A un ami israélien de Régis Debray

A un ami israélien de Régis Debray

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par CHALOT, le 17 août 2010 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 745ème position).
Visites : 4 353 

une belle écriture pour un projet ambitieux

«A un ami israélien »
avec une réponse d'Elie Barnavi
de Régis Debray
collection café Voltaire
Editions Flammarion
12 €
157 pages
mai 2010


La victime devenue bourreau !

L'auteur rappelle avec force à son interlocuteur que les créances sont toujours là et que personne n'a oublié le génocide perpétré par les nazis durant la seconde guerre mondiale.
« La fin du moratoire d'Auschwitz » n'existe pas, malgré les craintes exprimées par tel ou tel intellectuel israélien.
Ceci étant dit et précisé, si personne ne diminue ni ne nie l'extermination des juifs, de plus en plus de voix s'élèvent pour condamner avec fermeté la politique expansionniste israélienne.
Si Israël peut compter sur un soutien sans faille de l'oncle Sam, des amis fidèles commencent à douter et même à condamner la politique de ce gouvernement qui n'hésite pas à frapper sans discernement la population palestinienne.
Régis Debray évoque l'évolution du conflit qui se transforme en conflit inter-religieux, où les intégrismes sont rois.
«  On islamise côté Palestine; on se judaïse côté Israël ( en miroir, sinon avec les mêmes effets)...Ce n'est plus une querelle entre deux mouvements nationaux pour une terre en dispute, mais entre deux blocs de foi pour l'honneur de Dieu. »

Si l'occident garantit à Israël l'immunité, la coupure qui s'aggrave avec l'Orient apporte l'insécurité, d'autant plus que les évolutions en cours dans les pays arabes « modérés » conduisent les gouvernements à tenir compte de leur opinion publique hostile à la politique menée par ce pays sur-puissant qui méprise la population arabe.

Ce « conflit » est-il sans issue ou faudra-t-il qu'il se « termine » dans le cadre d'une catastrophe « régionale » ou étendue?
Pour Régis Debray, le pire n'est pas inévitable et le meilleur est toujours à portée de mains
« Je ne crois pas, en d'autres termes, que vous n'ayez le choix qu'entre une mort physique et une mort morale ».
Dans sa réponse, Elie Barnavi exprime quelques divergences avec son interlocuteur mais ce sont là des désaccords assez mineurs, il estime que la politique suivie par son pays risque de continuer à suivre une pente le menant à aggraver une situation déjà quelque peu désespérante.
« Oui, il y a bien deux Israël. Le mien, tourné vers le monde, séculier et rationnel; et l'autre, idolâtre, centré sur une terre divinisée et prisonnier de croyances archaïques... »
Si effectivement, « entre les deux, il n'y a pas de compromis possible », pourquoi les israéliens des lumières sont-ils apparemment si silencieux... à nous faire, croire - peut être par erreur - qu'ils baissent les bras. ?!

Jean-François Chalot

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"Peuple sûr de lui et dominateur..."

10 étoiles

Critique de Livrepenseur (du sud de l'Oise..., Inscrit le 30 août 2009, 69 ans) - 27 août 2010

Quand R.Debray s'attaque à un sujet, il le fait toujours avec brio, intelligence et sans concessions aux modes ou aux coteries.Il décrypte dans ce livre, les errements et les dangers pour le monde, que recèle aujourd'hui la politique de l'Etat d'Israël et la mauvaise conscience des occidentaux à son égard.
Sujet tabou par excellence, car planent sur toute tentative d'analyse objective de celle ci, les fantômes et démons de la Shoah, de l'antisémitisme, de la haine rentrée des juifs ou ouvertement exprimée dans les intifadas de nos banlieues.
Israël est devenu une théocratie intégriste, qui n'a que peu à voir avec les idéaux des pères fondateurs. De l'origine épique de la philosophie des kibboutz, il ne reste plus rien; la ségrégation est à l'oeuvre, les murs s'élèvent et la bande de Gaza est une infamie, produit d'un système politique qui se veut démocratique. Une image frappante est rapportée par R.Debray : une voie de passage pour les israéliens en territoire occupé, fermée; des barrières retiennent des centaines de palestiniens en guenilles, qui doivent se déplacer pour survivre... Sommés d'attendre pour laisser passer un 4X4 fonçant, rutilant, avec femme et enfants, heureux et indifférents. Force de l'image et brutalité de l'humiliation... Désillusion donc, de la part d'une communauté juive (nation, religion , appartenance,...?) dont il faut reconnaître aussi les immenses apports à l'humanité.
L'écriture de R.Debray est belle, une langue truffée de fulgurances. C'est une véritable fête pour l'intelligence et l'esprit et je ne peux qu'inviter ceux que l'escalade intellectuelle ne rebute pas, à gravir les autres ouvrages de l'auteur mélancolico-farceur. Vous comprendrez à quel point la déraison règne en ce bas monde... et donc autant de raisons d'espérer.

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