Lumière à Cornemule de Gilbert Bordes

Lumière à Cornemule de Gilbert Bordes

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 15 septembre 2010 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 719ème position).
Visites : 3 483 

Une comédie amusante

Cornemule est une petite ville de Corrèze, proche de Tulle. Nous sommes en 1903. Ses 800 habitants s'éclairent encore à la bougie ou à la lampe à pétrole et s'en portent fort bien jusqu'à ce que leur nouveau maire, Valentin Lescure, décide d'installer la lumière électrique dans les rues. Il veut être « celui qui fait briller le soleil à minuit ». Une vraie révolution qui devrait le placer sur un piédestal. Mais c'est sans compter avec l'opposition de Me Béranger, son prédécesseur conservateur, farouchement opposé à cette invention diabolique, de François Marchand, le fabricant de chandelles qui craint pour sa petite entreprise, celle du docteur Lapeyrade qui attribue les pathologies les plus horribles à cette invention, et jusqu'à celle des paysans qui craignent pour la santé et la fertilité de leurs troupeaux.
Une comédie amusante sur le thème de la résistance au progrès à une époque où tenants et opposants d'un avenir radieux grâce à la science s'entredéchiraient de belle façon avec une égale mauvaise foi de part et d'autre. Cette plongée dans ce mini-psychodrame de terroir est particulièrement réjouissante pour le lecteur d'aujourd'hui. Les personnages sont bien campés tel Lescure, rubicond maire rad-soc du midi, démagogique et prêt à tout pour assurer sa réélection ou l'instituteur socialiste passionné par les violons ou le facteur ex-soldat et bourreau des coeurs local. Nous ne nous retrouvons ainsi pas bien loin du monde de Clochemerle. L'arrivée de la lumière fera apparaître au jour certaines turpitudes que la nuit couvrait d'un voile pudique et exacerbera les passions aussi bien charnelles que politiques. Une belle langue, agréable à lire et un regard tendre et narquois sur un monde disparu.

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Un vrai régal

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 7 décembre 2024

Nous sommes dans un village de Corrèze en 1903. Le maire a décidé d’apporter la « Fée électricité » dans sa circonscription grâce à un barrage qui va être construit. Hélas ! c’est loin de plaire à tous ces concitoyens. Notre homme part donc en croisade avec dans les pieds l’ancien maire qui est bien décidé faire capoter le projet. Lors d’un essai, soudain Cornemule, le patelin en question, est éclairé comme en plein jour et l’on y voit des chôses qu’on n’aurait jamais remarquées quand il faisait nuit noire, comme jadis. Ainsi, la nuit tombée, des hommes du village rendent visite à Joséphine, la très jolie buraliste. Plus tard, après des aventures diverses toutes au plus cocasses, Jean Jaurès, lui-même vient inaugurer le barrage mais tout ne se passe pas comme prévu.
Un vrai régal !
J’apprécie de plus en plus cet auteur ayant déjà lu de lui quelques perles comme « Le voleur de bonbons », « La garçonne », « Le testament d’Adrien ».

Extraits :
- Il imagina acheter la maison pour la transformer en bain public, endroit où les Cornemulois auraient pu se laver avec de l’eau chaude. Il abandonna aussi cet élan en faveur de l’hygiène : ses concitoyens qui ne se lavaient pas dix fois tout au long de leur vie n’auraient pas compris qu’il dépensât autant pour du superflu.

- L’électricité ! Barthélemy Grégoire s’attendait à tout sauf à cette chose sans corps, invisible et menaçante, cette invention diabolique avec sa lumière qui rendait fou. L’électricité pire que la peste qui menaçait les hommes de maux tels qu’on ne pouvait en imaginer l’horreur.

- Dans les méandres de son cerveau issu de quarante générations de mariages consanguins, il se demandait comment une chute d’eau pouvait donner naissance à deux cent cinquante chevaux et faire de la lumière comme en plein jour.

- « Voter avec intelligence » Cette formule lui avait été soufflée par son prédécesseur, le vieux docteur Lapoint : « Flattez en eux ce qu’ils croient avoir et dont ils sont dépourvus »

- Le docteur pensait qu’elle s’était mise à boire mais il ne la blâmait pas, conscient que cette pauvre femme n’avait pas eu beaucoup de plaisirs dans sa vie.

- Il ne fut pas question des risques auprès des femmes qui comptaient moins dans l’économie familiale qu’une vache de six cents kilos, aux cornes basses et faisant son veau tous les ans.

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