Une vie inutile de Simon Paquet
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Pas de printemps pour Normand...
Pauvre Normand ! Sa vie est loin d’être rose. Le héros de ce roman est un homme dans le milieu de la quarantaine, vivant dans un demi-sous-sol et employé sur appel pour une usine de cyanure. Les tuiles et les déboires sont le lot quotidien de ce pauvre homme qui voit s’accumuler les échecs sans espoir d’amélioration de son triste sort. Son logement est presque insalubre, sa concierge le méprise et le maltraite, sa famille ne lui est d’aucune aide au contraire, elle se sert de lui pour mieux le rejeter ensuite, ses collègues de travail l’ignorent. Il réussit pourtant à se faire un ami en la personne de Povilas, un réfugié lituanien. Il entreprendra même le voyage en Lituanie lorsque son ami y sera retourné, voyage qui tourne au cauchemar évidemment.
Tout ce qu’entreprend Normand est voué à l’échec. Il y est d’ailleurs habitué et afin de survivre, il entreprend la rédaction de son journal dans lequel il raconte les événements marquants de sa pauvre vie de nullité sociale. C’est extrêmement drôle et cocasse. J’aime bien ce genre d’humour grinçant et Simon Paquet excelle dans ce style. La vie de Normand est un enfer que personne ne souhaite vivre. Il se nourrit de hot-dogs, couche sur un vieux canapé poussiéreux, n’a aucun succès avec les femmes, ses amis l’abandonnent très vite, il n’a droit à aucune aide de leur part et se fait exploiter par son employeur. Souvent, l’idée du suicide vient hanter notre homme. À quoi bon vivre dans de telles conditions ?
Ce roman me rappelle vaguement « La faim » de Knut Hamsun pour le côté sordide de l’existence et la lente descente aux enfers du personnage principal qui se voit acculer à la faillite et qui se retrouve sans un sou suite à de nombreux déboires. Je pense aussi au roman de Dostoïevski « Les carnets du sous-sol ». J’y décèle également une certaine affinité avec Michel Houellebecq pour le côté incisif et grinçant. J’espère que Simon Paquet me pardonnera toutes ces comparaisons. Pourtant, Normand n’est pas méchant, il ne veut de mal à personne, ne cherche qu’à améliorer son sort et jouir un peu de la vie mais il semble qu’il ne soit pas né sous une bonne étoile. Même son physique ne l’avantage pas. Un roman fort amusant mais qui peut déprimer à la longue enfin il n’est pas très long donc le danger n’est pas très grand alors, ne vous privez pas d’une telle lecture si vous désirez vous amuser un brin au dépens du pauvre Normand et de sa quête désespérée d’un peu de bonheur terrestre.
« Un voyage, là où ça prend tout son sens, c’est lorsqu’on regarde les photos, bien au chaud à la maison. Pas quand, exténué, fatigué, sale, les chevilles en compote, au terme d’engueulades, de compromis et de dépenses inconsidérées, après s’être fait arnaquer et extorquer de vile façon l’argent durement gagné, après avoir visité les chambres d’hôtel les plus révoltantes, on est assailli et piétiné par des milliers de gens, des locaux au mieux indifférents, au pire hargneux et violents, mêlés à des touristes aussi exsangues, puants et désespérés qu’on peut l’être soi-même. Ces millions de gens, dont on ignorait l’existence jusqu’alors, n’auraient-ils pas pu demeurer sagement dans leur trou ? »
Les éditions
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Une vie inutile
de Paquet, Simon
Héliotrope
ISBN : 9782923511245 ; 24,00 € ; 04/10/2010 ; 185 p. ; Broché
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La Vie de rat du parfait raté
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 4 octobre 2012
Tout ce qu’il touche tourne au cauchemar. C’est le parfait raté, qui mène une vie de rat du fond de son sous-sol, et, plus tard, du fond d’un hangar. Sa vie ne sent pas le parfum de rose. C’est le cas de le dire. Un camion qui transporte du goudron parque chaque soir devant sa masure. Qu’il emménage ailleurs, le dit camion semble le suivre comme dans le film Duel. La victoire de cette poursuite infernale se scellera avec le dénouement.
Heureusement, Normand n’est pas un homme défaitiste. Il a le courage d’affronter toutes ses misères. Abusé par sa sœur qui lui confie sans cesse ses diablotins d’enfants et abusé aussi par son patron qui ambitionne sur le pain bénit, le pauvre Normand supporte d’être le dindon de la farce. Et la farce n’est pas drôle. Dans ses moments de découragement, il songe même au suicide. Au moins si les ponts étaient pourvus d’un tremplin, ça lui faciliterait la tâche. Rapidement, il se ravise. Son seul ami, un Lituanien retourné dans son pays natal, l’invite à le rejoindre. Quelle belle occasion pour secouer sa guigne ! Quand on est né pour la malchance, le bonheur peut-il apparaître au bout d’un long voyage?
Le roman prend la forme d’un journal auquel le héros confie ses mésaventures. Chacune est racontée comme une nouvelle avec une chute inattendue que l’auteur amène avec brio. Jusqu’aux dix dernières pages, l’écriture conserve sa magie à travers des phrases télégraphiques, qui véhiculent une constante dérision malgré que le héros, plutôt l’antihéros, soit une victime du destin. Mieux vaut rire de soi que de s’apitoyer sur son sort. L’intérêt du roman se maintient grâce à son ton empreint d’ironie.qui déride le lecteur. Mais entre les lignes, il faut comprendre que c’est une triste vie qui est le lot de tous et chacun.
L’auteur n’a pas tenté d’écrire un essai romancé sur la condition humaine. Il ne se prend pas pour Malraux. Son but était de récréer un lectorat désireux de se distancer des malheurs de la vie. Cependant l’accumulation incessante de déboires agace à la longue. J’avais hâte que l’auteur conclût.
Journal d’un pessimiste
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 16 août 2012
« En revenant à la maison, je me suis demandé si je ne devrais pas passer mes vacances sur la Côte d’Azur. Mais j’ai la forte impression que si j’y allais, moi, à Saint-Tropez, ce ne serait pas rigolo du tout, je me morfondrais, et il pleuvrait. »
Si la trame semble assommante, il n’en est rien. La vie de Normand est traitée avec beaucoup d’humour caustique. Les petits paragraphes sont bien tournés et font souvent mouche. D’ailleurs, c’est mon bémol. Les perdants ne sont jamais aussi éloquents. Mais, ce personnage est attachant et contrairement à lui, on ne s’ennuie pas. Mieux vaut en rire de peur d’être obligé d’en pleurer.
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Je suis contente... | 6 | Dirlandaise | 4 octobre 2012 @ 19:27 |