Féminaire de Marcel Moreau
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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La passion de la Femme et de l'écriture
« Féminaire : un mot que l’on prononcerait avec la force de « bestiaire », alors qu'il a la douceur de « sanctuaire ». Un mot qui serait plus séminal que « séminaire", sans les reliques de « reliquaire ». Un mot qui chercherait, dans ses profondeurs, ce qu’il lui reste d'inachevé à écrire sur mon amour inachevé de la Femme et des mots » Voici défini par son auteur le projet de ce livre qui, très vite, distingue le corps charnel, par essence voué à la décomposition, à la mort, et le corps verbal, écrivant, né du précédent et indissociable de lui.
« L’ultime mystère du corps en péril, c’est donc qu’il est également un corps verbal. » « Les femmes sont un corps verbal, leur chair est travaillée au corps par les mots du corps. »
Et c'est d'écriture d’un corps verbal à un autre qu’il va s’agir tout au long de ces textes, magnifiés par l'écriture de Marcel Moreau pour qui, précise-t-il," il est difficile, parfois, de distinguer entre la passion de l'écriture lorsqu'elle louange la Femme, et la passion de la Femme lorsqu'elle inspire cette écriture. » Et d'ajouter : « Je suis lié à une écriture en quelque sorte fabuleuse dont le corps serait d’un seul tenant féminin et verbal. »
Ce qui nous vaut de superbes pages sur la différence d'âge dans le couple, sur la relation que les femmes devraient entretenir avec leur âge - en s’en faisant un allié plutôt qu’à le subir -, mais aussi de beaux passages prônant la supériorité d'un désir mû par l’amour sur une relation charnelle seulement conditionnée par le plaisir des sens. Les derniers textes , écrits en l'absence du corps charnel et verbal de l'autre, confirment que Marcel Moreau est par excellence le chantre de la femme aimée et que, loin d'elle, de ses mots à elle adressés à ses mots à lui, son écriture se délite un peu, et, en tentant de rattraper son cours, il produit un discours plus délié, qui convainc moins.
Relevons pour finir ces quelques plongées dans cette langue ardente. « Là où on descend, on regarde pâlir les étoiles, par amour du pâlissement des étoiles. On est possédé. Car les étoiles ont changé de sens, de place, d'éclairage. Elles resplendissent désormais au plus profond du corps et de l’amour d’une femme. »
« Ce n'était, dans notre oratoire-alcôve, que bredouillements d'Absolu. »
« Comme c’est beau, ton désir de femme. On dirait une peau qu'il suffit de toucher pour que de sa moiteur elle fasse une saison. Pour que de sa sueur elle loue la canicule. Et pour que d’une caresse elle prie sa décomposition. (…) On dirait une peau sur un fruit qui rêve qu’on le pèle et dont chaque pelure dénuderait un jouïr. »
« Ce qu'il me faut, c’est juste vérifier que tu es bien là et que sous ta robe il y a une peau qui est ce qu’on lit, ou lisse, de plus abricoté dans les anthologies de la poésie cutanée. »
Un livre à offrir à une femme, comme on lui écrirait une lettre d'amour.
Les éditions
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Féminaire [Texte imprimé] Marcel Moreau
de Moreau, Marcel
Lettres vives / Entre 4 yeux.
ISBN : 9782903721947 ; 19,30 € ; 25/11/2000 ; 153 p. ; Broché
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