Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
( A good day to die)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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L'Amérique, ou comment détruire la nature.
Le narrateur de cette histoire n’a pas de nom. Il est « il » ou « je » : Jim Harrison lui-même ?… Au début de l'histoire, il est à la pêche dans les « Keys » en Floride. Alors qu’il joue au billard dans un bar, il rencontre Tim.
Tim est grand, les cheveux longs, bronzé et très musclé. Ils jouent une partie et le narrateur dit de Tim : « Ce genre de joueur peut être habile mais il joue avec ses couilles, sa virilité, et il ne garde aucune réserve pour le coup d'après, sauf par accident. Une arrogance vaine, une sorte de « macho » haltérophile »
Tim a une grande cicatrice à la droite du visage. Il rentre du Vietnam. A la sortie du bar, le narrateur déclare qu'il a entendu dire qu’on construirait un barrage dans le Grand Canyon. Ni une, ni deux, Tim décide qu’ils iront faire sauter ce barrage…
En chemin, ils passent par la petite ville d'où Tim est originaire. Là, ils vont embarquer Sylvia, sa copine, et les voilà partis tous les trois.
Les deux hommes râlent à ne plus en pouvoir contre cette folie américaine de détruire la nature partout où on leur en donne l’occasion. L’Amérique construit des lacs, déboise des forêts entières, trace des routes n'importe où, creuse dans d'immenses mines à plein ciel et place des barrages dans tous les coins ! Si on la laissait faire, il n'y aurait plus de pêches à la truite !.
Voilà pourquoi Tim a une telle haine contre les barrages et il a décidé de les faire sauter les uns après les autres. Et nous voilà partis pour assister à une grande chevauchée à travers l'Amérique durant laquelle, au bout de chaque étape, un barrage devrait sauter.
Le narrateur est-il aussi concerné que Tim ? Pas vraiment ! « En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisais à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n'étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin… Pourtant, le suc de l'existence, atrophié et ténu certes, semble toujours présent. »
Sylvia attire le narrateur et elle n’est pas pour rien dans sa participation à cette aventure pour le moins risquée.Et puis, de quoi est-il vraiment question sur cette terre ?.
« Tout semblait si fortuit et voué à l’échec, si terriblement bref et improbable. Rien à voir avec ce que j'avais pu prévoir. »
Lucide, il l’est, et la dernière phrase du livre nous le montre bien quand il dit : « Il fallait que quelqu'un s’occupe d'elle (Sylvia). Mais, s’il me restait un tant soit peu de gentillesse et de pitié, et la conscience de ce que je faisais sur cette terre, tout borné et stupide que j’étais, je savais que cela ne pouvait être moi. »
En conclusion, nous pourrions reprendre cette phrase d'un début de chapitre : « Quelqu'un a dit, je crois que c’était un poète russe, que nous n'étions sur cette terre que les ombres de notre imagination. »
Un très bon livre !
Les éditions
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Un bon jour pour mourir [Texte imprimé] Jim Harrison trad. de l'anglais (États-unis) par Sara Oudin
de Harrison, Jim Oudin, Sara (Traducteur)
R. Laffont / Pavillons (Paris. 195?)
ISBN : 9782221089309 ; 19,95 € ; 02/12/1998 ; 223 p. ; Broché -
Un bon jour pour mourir
de Harrison, Jim
10-18
ISBN : 9782264036711 ; 7,10 € ; 07/05/2003 ; 223 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (10)
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Dense et brutal
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 29 septembre 2013
Nous suivons leur périple en compagnie de Sylvia, la petite amie de Tim, dont le héros tombe amoureux.
Un road movie sous l'emprise d'alcool, de la drogue, des cocktails vitaminés qui donnent au périple un côté surréaliste, déjanté, où tout peut toujours basculer.
Quelques flash-back nous apprennent que le héros a eu une femme et une petite fille.
Seule l'ébauche sentimentale de cet étrange trio m'a semblé un peu plus intéressant.
C'est dense et désespéré.
Mais voilà, je n'ai pas du tout adhéré au destin de ce trio. Trop de brutalité, de violence; il faut dire que je l'ai lu entre deux chapitres de 22/11/63 de Stephen King; ce qui a peut-être desservi la lecture...
Sexe, drogue et dynamite
Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 22 novembre 2011
L'un a loupé son mariage, vit loin de ses enfants, sans travail fixe et passe son temps à boire. L'autre, revient traumatisé du Vietnam et fuit ses responsabilités d'amant attitré d'une jeune femme qu'il se refuse à quitter officiellement.
Et voilà nos 3 futurs terroristes lancé sur les routes du Colorado, vivent de cuites, d’engueulades, de coups de blues ... L'amant rejette sa compagne, l'autre en tombe amoureux, et elle, ne peut se soustraire à son amour pour le 1er ... compliqué.
Toute cette histoire est bien sympathique mais finit par tourner en rond, et par lasser.
L'issue étant totalement pathétique pour nos voyageurs, un goût d'inachevé m'est resté à l'esprit.
Comme dirait le Dude : "Putain ! Walter ! pourquoi faut toujours que tout tourne à la bouffonnerie avec toi ! ?"
Get it while you can !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 18 mai 2011
Le narrateur , Tim et Sylvia traversent les états-unis de Key-West ( Floride ) à Bozeman ( Montana ) pour faire exploser un barrage sur le Grand Canyon , un sabotage romantique ...
Sur fond de " Sex , drug and rock'n roll " , les 3 compères vont affronter le vide de leur existence .
Les idées-forces de Jim Harrison sont omniprésentes :
--> la Nature grandiose et sauvage ( via les descriptions des sites de pêche )
--> la défense du peuple indien exterminé ( les " Nez percés " qui prennent le sentier de la guerre : " Courage ! C'est un bon jour pour mourir ")
--> la lutte féroce contre les agents immobiliers , les promoteurs et sociétés d'exploitation forestières ;
mais surtout le sens de la vie et l'importance du moment présent.
L'auteur nous entraîne dans une histoire aux limites du Fantastique ( Amphétamines , bières , joints et métadrine constituent la nourriture quotidienne du trio )
On reconnait la " pâte " de Jim Harrison et on se laisse entraîner sur les chemins hasardeux d'une Amérique sauvage.
Pas grand chose d'autre à ajouter pour vous inviter à déguster ce court roman .
Des enfants déshérités
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 7 février 2008
.
Ce roman écrit il y a plus de trente cinq ans n’a pas pris une ride. Harrison est décidément un écrivain exceptionnel qui nous tient en haleine dans cette folle aventure où un sentiment amoureux va exploser comme une fleur qui éclôt dans un champ de boue. Un sentiment où la délicatesse, la tendresse, la pitié, parfois, ne le cèdent en rien à l’impétuosité du désir. Tout ceci dans la grande tradition américaine du nomadisme, de l’envie d’aller toujours plus loin avec cette chimère d’un autre avenir qui n’est trop souvent qu’un rêve évanescent que l’on n’atteint jamais.
Et la dernière phrase du livre, déjà citée par Jules , est absolument superbe de beauté, de vérité et de nostalgique lucidité.
Aventure et psychologie
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 5 octobre 2005
Le narrateur, qui écrit à la première personne, nous trimbale dans une expédition plutôt louche à travers les USA. Au passage il nous fait découvrir une Amérique profonde, l’Amérique des petites villes où règne la loi du plus fort, des motels à quatre sous, des mauvais hamburgers et surtout, des armes, des alcools et des drogues, dont nos héros font un usage inconsidéré.
Une tribu indienne disait avant de partir en guerre : « Courage, c’est un bon jour pour mourir » et cette citation dont se souvient le narrateur, est une occasion pour lui d’essayer de comprendre ce qu’est le courage et de fil en aiguille de s’interroger sur le sens de la vie.
Le récit est parsemé de références à l’Histoire de la Conquête de l’Ouest et d’exemples de destructions de la nature dans la course au dollar, qui semblent peser sur la conscience du narrateur comme sans doute aussi sur la conscience de beaucoup d’Américains.
Voilà donc un beau roman, qui pourrait se présenter comme un triller psychologique et philosophique. Jim Harrison est un écrivain qui m’a paru remarquablement original ; c’est une de mes plus intéressantes découvertes sur notre site CL.
Sitting Bull n'y est pour rien!
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 juillet 2004
Le point de départ de ce roman parait complètement invraisemblable, et pour autant, là bas, on sait que ça peut se passer comme ça. Comme notre vieille Europe nous parait encalminée dans sa vieille histoire (cela dit des allumés capables de démarrer comme nos 3 protagonistes pour aller faire péter un barrage, ça existerait aussi chez nous, mais pas comme ça ...). Et le traitement psychologiques des 3 héros?, si c'est pas Harrisonien ça? Compliqué, presque glauque et pourtant on le suit de bout en bout.
Un bon jour pour mourir, certes, un bon livre à lire surtout!
au jour le jour
Critique de Candy2004 (, Inscrite le 22 février 2004, 45 ans) - 8 mai 2004
Jim Harrison, Un bon jour pour mourir
Un roman conduit par la liberté de vivre, cette soif américaine des routes et de l’infini. Une citation m’échappe : « La réalité était faite de ce que nous ne faisions pas. »
C’est tout l’objet du roman : construire par l’écriture l’infaisable, retrouver cette réalité perdue, noyée par la vitesse et l’oubli du monde qui nous entourent, l’oubli de notre propre corps.
Le narrateur, un jeune pêcheur, du haut de ses 28 ans part à la conquête de lui-même, en allant se confronter dans cette expérience unique du voyage les obstacles qui le feront avancer et qui lui feront comprendre que la vie est labyrinthe et erreurs avant d’être derrière lui.
Erreur, errance. La nécessité de rouler pour réaliser combien le monde réel est là, à la fois en nous et en dehors, construit par tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons. Nos faits, nos gestes, nos paroles. Lorsque le narrateur parle d’imagination, c’est pour en ôter sa liberté onirique, en affirmant qu’il faut vivre les événements, les expériences, vivre l’amour avant de le rêver. Mais avant d’écrire cela, il a fallu que le narrateur « refuse de prendre les rênes », pour se rendre compte qu’il n’y a rien de pire que d’être « l’ombre de son imagination. » Pourtant, la tentation est grande, celle de nous laisser aller et de vivre par procuration ce que nous n’osons pas entreprendre. Le narrateur préfère les drogues douces, les somnifères et l’alcool pour tenir à demi conscient dans un autre monde plutôt que de faire face à ce qui lui fait peur. Une attirance physique pour la femme du trio, Sylvia, qui n’aboutit jamais en est un exemple.
L’aventure du roman tient à ce fil tendu entre deux univers : l’imagination et la réalité. La peur du vrai et la tentation de franchir le cap. Etre capable. Assumer ses envies. Dans ce roman, le « presque » ne suffit plus. Il faut aller plus loin, au-delà de ses propres limites et dépasser notre ombre, pour devenir nous-mêmes, assumer son corps.
Tim, le compagnon de route du narrateur, arrive à assumer son corps dans sa totalité, jusqu’à la fin. Sa mort brutale, portée par la lourdeur de l’écroulement du barrage, s’impose au regard du narrateur comme le symbole de la délivrance. Tim est mort pour une cause réelle. Alors que Tim est arrivé au bout de son ambition, la fin du roman transforme le narrateur. Il prend enfin conscience de ce « qu’[il faisait] sur terre. » La vérité est au bout du roman. A nous de l’imaginer.
Décembre 2003
Bravo pour le site !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 28 octobre 2002
Chouette !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 28 octobre 2002
On the road again...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 28 octobre 2002
Et qui, dans les motels où ils s’octroient quelques heures de sommeil (le plus souvent entre quatre heures du matin et dix heures), dorment à trois (deux hommes-une femme) dans la même chambre ?
Bonjour la promiscuité et les excès en tous genres…
Plusieurs thèmes se croisent dans ce livre construit à la manière d’un road movie.
Tout d'abord, la guerre du Vietnam en toile de fond discrète.
Puis le vide de l'existence (trois «paumés» en quête d’eux-mêmes).
L'alcool aussi : je n'ai pas compté les litres ingurgités par les protagonistes, mais rien qu'en feuilletant le livre, le coma éthylique me guettait !
Et puis, enfin et surtout, le couple à trois.
Autant j'ai trouvé Dalva un peu « mièvre » (je réitère mes excuses, Jules), autant cet Harrison-ci m'a surprise.
La violence contenue va crescendo et le lecteur pressent l'issue, le drame.
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