Le coeur régulier de Olivier Adam
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Sur les pas du frère suicidaire
Sarah, femme mariée et mère de deux ados, vient de perdre presque coup sur coup son travail et son frère Nathan, mort dans un accident de voiture. Elle se sent de plus en plus étrangère à sa propre vie. N'a plus de rapports intimes avec Alain, son mari et n'a plus goût à rien. Elle soupçonne son frère, souffrant d'une forte tendance à l'auto-destruction, d'avoir conduit en état d'ivresse et même d'avoir provoqué sciemment la catastrophe. Elle décide de partir au Japon, dans un petit village au pied de falaises escarpées où les gens viennent aisément se suicider. Nathan prétendait avoir trouvé la paix en ce lieu un peu étrange. Mais la rencontre avec Natsume, le sauveur de suicidés, va permettre à Sarah de découvrir d'autres facettes de leur histoire commune.
Un roman psychologique où une large place est donnée à l'impression, à la sensation, au ressenti des personnages et principalement de Sarah ainsi qu'aux descriptions extérieures d'un Japon à la fois serein et sinistre, dynamique et mortifère. Prototype de « l'ultramoderne solitude ». Ce roman très français (intrigue réduite au minimum et analyse psychologique et sentimentale détaillée au maximum) n'est pas désagréable à lire grâce à l'impression de dépaysement qu'il donne et surtout en raison du style très personnel de l'auteur qui se permet quelques libertés avec la ponctuation (absence de certaines virgules), ce qui n'apporte qu'un léger inconfort à une lecture qui peut être assez rapide et donnera à réfléchir sur le sens de la vie et laisse un goût doux amer.
Les éditions
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Le coeur régulier [Texte imprimé] Olivier Adam
de Adam, Olivier
Editions de l'Olivier
ISBN : 9782879297460 ; 12,00 € ; 19/08/2010 ; 231 p. ; Broché -
Le coeur régulier [Texte imprimé], roman Olivier Adam
de Adam, Olivier
Points
ISBN : 9782757824436 ; 3,99 € ; 18/08/2011 ; 216 p. ; Poche -
Le coeur régulier [Enregistrement sonore], texte intégral Olivier Adam, aut. lu par Christine Boisson
de Adam, Olivier
Audiolib
ISBN : 9782356412690 ; 14,17 € ; 18/02/2011 ; 1 p. ; MP3 CD
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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There is a crack in everything, that's how the light gets in.
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 2 juillet 2015
Olivier Adam est un auteur que je n'avais pas lu jusque-là, ni même entendu parler, en fait ! J'avais vu l'adaptation cinématographique de "Je vais bien, ne t'en fais pas...", mais ce film est tellement insipide et joué banalement, que ça n'aurait pas retenu mon attention, et c’eut été dommage !
La forme : le style est globalement agréable et maîtrisé ; de belles phrases, pourtant écrites avec un vocabulaire plutôt basique, et un rythme lent servent parfaitement le propos. On frôle parfois la qualité d'un "L'arrière-saison" de Ph. Besson ou d'un "Les âmes grises" de Ph. Claudel... Dommage, quelques maladresses viennent ternir ce tableau : "dentition" employé pour "denture", "box" pour "cabine", "aller EN vélo" au lieu de "à", "UNE après-midi", etc. L'absence de virgules dans certaines énumérations n'apporte pas grand-chose et, répétée à l'envie, finit par friser le snobisme littéraire. Étonnant que les éditions de l'Olivier n'aient pas corrigé cela ! Mais bon, un auteur qui cite Léonard Cohen, soyons indulgents !
Le fond : récit nombriliste d'une femme centrée sur elle-même qui s'aperçoit qu'elle a pris la mauvaise direction et nié sa nature profonde dans ses choix de vie. Quand elle s'en rend compte, elle en veut à tout le monde, reproche à ses parents de l'avoir mal dirigée et mal préparée pour affronter la vie, mais elle reproduit pourtant le même schéma avec ses enfants, etc.
Deux passages éclairent parfaitement la trame principale du récit :
(Clara, sœur de Nathan et Sarah) - Trop tard, il n'y a plus rien. [...] Il faut s'occuper de ceux qui restent.
(Sarah) – Et moi, qui s'occupe de moi ?
(Clara) – Ton mari, Tes enfants. Moi. Et puis merde, arrête de ne penser qu'à ta gueule.
"J'ai juste perdu [...] l'enfant que j'étais [...]. Je me suis perdue et [...] il me semble que je ne me retrouverai jamais, que je suis condamnée à errer loin de moi jusqu'à la fin des jours."
ennuyeux
Critique de Capucine33 (, Inscrit le 10 août 2014, 36 ans) - 12 août 2014
Mal être très bien écrit
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 12 mai 2013
Il faut s'accrocher pour ne pas déprimer ou être dans de bonnes conditions psychologiques si on souhaite apprécier ce très bon roman.
Les personnages sont tous des victimes, les uns d'une société qui a perdu tout son sens, les autres qui ne supportent plus d'y être intégrés.
Au delà de cette ambiance, une écriture recherchée peut porter le lecteur vers une forme de délectation.
ce coeur blessé
Critique de Gardigor (callian, Inscrit le 27 avril 2011, 47 ans) - 18 octobre 2012
Même si le sujet est triste et restera triste tout au long du roman, les mots sont utilisés avec justesse et l'écriture toujours aussi soignée.
Sarah se retrouve vraiment seule face à elle-même, face à sa relation si particulière avec son frère, son "jumeau". On partage tous ses sentiments, ses réflexions, ses regrets...
De fortes émotions en perspective autour d'un roman bouleversant.
Japon, suicide et difficulté d’être.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 octobre 2011
« Quand je suis allée voir les falaises, le jour de mon arrivée, j'ai presque été déçue. Le ciel était gris et la mer calme, d'une teinte d'huître sableuse. Les roches se brisaient à l'équerre, nues et ternes, fracturées en maints endroits, concassées à d'autres. Tout n'était que verticalité anguleuse, arêtes coupantes. Un endroit dur, sec, désertique. Chaque année des dizaines de désespérés y affluent pour y mourir, cette manie remonte si loin que personne n'est plus en mesure de la dater. Il suffisait de contempler les lieux pour se faire une idée de leur état mental, de la dureté de leur douleur, du tranchant glacé du néant qui les rongeait. Plus de larmes. Plus de colère. Plus le moindre sentiment. Tout n'était plus qu'aridité, puits sans fond, ténèbres. Est-ce que Nathan en était là ? Et ce couple ? Hier au dîner ils semblaient si opaques. Deux blocs d'une pâleur nacrée, d'une froideur de métal. "Cette fois il n'aura pas réussi à les en empêcher", m'a glissé Hiromi au petit déjeuner. Elle avait l'air fascinée. Elle m'a scrutée longuement, m'a observée avaler mes oeufs brouillés. On aurait dit qu'elle cherchait à savoir si moi aussi j'étais venue pour ça. Si elle m'avait posé la question, je crois que je n'aurais pas su lui répondre.
Nous ne sommes plus que quatre maintenant. Le Japonais en costume a quitté la pièce en nous saluant d'un bref mouvement de tête. Hiromi m'a dit qu'il était là pour affaires. J'ignore quel genre d'affaires on mène dans une station balnéaire déserte où affluent des gens aux motivations obscures. Cet après-midi en regardant les promeneurs je me suis demandé ce qui les conduisait ici. Si certains d'entre eux étaient venus "reconnaître les lieux" et allaient profiter d'une nuit sans lune pour mourir. S'ils étaient seulement saisis par la beauté désolée des roches fendues, cette impression d'être parvenus au bout du bout du monde. Ou s'ils se précipitaient, attirés par l'aura morbide du site qu'alimentait chaque mois le décompte macabre des suicidés. Peut-être espéraient-ils assister en direct à un saut dans le vide, ou mieux à un sauvetage. Peut-être espéraient-ils l'apercevoir. Lui, le sauveur. »
Soit Natsume Dombori donc, le sauveur de suicidés et un petit village perdu japonais qui évoquerait un village perdu des Highlands. Mais il ne s’agit pas de l’histoire de Natsume Dombori. L’histoire concerne Sarah, femme française moderne, mariée avec deux enfants adolescents – ça c’est ce qui lui reste – qui a perdu un frère, Nathan, un frère un peu marginal qu’elle soutenait comme elle pouvait et qui s’est tué dans un accident de voiture. De ce qu’elle sait des derniers moments de Nathan ; il avait passé de longs moments dans cette ville perdue aux confins du Japon et le nom de Natsume Dombori paraissait important.
A un moment charnière de sa vie où ses ados d’enfants ne semblent plus compter sur elle, où son mari et elle deviennent deux étrangers, elle ressent le besoin d’aller là-bas chercher des réponses à ses questions. Un billet d’avion trouvé dans les affaires à débarrasser de Nathan lui en offre l’opportunité et c’est ainsi que nous allons, avec Olivier Adam, aller à l’aveugle à la découverte de ce qui pouvait-allait devenir la vie de Nathan.
De bien belles pages aussi sur le mal-être qui peut nous prendre si l’on perd un tant soit peu pied dans notre société matérialiste. Un roman inattendu et plein de grâces que ce « cœur régulier ».
Une découverte
Critique de MEloVi (, Inscrite le 6 juillet 2011, 40 ans) - 17 octobre 2011
A ne pas lire si vous avez le moral dans les chaussettes ...
Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 12 octobre 2011
On suit avec tristesse les pérégrinations de Sarah qui tente de survivre à un énorme mal-être après le suicide de son frère, qu'elle considérait comme son double, mais plus la lecture avance et plus on se rend compte à quel point elle connaissait peu son frère Nathan.
Lecture pesante par moment tant on a l'impression de s'enliser dans la profonde déprime de l'héroïne, certains passages sont longs voire ennuyeux surtout ceux qui se passent au Japon. Cependant je dois reconnaître qu'Olivier Adam a beaucoup de talent pour l'analyse psychologique, on est porté par ces phrases sans virgules qui parfois nous emportent comme une vague.
J'ai vraiment adoré cette phrase que je trouve très juste : « vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie . Pour la saisir, il faut s’en extraire »
Du talent
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 19 août 2011
Pourtant, il ne s'y passe pas grand chose, ce frère suicidaire, la soeur à la recherche d'explications, de spiritualité ou à la recherche d'elle même tout simplement.
Evidemment, dit comme ça, ça peut paraitre très ennuyeux (pour éviter le mot chiant... zut je l'ai dit), mais ça ne l'est pas quand on a le talent d'Adam, on prend le récit en pleine pomme (désolé... pas pu m'empêcher).
Une femme en rupture
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 30 mai 2011
Et une fois de plus pour Olivier Adam, l’évocation d’un personnage en rupture. Une analyse plutôt fine des dangers du train-train quotidien. Un roman tout en pudeur et sensibilité, et pas en sensibleries. Et toujours chez l’auteur breton, le plaisir de décrire précisément la nature, les falaises, paysages de rupture lui aussi, même si cette fois elles sont japonaises et non plus bretonnes comme dans les romans précédents de l'auteur.
Actes manqués
Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 19 mai 2011
Un livre sur les blessures, les actes manqués et le désespoir qui naît de toutes ces chose que nous n'osons pas faire ou dire.
Sarah est à la fois touchante et énervante, mais nous suivons sa quête comme si nous prenions le chemin longeant les falaises.
Au travers d'une soeur qui se pose des questions, c'est tout son univers familial et professionnel qui nous est exposé et qui la fait dériver vers un monde inconnu et ses petits riens qui forment le changement.
Une belle écriture, parfois désespérante, parfois traînant en longueur, mais que l'on savoure avec plaisir.
Rasoire dépression
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 17 avril 2011
Ce livre est plutôt déprimant, lent, voire inerte par moments. Je n’ai pas éprouvé d’intérêt à réfléchir sur ce sujet ni appris grand-chose. En outre, l’auteur a supprimé beaucoup de virgules dans les énumérations et je trouve cela assez dérangeant. Vous aurez compris que mon avis diverge de ceux exprimés ci-dessus et que je n'ai pas vraiment apprécié ce roman.
mortelle falaise
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 29 janvier 2011
Les fêlures d’aujourd’hui
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 16 janvier 2011
On y retrouve aussi la petite musique de son écriture , une musique au rythme inégal, heurté , où dominent des suites d’adjectifs , de verbes, dont il sort habilement .
Le personnage central est ici Sarah , le roman est celui de sa voix, de sa voix unique(seules les rencontres avec sa sœur Clara permettent de percevoir le jugement que les autres portent sur elle ). Alternent le récit de ce qu’elle vit, voit au Japon et le récit de sa vie antérieure , d’abord de femme et de mère, puis d’enfant et d’adolescente .
La phrase en exergue de Léonard Cohen qui suggère qu’un choc ou un bouleversement peut aider à y voir plus clair en soi présente le rôle de cette fuite non annoncée au Japon . Elle est confirmée plus loin par Sarah « vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie . Pour la saisir, il faut s’en extraire »
Le titre : LE CŒUR REGULIER , a presque valeur d’antiphrase. S’il connote la paix , l’équilibre intérieur, c’est celui que Sarah ou Nathan vont chercher au Japon, une paix qu’ils ont perdue et que peut leur apporter Natsume Dombori , ancien policier vivant près d’une falaise et qui arrive parfois à temps pour empêcher les désespérés de sauter dans le vide . Roman de la fuite comme recherche de la paix disparue et d’une meilleure connaissance de soi .
Un roman d’analyse, certes, à valeur intemporelle, mais qui sait aussi présenter avec beaucoup de justesse certains comportements ou certaines scènes de la vie actuelle . Je citerai , en particulier, l’attitude d’Anaïs et Romain : les deux enfants de Sarah, vis-à-vis de leur mère et leurs conversations avec elle au téléphone ; l’épisode du mariage de Sarah et d’Alain issus de deux familles socialement différentes ; la vie d’étudiants désargentés de Sarah et de Nathan ; enfin la description de l’appartement de Sarah : la maison aux teintes pastels , dont la décoration reproduit les schémas des magazines . Tous ces aspects du roman sonnent justes …..même le personnage -un peu stéréotypé - de Nathan le frère « alcoolique, cliniquement maniaco-depressif, autodestructeur et profondément malheureux »
Un agréable roman , sur les fêlures d’aujourd’hui , comme sait les faire Olivier Adam…..
Toujours beaucoup d'émotion
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 8 décembre 2010
Je ne reviendrai pas sur le résumé d'une grande justesse de CC.RIDER; Sarah a donc perdu son frère Nathan: suicide ou accident?
Sarah est partagée entre l'amour pour ses enfants qu'elle ne reconnaît plus dans ses ados distants, la vie chaotique et déchirée de son frère et sa propre vie de bourgeoise rangée avec un mari parfait qui s'occupe de tout. "Et moi, qui s'occupe de moi?"
Le fossé va tellement se creuser qu'elle va partir au Japon retrouver l'endroit où son frère avait retrouvé le bonheur ou au moins la sérénité.
Elle va y rencontrer des personnages attachants ayant traversé eux aussi de douloureuses épreuves. "La vie est dure et certaines personnes à certains moments de leurs vies ont besoin qu'on s'occupe d'elles. Et nul n'a le temps pour ça!"
Si la première partie m'a fait penser "Elle a tout pour être heureuse", le talent d'Olivier Adam m'a fait refermer ce roman avec des larmes d'émotion dans les yeux.
un auteur régulier
Critique de Livrophage (Pessoulens, Inscrite le 28 février 2007, 64 ans) - 15 novembre 2010
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