Jules et Jim de Henri-Pierre Roché
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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D'amour et de mort
Qu’un septuagénaire signe son premier roman à l'âge où d’autres végètent dans un mouroir, ce n’est pas banal. Que ce roman s’appelle « Jules et Jim » ; qu’il ait inspiré à François Truffaut l'un des plus grands films du cinéma français ; qu’il traite avec un rare bonheur les thèmes éternels de l’amour et de la mort, cela suffit pour donner à cette œuvre une place parmi les plus hautes.
Certes, il n’est pas neuf, ce triangle constitué par deux hommes et une femme. Certes, la référence aux « Affinités électives » de Goethe est présente, en abyme, dans « Jules et Jim ». Rappelons que le titre de cette oeuvre clé du préromantisme allemand fait allusion à un phénomène chimique suivant lequel deux éléments associés, sous l’action de deux autres éléments doués de propriétés déterminées, se désagrègent pour s’unir à ces derniers et former deux nouveaux couples. Et c’est bien ce qui se produit dans « Jules et Jim », comme dans « Les affinités électives », comme dans les pièces de Marivaux & « La double inconstance », « Les fausses confidences ». C’est vrai que le film est plus ramassé que le livre, que le message de Henri-Pierre Roché est comme condensé, concentré, sublimé par la caméra de Truffaut, et qu'au surplus Jeanne Moreau en Catherine-Kathe est éblouissante de candeur désarmante et de machiavélisme souriant, si bien que je retombe amoureux d’elle à chaque nouvelle vision… Il n’en reste pas moins que ce roman nous interpelle à chaque page sur la fragile alchimie de l'amour, sur les subtiles toiles d’araignée qui se tissent entre Jules, Jim et Kathe. Toiles qui seront tour à tour draps de soie, liens lâches ou serrés, voiles du mystère, linceuls enfin, dans une apothéose macabre. Dans le Paris, puis l'Allemagne de la Belle Epoque ou des Années Folles, Kathe tisse sa toile entre Jules et Jim, mais aussi Albert, Harold et quelques autres. Une femme libre. Elle tire les fils (ou est tirée par eux), créant des réseaux variables, des figures toujours neuves qui donnent à l'auteur l’occasion de décrire, tel un moraliste classique, quelques « Caractères » de l’amour : « Qui possède le plus une femme, celui qui la prend ou celui qui la contemple ? » « La fleur de l’amour avait pâli entre eux. » « Elle avait pu sauter dans des hommes comme elle avait sauté dans la Seine ? » « C’est dur à tuer, un amour. » « C’est beau de n’avoir ni contrats, ni promesses, et de ne s’appuyer au jour le jour que sur son bel amour. Mais si le doute souffle, on tombe dans le vide. »
Un roman immoral, « Jules et Jim » ? Plutôt une œuvre amorale, où l'amour se réinvente à chaque page, le testament d’un vieil homme arrivé au bout du chemin et qui nous dit dans un dernier sourire : « Vous voyez, ça aurait pu être ça, la Vie. »
Les éditions
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Jules et Jim [Texte imprimé] Henri Pierre Roché
de Roché, Henri-Pierre
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070370962 ; 7,50 € ; 22/03/1979 ; 246 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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La voix de Truffaut
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 27 février 2002
C'est la voix off de Truffaut dans le film , sa lecture saccadée, monocorde, mais inoubliable, des mots de Roché qui m'a donné l'envie de lire ce roman qui demeura longtemps mon roman préféré.
Le livre
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 27 février 2002
Deux très grands films !...Et merci à Lucien pour cette critique.
Un film culte
Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 27 février 2002
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