La fortune de Sila de Fabrice Humbert

La fortune de Sila de Fabrice Humbert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tanneguy, le 22 janvier 2011 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (24 969ème position).
Visites : 6 211 

Une bonne idée au départ, mais un résultat décevant

En 1995, dans un grand restaurant parisien, un convive brutal s'en prend au serveur noir (arrivé illégalement de son Afrique natale) et lui casse méchamment le nez sans qu'aucun des convives présents n'intervienne ; le dîner reprend après une brève interruption du service. L'auteur va s'intéresser à tous les témoins de l'incident et imaginer leurs parcours en faisant preuve d'originalité. Il y a là un couple russe, un autre américain et deux amis français.

Cela donnera l'occasion d'effleurer de nombreux problèmes planétaires contemporains : avènement de la finance reine, effondrement de l'URSS, apparition des oligarques, crise des subprimes aux USA... Chaque fois l'auteur explique, souvent de manière laborieuse et superficielle. Plus intéressantes sont les analyses des personnages, mais là encore c'est rapide et parfois peu crédible. Quelle est la "morale" de l'histoire ? On laisse le lecteur choisir celle qui lui convient.

Je m'étais lancé dans la lecture de "La fortune de Sila" en espérant que l'auteur tienne les promesses de "L'origine de la violence". A mon avis, ce n'est pas le cas et j'aurais mieux fait de rester au large...

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Quoiqu’ambitieux, roman superficiel …

4 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 88 ans) - 1 octobre 2012

L’idée sous-tendant l’ouvrage était pourtant bonne : dans un grand restaurant huppé parisien, un serveur prénommé Sila tombe à terre, après avoir reçu un coup de poing d’un client furieux.

Les convives alentour ne réagissent pas et l’auteur s’intéressera à certains d’entre eux, remontant leur parcours de vie avant l’incident, puis les suivant, après.

C’est ici l’occasion pour Fabrice Humbert de nous brosser quelques portraits de ces enfants gâtés du siècle, et de leurs compagnons : Simon, mathématicien brillant mais falot, devenu trader, mettant en équation la volatilité de la volatilité. Mark le brutal, contribuant à la ruine des petites gens en participant aux escroqueries bancaires menant à la crise des sub-primes. Lev l’oligarque nouveau riche milliardaire de l’après Eltsine s’alliant aux mafias tchétchènes. En filigrane, Sila le serveur pacifique qui piste son agresseur sans désir particulier de vengeance.

Tout en évoquant les grands mouvements financiers de notre époque, l’auteur organise des coïncidences un peu naïves et qui font par exemple que tout ce petit monde se retrouvera dans un grand restaurant de New York où Sila trône en maître d’hôtel …

Un roman superficiel et aux longueurs difficilement supportables.

captivant

10 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 51 ans) - 19 juillet 2011

Je ne connaissais pas vraiment le monde de la finance et du pouvoir, j'ai choisi ce livre par hasard à la bibliothèque car la quatrième de couverture m'a semblé intéressante. le résultat: un roman captivant, qui analyse de façon très fine des personnages et des comportements très différents. c'est un roman balzacien. L'ambition, l'immoralité, le pouvoir, l'argent: on retrouve tous ces termes déjà présents chez Balzac. J'ai appris beaucoup de choses en lisant cet ouvrage. Il fait vraiment réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons. Un grand moment de lecture.

Ambition

8 étoiles

Critique de Silex (dole, Inscrit le 13 mars 2011, - ans) - 13 mars 2011

"La Fortune de Sila" est le quatrième roman écrit par Fabrice Humbert, publié aux éditions Du Passage en 2010. L’auteur, professeur dans un prestigieux lycée franco-allemand, est agrégé de littérature et entretient un certain mystère autour de sa personne en refusant, par exemple, de donner son âge! Il n’a pas 40 ans, nous n’en saurons pas plus.
Ses 3 précédents romans étaient surtout autobiographique et, avec " La Fortune de Sila" le pas semble être franchi, abandonnant le "je" et le "moi", pour nous faire plonger dans un univers différent mais parfaitement maitrisé, celui du pouvoir, de l’argent, de la moralité. Son précédent roman a été celui de la reconnaissance: il s’agit de " L’origine de la violence " publié en 2009 et il fera certainement l’objet d’une future chronique.

A travers le parcours singuliers des 4 personnages principaux s’égrenant sur une vingtaine d’années, l’auteur nous dévoile les mécanismes plus humains qu’économiques des grandes crises financières ayant ébranlé le monde, ou plutôt le nouvel ordre du monde établi depuis la fin des années 80 marquée essentiellement par la chute du bloc communiste et l’explosion à tout va du capitalisme et du libéralisme.

Le roman débute par une scène inaugurale très forte, placée chronologiquement à la fin du premier quart de ces vingt années "irraisonnables", souhaitons-le, qui ont transformé le monde depuis la fin des années 80.

Dans un grand restaurant parisien se croisent: Sila un serveur immigré symbole de l’espoir africain pour ce monde occidental aux airs de terre promise; Lev un oligarque russe, économiste de génie et membre influent de l’équipe Eltsine et du néo-capitalisme effréné de la nouvelle Russie; Mark un fils de promoteur immobilier américain en transit entre l’Amérique bodybuildée des années Reagan et ce nouvel ordre qu’il ne peut pas encore comprendre; Simon un français surdoué des mathématiques, victime d’une sorte autisme relationnel, polytechnicien faute de pouvoir faire autre chose.

Dans ce restaurant, un soir de juin 1995 et pour un motif semblant futile mais hautement symbolique, Mark l’américain, dans une pulsion de violence aussi brève que sidérante, frappe Sila le serveur africain devant le regard tantôt médusé, incrédule ou indifférent des 2 autres protagonistes. Personne ne réagit mais cet incident est la pièce maitresse de ce roman qui nous mènera aux années précédentes et suivantes en suivant l’itinéraire de ces 4 hommes, accompagnés par des femmes belles et intelligentes pour le russe et l’américain, par un ami déroutant pour le français et par l’éternel espoir d’un monde juste pour l’africain. Subtilement ces 4 personnages seront amenés à se croiser, parfois sans même se voir ou le savoir.

L’auteur a voulu parler de l’ambition dans ce roman. Les thèmes choisis à travers les personnages sont difficiles mais la langue est belle, fluide, la réflexion toujours à fleur de plume et l’intrigue habilement menée. Il ne s’agit pas d’un polar politico-financier à la Grisham qui laisse le lecteur certes en apnée mais qui est oublié sitôt terminé. L’information est au détour de chaque page et nombres de questions surgissent à la fois sur l’Histoire avec un grand H et sur cette ambition dévorant l’Homme, lui aussi avec un grand H.

Le personnage le plus intéressant me semble être l’oligarque russe qui est avant tout un penseur. Son itinéraire est passionnant à suivre nous permettant d’entrer dans les coulisses de la fin de l’URSS et de comprendre que les raisons les plus évidentes n’étaient pas forcément celles que nous croyions. Nous découvrons l’énorme enjeu financier et la course au pouvoir qui ont éclaté dès l’explosion du pays. Les richesses ont été partagées rapidement entre une poignée d’hommes avec l’omniprésence d’une mafia tentaculaire. Aucune place n’était laissée aux scrupules et il fallait vite manger avant d’être dévoré. Lev, l’oligarque économiste, perdra bien plus que son âme dans cette course au pouvoir.

Mark, le pit-bull américain, nous conduit à travers l’histoire des subprimes et, là encore, l’information est riche et passionnante.

Simon, le mathématicien devient trader à Londres et son histoire est à la croisée du destin du russe et de l’américain. Son destin est connu d’avance et il est un peu la victime expiatoire de ces crises financières s’enchainant sans finalement changer grand chose à l’ordre du monde en marche.

Sila l’africain a le destin le plus énigmatique et chacun est libre de trouver une morale ou pas à son histoire. Avant tout ce roman parle de morale. Certes le propos de l’auteur est de parler d’ambition mais rapidement la question de la moralité dans l’ambition vient au premier plan. L’ambition peut-elle s’encombrer de moralité?

l'appât du gain

8 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 6 mars 2011

Dans un grand restaurant parisien, Sila un serveur est frappé par un client sans que personne dans la salle n'intervienne.
Ce fait permet à l'auteur de nous faire connaître les personnages principaux vivant aux quatre coins du monde, un couple d'américains Mark et Shoshana, lui n'a brillé que les dimanches lors des matchs de football, le couple de russes, Lev et Helena lui devenu un homme d'affaire, deux jeunes français, Simon naïf et Matt l'arriviste venant fêter une première embauche à la banque.
Nous allons découvrir au fil des pages la vie de chacun, leur passé, leur quotidien, ils ont un point commun le culte de l'argent.
Roman ancré dans notre société, un monde sans scrupule, sans morale, juste faire de l'argent, pour l'argent.
Un roman très intéressant, captivant.

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