Bandini de John Fante
(Wait Until Spring, Bandini)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : (770ème position).
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Poignant, vivant et tendre
Dans une très courte préface, John Fante nous dit à quel point cette époque de sa vie l'obsède. Il est certain que c’est de là que part une grande partie de son oeuvre. Il ajoute: « Je redoute d'être mis à nu par mes propres œuvres. » Et pourtant, si la base est bien autobiographique, comme nous le dit Stéphanie dans une autre critique d’un Fante, tout ce que l’auteur raconte n'est pas vrai.
Il reste une part d'imaginaire, qui s'ajoute à la transformation des événements par une vision d’enfant et aux modifications apportées par la mémoire.
Arturo, fils aîné de Svevo et de Maria Bandini, est un garçon au sang chaud. Il est sujet à de grandes colères, à une certaine violence, qui doivent lui remonter de générations d’ italiens. Mais son père aussi peut se montrer violent, quand il a perdu au jeu le peu d'argent qu'il a, ou que la neige tombe en abondance, ce qui veut dire plus de boulot pour en gagner. On ne maçonne pas en hiver… Il n’arrive pas non plus à supporter cette soumissions de sa mère, tant à son mari qu'à la religion, sa passivité devant ce que le père lui fait subir.
Parce que le père abandonne la maison, va s’installer pendant des semaines chez une autre femme, où il se fait gâter, alors que Maria et ses enfants crèvent la dalle et ont à peine de quoi acheter du charbon pour se chauffer ! Lui aussi supporte parfois assez mal l’amour inconditionnel de sa femme : il se sentirait moins coupable si elle lui hurlait dessus.
Arturo va aller le trouver, ce père, l’espionner, lui parler, voir cette femme chez qui il vit.
Et Noël est à la porte !.
Mais Arturo est aussi un jeune garçon foncièrement gentil, qui n’étudie pas tellement bien, et qui est très amoureux d’une de ses voisines et compagne d’école.
L'écriture de Fante a un peu révolutionné les lettres américaines de son époque. Son style est direct, vif, accrocheur. Il n’a pas un langage académique, comme les Fitzgerald, les Faulkner ou les Hemingway. Les phrases sortent de lui comme un torrent qui dévale une montagne. On ne fait pas dans la dentelle ! A la Céline, c’est l’émotion qui domine, la colère, la rage, le chagrin, la joie, la révolte…
De sa mère, il écrit : « Mais Maria, perdue dans le pays de conte de fées d’un magazine féminin, poussant des soupirs devant les fers à repasser électriques, les aspirateurs, les machines à laver automatiques et les cuisinières électriques, Maria devait clore les pages de cette contrée imaginaire et retrouver son décor familier : chaises dures, tapis usés, pièces froides. ». Mais sa planche de salut, sa drogue, son oubli, c’était son rosaire !…
Quand vous aurez lu la page consacrée au fameux poêle domestique des Bandini, vous aurez une très bonne vision de ce que l'écriture de John Fante peut avoir de vivant !.
Les éditions
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Bandini de John Fante
de Fante, John
10-18
ISBN : 9782264033000 ; 7,10 € ; 03/01/2002 ; 267 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (13)
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Superbe
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 15 juin 2024
Dans les années 30, ces vilaines années que traverse l'Amérique, l'auteur nous présente une famille d'immigrés italiens, les BANDINI, ayant choisi le Colorado pour s'établir.
Le père SVEVO est maçon, il travaille vite et bien mais il neige beaucoup dans ces régions et le chômage ne lui réussit pas, il boit, il joue et se montre parfois violent.
MARIA, la mère, subit en égrenant son chapelet. Elle prie Dieu pour l'aider à apurer ses dettes chez l'épicier et pour que ces enfants ne fassent pas trop de bêtises.
Les trois fils: ARTURO, un peu mystique, s'interroge sur tout ainsi qu'AUGUST et FREDERICO.
Une fabuleuse histoire avec des descriptions travaillées qui balade le lecteur dans cet univers épuré.
John Fante fréquenta Faulkner, Bukowski et la peuplade Hollywoodienne. Il narre de façon romanesque son enfance.
A noter qu'à sa publication le titre ne reçut qu'un accueil tiède. Les années 80 ont fait ressurgir la saga des BANDINI. Un grand merci à l'éditeur Christian Bourgois.
Superbe lecture qui donne envie de continuer la suite.
Les débuts d'Arturo Bandini
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 19 janvier 2024
A travers son jeune double littéraire, Arturo, Fante nous raconte une enfance difficile mais tout de même parsemée de moments heureux.
Parfois naïf, parfois dur, parfois touchant, Bandini est un roman perfectible de par son style notamment mais qui n'en demeure pas moins touchant.
J'ai aimé en découvrir plus sur l'enfance d'Arturo que nous retrouverons ultérieurement à travers la route de Los Angeles ou les excellents Demande à la poussière, mon chien stupide ou encore rêves de Bunker Hill, le roman qui m'a fait aimer cet auteur.
Un roman intéressant et touchant.
Misère
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 29 mars 2017
simplement un très grand de la littérature américaine
Critique de Catoate (, Inscrite le 6 octobre 2014, 40 ans) - 7 octobre 2014
Bandini est si tendre et si vrai dans ses erreurs enfantines de jugement.
Et puis c'est aussi l'Histoire, celle de la migration italienne sur les terres d'Amérique, la sueur pour arriver à la fin du mois, la haine de cette neige qui empêche de travailler. Je souris en pensant que dans la première moitié du XX siècle, dans la ville où je vis (Reggio Emilia) des pauvres gens ont formé une communauté. Ils se faisaient appeler Il popol Giost (le peuple juste), et une des traces laissées par ces habitants d'un quartier populaire est "Le peuple veut la neige" car la neige ici c'était le travail.. il fallait des bras pour déblayer les trottoirs des riches...
Extrait de rude enfance
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 5 octobre 2013
L’histoire est racontée du point de vue d’un jeune adolescent, fils d’immigrés italiens dans le froid Colorado des années 30. Il a une vision à la fois très lucide sur ce qui l’entoure, ce qui ne l’empêche pas d’inventer des histoires dont il est le héros. Il n’aime pas l’école, est l’aîné des 3 garçons, est amoureux de la meilleure de la classe, admire son père et trouve gênante la passivité de sa mère les jours de disette alors que l’argent du ménage a été bu ou joué par le chef de famille. Mais un jour son père qui ne supporte jamais la venue de sa belle-mère qui lui rappelle sa pauvreté, ne revient pas d’une soûlerie avec son ami.
IF-0913-4099
Un précurseur
Critique de Rafiki (Paris, Inscrit le 29 novembre 2011, 33 ans) - 22 décembre 2011
Et puis cette détresse remplie de dignité qui personnellement me bouleverse: personne ne parle mieux de la pauvreté que John Fante, point. Rien à dire de plus, c'est sobre et sans fioriture, mais on ne peut faire mieux pour ce genre de sujet.
Un auteur à lire absolument donc, et ce livre ne fait que renforcer ma position sur Fante: c'est un écrivain fantastique.
La pauvreté à nu
Critique de Grégoire M (Grenoble, Inscrit le 20 septembre 2009, 49 ans) - 25 octobre 2011
La réussite du roman tient aussi dans la description des sentiments d'Arturo (l'auteur plus jeune), et là aussi c'est une description sans fard. Fante ne nous cache rien de ses sentiments les plus sombres, de sa colère, de son humiliation d'appartenir à une famille pauvre d'immigrés mise à l'écart des bons américains, de ses sentiments explosifs mêlés d'amour et de haine pour sa mère aimante mais totalement soumise à son mari, pour son père qui délaisse et fait souffrir sa famille mais qui s'affiche avec l'une des plus riches femmes de la ville...
Le style de l'écriture ne peut que faire corps avec le propos, sans fard...
une époque révolue
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 19 avril 2010
Le seul thème toujours d'actualité c'est l'image du père et son influence. Entre crainte et admiration, entre critique et mimétisme.
Mon premier Fante
Critique de Anibalecteur (, Inscrit le 7 mai 2009, 67 ans) - 9 mai 2009
UN GRAND!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 17 septembre 2008
Si la mère nous est décrite tout en excès que ce soit dans la gentillesse (elle passe des nuits à prier pour la santé de son plus jeune fils, ou ne dit rien quand Arturo fait semblant de prendre son bain...) ou la méchanceté (elle n'hésite pas à jeter au feu une liasse d'argent que lui a remis son mari, parce que c'est l'amante de celui-ci qui lui a donné cet argent, alors que sa famille meurt de faim...), le personnage d'Arturo qui est au centre de ce livre lui est décrit tout en finesse et m'a vraiment beaucoup plu...
Il s'agit là du typique jeune garçon débrouillard et roublard qui rentre bien dans la catégorie de ces jeunes héros de romans américains quasi-mythiques...
Sauf que lui ne pense qu'à faire des bêtises et surtout pas à prendre des bains même quand la saleté marque d'un trait tout son cou... je n'en dirais pas plus, je vous le laisse découvrir dans le livre...
Enfin, un grand bravo à Brice MATTHIEUSSENT pour sa très belle traduction de l'Américain...
John FANTE est assurément à classer parmi les grands écrivains américains du XXe Siècle, de par son style unique, de par son écriture... et bien qu'il soit devenu célèbre très peu de temps avant sa mort (devenu paraplégique et pratiquement aveugle, il a dicté son dernier livre à sa femme...) il a toujours été aimé et même vénéré par une génération d'écrivains américains dont Charles BUKOWSKI qui le considérait comme son "maître"... c'est vous dire si ce livre vaut la peine d'être lu...
C'est la vie, Bandini.
Critique de Dalania (Dijon, Inscrite le 25 octobre 2006, 38 ans) - 20 janvier 2007
Y'en aura pas de facile, bandini
Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 47 ans) - 27 octobre 2004
"Wait until spring Bandini", le titre original, renvoie autant à Arturo qui attend le beau temps pour fuir la maison pour le terrain de baseball, qu'à Svevo, le père qui attend le soleil pour enfin travailler - et de ce fait ne plus avoir à trouver de raison pour fuir la famille qu'il n'arrive pas à diriger.
Ce roman propose une fondation solide à tout ce qui suivra dans l'oeuvre de Fante. La relation torturée entre le père et le fils aîné, composée de haine et de compréhension innée est probablement le point le plus important de l'évolution d'Arturo. Et tout ça est beaucoup trop bien senti pour que ce soit du bluff. C'est beau et ça brise le coeur, que de voir ainsi le fils qui assiste à la débandade du paternel tout en sachant fermement qu'il est déjà dans le sillon, qu'il est le "Bandini junior". Et que bientôt, Bandini, ce sera lui.
Les déboires de Bandini
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 24 janvier 2003
Comme il se doit, Svevo, le père, est cavaleur et buveur, crâneur et froussard; la mère, Maria, est bonne comme le bon pain, ne se départit jamais de son chapelet comme une vraie madone. Et ils ont trois enfants : Arturo, August et Frederico. Ils habitent le Colorado, rêvent de la chaleur de la Californie et semblent bien peu intégrés à la société américaine. Toute la famille, sauf le père, baigne dans un climat hyper-catholique : les dérogations aux commandements, les forts sentiments de culpabilité et la crainte de l'enfer malmènent sans cesse leurs consciences. Comme le père est maçon et que les hivers sont froids dans la région, il est en chômage plus souvent qu’autrement. Du reste, son argent il le dépense au jeu. A cause de son incurie, la famille tire le diable par la queue et c'est peu dire.
Dans ce roman, le héros principal est Arturo, l'aîné de quatorze ans qui doit composer avec les multiples contradictions familiales. Il va à l'école et se sent étranger, lui qui est pourtant né en Amérique. Il aime et déteste ses père et mère, malgré le quatrième commandement; il est amoureux fou d'une jeune Italienne qui fréquente sa classe, ce qui pose un problème avec le septième commandement; il jure tant et tant qu'il n’arrive plus à tenir un décompte serré de ses péchés, véniels ou mortels, il ne le sait jamais trop comment interpréter le deuxième commandement.
Aussi le roman joue sur les contradictions du père avec beaucoup de finesse : il désire se fondre dans le « melting pot » américain sans renier ses origines italiennes, il désire profiter de la richesse ambiante mais se méfie de l'argent, il est tendre et cruel, fort et faible… Il est mauvais père, mauvais mari, se sent coupable (en mauvais catholique qu'il est) mais il a du bagout et tous le vénèrent.
Je n'ai jamais été déçu par Fante. Il a l'art de raconter une histoire, souvent avec humour. Son style est simple, à l'américaine, axé sur l’action plutôt que sur l’analyse.
Traduit de l'américain par Brice Matthieussent
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