une solitude que les nouveaux outils d’aujourd’hui renforcent plus souvent qu’ils ne la guérissent. Le dîner avec sa fille où chacun use de son mobile pour cacher la misère de leur conversation est un morceau de choix. L’usage du GPS est drôlement raconté ; Max, sensible aux voix, est subjugué par celle de cet engin « qui ne juge jamais les gens et met en confiance ».
C’est aussi un roman sur la supercherie, le mensonge, la peur de s’assumer. C’est aussi un leurre. J’avais trouvé la fin de certains de ses livres un peu convenue ou trop théâtrale. Ici la fin m’a laissé pantois, admiratif et ravi. Les libraires devraient recommander à leurs clients de ne pas feuilleter les dernières pages.
Un roman très brillant et profond sur « le mal-être, le mal-vivre » avec aussi, comme toujours chez Coe, un brin d’espoir, celui que Max "s'accepte pour ce qu'il était".
Les éditions
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La vie très privée de Mr Sim [Texte imprimé], roman Jonathan Coe traduit de l'anglais par Josée Kamoun
de Coe, Jonathan Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070129744 ; 5,54 € ; 20/01/2011 ; 464 p. ; Broché -
La vie très privée de Mr Sim [Texte imprimé] Jonathan Coe traduit de l'anglais par Josée Kamoun
de Coe, Jonathan Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070446926 ; 9,20 € ; 02/03/2012 ; 1 vol. (464 p.) p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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Du très bon Jonathan Coe
Critique de Chapitre31 (TOULOUSE, Inscrite le 18 août 2013, 55 ans) - 27 août 2014
De l'humour et de l'originalité..
Un auteur à la hauteur de son talent..
Belle introspection
Critique de John (, Inscrit le 2 novembre 2010, 34 ans) - 18 août 2014
Jonathan Coe a le don d'aborder avec une certaine légèreté des thèmes d'actualité aussi variés que ceux des NTIC, de la solitude ou encore la vieillesse dans une Angleterre en constante mutation.
L'humour loufoque dans le style de Coe rend la lecture très agréable, mais aussi difficile à stopper =).
L'insertion de courtes nouvelles/passages auto-biographiques nourrit le contenu de l'oeuvre et contribue à dessiner un décor plein de détails pour nourrir l'imagination du lecteur.
Ce fut ma première oeuvre de Jonathan Coe, et l'une de mes toutes premières relatives à la littérature britannique : dans les deux cas, ce sera très certainement pas la dernière...
Dans la solitude moderne
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 30 mars 2014
Il est désespérément en quête de contacts humains lorsqu’une occasion se présente par hasard : il devient visiteur de commerce pour une société fabriquant des brosses à dents. Le livre devient alors un road-movie, ses tribulations lui donnant l’occasion de revenir vers ceux qui ont compté pour lui et de repartir à la découverte de lui-même.
Ce parcours en quatre parties (placées sous le signe des quatre éléments et ponctués par quatre documents qui permettent à Sim de revisiter son passé) serait un peu sinistre sans l’humour parfois loufoque de Jonathan Coe et notamment l’inoubliable dialogue de Sim avec le GPS dont la voix l’a rendu passionnément amoureux. Dans ce livre, J Coe infléchit d’ailleurs sa satire sociale habituelle pour s’en prendre aux nouvelles technologies de communication. Mais il y a bien d’autres moments dont l’auto-dérison ou le ridicule feront sourire le lecteur... s'il n’a pas sombré dans la tristesse en suivant Sim dans sa spirale et ses échecs.
Jonathan frappe un grand "Coe"
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 5 février 2013
Un véritable plaisir de lecture encore une fois. Coe ne me déçoit quasiment jamais, mais ici il m'emballe carrément ! Vivement le prochain.
Connais-toi toi-même
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 7 septembre 2012
La lecture est alerte avec de multiples pointes d’auto-dérision qui montrent les ressorts de cet ancien représentant et responsable du service après-vente d’un grand magasin de 48 ans, si bien qu’on ne comprend quand même pas vraiment la raison de son arrêt de travail pour dépression depuis 6 mois, soit depuis le départ de sa femme et de leur fille après 15 ans de mariage.
La vision de la bulle de complicité d’une mère et de sa fille qui déjeunent dans le même restaurant, lors de son voyage en Australie pour voir son père, est l’occasion pour lui pour essayer de comprendre cet abandon, la raison de son absence d’amis, le vide émotionnel de son existence alors qu’il est avenant et d’un abord facile pour la clientèle. Cependant dans ses contacts personnels, il fantasme beaucoup sur les femmes qu’il rencontre, se méprend sur leurs intentions ou n’arrive pas à répondre à leurs attentes. Il se découvre un sentiment persistant d’infériorité engendré par des relations distantes avec son père, poète incompris féru de vers contemporains et son manque de chaleur humaine.
Pour varier les points de vue et approfondir la psychologie de ce personnage principal, l’auteur lui fait prendre aussi connaissance, à diverses occasions, d’écrits rédigés par d’autres protagonistes (récit intime, essai scolaire ou nouvelle) qui éclairent son comportement et lui révèlent le regard que les autres portent sur lui, ce qu’il finit par accepter.
En toile de fond, nous avons des éléments intéressants sur la crise financière, l’arrogance d’un trader, les brosses à dents écologiques en bois (elles existent vraiment en Allemagne), une agence d’alibis pour adultères, l’histoire vraie de Donald Crowhurst qui a sombré dans la folie en voulant tricher lors d’un tour du monde en 1969, la voix équanime du GPS, ...
Je dirais plutôt l’inverse (les gens c’est comme les voitures), mais je vais faire la citation correctement : « Les voitures, c’est comme les gens. On va, on vient dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c’est effrayant, quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d’y penser. » (p. 19)
IF-0912-3947
Ah que c’est bon un bon livre !
Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 31 juillet 2012
Certaines critiques n’ont pas trouvé le fil conducteur, je trouve au contraire que la manière dont le lecteur est manipulé, désarçonné est tout à fait remarquable et donne à ce texte une vraie originalité dans toute sa construction jusqu’au dénouement totalement inattendu.
Le mille-feuille s’apprécie avec toutes les couches en bouche.
Ce texte, empreint d’une autodérision toute britannique, met en scène des personnages réalistes ou fantasques, jamais superficiels, qui interrogent sur des thèmes souvent pertinents : l’illusion d’une société dite « de communication », la déshumanisation des technologies sensée être au service des hommes, la disparition du secret et de l’intimité, la complexité des rapports humains et l’impact du lien familial sur la construction de la vie affective, la difficulté à s’assumer, le tout sur un fond de critique de la société de marchandisation dans laquelle nous vivons tous.
A tout cela s’ajoute un jeu d’écriture où l’auteur sort de sa fonction narrative pour interpeler le lecteur, s’étonner de le trouver toujours là, le remercier de sa présence..., un auteur talentueux qui manifestement s’amuse à surprendre un lecteur qu’il sait fort bien hameçonner. Ce fut mon cas !
Une sortie folio poche 2012 à ne pas rater.
Petite balade décevante
Critique de Suburbs (Arras, Inscrit le 25 juin 2012, 35 ans) - 25 juin 2012
Mr Sim
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 27 avril 2012
Tout d'abord quelle fin!
Je suis vraiment surpris par certaines critiques, Coe ayant le secret des fins particulièrement originales et inattendues, je pense notamment au Testament à l'Anglaise, à la Maison du Sommeil et donc à ce très bon La vie très Privée de Mr Sim.
Oui, vraiment un bon moment de littérature, car je dois bien avouer que j'ai aimé ce dernier opus de Jonathan Coe toujours aussi agréable à lire, avec un anti-héros vraiment attachant, une histoire originale tout en ayant cette petite touche d'humour anglais que j'apprécie tant.
L'histoire je n'y reviendrais pas tant elle est si bien décrite dans la critique principale, le lecteur suivant les pérégrinations à travers l'Angleterre du fameux Loser qu'est ce drôle de Mr Sim que le sort n'a vraiment pas gâté.
Bref un roman à recommander.
Un type archi-banal
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 1 mai 2011
Ce qui, pour moi, fait l’intérêt du roman, ce n’est surtout pas l’écriture, - à l’image du personnage central - plate, sans relief, proche de la langue parlée; ce n’est pas non plus l’intrigue constituée d’une succession de ratages; ni même le personnage, c’est l’inventivité dont Coe fait preuve dans l’utilisation de tous les procédés de communication et de narration. On assiste à une mise en abyme du roman, à l’assemblage progressif et astucieux de morceaux d’un puzzle à plusieurs voix jusqu’au dénouement surprenant. J’attendais un coup de théâtre concernant la vie de Max Sim, j’ai rencontré une pirouette basée sur la technique romanesque.
Un roman qu’on peut lire comme le portrait d’un looser dans l’Angleterre d’aujourd’hui, un regard sur la solitude moderne, une réflexion interessante sur le leurre et l’usurpation ou/ et comme un reflexion sur la création romanesque, sur les rapports entre le romancier et son personnage « ami imaginaire » .
Du grand n'importe quoi
Critique de Jpdml (, Inscrit le 21 avril 2011, 68 ans) - 21 avril 2011
Les échanges avec son GPS sont par ailleurs, vraiment lassants et donnent envie de sauter des paragraphes entiers. La fin est franchement décevante et révèle, là encore, le recours de l'auteur à la facilité pour conclure ce récit.
En conclusion, inutile de perdre du temps avec ce roman, découvrez plutôt un autre roman de J. COE : la maison du sommeil.
sur les pas d'un anti-héros solitaire et dépressif
Critique de Francesco (Bruxelles, Inscrit le 16 février 2001, 79 ans) - 6 avril 2011
Dans sa voiture il s’éprend de passion pour celle qui le guide via son GPS et qu’il nomme Emma avec laquelle il discute tout le long de ses trajets.
Dépressif il quitte son boulot dans un grand magasin londonien pour devenir représentant en brosses à dents.
Au cours de son voyage le menant aux îles Shetland , les rencontres et les haltes se multiplieront le ramenant toujours vers son passé.
Dans ce roman il y a aussi la nostalgie de l'Angleterre dont la culture a été engloutie par la mondialisation.
Le roman est divisé en quatre parties qui donnent chacune la parole à un autre personnage à travers ses écrits.
On ne dévoilera pas la fin du roman aboutissant à une situation inattendue.
Ce roman a pour sujets essentiels la solitude , la perte de repères de la société britannique et la création romanesque.
La patte molle de Monsieur Sim
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 21 mars 2011
Je n'ai pas retrouvé, notamment au début, la verve de l'auteur (traduction?). ça s'arrange par la suite, mais l'histoire elle même ne m'a pas "catchée", ce Sim vraiment étrange, mû par on ne sait quoi, qui n'a pas de but... l'histoire non plus du coup.
Où nous emmène l'auteur? Je n'ai jamais pu répondre à la question, du coup, je ne perçois pas le message et ça me gêne.
Il n'en reste pas moins un roman d'un auteur qui me plait, et à ce titre, je dirais que le roman souffre de la comparaison d'avec ses glorieux ainés tels que "La pluie avant qu'elle tombe" et "Bienvenue au club", hauts placés dans mon coeur. J'aurais cependant bien du mal à mettre moins de 3 étoiles car un roman de Coe, même moyen, reste pour moi au dessus du lot.
L' histoire très réussie de Mr Sim...
Critique de Silex (dole, Inscrit le 13 mars 2011, - ans) - 19 mars 2011
Commençons par la première: déculpabilisons-nous! Connaitre la fin d’un roman ne ruine en rien le déroulement de son intrigue ni son intérêt car, en agissant ainsi, il faut bien comprendre que pour des lecteurs comme nous le plus important n’est pas la fin mais la manière avec laquelle on nous y emmène. Cette tournure d’esprit est évidemment liée à notre façon de concevoir notre propre existence mais arrêtons là les considérations philosophiques.
L’avertissement: pour une fois, car un homme averti en vaut deux, je conjure les lecteurs atteints comme moi de cette maladie honteuse de ne pas lire avant d’y être arrivé le dernier chapitre du nouveau roman de Jonathan Coe "La vie très privée de Mr Sim"! J’y suis parvenu bien qu’étant à un stade très avancé de ce terrible syndrome et je ne l’ai pas regretté: pour une fois j’ai écouté les avertissements et j’ai connu ce délice sublime qu’est la totale surprise, ce sentiment de m’être fait très agréablement rouler dans la farine mais également un curieux goût d’inachevé qui fait que l’on pense longtemps à ce roman en se demandant jusqu’où peuvent aller les nouveaux romanciers qui n’ont pas besoin d’effets spéciaux ultra numériques pour nous emmener loin, très loin dans la supercherie, le fantastique, la manipulation?
Reprenons les choses à leur commencement: le roman débute par un article de journal relatant la découverte par la police d’un homme, Maxwell Sim, retrouvé nu, inanimé et ivre, dans sa voiture, bloquée par une tempête de neige. Les choses s’arrangent pour notre homme mais comment en est-il arrivé là? Nous le retrouvons avant cet événement en Australie : il vient de rendre visite à son père qu’il n’a pas vu depuis 25 ans et il s’apprête à rentrer en Angleterre. Mr Sim a 48 ans et est dépressif: sa femme et sa fille l’ont quitté quelques mois auparavant las de vivre avec un homme qui ne s’aime pas. Il porte sa dépression comme un étendard en racontant sa vie à qui veut l’entendre. Son premier confident est son voisin dans l’avion du retour mais celui-ci n’entendra pas toute l’histoire car il meurt, en silence, terrassé par une crise cardiaque. En transit à Singapour il rencontre une jeune femme exerçant le curieux métier de facilitatrice d’adultère. Elle lui parle longuement de son oncle Clive passionné par Donald Crowhurst ce marin d’eau douce britannique ayant tenté à la fin des années 60 d’usurper le record du tour du monde à la voile en se cachant au milieu de l’Atlantique avant de faire demi tour pour regagner l’Angleterre mais se suicidant avant son arrivée,... etc pourrait-on ajouter...A partir de ce moment et une fois de retour en Angleterre, Mr Sim va se lancer dans un long périple vers le nord de l’Ecosse pour y vendre des brosses à dents recyclables. Il va croiser et retrouver nombre de personnes et événements ayant façonnés sa vie et en ayant fait ce qu’elle est devenue pour pratiquement s’achever dans cette voiture perdue dans la neige.
Dans ce roman Jonathan Coe nous parle de la dépression d’un homme mais également de celle d’une société, la nôtre. Il dresse un tableau au vitriol des années Thatcher et Blair, responsables mais pas coupables, de la dérive nous ayons conduit vers cette "ultramoderne solitude" pour paraphraser Alain Souchon, chanteur français: tiens, ce mal ne touche donc pas que le Royaume-Uni?
Maxwell Sim est un homme dont les rares amis sont les 70" presque- inconnus" s’affichant sur son portail Face book, un homme sensible aux voix et qui finit par tomber amoureux d’Emma, la voix féminine de son GPS car "elle ne juge jamais les gens et met en confiance". Mr Sim se retrouve à son corps défendant piégé dans une société où il est facile de se perdre sans le savoir : d’innombrables moyens permettent de communiquer avec tout le monde et de partout en temps réel et il s’agit d’autant de pièges qui se referment progressivement, nous isolant avant même de nous en être rendu compte. La prise de conscience de ce que nous devenons survient tel un électrochoc quand notre héros observe discrètement une mère et sa fille dans un restaurant : elles parlent, rient, jouent sans qu’aucun téléphone portable ne sonne, sans qu’aucun SMS ne vibre, sans qu’aucune console de jeux n’isole l’enfant de sa mère et du monde qui l’entoure.
Ce livre n’est pas sombre mais il détaille avec un féroce humour typiquement britannique les travers de notre société si fière de sa modernité, de son efficience et de sa probité. Laissez-vous entrainer dans les aventures rocambolesques de Mr Sim, d’autres surprises vous y attendent et, surtout, résistez à l’envie de lire le dernier chapitre avant d’y être parvenu. Juste un indice: ce roman est un époustouflant exercice de style littéraire, un livre dans un livre mais je crains déjà d’en avoir trop dit ou pas assez alors jetez-vous sur "La vie très privée de Mr Sim" de Jonathan Coe publié cette année chez Gallimard.
Bonne lecture et n'oubliez pas: déculpabilisez mais pas cette fois !!!
ultra moderne solitude...
Critique de Lenaig (, Inscrite le 22 septembre 2008, 51 ans) - 16 février 2011
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