Be-Bop de Christian Gailly

Be-Bop de Christian Gailly

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucien, le 30 mars 2002 (Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 215ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 5 138  (depuis Novembre 2007)

Un amour de swing

Comme « K622 » ou « Une nuit au club », « Be-Bop » de Christian Gailly est un roman musical. Trois parties. Trois mouvements. De l’ouverture à la fugue. Chaque partie lancée par un texte utilitaire, mécanique : offre d’emploi, petite annonce, invitation. Une trame très simple pour l'histoire d’une rencontre.
Premier mouvement : Basile Lorettu joue du saxophone alto en semi-professionnel. Ses solos ressemblent à s'y méprendre à ceux de Charlie Parker. Il est seul, pauvre et sans emploi. Quand il fait la connaissance de Cécile, il est attiré, troublé. Puis il cherche du boulot, il parcourt les petites annonces : « ENT. ASSAINISSEMENT Zone industrielle Cherche J.H. libre O.M. Travx pompages. Permis P.L. Tél. R.d.V. » Pompage, assainissement, ça veut dire en clair : nettoyer la merde des autres. Lorettu n'a pas le choix : il accepte. Il ressent très profondément cette coupure en lui entre les aspirations musicales élevées (Parker l’oiseau libre, Parker le modèle) et la merde alimentaire et quotidienne. Deuxième mouvement : aucun rapport, apparemment. Paul et Jeanne aménagent dans un gîte rural. Qu'est-ce qu'il va s'emmerder, Paul… Bien vu, les ennuis commencent : canalisations bouchées, odeur nettement intestinale qui se répand dans le voisinage. Il faut faire appel à une entreprise d’assainissement. C’est là que Basile entre en scène. Conversation à bâtons rompus entre le vieux Paul et le jeune Basile : comment donc, vous jouez de l’alto ? Comme Parker ? Moi, c'était le ténor, comme Coltrane. Et vous jouez où, quand ? Tous les dimanches soirs au Monastère. Si le cœur vous en dit. Troisième mouvement : le dimanche soir au Monastère. Les deux lignes musicales ourlées depuis le début se rejoignent enfin, comme se rejoignent deux hommes, deux swings, deux couples aussi.
Simplicité de l'intrigue, parfaite adéquation du style. Un style qui effleure, qui swingue avec les mots, qui se déroule comme une improvisation du Bird : « Oui, dit Paul, ajoutant, il n'y a vraiment que les bateaux pour nous donner le sentiment, puis se taisant, se disant après tout les avions aussi, sans parler des trains et des gares, mais moins que les bateaux pourtant, peut-être parce que c'est plus lent, on s'en va lentement, on revient lentement, quand on revient, si on revient, le bateau accostait lentement, mais les trains aussi partent lentement, entrent lentement en gare, quant aux avions mais les avions ça vole, les trains roulent, les bateaux naviguent, il n'y a donc pas moyen de savoir lequel de ces moyens nous donne, il faudrait que les trains naviguent, que les avions roulent, ils roulent, les bateaux aussi, il faudrait qu'ils volent, comme les avions mais non, non, de toute façon, non, je n'aimerais pas qu'ils volent, non, ce que j'aime dans les bateaux, dit Paul. » A lire en écoutant Parker que visiblement Gailly connaît par cœur.

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Trop jazzy

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 23 septembre 2014

Petit livre peu accessible en raison à la fois de références musicales pour connaisseurs et d’un style qui se veut porteur d’un rythme adapté à la musique, mais qui rend de ce fait la lecture moins agréable.

Tantôt on accélère, tantôt on se répète ou encore on s’appesantit lors de certains passages.

J’avoue ne pas avoir pu pénétrer dans ce roman qui était peut-être trop subtil et donc non adapté pour un profane.

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  Fin de parcours pour Christian Gailly. 4 Patman 17 octobre 2013 @ 16:09

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