Nous étions jeunes et insouciants de Laurent Fignon
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L'âge d'or du cyclisme
Pour moi, Laurent Fignon, ce sont surtout des images d’enfance. Je me souviens de longues retransmissions télévisuelles du Tour de France chez mes grands-parents , grands fans de petite reine. Je me souviens de leurs regards atterrés quand Laurent Fignon franchit la ligne épuisé du contre la montre de 1989 sur les Champs Elysées, battu pour huit petites secondes par Greg Lemond. Huit secondes, on imagine la détresse. C’est d’ailleurs le chapitre d’ouverture de ce livre, la preuve que toute sa vie, ce cauchemar a hanté la vie de ce cycliste hors norme.
Plus tard, à ceux qui, dans la rue, lui diront :
« Ah, mais je vous reconnais : vous êtes celui qui a perdu le Tour de 8 secondes !
-Non, Monsieur, je suis celui qui en a gagné deux. »
Ce contre la montre d’anthologie marque d’ailleurs un passage entre l’âge d’or du cyclisme, fait d’héroïsme, d’insouciance et d’attaque, à celui où le matériel est roi : vélo à roue tubulaire, oreillette et un peu plus tard la gangrène du dopage, le cyclisme d’attente.
« Entre le début et la fin des années quatre-vingt, à la charnière de deux univers cyclistes distincts, j’ai traversé jusqu’à sa finitude l’ultime période insouciante du cyclisme. Les hommes s’y bravaient encore de face. Nous ne reculions pas devant l’idée de mettre le feu, préférant les chants enflammés aux petites musiques de nuit. Jusqu’à la brûlure s’il le fallait. N’est-il pas nécessaire de mordre quelquefois la poussière pour tremper un caractère de cycliste. Gagner. Durer. Rester. Course contre l’oubli. Contre le temps. Course contre soi-même. Une carrière. Une vie… »
C’est cette image que me laissera Laurent Fignon. Celle d’un coureur qui attaquait avec panache, qui n’avait pas peur de se frotter aux grands champions de son équipe tel le blaireau, Bernard Hinault. Avec ses lunettes, il donnait aussi l’impression d’être un intellectuel du peloton. Cette autobiographie retrace justement ses années d’insouciance. De la progression de ce titi parisien jusqu’à ses deux victoires dans le Tour (83 et 84), le vol d’un Giro, les années galères où il peinera à soigner de vilaines blessures, les relations amitié-haine avec son directeur sportif Cyrille Guimard, quelques anecdotes croustillantes sur le milieu, mais aussi l’apparition du dopage à l’EPO en 1991, qui a tout faussé dans le peloton. Ce livre raconte aussi les difficultés de la reconversion d’un sportif de haut niveau.
Ce livre est à lire pour tout ceux qui aiment le sport et qui s’intéressent à cet homme qui s’est toujours battu avec panache, sur sa machine bien sûr, mais aussi contre cette saleté de maladie qui a malheureusement fini par l’emporter. Je me souviendrai longtemps de son courage lors du tour de France 2010. Malgré sa voix éraillée, il a toujours combattu pour offrir aux téléspectateurs des commentaires avisés, intelligents, et non dénués d’humour. Un style que l’on retrouve dans ce livre.
Les éditions
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Nous étions jeunes et insouciants [Texte imprimé] Laurent Fignon avec la collaboration de Jean-Emmanuel Ducoin
de Fignon, Laurent Ducoin, Jean-Emmanuel (Collaborateur)
B. Grasset
ISBN : 9782246755814 ; 24,90 € ; 17/06/2009 ; 397 p. ; Broché
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Une certaine idée du cyclisme
Critique de Incertitudes (, Inscrit le 4 décembre 2008, 40 ans) - 12 août 2017
On oublie qu'il en a gagné deux en 1983 et 1984. Le premier à seulement vingt-deux ans. Il est également le dernier Français à avoir remporté le tour d'Italie en 1989.
Laurent Fignon se racontait en 2009 soit un an avant sa mort. Il n'abordera jamais sa maladie. Peut-être ne s'était-elle pas encore déclarée à l'époque. De manière très linéaire, année après année, il détaille sa vie de coureur professionnel.
Ce qui frappe, c'est le décalage entre le cyclisme d'hier auquel il a participé et le cyclisme moderne dans lequel il ne se sentait pas à l'aise vers la fin de sa carrière.
Ce cyclisme d'hier, c'était l'insouciance dont parle le titre. Un cyclisme de coureurs. On courait pour attaquer car attaquer permettait de gagner. Fignon déplorait à partir du début des années 90 un cyclisme dominé par les sponsors et en dessous d'eux les directeurs sportifs. Plutôt que d'attaquer pour essayer de gagner au risque de tout perdre, désormais, les coureurs préfèrent privilégier un top 5 ou un top 10 car ça fait mieux sur une carte de visite. Ils se trompent. Personne ne se souvient jamais du sixième du Tour de France.
Et ça, Fignon pestait à l'antenne contre cette frilosité. Celui que les Italiens avaient surnommé "le Professeur" s'était reconverti, sitôt sa carrière terminée, dans l'organisation de courses puis comme co-commentateur du Tour de France entre 2006 et 2010. Et c'est vrai que devant une épreuve souvent d'un ennui mortel, surtout dans les étapes de plaine, ses analyses étaient un régal et manquent beaucoup aujourd'hui même si Jalabert ne démérite pas.
Du dopage, il en fera mention dans son livre mais de manière évasive. Oui, il avait vu et entendu des choses sans jamais s'en être réellement mêlé. Il sera contrôlé positif aux amphétamines mais, ce qui peut paraître sidérant, d'après lui, tout le monde le faisait. Il est catégorique sur deux points. Le dopage ne permettra jamais à un coureur moyen de se transformer en super-champion. Et c'est au début des années 90 avec le règne d'Indurain que l'EPO est apparu et que les choses ont commencé à se gâter. Ainsi, lors de son dernier Tour de France en 1993, voyant des coureurs lambdas se mettre à rouler à tombeau ouvert en tête du peloton l'a convaincu d'arrêter.
Fignon appartenait à un cyclisme d'un autre temps. Volontiers cassant avec les médias là où un Chris Froome déploie des trésors d'imagination pour paraître mignon et gentil. Il admet n'avoir jamais surveillé son alimentation et, au grand dam de son directeur sportif Cyrille Guimard, préféré sortir en boîte pour boire et draguer les filles plutôt que de se consacrer à un sommeil réparateur. Une hérésie aujourd'hui.
Je ne l'ai pas connu à l'époque où il courait et peut-être qu'il ne me serait pas apparu sympathique. Lui qui reçut en son temps le prix citron du coureur le plus antipathique et qui finissait par se brouiller avec la plupart de ses interlocuteurs. Mais avec le temps on oublie tout et par sa franchise, sa soif de vaincre, son look, il semblait attachant à sa manière. Sans une seconde partie de carrière gâchée par les blessures, il aurait même pu gagner plus de Tour de France.
En l'état, il reste un des coureurs les plus talentueux des années 80. On le reconnaîtra à sa juste valeur le jour où on lui aura trouvé un successeur. Thibaut Pinot n'ayant pas son mental, peut-être Romain Bardet qui sait...
Autobiographie d'un champion
Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 29 octobre 2014
Un parmi tant. Dans la démesure et l'amour du genre.
Toujours insoumis.
Toujours vivant.
Nous étions jeunes et insouciants."
Voila comment se termine cette autobiographie de ce grand champion que fut Laurent Fignon.
Bien écrit pour un sportif (lol), ce récit est intéressent, notamment car il parle du début du dopage intensif dans le cyclisme. (avant les affaires Festina, Armstrong ..... et j'en passe).
Tous dopé !!!!!!!
Laurent y a goûté aussi (amphétamine ....)
Argent + performances = dopage
Un grand nom du cyclisme
Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans) - 4 février 2013
Homme de tempérament, cycliste de grande classe porté naturellement sur l'attaque, Fignon aura indéniablement marqué son époque. Qu'on l'apprécie ou pas, on ne peut que reconnaitre les valeurs qu'il a défendues. Certes il s'agit avant tout de ses émotions, de son ressenti, et par définition donc, ce récit reste subjectif. Cependant il nous livre les dessous de son sport, voire certaines versions cachées, méconnues et bien différentes de celles relatées par les journalistes de l'époque.
Habitués que nous étions de son franc-parler, Laurent Fignon écrit sans tabou sur le fonctionnement du cyclisme professionnel, de son extrême difficulté, des courses auxquelles il a participé, et également des grands noms qu'il a croisés tels que Bernard Hinault, pour qui il voue une très grande admiration, et Cyrille Guimard, fin tacticien mais peu doué pour les relations humaines.
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