Beijing coma de Ma Jian
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Un livre bouleversant
Dai Wei est un jeune et brillant étudiant en biologie moléculaire à la Faculté des Sciences de Beijing. Il porte la honte d'être le fils d'un droitiste. En effet, dans les années 50, son père, grand violoniste émigré aux Etats-Unis croyant naïvement aux lendemains qui chantent avec l'arrivée de Mao au pouvoir, rentra au pays pour être immédiatement enfermé au Lao-Gaï (Goulag chinois) pendant plus de vingt ans. En juin 1989, des milliers d'étudiants occupent pacifiquement la place Tienanmen, réclamant la fin de la corruption, un peu de liberté et plus de démocratie. Avec autant de sauvagerie que les fois précédentes, le pouvoir communiste réprimera cette action avec la plus extrême violence : tirs à balles explosives sur la foule, intervention des chars pour écraser les manifestants. Au milieu de ce carnage, Dai Wei reçoit une balle dans la tête qui le plonge dans un coma profond qui durera dix ans. Transformé en légume qui sent et entend tout, le malheureux étudiant se souvient.
« Beijing Coma » est un livre bouleversant qui nous raconte minutieusement non seulement la sinistre affaire de la place Tienanmen mais encore la révolution culturelle avec ses millions de morts, ses gens ébouillantés, enterrés vivants, ses prisonniers battus à mort à coup de pierres ou de bâtons, ses hommes que l'on oblige à se battre entre eux pour prouver qu'ils sont de bons maoïstes, ou qui sont si affamés qu'ils en arrivent à manger leurs excréments et même à se comporter en cannibales. Sans oublier la vente systématique des organes des condamnés à mort ou la facturation à la famille des frais d'exécution. Ce livre est le plus terrible réquisitoire jamais écrit contre le communisme chinois. Tous les faits rapportés sont accablants. Personne ne peut donner un chiffre fiable du nombre de morts et de blessés de la place de Tienanmen, pas plus que le nombre de millions de morts victimes du communisme chinois. Ma Jian a travaillé dix ans pour nous proposer ce livre majeur du niveau de ceux de Soljénistsine. Bien entendu, cela choque, dérange et est souvent pénible à supporter. C'est l'horreur à l'état maximal, le totalitarisme froid, organisé, sans aucun scrupule, sans coeur, sans âme, sans tripes. Si l'on veut être un tant soit peu averti et aller au-delà de la sino-béatitude actuelle, il faut absolument lire ce livre majeur (car les médias ne nous ont pas raconté le dixième de ce qui s'est réellement passé à l'époque...) Qu'en est-il d'ailleurs aujourd'hui ? On peut douter qu'un régime aussi monstrueux se soit réformé de l'intérieur, même touché par la grâce du divin capitalisme.
Les éditions
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Beijing coma [Texte imprimé] Ma Jian traduit de l'anglais par Constance de Saint-Mont
de Jian, Ma Saint-Mont, Constance de (Traducteur)
Flammarion
ISBN : 9782081212930 ; 12,84 € ; 15/08/2008 ; 631 p. ; Broché -
Beijing coma [Texte imprimé], roman Ma Jian traduit par Constance de Saint-Mont
de Jian, Ma Saint-Mont, Constance de (Traducteur)
J'ai lu / Par ailleurs
ISBN : 9782290017425 ; 9,50 € ; 11/06/2009 ; 894 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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terminus tian'anmen
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 2 juillet 2016
noir de jais sous un ciel rouge étoilé
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 19 février 2014
Si Mo Yan peut être comparé à un pilier soutenant un édifice, Ma Jian ressemble à l'eau tempétueuse d'un torrent qui suivant l'humeur se détourne de son lit qu'on lui aura pourtant bien canalisé. Il n'hésite pas à s'attaquer furieusement aux fondations du dit édifice.
J’attendais depuis longtemps de lire ce genre d'ouvrage. La part historique occupe une bonne place, jalonnée par des faits marquant de la mémoire des Chinois ; la part journalistique relate les coulisses du mouvement des intellectuels étudiants et professeurs en tête, ayant abouti aux tragiques événement de la place Tienanmen le 4 juin 1989.
J'attendais depuis longtemps cet auteur, car je ne pouvais me résoudre, me contenter de lire le prix Nobel de littérature déçu par la qualité littéraire de son œuvre et surtout par le manque d'engagement politique.
Les petites nouvelles regroupées sous le titre Nouilles chinoises, avaient amorcé mon intérêt envers Ma Jian, la mendiante de Shigatze la entretenu et Benjing Coma conforté.
C'est le livre que je recommande volontiers aux jeunes étudiants cherchant à connaître la version engagée de ces évènements.
Ma Jian m'a sorti de cette espèce de suite de textes bon enfant, mièvre qui de peur de se voir censurer dépeignent des situations misérables sans les dénoncer vraiment.
Bravo monsieur Ma Jian.
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