Les oiseaux de bois de Aslı Erdoğan
Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient , Littérature => Nouvelles
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« Istanbul est une femme fatiguée, mais attirante. »
Cinq nouvelles, cinq histoires de femmes, des dérives à la limite du monde fantastique et du monde réel défini par le carcan d’un pouvoir autoritaire et policier qui ne connait que la force et la violence répressive. Asli Erdogan possède à merveille le sens de la nouvelle qu’elle traduit avec son écriture dense mais délicate et pleine de sensibilité.
Elle nous emmène dans un sanatorium allemand ou trois femmes indigènes et trois étrangères soignent leur maladie pulmonaire en essayant de croire qu’elles peuvent encore exister et séduire même si la mort s’approche inexorablement. Cette mort qui n’en finit pas de prendre la femme de cet homme, un peu veule, qui sillonne la ville dans un taxi pour ne pas assister à la décrépitude de son épouse. Déchéance que connaîtra sans doute cette autre épouse enceinte qui se néglige un peu, mais qui se démène pour apercevoir quelques minutes encore son mari qu’on emmène ailleurs. Ailleurs, là où semble être cette folle géniale et candide qui tombe dans tous les pièges de la société et qui devient une proie facile pour ceux qui sont chargés de la répression.
Des récits qui mettent en scène des innocentes victimes d’un monde cruel où apparaissent toujours en toile de fonds des pouvoirs autoritaires et barbares, notamment en Turquie à cette époque. Des histoires où la maladie, la mort, la violence humaine apparaissent comme une fatalité, comme « une tragédie que l’on se transmettait de génération en génération ». La mort fascine particulièrement l’auteur qui semble se complaire dans la description de la décrépitude morbide des femmes pulmonaires ou en phase terminale d’un cancer, du petit chat écrasé ou du chien agonisant.
L’image de la vie au moment où elle bascule vers le néant, où la réalité semble s’évanouir, où l’imaginaire peut être encore la vie. « Et j’ai pensé que toutes ces choses – les guerres, les prisons, les femmes battues, etc. – n’étaient qu’hallucinations. Donc, ce n’était pas le monde qui était en cause, mais mon imagination débridée. »
Les éditions
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Les oiseaux de bois [Texte imprimé], récits Aslı Erdoğan traduits du turc par Jean Descat
de Erdoğan, Aslı Descat, Jean (Traducteur)
Actes Sud / Lettres turques (Arles).
ISBN : 9782742787586 ; 17,00 € ; 31/10/2009 ; 147 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Istanbul, ma belle
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 15 décembre 2017
Comme j'adore Istanbul, j'aurais voulu saisir plus de choses typiques sur la ville et ses habitants, mais seule la présence des chats me la rappelle: " A part les chats que leur orgueil interdit de laisser voir qu'ils sont affamés, personne sur les quais, absolument personne ne s'intéresse aux poissons..."
J'ai bien apprécié aussi sa vision de l'amour " Aimer vraiment un être humain, c'est aimer chez lui les bizarreries que personne n'accepte, qu'il n'accepte pas lui-même, voire qu'il ne remarque même pas. car les traits de caractères essentiels d'une personne se cachent dans les dysharmonies".
Nouvelles un peu trop noires et trop fantastiques pour moi...
Un passé obsédant
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 31 octobre 2017
« le souvenir est un pont qui se tend vers le passé, un pont de bois fragile, prêt à s’écrouler. Le passé, l’autre rive du fleuve est inaccessible. »
Le « JE » du narrateur désigne un homme, confronté à un anniversaire douloureux. Il y a un an disparaissait sa compagne, et il remonte le cours de leur trajet amoureux, depuis leur rencontre jusqu’à la fin de leur liaison. De cette compagne, on sait déjà que son apparence physique comme son comportement portaient en germe un destin malheureux, pour elle-même et son compagnon.
Le récit repose sur un aller et retour constant entre la douleur présente et le rappel du passé, deux faces pénibles qui se superposent, de même que se répondent les écrits d’hier et d’aujourd'hui. Le protagoniste actuel parcourt les lieux, comme il le fit avec la personne aimée, il s’égare dans une sorte de labyrinthe sans issue.
La présence de la mort est obsédante, soulignée par des épisodes brutaux inoubliables, tels que l’agonie de chiens ou une éprouvante scène de ménage. Ces souvenirs morbides reviennent en boucle et donnent au récit une tonalité de désespoir absolu, voire de folie, si bien que le lecteur, se découvre pris dans cette spirale de souffrance.
La force de ce texte expressionniste tient à la perception du monde extérieur qui alimente le ressenti du narrateur, et par suite les sentiments du lecteur, devenu partie prenante de l’errance. Si les références aux différents quartiers d’Istanbul sont aussi nombreuses, on en déduit que le pays est lui aussi par la brutalité des comportements et le spectacle offert, à la fois un objet d’amour et de violent rejet.
Apre...
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 62 ans) - 3 janvier 2015
Autant dire que cette lecture se mérite, qu'il faut y rester attentif et ouvert, pour y déceler la souffrance des êtres sous le carcan autoritaire et confronté à cette affreuse maladie qu'est la vie. Les mots d'Asli Erdogan ne sont pas dépourvus de dérision, celle que nous impose la cruauté de la vie lorsqu'on doit à tout prix y faire face...
J'ai cependant hâte de découvrir ses autres écrits...
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A propos d'Asli Erdogan | 2 | Bafie | 1 novembre 2017 @ 12:44 |