HHhH de Laurent Binet
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Himmlers Hirn heist Heydrich: le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich !
L'opération « Anthropoïde », c'est le nom de code donné à ce projet complètement héroïque imaginé depuis Londres d'assassiner Heydrich, « le bourreau de Prague », le planificateur de la solution finale. Deux hommes vont mettre en oeuvre ce projet fou, terriblement dangereux et quasiment irréalisable. Ils sont Tchèque et Slovaque, et ont conscience d'avoir très peu de chance de s'en sortir vivants. Cet épisode passionnant de l'histoire de la deuxième guerre mondiale, Laurent Binet nous le narre avec un talent fou, réveillant nos mémoires, bousculant nos convictions, nous faisant redécouvrir l'héroïsme de ces deux oubliés de l'histoire, la lâcheté et la petitesse des décisionnaires européens et français. Il nous guide dans les méandres de ce jeu de vilains qui aura les conséquences que l'on sait...
Gabcik, le tchèque, un résistant au courage exceptionnel, Yan Kubis, le slovaque, tout aussi déterminé, deux hommes qui vont entrer dans l'Histoire! Par la grande porte.
Il faut lire ce roman, mais faut-il l'appeler roman? Quand chaque détail a fait l'objet d'une enquête minutieuse, quand de chapitre en chapitre, on participe à la lutte douloureuse que mène son auteur pour ne pas sombrer dans la tentation de « romancer », pour rester le plus possible fidèle à la réalité historique.
Historiquement bouleversant, littérairement remarquable.
Les éditions
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HHhH [Texte imprimé], roman Laurent Binet
de Binet, Laurent
B. Grasset
ISBN : 9782246760016 ; 21,25 € ; 13/01/2010 ; 440 p. ; Broché -
HHhH
de Binet, Laurent
le Livre de poche
ISBN : 9782253157342 ; 8,20 € ; 04/05/2011 ; 448 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (33)
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Remarquable .
Critique de Boris52 (nice, Inscrit le 3 juillet 2010, 72 ans) - 5 février 2022
D’abord il traite d’un sujet encore brûlant de l’histoire, près de 80 ans plus tard .Un épisode particulièrement sombre de la seconde guerre mondiale, symbole fort de la lutte des peuples pour leur liberté. Sa recherche est d’autant plus ardue qu’il va s’atteler à un puzzle dont il manque une grande partie des pièces. Il veut des épisodes vérifiés, des témoignages bien réels. D’emblée, pas de compromis, un récit objectif, sans broder ni romancer. Travail minutieux, voyages sur place (Prague), monceaux de lectures d’ouvrages, visions de films, touchant de près ou de loin au sujet . Accompagnés des doutes, des remises en question sur sa propre interprétation de l’histoire. Une immersion presque obsessionnelle. Et puis, voilà, on s’attache aux acteurs de ce drame, à tel point qu’on s’imagine quasiment à leur côté dans leur tourmente. Alors la tentation « romantique » revient encore et il faut presque se faire violence pour aller à la conclusion, douloureusement réelle, la lutte dans la crypte et la mort.
Bravo, œuvre bouleversante malgré quelques atermoiements de l’auteur.
Entre le roman et le documentaire
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 1 mars 2020
La mort prématurée du nazi le plus froid, le plus intelligent et le plus cruel de toute la garde rapprochée d’Adolphe Hitler a probablement changé la tournure de la guerre.
S’il avait vécu, comme le suggère l’auteur, d’autres options auraient été peut-être prises pour sceller le sort des juifs, faire évoluer la guerre en France où Heydrich s’apprêtait à partir, voire même l’issue de la guerre contre les bolchéviques aurait pu s'orienter autrement. Hitler écoutait Heydrich et le considérait sans doute comme son meilleur conseiller.
La seconde guerre mondiale aurait pris une autre tournure, en pire ou en plus réaliste, compte tenu des décisions guidées par un fanatisme aveugle et sans vision après la mort de ce sinistre personnage, poussant le troisième Reich vers sa perte.
Je resterai donc très positif par rapport à ce livre tournant d’une part autour de la guerre à l’Est, extrêmement cruelle et destructrice comme le soulignait aussi Malaparte dans « Kaputt » et d’autre part sur le bourreau de Prague dont Philip Kerr fait aussi un des interlocuteurs préféré de son héros, Bernie Gunther. Je conseille donc sur un ton plus léger « Prague fatale » de l’auteur écossais à ceux qui ont apprécié l’ouvrage de Laurent Binet.
Difficile à cerner mais....
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 20 janvier 2020
J'ai été un peu déçu et surpris par la forme de cet ouvrage mêlant différentes formes et formats. Néanmoins, l'histoire reste bonne et bien écrite. Un bon roman à découvrir.
Laurent Binet, Heydrich et les Tchèques.
Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 70 ans) - 1 janvier 2018
J'ai également apprécié que l'auteur ne se contente pas de relater un fait historique mais qu'il l'englobe dans une période longue de nombreuses années et qu'il évoque bien d'autres chefs nazis. Ainsi le pourquoi du comment était exposé clairement.
Par contre, je regrette vivement qu'il n'y ait aucune photo, aucun document en annexe.
Le ton de M. Binet m'a cependant bien exaspérée; d'une part, il insiste sur le fait qu'il ne veut que relater des éléments réels, qu'il se veut à contre-courant des romans historiques où l'auteur ajoute des détails imaginés mais Laurent Binet se rend-il compte qu'il fait la même chose ???? Ainsi quand ils parlent des chefs nazis qui entrent dans la chambre d'hôpital de R. Heydrich, ne dit-il pas qu'ils s'approchent du lit " à pas de loup". Mais comment le sait-il alors ?
Enfin, cette façon de s'inviter dans son propre livre, de donner son avis sur tout, cette suffisance, tout cela m'a grandement énervée. " Kubis est mort. Je regrette d'avoir à écrire ça. J'aurais aimé mieux le connaître. J'aurais voulu pouvoir le sauver." (page 421 Poche)
Cette façon de donner son avis sur des sujets sans intérêt comme la beauté des femmes tchèques. Et aussi ces détails inutiles concernant le chien d'un des résistants tchèques et l'interrogation répétée de Laurent Binet se demandant toujours si cette foutue Mercedes était noire ou verte. Moi, je le dis franchement, en quoi cela est intéressant pour le lecteur ?????
Enfin, plus j'avance dans le livre, plus je me rends compte que Laurent Binet délire; il est maintenant la victime, il est Tchèque. Les dates se confondent dans sa tête, il est à Prague au moment des faits.
"Je suis Gabcik, enfin. Comment disent-ils? J'habite mon personnage." (p 412 Poche)
Malgré tout M. Binet, votre amour démesuré pour la Tchéquie, les Tchèques et Prague m'aura donné envie de retourner bientôt à Prague ! Mais de grâce, évitez-nous vos digressions !
L'Opération Anthropoïde façon Binet
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 13 mars 2016
Sur le fond le roman présente un premier chapitre très volumineux où Heydrich, Prague et l'auteur tiennent les premiers rôles. Puis c'est l'attentat et ses suites dans une courte partie. Et cette partie est plus prenante, plus émouvante. Elle révèle l'héroïsme avec un grand H des ces résistants qui ont tout sacrifié.
Une intense lecture
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 juillet 2015
En choisissant de couper son récit par ses "états d'esprit", Laurent Binet se montre particulièrement dérangeant et même parfois arrogant... mais n'est ce pas là un des symptômes de la dérision ?
Une intense lecture.
Humain et sincère
Critique de Valotte (, Inscrite le 31 décembre 2011, 60 ans) - 13 avril 2015
HHhH
Critique de Sarazohra (, Inscrite le 3 mars 2012, 36 ans) - 8 septembre 2012
On apprend plein de chose. Notamment que si le livre s'appelle HHhH et non opération Anthropoïde c'est que l'éditeur en a décidé ainsi. Et je trouve que celui-ci n'a pas eu tort car l'opération anthropoïde nous est compté qu'à partir du dernier quart du livre.
Les trois premiers quarts consistent à nous rappeler les faits historiques de l'entrée en guerre, la situation des pays y faisant part, la situation de la Tchécoslovaquie. On apprend qui est Heydrich et comment devient il le "boucher"
On développe une haine de tout ces nazis encore plus forte que celle qui nous habite depuis nos cours d'histoire. on veut comme l'auteur que les acteurs de cette opération survivent.
On apprend enfin que la résistance ce n'est pas seulement De Gaulle, la France, l’Angleterre.
mon stylo s'appelle revient
Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 6 avril 2012
au delà des faits ce roman, puisque finalement c'en est un, est un exercice de style plutôt périlleux où l'auteur tout en relatant des faits, s'introduit lui même dans son récit, non comme un protagoniste mais comme un narrateur ne cachant pas son parti pris.
on apprend beaucoup sur la situation géopolitique.
on pourrait reprocher à l'auteur ses critiques envers ses congénères mais après tout il prend le risque lui même d'être jugé alors accordons lui le droit d'être exorcisé, car c'est un peu l'effet que l'auteur veut nous donner en écrivant ce livre, il semble vouloir chasser ses démons.
il y a un paradoxe à la lecture de ce roman, l'auteur semble se sentir tout petit devant les faits qu'il a à relater et pourtant se permet une critique acerbe tant des hommes qui ont marqué cette histoire que de de ceux qui ont essayé de la raconter avec plus ou moins de bonheur.
Il faut ajouter que la construction de ce roman m'a semblé originale et pas dénuée de savoir faire, les chapitres se succédant, très courts, très denses, jusqu'à l'attentat lui-même décrit à la manière d'un western spaghetti, la mise en place, l'attente, les regards, la goutte de sueur perlant au front, la voiture d'Himmler arrivant au loin.....
enfin tout ça pour dire que ce roman vaut le détour
N'est pas historien ou écrivain qui veut !
Critique de Andrée27 (, Inscrite le 24 janvier 2012, 77 ans) - 28 janvier 2012
Sur le détail, l'auteur nous dévoile son état d'esprit qui nous étouffe car cela ne présente aucun intérêt pour le scénario. Mauvais sur le fond et sur la forme, ce roman ne mérite même pas qu'on en parle. Sa parution en édition de poche permet de désespérer sur la production littéraire d'aujourd'hui. Les Zola, Fromentin, Martin du Gard et autres Malraux doivent se retourner !
Biographie d'un acte de résistance héroïque !
Critique de Oops (Bordeaux, Inscrite le 30 juillet 2011, 58 ans) - 28 janvier 2012
Sentiment mitigé
Critique de Wmgec (, Inscrit le 21 juillet 2005, 55 ans) - 24 janvier 2012
Le sujet historique choisi ici est trop sérieux pour amalgamer celui-ci avec la banalité des interrogations d'un écrivain sur la manière d'écrire son livre.
Où est, au bout du compte, ce livre que M. Binet, s'évertue soit disant à écrire?
Ce roman est certes brillant et agréable à lire, mais une fois refermé, me laisse circonspect quand aux réelles intentions de son auteur et au procédé employé.
Crise d'ego
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 16 janvier 2012
Dommage, car si l'on accepte de passer outre cet état de fait, on passe un agréable moment de lecture où l'on en apprend pas mal sur le déroulement de la seconde guerre mondiale.
Et plus précisément sur un haut fait de résistance à Prague, à savoir l'assassinat d'Heydrich, qui a peut-être eu plus d'importance que ne peut le laisser supposer la place infime qui lui est accordée dans les livres d'histoire. Heydrich était en effet l'un des pires et des plus zélés parmi les dignitaires nazis, à tel point qu'il était pressenti pour prendre la succession du führer.
Le portrait d'Heydrich ne m'a pas dérangé outre mesure car il permet de se rendre compte de la cruauté et l'importance que ce personnage avait pris dans la machinerie nazie.
Ce roman me laisse donc un sentiment mitigé!
On ne dit pas 'je' quand on veut rendre hommage à quelqu'un
Critique de Steph40 (, Inscrit le 15 janvier 2012, 52 ans) - 15 janvier 2012
Si bien que, une fois l'émotion des dernières pages digérée, le lecteur qui entreprend de revenir sur le livre percevra un sentiment de trahison, dont il n'est toutefois pas lui-même la victime : c'est bien Laurent Binet, et lui seul, qui s'est trahi. En faisant le projet de rendre hommage à des héros -et je ne discute pas un instant la sincérité de cette intention - tout en s'insérant, sans précaution, dans leur destinée, il s'est livré : puéril, léger, brouillon, superficiel, à sensation, bavard, inconstant, narcissique, capricieux. En sacrifiant à cette mise en pâture de ce qu'est, finalement, devenu l'Homme du XXIème siècle, il a, prenant toute la place de son livre, éclipsé son hommage, reléguant Gabcik, Kubis et les autres à des héros de papier, lointaines et inaccessibles figures idéalisées, mortes icônes que l'on loue de façon désespérée, obsessionnelle, pensant ainsi masquer notre propre médiocrité.
Témoignage, ressenti et rapport de recherches
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 12 janvier 2012
Sur l'ensemble, la recherche est riche, d'autant plus qu'elle est l'objet de l'expérience de toute la jeune vie de l'auteur de ce premier roman, par ailleurs couronné. Son goût pour le suspense et les oeuvres fictionnelles offrent des comparaisons qui viennent étayer le récit et le déroulé des événements. Si elles sont curieuses, elles rendent l'ensemble un peu moins sombre que ce qu'il pourrait être, et permettent une respiration pour mieux reprendre haleine dans des développements fatalement très sombres.
Il s'agit donc d'un bon livre, dont les différentes formes, celles de l'essai historique, du roman, de la restitution d'un vécu et d'un ressenti, sont clairement explicitées. Si le passage rapide entre ces différents aspects peut surprendre, l'ensemble offre une gamme de points de vue ouvrant à la réflexion. La lectrice et le lecteur peuvent donc s'y introduire en toute quiétude.
Curieuse construction
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 29 décembre 2011
Malaise...
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 29 novembre 2011
Histoire, d'abord ; l'auteur ne fait que reprendre les nombreux écrits existants ( pas de copier-coller j'espère...) et n'apporte rien de nouveau à part ses commentaires souvent persifleurs et méprisants. Personnellement je ne fais pas confiance au communisme pour "dire" l'Histoire : il a pour but constant de la réécrire.
La Tchécoslovaquie est bien maltraitée ! L' auteur nous dit bien la connaître mais ne nous dit rien de la période 1945/1990 pendant laquelle ce malheureux pays subit une occupation qui vaut bien celle de 1939/1945 et qui explique bien des choses. Notre auteur se présente en 1996 à Prague, il n'a jamais entendu du "coup de Prague", des défenestrations moyenâgeuses, du printemps de 1968, de l'Aveu.
Peu réaliste et lassant car trop subjectif.
Critique de Angel54 (, Inscrit le 11 septembre 2010, 70 ans) - 18 septembre 2011
La littérature et le cinéma ont déjà narré et exploré cette page d'histoire écrite comme beaucoup d'autre par le fer et le feu et dans le sang mais Laurent BINET laisse aller l'imaginatif. Il ne prétend naturellement aucunement jouer à l'historien mais sa façon d'aller et venir, de dire puis contredire, ce qu'il expose laisse le lecteur sur sa faim avec une saveur inachevée pareille au met manquant de sel ou d'épice.
N'est pas historien ou narrateur historique qui veut et je suis surpris qu'un tel ouvrage ait été primé. Sans doute est ce le tribut de l'époque actuelle où bien peu détiennent la connaissance suffisante pour juger et apprécier tant sur le fond que sur la forme un quelconque scénario.
Cela évidemment n'enlève aucunement la prouesse historico-politico-militaire des participants mais ce thème a déjà été sondé par d'autres écrivains, fussent-ils étrangers, bien plus talentueux que monsieur Laurent BINET.
Il est fait état d'un premier livre le concernant, nulle envie de lire un second s'il venait à paraître.
Pas convaincu du tout
Critique de Manu_C (, Inscrit le 19 août 2004, 55 ans) - 31 août 2011
S’il est vrai que l’exercice est complexe – tenir en haleine le lecteur jusqu’à l’événement qui sous-tend l’ensemble de l’ouvrage (l’attentat contre Heydrich) par une longue exposition de la cible et de ses agresseurs – je n’adhère pas à la méthode. En effet, Binet a construit son ouvrage de façon bipolaire et alternée en permanence :
• L’histoire, les faits et leurs déroulements
• Ses états d’âme sur les limites de la contribution de l’auteur à la réalité dans son récit (cette partie s’effaçant progressivement sans jamais disparaitre)
Partant du principe que quel que soit le volume d’information dont l’auteur peut disposer, l’élaboration d’un récit romancé sur des fondements réels lui permet ou l’oblige à prendre certaines libertés, Binet nous livre donc ses états d’âme en la matière ce qui n’a rien de répréhensible en soi et constitue plutôt un sujet intéressant.
Ce que je critique donc est la méthode : ces états d’âme nous sont présentés un peu comme une thérapie, l’auteur nous invitant dans une lecture au premier degré à partager la genèse de son projet, ses interrogations, ses doutes et les impacts sur sa vie personnelle ; pourquoi pas… mais là où le bât blesse c’est que Binet se met alors à imbriquer ces doutes avec l’histoire en proposant pour un événement plusieurs descriptions successives pour conclure à chaque fois que cela n’a pas dû se passer comme il l’écrit, là aussi pourquoi pas… mais ce phénomène est répété trop souvent voire de façon quasi systématique, le lecteur n’étant pas dupe, il se demande alors toujours combien de versions on va lui servir avant que ce ne soit la bonne – ça donne un effet un peu remplissage.
Ce que je critique encore plus est la liberté que prend l’auteur vis-à-vis de ses confrères qui ont traité le même sujet en affichant une condescendance certaine, parfois du mépris alors qu’il précise lui-même que ces personnes ont bénéficié de témoignages directs.
Il existe bien une option qui serait une lecture au deuxième degré, à savoir un ouvrage qui serait totalement romancé et dont l’auteur serait fictif, mais cela n’enlève en rien les griefs soulevés plus haut.
Et pourtant, et pour expliquer le « fort dommage » introductif, il est évident que Binet fait preuve d’un talent certain ; son traitement de l’attentat, de la traque et de l’élimination du commando est un vrai morceau de bravoure, cela rend, a posteriori, encore plus exaspérant les 4 premiers 5ème du livre en faisant rêver à ce qu’ils auraient pu être.
Les heures sombres de notre histoire
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 29 août 2011
Le sujet est bien traité, avec beaucoup de précision et de détails, le portrait de Reinhard Heydrich est très complet. Je regrette cependant que l'auteur ait choisi de nous livrer la biographie de ce bourreau, j'aurais aimé qu'il nous parle plus des deux parachutistes tchèques chargés de l'opération. Mais je pense qu'il a fait ce choix pour nous faire prendre conscience de l'importance du personnage visé.
Comme souvent dans les livres qui traitent du sujet, nous sommes plongés dans l'horreur la plus absolue. On en arrive à s'interroger pour essayer de comprendre comment des hommes ont-ils pu en arriver là. Mais dans ce livre il y a aussi une leçon de courage, le peuple tchèque, bien qu'il soit occupé résiste au nazisme. Ces deux volontaires se battent et se sacrifient pour une cause juste et courageuse. C'est une belle leçon d'humanité.
En fin de compte ce livre est à découvrir, même s'il nous fait revivre les heures sombres de notre histoire, il nous montre que même dans ces moments là il y a toujours une lueur d'espoir.
Tryptique
Critique de Silex (dole, Inscrit le 13 mars 2011, - ans) - 19 août 2011
Le second est le questionnement permanent sur la véracité du récit historique: raconter l'histoire ne peut que rendre fou car le passé est... effectivement passé et toute interprétation sur la forme ne peut qu'être approximation ou erreur. Merci à l'auteur pour ce travail permanent sur lui-même et cette humilité car il est certainement plus difficile de procéder ainsi que d'inventer alors que l'on relate l'histoire.
Enfin merci aussi pour l’honnêteté intellectuelle quand, très rapidement, l'auteur avoue être fasciné par la personnalité et le psychisme d' Heydrich.
Seul bémol à ce "tryptique-critique" un côté parfois larmoyant dans ces digressions personnelles mais un écrivain n'est-il pas avant tout homme parlant d'autres hommes?
Au total un livre original et fascinant sur de nombreux points: historique évidemment mais aussi technique et philosophique. A recommander à nos jeunes étudiants littéraires ( et aux autres aussi mais je ne suis pas objectif!).
Beaucoup de digressions inutiles
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 19 août 2011
Ce qui au début pouvait passer pour une tentative de justification de ses craintes de ne pas retranscrire exactement la vérité historique, devient particulièrement horripilant à la longue! Au bout d'un moment on finit par s'en foutre de savoir si la Mercedes était verte ou noire, si tel personnage s'est curé le nez ou non ou encore s'il y avait 17 ou 19 passagers dans le tramway! Toutes ces digressions hachent l'histoire et la rendent décousue, ces interventions intempestives de l'auteur pour y mettre son grain de sel sont vraiment indigestes! A mon avis, il aurait mieux fait de faire une introduction ou un prologue pour évacuer tout ça,on aurait pu ainsi suivre l'histoire tranquille!
C'est d'autant plus dommage que le récit de cet épisode méconnu (en France du moins) de la 2e Guerre Mondiale est intéressant et non dénué d'un certain talent! Le contexte historique est bien rappelé (à l'évidence un gros travail de documentation), on se sent pris dans l'histoire, on se voit à côté des personnages et l'auteur arrive bien à restituer cette atmosphère de tension permanente de sorte que l'on continue à espérer un dénouement heureux même si l'on pressent que l'inéluctable surviendra.
Pour vos prochains ouvrages M. Binet, de grâce, racontez de bonnes histoires, et gardez vos justifications en introduction ou en notes de bas de page pour ceux que cela intéresse
Trés bon livre
Critique de Philippe972 (, Inscrit le 16 août 2011, 57 ans) - 16 août 2011
Une lecture décalée admirablement bien écrite
Le cerveau de l'écrivain
Critique de Spiderman (, Inscrit le 14 juin 2008, 62 ans) - 28 juin 2011
L'auteur leur rend un singulier hommage en partageant ses émotions lors de l'enquête le menant sur les traces de Jozef Gabcik et Jan Kubis. Tout en détaillant les préparatifs et le déroulement de cette opération, il nous fait part de ses doutes et de la construction de son récit. Craignant l'approximation historique autant que l'excès romaneque, Laurent Binet crée une ambiance où la création littéraire (écriture, repentirs, hésitations, corrections) est dans sa complexité une forme de louange au courage de ceux qui risquèrent leur vie pour éliminer du monde l'inspirateur de l'un de ses plus dangereux protagonistes.
Merci Laurent
Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 18 juin 2011
Passionné par la thématique (mais pas expert !), j'ai particulièrement apprécié le ton décalé de l'ouvrage, comme si nous étions dans le cadre d'un cercle littéraire.
Laurent Binet nous compte en effet l'Histoire, celle de l'opération "Anthropoïde" qui consistait à assassiner Heydrich par un commando tchécoslovaque ; mais aussi son histoire : celle de sa filiation avec la Tchécoslovaquie et Prague, la capitale aux 1000 clochers.
Le livre m'a beaucoup apporté ; d'abord je connaissais mal Heydrich et encore moins l'histoire de son assassinat. Par ailleurs, le livre nous donne à réfléchir sur des questions qui reviennent souvent à l'occasion des guerres : pourquoi la trahison des uns, pourquoi le dévouement sans bornes des autres, pourquoi un plan se déroule rarement sans accrocs (!), et surtout dans ce cas particulier, comment des hommes ont pu commettre tant d'abominations.
Pour finir, j'ai aimé Binet, car il ne se prend pas au sérieux. Le ton est souvent badin, et tourne en dérision l'appareil nazi. Le style est surprenant : Laurent Binet nous livre ses impressions telles qu'il a pu les ressentir en couchant sur le papier son histoire ; on a l'impression d'être au-dessus de son épaule au moment de l'écriture. Le résultat est tout à fait sympathique. J'ai surtout ressenti qu'il cherchait avant tout à partager son livre avec le plus grand nombre, et non pas à faire une démonstration.
Merci, donc.
HHhH
Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans) - 12 juin 2011
Ce qui est intéressant c'est le fait que l'auteur veuille faire de son histoire plus un documentaire qu'un roman, même si le livre se lit vraiment comme un roman. C'est à la fois une qualité et un défaut, une qualité: on est sûr que la reconstitution se base sur des faits avérés et quand ce n'est pas le cas l'auteur le précise, c'est un défaut: l'auteur ayant eu une documentation plus importante sur Heydrich que sur les pilotes chargés de le tuer ceux-ci marquent moins le lecteur, un autre romancier qui voulait raconter cette opération aurait comblé les trous de la documentation par son imagination, l'auteur se refuse à le faire, à tort ou à raison et je trouve que le récit est plus centré sur Heydrich que sur l'opération qui avait pour mission de le tuer.
Reste que l'auteur a probablement livré la version la plus vraisemblable de l'assassinat d'Heydrich et que ce livre peut servir de complément à un cours d'histoire.
où à se contempler on se perd
Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 62 ans) - 21 mai 2011
Mais voilà, que de lassitudes dans ces incises où l'auteur, sous les "affres" de sa création, se contemple et se montre... ces digressions qui au fil du texte deviennent lassantes, d'autant plus quand elles se posent en jugements hâtifs sans réels arguments, ou par excès de simplification des réalités... tel, page 106, "Saint-John Perse appartient à cette famille d'écrivains-diplomates, tels Claudel ou Giraudoux, qui me dégoûte comme la gale"... ou, page 327, "Les Bienveillantes, c'est "Houellebecq chez les nazis"... je comprends d'autant que la parution du roman de Jonathan Littell ait perturbé l'auteur... vu que là où l'un écrit un réel roman (sur lequel certes on peut jeter un regard critique sur le fond et la forme), l'autre se perd dans une auto-contemplation qui, de fait, atténue la force de son sujet... mais voilà, pour Laurent Binet, tout est simple : Tout nazi n'était qu'une brute primaire décérébrée...
Au fil du livre, j'ai eu l'impression que le sujet n'était plus ce fait historique qui secoua Prague en 1942, mais une contemplation de soi... une forme extrême de narcissisme.... avec ce sous-entendu "J'aurai voulu être..." mais voilà, je ne suis qu'un petit écrivain qui devrait encore travailler son style... vu que de style justement...
La bête blonde
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 mars 2011
Laurent Binet raconte cet épisode héroïque, qui est en soi passionnant, mais en outre il le fait d'une manière tout à fait inédite et savoureuse. Il dialogue avec le lecteur : il nous explique pourquoi il est amoureux de Prague, de son peuple (et des beautés slaves). On comprend qu'il est passionné par tout ce qui concerne cet attentat héroïque, et il fera de nombreuses références anecdotiques liées à cet attentat. Il nous explique aussi les scrupules qui l'habitent en tant que romancier qui écrit sur épisode historique important de la deuxième guerre : ne risque-t-il pas de trahir la vérité en transposant le récit historique dans le style romanesque ? Cette question revient tout au long de son livre, au moyen d'aparté avec le lecteur et de retour en arrière sur ce qu'il vient d'écrire, un procédé que j'ai trouvé vraiment savoureux.
L'originalité du livre de Binet, c'est qu'il choisit de ne pas décider entre le genre romanesque et le récit historique : il combine les deux, il nous implique dans son processus d'écriture et il explique ses scrupules quant à la vérité historique (La mercedes de Heydrich était-elle verte ou noire ? Si elle était verte, alors qu'il l'a décrit comme noire, tout son roman ne risque-t-il pas d'être discrédité ?)
J'ai énormément apprécié ce roman atypique. Cet auteur possède un style bien à lui et une manière de raconter l'histoire tout à fait inédite. Son roman est passionnant, il permet de découvrir un personnage et une époque très particulière et est une belle démonstration sur la manière de raconter une histoire.
Autopsie d'un acte héroïque
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 13 mars 2011
Laurent Binet est agrégé en lettres modernes, chargé de cours à l’université et professeur dans la région parisienne. Il enseigna le Français en Slovaquie durant son service militaire. C’est de là que vint son intérêt pour Heydrich et l’attentat perpétré contre lui par Gabcik et Kubis, des parachutistes tchécoslovaques venus de Londres. Roman primé puisqu’il obtient le Prix Goncourt de premier roman 2010. Il fait partie aussi de la présélection du 24ème Festival du premier roman de Chambéry-Savoie.
L’auteur s’implique dans son roman en dévoilant ses recherches sur un événement d’il y a quelque soixante-dix ans. Il entre également dans la peau des personnages en détaillant leurs états d’âme, leurs actions. Et le lecteur revit cette période troublée de la deuxième guerre mondiale en Tchécoslovaquie, à Prague plus particulièrement. La Prague actuelle, mais aussi celle sous la botte nazie. La montée du nazisme en Allemagne et son Drang nach Osten, vieille idée qui remonte au Moyen Age. La résistance tchèque et slovaque réunie avec ces deux parachutistes, Gabcik et Kubis, qui sont désignés pour une mission quasi impossible : éliminer Heydrich, le boucher de Prague, adjoint d’Himmler.
Vraiment particulier ce roman : le lecteur voyage dans le temps, d’avant-hier à autrefois, voire jadis ; et ce n’est que du bonheur pour lui car il découvre une nouvelle façon d’aborder le roman historique. Il pénètre dans l’esprit même de l’auteur qui doute, qui souffre, qui s’exalte.
"H comme Heydrich, Himmler, Hitler ou comme Holocauste"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 28 octobre 2010
Seule la deuxième partie de ce livre s'apparente au genre du roman. On retrouvera aussi la densité des dernières heures de ce fait historique, que l'auteur aura du mal à quitter.
Les 221 premiers chapitres nous font partager les questionnements de tout historien et de tout romancier. En écrire trop ou pas assez? "En même temps, j'ai dit que je ne voulais pas faire un manuel d'histoire. Cette histoire-là, j'en fais une affaire personnelle. C'est pourquoi mes visions se mélangent quelquefois aux faits avérés. Voilà, c'est comme ça."
L'auteur nous éclaire aussi sur ses motivations, sa poursuite presque obsessionnelle de cet événement: "La mémoire n'est d'aucune utilité à ceux qu'elle honore, mais elle sert celui qui s'en sert. Avec elle, je me construis et avec elle, je me console. Aucun lecteur ne retiendra cette liste de noms, pourquoi le ferait-il? Pour que quoi que ce soit pénètre la mémoire, il faut d'abord le transformer en littérature. C'est moche, mais c'est comme ça."
Parmi toutes les recherches très poussées de l'auteur , quelques citations ou quelques jugements qui m'ont impressionnée par leur force ... ou leur intemporalité:
A propos de Daladier: "A ce degré de bêtise politique, la trahison devient presque une oeuvre d'art."
A propos des "Bienveillantes": "C'est Houellebecq chez les nazis"
Citation de George Sand: " Pauvres laborieux, c'est toujours votre lutte contre ceux qui disent encore: "Travaillez beaucoup pour vivre très mal.""
Un livre d'histoire plus documentaire que roman, qui n'en a, pour ma part pas l'élan et le dynamisme, mais un excellent documentaire sur un événement dont l'auteur a réussi à nous montrer son importance sur notre histoire actuelle.
Entre roman historique et essai sur l'écriture
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 25 octobre 2010
L'historien, au contraire, tâchera de s'en tenir aux faits, à leur analyse, sans pouvoir romanciser son propos au risque de contrevenir à la méthode scientifique et de sortir de son rôle.
Cet équilibre est au coeur de cet excellent roman de Laurent Binet, qui relate son obsession de relater les faits, de mettre en avant ceux qui ont lutté et qui en sont (presque tous) morts. A ce titre, HHhH s'avère être en difinitive une réflexion sur la démarche d'écriture, l'histoire d'un romancier qui écrit un roman sur l'opération Anthropoïd.
Au-delà de ça, on retrouve ici un excellent roman sur le nazisme et la seconde guerre mondiale, parmi les meilleurs de ceux que la décennie nous a offerts. La mise en perspective et les interrogations sur "les Bienveillantes" de Littell, ou sur "Central Europe" de Vollmann permet de mieux resituer le sujet.
Le résultat en est un mélange entre un roman d'aventures et une enquête historico-policière, un peu à l'image des "Disparus" de Mendelsohn. Le mélange en est parfaitement réussi. C'est un merveilleux hommage à ceux qui font face au totalitarisme, qui continuent à vivre, qui continuent à aimer, en résumé, dont le coeur continue à battre.
Une fascination dérangeante
Critique de Iguanodon421 (, Inscrit le 21 octobre 2010, 44 ans) - 21 octobre 2010
Plus un documentaire qu'un roman
Critique de Miette (, Inscrite le 25 août 2010, 58 ans) - 23 septembre 2010
Et puis enfin, ce livre donne vraiment envie de visiter Prague...
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Le cas Binet | 22 | Saule | 6 août 2015 @ 03:56 |