Rêves de Bunker Hill de John Fante
(Dreams from Bunker Hill)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 7 avis)
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Un extraordinaire auteur !
Ce roman reprend, semble-t-il un personnage à tendance franchement autobiographique: Arturo Bandini. Jeune écrivain, sûr de son talent, mais pourtant si muet devant la machine à écrire, vit à Bunker Hill, Los Angeles. Il y rencontre femmes, agents littéraires, scénaristes et autres snobs hollywoodiens; mais également un employeur qui le paie à ne rien faire, une réceptionniste aigrie au coeur tendre, un catcheur qui s'entraine sur une plage, et Sinclair Lewis. Voila pour l'histoire, globalement (je raconte horriblement mal...).
Ce qui ressort de ce texte, c'est d'abord l'ironie mordante de Fante envers Hollywood, envers les milieux littéraires et envers les milieux "cultivés" en général. Son personnage (Bandini-Fante) n'échappe d'ailleurs pas à ce traitement! Ensuite, et c'est là le coeur de ce roman: quelle poésie! Que ce soit dans les lieux, les attitudes, les dialogues, les personnages et leurs psychologies... Tout est extrêmement poétique et pathétique à la fois! Un immense auteur.
(-- Que ma critique est fade à côté de l'enthousiasme que j'ai eu à la lecture! --)
Les éditions
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Rêves de Bunker Hill [Texte imprimé] par John Fante trad. de l'américain par Brice Matthieussent postf. de Philippe Garnier
de Fante, John Garnier, Philippe (Postface) Matthieussent, Brice (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264033017 ; 6,60 € ; 03/01/2002 ; 194 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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Bunker Hill
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 4 novembre 2013
Pour ma part je l’ai trouvé plus abouti et bien plus mature que Demande à la poussière qui est pourtant considéré par de nombreux lecteurs comme étant son livre le plus abouti.
Ce dernier livre m’avait d’ailleurs demandé un certain temps d’adaptation tant son style était particulier. Ici tel n’est pas le cas, Fante écrit sans chichis avec des mots simples mais efficaces. Ces rêves qui n’en sont pas tellement au final tant ce livre semble autobiographique se lisent facilement et avec grand plaisir.
Bien sûr parfois Fante écrit crûment mais cela ne rend ce roman que plus authentique ai-je envie de dire. Son personnage est complexe, parfois touchant, parfois pathétique, il résume bien ce que fut la vie de cet auteur.
Et pour finir un gros plus pour le magnifique poème de Yeats.
La loose...
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 14 décembre 2012
Il est constamment pris au piège de sa franchise, de son impulsivité, et ses bévues continuelles lui jouent plus d'un tour.
Pris dans les rets du monde factice d'Hollywood, il n'en comprend pas pas les codes, reste authentique et se voit par conséquent incompris et rejeté de partout.
C'est ce qui le pousse à rentrer chez lui...où il peut enfin briller et mettre à profit ce qu'il a assimilé malgré tout (ou malgré lui?): l'arrogance, la fatuité, la vantardise, la vanité.
Et il repartira, une fois de plus. Où est la place de cet artiste? Telle est la question qui reste en suspens.
Un texte plaisant, amusant, avec beaucoup d'anecdotes qui rythment gaiement les chapitres courts qui s'enchaînent assez rapidement. Malgré tout, l'humour y est un peu grinçant et montre à quel point il est difficile de donner du sens aux choses, surtout à la démarche artistique.
Quand Fante n’était que Bandini
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 20 août 2012
Jouisseur, affabulateur, hâbleur, arrogant, énervant, agaçant, irritant, imbu de lui-même, même s’il doute terriblement de ses capacités, incapable de se maîtriser, de se contenir, il choisit toujours la plus mauvaise solution pour être sûr d’être mis à la porte ou éconduit. Le perdant dans sa perfection. Ce personnage écorché vif, bourré de talent, manque terriblement de confiance en lui, il ne s’est pas construit aisément entre une mère bigote qui ne lui a pas facilité ses relations avec les filles et un père sans affection qui ne l’a pas aidé à prendre confiance. Il en veut à l’humanité entière du sort qui lui réservé, notamment des échecs qu’il essuie. Son ego démesuré occulte sa capacité à conduire son autocritique et à faire les bons choix pour publier ses textes et séduire les plus belles filles de la ville.
Toujours dans l’excès, il tente sa chance à Hollywood à l’époque où on venait dans cette ville mythique pour réussir ou mourir. Il découvre le monde de l’édition et celui du cinéma avec toutes ses paillettes, ses starlettes mais aussi ses excès en tout genre. Un témoignage intéressant sur Los Angeles à l’époque où Bandini/Fante n’était qu’un jeune admirateur éperdu de Sinclair Lewis qui traverse le roman comme quelques autres stars du cinéma et des lettres.
Mais ce livre dicté sur son lit de mort par Fante qui évoque ses difficiles débuts littéraire à Los Angeles - « les mots ne coulaient pas aussi facilement que dans les livres d’Anderson, ils sortaient simplement de mon cœur comme des gouttes de sang. » - vaut surtout par la qualité narrative de l’auteur, sa capacité à faire vivre ses personnages et à donner de la crédibilité et de la véracité aux scènes qu’il décrit. Avec des phrases courtes, des raccourcis vifs, des détails inattendus, il donne à son texte un rythme et une musique qui entraînent le lecteur et l’invitent à poursuivre sa lecture sans poser le livre avant la fin.
Là haut
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 13 mai 2012
Il loge dans un hôtel perché en haut de Bunker Hill, mais le plus souvent il dort dans la chambre de la patronne dudit hôtel. Devenu correcteur et rectificateur dans une maison d'édition, sabre au clair il élague les œuvres mineures qui lui sont soumises. Paralysé par la vue du postérieur d'un futur écrivain féminin, dont il a joyeusement excisé le manuscrit, il s'agenouille à ses pieds pour implorer son pardon. Une balade sur la plage qu'il croit pouvoir le conduire au-delà des affinités littéraires, pour parfaire la connaissance de leur corps respectifs, s'achève par une débandade sans gloire.
Et puis la chance se présente lorsqu'on lui propose d'entrer dans le cercle des scénaristes d'Hollywood. Très vite il découvre que son rôle est de rester disponible, prêt à faire feu dès qu'une idée de film surgira du cerveau d'un producteur, mais le temps passe et rien ne se passe. Son salaire tombe chaque mois, un salaire bien épais mais qui devient source de frustration. Non pas d'être payé à rien faire, mais parce qu'il a l'impression que l'on se moque de lui et surtout qu'il perd une grande partie de son immense talent en devenir. Alors autant passer son temps en compagnie d'un de ses collègues à écumer les bars. Et c'est ce qu'il fait. Le jour où enfin on lui demande de collaborer avec une scénariste réputée pour écrire le scénario d'un western, il doit à la finale exiger que l'on retire son nom du générique. En effet la célèbre scénariste a totalement foulé au pied son scénario original pour en faire une bluette sans nom. Le film sera un succès !
L'auteur écrit avec une économie de mots et de faits qui produisent une histoire captivante (comme dans la plupart des ses ouvrages d'ailleurs). Il explore un monde où ironie et cynisme sont des préceptes absolus dans un univers où règne l'insuffisance au profit de la créativité. Mais son déterminisme et son sens de l'humour fracassent les codes de la bienséance, lui permettant de conserver un tant soit peu de dignité et d'esprit rebelle.
Il faut lire John Fante pour bien comprendre ce qu'est réellement la littérature américaine. Car sous ces latitudes, il est de notoriété publique que de nombreux écrivains de talent sévissent régulièrement, mais ignorer John Fante c'est comme vouloir récolter les fruits d'un jardin auquel on aurait refusé de prodiguer la moindre goutte d'eau.
"Ils refusent de me laisser écrire. Schindler n'a pas de boulot pour moi. Je deviens fou" Furieux Edgington lança son crayon à l'autre de la pièce. "Tu es plutôt gonflé de te plaindre. Dans ce studio il y a des écrivains qui passent des mois sans écrire des lignes. Ils gagnent dix fois plus que toi, et ils rigolent en allant à la banque. Le problème avec toi, c'est que tu es un sacré cul terreux. S'il y a tellement de choses qui te déplaisent dans cette ville, arrête de faire chier le monde et retourne dans ton bled de ploucs. Tu me casses les couilles, t'entends ? Je le regardais avec gratitude. Puis je me suis à rire. "Frank, dis-je, tu es un type formidable"
" Va ne pèche plus"
Galerie de portraits et misère créative
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 25 décembre 2011
Ca se laisse lire, entre sourires et dépits, mais rien de marquant ne risque de m'en rester.
Bof!
Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 1 août 2011
Je met la moyenne pour quelques passages amusants notamment avec le lutteur, en dehors de ça je n'en garderai pas grand chose sans doute.
Pas convaincu.
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