Mon amour ma vie de Claudie Gallay
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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les peurs, les rêves, les gens du voyage
« Le remède à la peur et à l'insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques ». Est-ce que Claudie Gallay s’est attelée à ce vœu très pieux dans ce roman réaliste, aussi tranchant qu’un faisceau de haches, aussi sobre qu’un morceau de pain sec, a-t-elle décidé de nous montrer une réalité que l’on se refuse à voir ?
Nous voilà au cœur d’une étoile à cinq branches, tombée dans un dépotoir, à côté de la vie. Nous découvrons d’un coup, par les yeux d’un enfant, une famille en cage, sous l’empire du mal et de la violence. Elle est cernée par la pauvreté, ils sont tous les cinq échoués sur ce vague terrain à la périphérie du périphérique, avec leur rêve cassé, leur chapiteau fracassé, le cirque évanoui. Un pylône de la vie moderne leur est même tombé sur la tête un soir d’orage, inamovible, personne ne peut plus bouger. La mer, dont rêve Dan inlassablement, est si loin !
Ils sont dans l’immobilité, fracturés du reste de la société, enlisés dans le malheur. A peine de quoi subsister : des sardines volées, de la viande d’abattoir, la vengeance comme seul repas. A l’intérieur de ce microcosme glauque et dur, deux tigres en cage, toute musique vendue. La peur de la flicaille et de la racaille glace tout effort, et le père sombre, happé par les démons du jeu. Après avoir dévalisé toute la petite communauté, il va jusqu’à voler les économies de son propre fils, qu’il prend au passage pour victime expiatoire à l’intérieur de ce cercle maudit. Il n’est de toutes façons, qu’un sang-mêlé ! Et puis il y a le pouvoir de ce chat, image de Lucifer, plombé vivant, dans le ciment qui se débat encore et répand le mal lampant, malgré toutes les incantations en rom et les malédictions en blanc. Et plus tard, même Tanya, la guenon maternelle, l’amour animal de substitution, seul bonheur du jeune garçon, sera enfermée en cage, pour finir en fumée… mais la vie ? ‘Quand on coupe un arbre, il a bien des chances de repousser’. La vie n’a pas dit son dernier mot. Mon amour Ma vie. Ma mère Ma guenon. Excessif, éphémère et beau comme un diamant.
Dan sait ramasser cailloux, ficelles, au fond de ses poches, survivre au cloaque, célébrer la vie, aimer, et rêver de l’immensité de la mer. Rêve inépuisable et jeux interdits qu’il partage avec Zaza, handicapée de toutes parts, et si gourmande de vie, comme lui ! Echapper au naufrage, faire le nouveau voyage ! Libérer la guenon en retrouvant soudain des rites indiens ancestraux, retrouver le mystère du cercle de la vie, éternelle.
La cadence du roman est celle des inéluctables et rudes cahots de roulottes cheminant sur les routes, la langue nous ballotte dans le minimum, mais devient un tel condensé à chaque détour que ce sont des cailloux étincelants que l’on cueille à son tour sur la route, pour se les mettre dans la poche, en dépit du malheur.
On a découvert ce monde étrange, qui se dit à part, en noble filiation avec une culture qui remonte au berceau de L’Indus. Liberté de mouvements des hors castes. Aucune dépendance. Fierté et désespérance, violence du clan et splendeur des gens du voyage. Itinérance, transhumance, on ne peut que respecter la différence et les apôtres du rêve.
Les éditions
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Mon amour ma vie [Texte imprimé], roman Claudie Gallay
de Gallay, Claudie
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742788347 ; 8,70 € ; 06/01/2010 ; 296 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Un tue-l'espoir
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 22 juin 2011
Dan est un petit garçon et le seul descendant de la famille rom Pazzati dont le cirque est en train de péricliter. Ils sont coincés au bord d’une bretelle de périphérique par un pylône qui est tombé et leur barre la route. Pa’ a le vice du jeu et perd petit à petit le peu que sa famille possède. Ses dettes lui attirent des ennemis mortels.
Dan est laissé à lui-même ; personne ne lui a appris le bien et le mal. Son père voudrait qu’il se trouve un talent pour reprendre le flambeau comme dompter les tigres ou jongler, mais lui préfère la musique.
Misère, saleté et survie sont le résumé de ces vies et ce roman est vraiment déprimant car cette déchéance semble irréversible. L'enfant va de deuil en deuil à tous niveaux et sa vie est bien amère, sans aucun espoir à l'horizon. Aucune 'splendeur' là-dedans; même pas de happy end.
Grosse déception
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 13 octobre 2010
Est-ce que c'est un choix en fonction du public visé, l'écriture de ce livre est très éloignée de celle des Déferlantes ou de Dans l'or du temps.
Les phrases très courtes, des personnages durs, ne m'ont pas permis de retrouver le plaisir que j'avais eu à découvrir l'univers des Roms à la lecture de Zoli de Colum Mc Cann ou beaucoup plus près de ce roman, Grâce et Dénuement d'Alice Ferney.
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