Mon vieux et moi de Pierre Gagnon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Original et attachant
Le narrateur, jeune retraité de la fonction publique, vient de perdre son unique famille, une tante qu'il allait voir régulièrement dans un centre d'hébergement. Là-bas, il rencontrait aussi l'ami de sa tante, Léo, vieil homme de 99 ans.
C'est une phrase de Léo qui va interpeller le jeune retraité:
"Si tu l'aimes, pourquoi tu la prends pas avec toi, ta tante?"
Il va donc adopter Léo.
S'en suit une soixantaine de pages sur la vie avec un presque centenaire, les petites perles de bonheurs, d'anciens souvenirs qui remontent mais aussi tous les "désagréments" qui accompagnent le vieillissement des corps et des têtes.
Mais Pierre Gagnon raconte tout cela avec suffisamment d'humour et de pudeur pour que ce petit bijou, (même s'il parle d'un sujet déjà rencontré), garde une grande originalité dans le fond et la forme. Et on en retiendra surtout l'amour qui a eu le temps de passer entre ces deux hommes.
Les éditions
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Mon vieux et moi [Texte imprimé] André Gagnon
de Gagnon, Pierre
Éd. Autrement / Littératures (Paris. 1993).
ISBN : 9782746714366 ; 9,00 € ; 25/08/2010 ; 86 p. ; Broché -
Mon vieux et moi [Texte imprimé], roman Pierre Gagnon
de Gagnon, Pierre
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290035603 ; 4,50 € ; 08/01/2012 ; 92 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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léo mon ami
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 9 novembre 2014
Grande touche d'humanité
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 5 avril 2013
Quelle est donc cette idée farfelue qui traverse l'esprit de ce jeune retraité, alors qu'il est seul, à l'aise financièrement, et qu'il pourrait jouir pleinement de sa retraite de toute autre façon ?
Adopter un vieux, voilà ce qu'il se met en tête, à la suite de la mort de sa propre tante et d'une remarque que Leo lui avait faite quelques temps auparavant.
Déterminé, il obtient l'accord du vieux monsieur, de sa famille, et met tout en oeuvre pour accueillir son hôte.
J'ai beaucoup aimé cette petite histoire, les tracas du quotidien de ces deux hommes qui essaient de partager le temps qu'il reste de la meilleure des façons, la manière touchante du narrateur de satisfaire au maximum son invité, et la description des désagréments que l'on peut supposer.
Tout ceci est livré avec une note d'humour et une grande pudeur, l'humanité de cette aventure hors du commun entreprise par cet homme bien seul est remarquable. Il a enfin le sentiment d'avoir accompli quelque chose d'important, malgré ses fonctions au sein de l'administration, dans le domaine du social vraisemblablement. Il manquait quelque chose à cette vie bien remplie, un peu d'amour, de compassion, les pensées et le recul d'un vieux monsieur qui a vécu bien des choses et voit la vie sous un autre angle.
C'est un livre qui vaut par sa simplicité et la manière dont le thème évoqué est abordé.
Un roman raté
Critique de Aktukritik (Nantes, Inscrit le 23 août 2011, 39 ans) - 7 septembre 2011
Préférant la vie sédentaire au voyage comme expérience de vie, il déclare cette phrase : »je partage l’opinion de cet auteur de génie qui a écrit : »le voyage, ce petit vertige pour couillons ». Un bonheur paisible, ici, chez moi, avec celui que j’aimerai comme mon enfant, sans avoir à l’éduquer. » Ainsi, il définit son bonheur comme un plaisir compensatoire passant par la nécessité de combler son absence de paternité.
Le quotidien est la pierre angulaire de la connaissance intégrale car le narrateur refuse de connaître Léo par l’entremise d’un dossier administratif le prévenant des défaillances intellectuelles et physiques de Léo tout comme ses habitudes et ses manies. Le narrateur fait des faiblesses de Léo, une source de joie personnelle, il profite de sa surdité pour jouir de la musique à plein régime. Jouant véritablement son rôle, le quotidien leur confère le statut de père et de fils. Satisfaisant les moindres désirs de Léo, le narrateur achète une malle bleue que Léo a remarquée au marché. Ainsi, ils décident de la remplir par des billets sur lesquels sont inscrits tous les souvenirs qu’ils partageront jusqu’à la mort de Léo et qu’ils reliront de temps en temps. La connaissance de l’autre passe par le partage de souvenirs communs et les petits billets symbolisent l’union consacrée par l’écriture. S’écrire, c’est rendre intemporel leur unité de vie et c’est se redécouvrir par la relecture.
Vieillir c’est se détourner de l’autre
La vieillesse semble quasiment absente de leur relation jusqu’à ce que Léo ne chute. Le narrateur redéfinit la vieillesse en attestant qu’il suffit d’une chute pour que leurs rapports se détériorent. Décrivant ses absences de réponses et ses hallucinations, le narrateur redéfinit son rapport à Léo, il devient une sorte d’aide-soignant protecteur. Confronté à sa décrépitude, le narrateur fait état de sa véritable mort sociale puisque Léo voit des grizzlis suite à ses médications et ne peut évidemment plus entrer en communication avec lui. Léo ne reconnaît pas non plus la maison dans laquelle il a vécu avec le narrateur, faisant de leur relation passée un souvenir oublié. Ce roman narre donc la continuité et la discontinuité des rapports amicaux qui se tissent et se rompent malgré eux au gré d’un hasard qui décide de l’éviction d’un voyage antérieur. Mais il convoque également avec réalisme l’extrême lourdeur des visites des inspecteurs vérifiant l’état de santé de Léo.
L’avis du blogueur
Si l’on apprécie la sympathique histoire amicale qui lie Léo au narrateur, en revanche la platitude du style empêche de sonder la complexité des rapports entre le narrateur et Léo. Le lecteur se trouve confronté à une simple histoire d’un jeune retraité qui redéfinit le sens de son existence en s’occupant de Léo. C’est pour lui, une approche de la vieillesse qui l’attend. En s’occupant de Léo, il apprend à se connaître lui-même parce qu’il découvre ce qui probablement l’attend, la chute, les absences et les hallucinations. C’est ce que l’on peut reconnaître à ce roman.
les vieux
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 15 août 2011
"Mon vieux et moi" du Québécois Pierre Gagnon (éd. Autrement, 9 €) est une des surprises de la rentrée littéraire 2010. Le narrateur avait l'habitude de rendre visite à une vieille tante en maison de retraite, où il fait la connaissance de Léo, un des vieux, âgé de 99 ans, toujours joyeux. Sa tante morte, il s'aperçoit que Léo lui manque. Il décide de l'adopter. « Qu’est-ce qui me prend d’aimer les vieux ? » se demande-t-il. D'autant plus qu'il sait très bien que « les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas... » Mais pourquoi pas ? Il est seul, sans parents ni enfants, Léo aussi, et pourquoi ne pas unir ces deux solitudes ? Tous deux ont besoin d'amitié et peut-être de trouver un sens à leur vie, la retraite inutile pour le narrateur, la très grande vieillesse pour Léo. De plus, Léo parle peu ; le narrateur apprécie : « À ne dire que l'essentiel, l'homme est moins porté à mentir. »
Il faut faire des aménagements à la maison, exigés par l'administration et les services sociaux, bien sûr. Et la cohabitation s'organise, l'amitié se renforce. Mais voilà, peu à peu, la santé de Léo se dégrade, physiquement et mentalement : mais « à travers ses égarements se glissent des instants de grande lucidité, des moments de grâce. » Et Léo se rend compte de ce qui se passe : « — Je veux que ce soit comme avant, ne cesse-t-il de répéter. » Ce qui entraîne le narrateur à réfléchir : « Cette récrimination contient, à elle seule, toute la tragédie de celui qui se voit arracher à un monde qu'il aimait. La maladie nous traîne de force vers une destination que nous avons toujours évitée. » Et peu à peu, Léo s'éteint : « Certains jours, en après-midi, il n’a envie de rien. Il s’installe alors au salon pour ne plus bouger. Il peut y demeurer pendant des heures. Je glisse un oreiller derrière son dos pour l’aider à tenir. Il attend quelqu’un… Plus tard, devant l’évidence que personne ne viendra, il se remet en route pour sa chambre ou la salle de bains. Voilà, c’est tout. Ça s’appelle vieillir. Jamais on ne raconte ces choses-là, bien sûr. Ça n’intéresse personne. » Et le narrateur, conscient qu'il ne peut pas aller jusqu'au bout, ramène Léo, devenu trop dépendant, à sa maison de retraite : « Je ne connais presque rien de Léo et j'ai réussi à l'aimer. Je suis fier de moi. Bientôt, il me faudra le rendre. Il me semble que l'on ne fait que ça de notre vivant, abandonner ceux qu'on aime. »
Voilà, "Mon vieux et moi" est un livre d'une simplicité évangélique. Sans grandiloquence, il dit l'essentiel : « sans grands discours, par des gestes et de simples intentions, cet homme m'enseigne comment vivre harmonieusement. » Ce n'est pas rien, vivre ensemble, ce n'est pas rien, la tendresse, ce n'est pas rien, les petits riens de la vie quotidienne. Même si ça débouche en fin de compte sur l'impuissance et la dépendance. Pas un grand livre, mais un beau livre, concret, touchant, sensible, humain. À conseiller à tous ceux qui ont peur de la vieillesse, pour qui le mot vieux est devenu un gros mot qu'ils n'emploient jamais.
Une expérience de la vie.
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 26 avril 2011
Il va alors adopter Léo, 99 ans, qui vit à la même maison de retraite que sa tante.
Il faut adapter la maison et faire quelques démarches administratives pour pouvoir l'installer chez lui.
L'auteur nous explique les situations vécues, les sentiments, les silences, les rires...bref la vie au quotidien.
Ce livre aborde avec finesse le choix et/ou l'obligation de garder ou de ne pas garder chez soi des personnes âgées et/ou malades.
Un très bon livre.
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