La fille du port de la lune de Simone Gélin
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Un roman policier à ne pas lire
Il s'agit d'un bouquin de 381 pages séparées en deux parties d'environ trente chapitres chacune. Les graphistes ont fait un beau boulot de couverture et de mise en forme, c'est joli et attrayant, mis à part les dernières feuilles qui sont en fait des publicités pour d'autres livres. C'est catégorisé comme roman policier par l'éditeur.
Nous y rencontrons Malik, un jeune « Beur » (sic), Héléna une prostituée, Simon un policier ainsi que Pierre un « SDF » (sic). Tous seront de près ou de loin impliqués dans une enquête pour meurtre. Le corps d'une femme a été trouvé dans la Garonne, fleuve qui passe par Bordeaux. L'investigateur, Simon, tente de déceler le coupable de l'homicide, s'il en est un, tout en combattant ses propres démons. Sa conjointe ayant été tuée, il y a quelque temps, il se remet difficilement de sa peine.
Tout d'abord, le style de l'écrivaine ne convient pas à un lectorat hors France. On y retrouve énormément trop de mots qui sont de niveau de langue familière et qui sont pratiquement inconnus des étrangers. Voici quelques exemples: « Beur », « Kiffer », « mec » et ainsi de suite. Si au moins, ces termes n'étaient utilisés que dans les conversations, mais non! Elle-même l'utilise dans sa narration. C'est horrible. C'est rare qu'on puisse entendre l'accent d'un auteur dans une oeuvre, croyez-moi, on le perçoit carrément en lisant ces lignes.
De plus, l'enquête n'en est pas une. Sans vous dévoiler la fin, affirmons tout de même que le texte est basé sur une fausse route. Ce n'est même pas un polar, car le trois quarts du roman nous le passons du côté psychologique et émotif des personnages. L'aspect policier est une toile de fond, sans plus.
Que dire des malheurs de l'enquêteur, Simon, qui pense devenir fou. Il s'aperçoit que son ménage est fait à chaque fois qu'il retourne à son logement. Il se demande comment ça peut être possible. Est-ce sa bien-aimée morte tragiquement qui revient en fantôme? Déjà, on n'y croit pas, mais en plus, on apprend que c'est sa belle-mère qui vient faire le nettoyage, et qu'elle lui avait écrit une note qu'il n'avait tout simplement pas vue. C'est ridicule! Comment peut-il ne pas s'apercevoir du mot pendant plusieurs jours? J'ignore pour vous, mais moi, si j'ai laissé ma clef à quelqu'un, que j'entre chez moi et que mon ménage est fait, tout est clair. Ma santé mentale n'est pas remise en cause pour autant. L'agent de la paix n'est pas très rapide sur l'intellect, dirions-nous.
Je déconseille ce bouquin, il s'agit probablement de l'un des pires que j'ai pu consulter jusqu'à présent. L'histoire est moyenne, les personnages sont bien, mais ils ont trop de place pour un polar. L'enquête devrait primer, sinon, c'est tout bonnement mal catégorisé. C'est donc un roman tout simplement.
Ma note est de 1 étoile sur 10, puisque c'est la plus basse.
Les éditions
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La fille du port de la lune [Texte imprimé], policier Simone Gélin
de Gélin, Simone
Éd. les Nouveaux auteurs
ISBN : 9782819500292 ; 7,50 € ; 18/06/2010 ; 381 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Un genre nouveau
Critique de Alain Seyfried (, Inscrit le 24 janvier 2011, 77 ans) - 24 janvier 2011
Cette conception, plus roman que policier, plus art que narration, peut dérouter ceux qui cherchent avant tout dans un polar des histoires bien huilées, bien polies, inexorables, dont l’unique fonction est de poser une énigme que le lecteur doit s’efforcer de résoudre au plus vite, et si possible avant que le texte n’en donne la solution.
En tant que collègue en écriture de Simone, poursuivant dans mes romans le même idéal qu’elle, je ne peux que l’encourager à continuer. Nous ne sommes pas si nombreux et nous ne sommes pas si connus comparés à l’immense armada des auteurs de policier « classiques » ! Raison de plus pour persévérer. Raison de plus pour encourager le lecteur à emprunter avec nous cette voie afin de pouvoir choisir librement ce qu’il préfère : un livre qui privilégie le but à atteindre, ou un livre qui met en avant le chemin à parcourir jusqu’à lui.
Alain Seyfried
Chapeau !
Critique de FXC (, Inscrit le 23 janvier 2011, 45 ans) - 23 janvier 2011
Je ne m'attendais pas à une histoire comme celle-ci, à mi chemin entre le polar et le roman. Le mix était risqué et le résultat est unique. J'ai vraiment savouré cette originalité qui nous donne un polar pas comme les autres, et ça fait du bien.
Un livre merveilleux, touchant et réaliste
Critique de Anafesto (, Inscrit le 23 janvier 2011, 56 ans) - 23 janvier 2011
J'ai pleuré avec Mélancolia, j'ai craint pour Malik, j'ai cru en Esdé, j'ai visité le bassin d'Arcachon avec les héros, on sent les effluves iodées derrière ce récit, le Bordeaux du centre-ville policé, et celui des cités, dangereux et plus humain encore. Tout y est.
Un coup de coeur !
L'auteur a une plume, elle écrit avec ses tripes et c'est pour ça qu'on y croît. Ici, pas d'exercice de style comme chez certains, mais un style. Point.
A quand le second ?
Un excellent premier roman!
Critique de Tomahawk (, Inscrit le 23 janvier 2011, 63 ans) - 23 janvier 2011
De paumés en errance, jusqu'à la découverte de la poésie dans les zones sauvages de la côte, Simone Gélin vous guidera dans un univers mixte, entre deux mondes qui se cherchent, et finalement s'entrecroisent à l'infini.
La Fille du Port de la Lune est l'un des meilleurs romans que j'ai lus en 2010, tous genres confondus.
Ne passez pas à côté de ce livre!
La littérature n'est pas que schémas attendus et formatés
Critique de Yurani Andergan (, Inscrit le 23 janvier 2011, 63 ans) - 23 janvier 2011
Alors plusieurs choses :
- que le qualificatif "roman policier" ne soit pas le plus approprié pour ce roman, c'est possible. Mais cela ne fait que souligner l'arbitraire de ces étiquettes de genre, qui sont comme des prisons pour les auteurs. Comme si toutes les pommes devaient appartenir à la variété "golden", ou toutes les viandes de canard être des "magrets" ;
- que cet ouvrage emploie un français quotidien, celui qu'on entend désormais couramment dans les rues, les écoles et les lieux de sociabilité, n'en déplaise à ceux qui sont attachés à une langue surannée (j'en fais partie par bien des côtés), n'est pas une incongruité et encore moins une marque infâme. Le français académique s'exporte peut-être encore, en tout cas il ne (se) parle plus guère. Et une littérature qui s'attache à restituer le temps présent, qui maintient le lien avec l'oralité du quotidien et du réel, est tout autant qualitative qu'un exercice stylistique à l'ancienne ;
- que le "dialecte" français-bordelo-populo-quotidien soit mal compris hors de l'Hexagone, peut-être. Mais on pourrait en dire tout autant de nombre de romans dans la plupart des grandes langues vernaculaires d'aujourd'hui. Le prisme culturel n'a jamais été, paradoxalement, autant présent. Beur, SDF et autres "mec" ou "enfoiré" sont désormais des mots courants et déconnotés, à défaut d'être dans les dictionnaires bienséants. Mais, pour contredire l'auteur de la critique, un étranger apprendra certainement davantage de la vie réelle en France aujourd'hui par l'usage d'un tel dialecte qu'en lisant celui tout de langue de bois et de politiquement correct que nous servent à l'envi les médias qui se vivent en nouvelle élite et que singent nombre d'auteurs en cour et en cheville.
Simone Gélin, l'auteur, ne sera probablement jamais titrée Goncourt, n'appartenant de toute façon pas au sérail consanguin, mais son roman ne mérite pas un tel jugement, ni une telle indignité aurait chanté Ferrat.
Je viens de regarder en détail les autres critiques publiées par l'auteur lapidaire ci-haut. Eh bien, sur les dix romans notés, j'ai ai également lu huit. Et, à mon jugement totalement personnel et subjectif, je suis en désaccord total ou fort sur la moitié (dont Kafka, c'est peu dire), en accord complet que sur deux (dont Hemingway évidemment), et le reste... Tout cela illustre à propos le fait que les goûts et les sentiments de lecture peuvent être extrêmement diversifiés, voire radicalement opposés, indépendamment de toute notion de "qualité littéraire" intrinsèque.
Un très bon moment de lecture
Critique de Mad (, Inscrit le 23 janvier 2011, 46 ans) - 23 janvier 2011
Pas un polar classique? Sans aucun doute.
Lorsque j'ouvre un livre, je n'ai qu'une attente : passer un bon moment. Et j'ai passé un très bon moment en compagnie de personnages attachants et profonds, qui prennent le pas il est vrai sur l'aspect policier du livre.
J'ai aimé le style de l'auteur. Une écriture moderne, vive... et je n'ai pas été gêné par le langage familier décrié un peu plus haut : il est utilisé le plus souvent pour illustrer les états d'âme des jeunes héros, qui kiffent un tas de choses... Cela permet de retranscrire une atmosphère très proche de la réalité.
En résumé, un très bon moment de lecture, et une belle réflexion sur les travers de notre société...
Un polar hors normes
Critique de FannyL (, Inscrite le 22 janvier 2011, 53 ans) - 22 janvier 2011
Ces moments de vie, offerts sans fausseté, vous plongent au cœur de l’enquête qui suit la mort suspecte d’une prostituée. Le lecteur se laisse guider sur deux chemins parallèles : celui de Simon, flic en souffrance et celui de Malik, jeune des cités de la banlieue bordelaise. L’un et l’autre mènent l’enquête, de Bordeaux au Bassin d’Arcachon.
Il faut un grand talent à l'auteur pour nous offrir une écriture simple (et certainement pas simpliste) qui brille par sa sobriété, sa vérité. L’ambiance de ce roman y trouve sa spécificité. Elle nous rend intime avec tous ceux que nous ne voyons plus, tous « les malheureux de la terre ». La preuve, s’il en faut encore une, que l’écriture est une ouverture à l’autre.
Merci à Simone Gélin pour cette belle leçon de vie et tout le plaisir que j'ai eu à lire La fille du port de la lune.
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