Elle m'embarque toujours, m'abandonne, avant de me récupérer...

C'est toujours compliqué, avec Séverine...
D'abord parce que je la connais bien, c'est le tiers de ma moitié, en d'autres termes la soeur de mon mari.
J'ai un lien affectif avec elle, qui fait que je ne la lis sans doute pas avec le même recul et détachement qu'un ou une illustre inconnu(e).
A chaque fois qu'elle m'offre ce qu'elle vient d'écrire et publier, j'ai hâte de découvrir à quelle sauce elle a mélangé les mots, son grand domaine de prédilection, qui se trouve être aussi le mien.

A chaque fois je suis déroutée et ai du mal à me positionner de manière claire.

Je ne vais pas dire que je n'y comprends rien (ce qu'on lui dit très souvent!!!), parce que selon moi la poésie n'est pas faite pour être comprise, ni analysée.
La poésie c'est une musique créée avec des mots, qui vous chante une douce mélodie (et vous en-chante du coup) vous berce, vous parle, vous évoque et vous raconte des choses, sans qu'il y ait une nécessité de sens profond.

Alors elle m'embarque dans son bal, toujours:

"poète poétesse. mieux le poète la poète l'auteur l'auteure ou encore l'écrivain l'écrivaine. bientôt la pute le put. se foutre du genre des mots la question n'est pas là. pouvoir être un homme sans en être un et inversement (être femme sans en être une) bref. être du genre indifférent


. "

"enceinte elle est le couvent où le monde s'interne

."

Puis elle m'abandonne, je ne ressens plus rien, que de la confusion, les mots se sont tus et ne chantent plus rien à mes oreilles..... pour repartir en sourdine, faire un solo fracassant, avant de retomber dans un quasi silence...

Du talent elle en a, incontestablement.
Un univers bien à elle, une patte, personnelle, aussi.

Mais il faut réussir à y rentrer, puis à y rester, dans cet univers plus que singulier (il y a des mots au pluriel quand même, rassurez vous!) dépouillé à l'extrême, où la ponctuation, les majuscules sont réduits à peau de chagrin pour ne garder que la moelle d'un texte très fort où il faut tout deviner et inventer.

Quoi qu'il en soit, il mérite d'être découvert, et lu, ne serait-ce pour son côté novateur et complètement en dehors des sentiers battus.

Je ne résiste donc pas à l'envie de vous présenter ce petit ouvrage et d'en faire une modeste critique.

"jusqu'où faudra-t-il se dénuder? dire que j'ai été si heureuse d'être découverte


."

• 

  Salerni [Texte imprimé] Séverine Daucourt-Fridriksson

  de Daucourt-Fridriksson, Séverine
  la Lettre volée / Poiesis (Bruxelles)
  ISBN : 9782873173296 ; 14,80 € ; 12/05/2009 ; 54 p. ; Broché

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