Rue des boutiques obscures de Patrick Modiano

Rue des boutiques obscures de Patrick Modiano

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tophiv, le 15 février 2002 (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 28 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (703ème position).
Visites : 19 361  (depuis Novembre 2007)

Le meilleur Modiano ?

bref extrait du résumé :"Qui pousse un certain Guy Roland, employé d'une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d'un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d'amnésie ?. Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s'identifier."
Ce roman est pour moi le meilleur Modiano. Evidemment, on retrouve pas mal des thèmes récurrents de son oeuvre, évidemment, on peut dire que pas mal de ses romans se ressemblent et finissent par se confondre dans notre mémoire.
Pourtant, s'il fallait n'en retenir qu'un seul d'entre eux, je choisirais celui-ci. Il contient tout ce que j'aime chez Modiano, cette ambiance si particulière ...

Ce roman, c'est l'amnésie, la quête d'identité, l'errance, la nostalgie, le souvenir qui s'efface et dont on ne sait plus s'il est réel , la lenteur rêveuse, une place de quartier dans une ville inconnue en automne, le vent dans les branches des arbres nus, des inconnus qui passent, la liberté d'errer sans se soucier du temps...
Ce roman, c'est un rêve éveillé, un rêve pas toujours rose mais un bien beau rêve tout de même.

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Les éditions

  • Rue des boutiques obscures [Texte imprimé] Patrick Modiano
    de Modiano, Patrick
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070373581 ; 6,90 € ; 04/03/1982 ; 250 p. ; Poche
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A la recherche d'un passé obscur

8 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 28 novembre 2023

L’amnésie, si on la prend du bon côté, ne serait-elle pas un cadeau du ciel ? Recommencer une vie à zéro, en larguant les amarres du passé : plutôt séduisant, non ?

Ce n’est en tout cas pas l’option choisie par le narrateur. Et on peut le comprendre : même dans un contexte normal, on passe généralement une bonne partie de sa vie à essayer de découvrir sa propre identité. Alors forcément, quand on en est dépourvu…..

Une fois le patron de l’agence privé qui l’emploie parti à la retraite, Guy Roland – puisqu’il lui fallait bien un nom - pense que c’est le bon moment pour reconstituer ce qui a été son existence avant qu’un quelconque événement vienne tout effacer il y a sans doute très longtemps.

Au départ d’un nom retrouvé sur un morceau de papier, Guy Roland va rencontrer un employé de bar que ce passé lointain n’intéresse plus tellement, au point de lui céder une boîte d’anciennes photos. Sur l’une d’elle, un groupe de personnes parmi lesquelles le narrateur pense se reconnaître. Avec le nom d’une de ces personnes figurant au dos d’une autre photo de la même série, un tout début de piste se dégage.

Notre homme avance à tâtons dans sa propre reconstitution, espérant et craignant à la fois constamment d’être reconnu par quelqu’un que lui-même ne reconnaîtrait pas. Il n’est même pas complètement certain de n’avoir rien fait de répréhensible, qui sait, quelque méfait qui lui vaudrait des ennuis s’il était identifié. Il découvre s’être appelé Pedro. Et même Pedro Mc Evoy. Mais rien n’est simple, ce patronyme s’avère être d’emprunt. Pour cacher quoi ?

Des fois, un lieu bien précis lui inspire un sentiment de déjà vu ; il s’y poste alors pendant des heures dans l’espoir de reconnaître une odeur, un son, une impression visuelle. De fil en aiguille, de personne interrogée en lieu scruté, la mémoire lui revient par bribes confuses. Et c’est là le tour de force de l’écrivain entretemps nobelisé : nous emmener tout le long du tunnel obscur que traverse notre Monsieur « Personne » au bout duquel il espère que la lumière du jour, en apparence inaccessible, viendra éclairer le passé du « Quelqu’un » qu’il était.

Atmosphère

6 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 30 mars 2023

L’idée de ce détective privé qui enquête sur sa propre identité après une amnésie accidentelle est séduisante. Le contexte de l’occupation allemande puis de l’après-guerre, le jeu des identités multiples, les milieux où évoluent les personnages, les révélations qui s'enchaînent, tout cela aurait dû davantage titiller mon intérêt. Mais est-ce l’écriture, le rythme ou même mon édition poche aux caractères si étriqués, en tout cas ça n’a pas pris. Je ne suis pas vraiment entré dans ce roman d’atmosphère plus que d’intrigue.

Mon premier Modiano

6 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 8 août 2021

Prix Goncourt 78, ce roman est un peu étrange ; une sorte de roman noir à la Chandler/Hammett, made in France, dans lequel le héros détective privé traque non pas un criminel, ni un disparu, mais... lui-même. Le lecteur ne sait d'ailleurs rapidement plus trop qui est ce narrateur dont on ignore le nom, lui aussi. Comme il a été dit quelque part ailleurs sur cette fiche, trop de personnages peuplent ce court roman, ce qui fait qu'on a une impression de vraie pataugeoire, on ne sait plus où donner de la tête, ça devient tellement complexe que je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la réflexion de Raymond Chandler quand on lui posait la question de savoir qui avait tué tel personnage secondaire de son roman "Le Grand Sommeil" : "Oh, ce personnage ! Je l'ai oublié, figurez-vous !".

Après, c'est bien écrit. Mais c'est un peu fouillis, non ?

Ombre.

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 2 mai 2017

Rue des boutiques obscures est une quête vers soi. Le temps crée des rides qui se creusent si profondément que le souvenir s'efface, enfoui.
Guy Roland devra arpenter bien des lieux pour suivre ses propres traces.

Ce titre est un des plus célèbre de celui qu'on ne présente plus. Par moment on se croirait dans un Maigret de Simenon ; il fait souvent nuit, gris et l'acteur principal est si froid, presque distant avec lui même. Tout est ombre, reflet.
Je ne pense pas que nous soyons face au meilleur de l'auteur mais ce titre mérite largement d'être lu ou relu.

Allez vous balader rue des boutiques obscures

10 étoiles

Critique de Tintamarre (, Inscrit le 15 juillet 2015, 39 ans) - 15 juillet 2015

Ce livre est mon deuxième Modiano, après une première déception causée par la lecture de La Petite Bijou, que j'avais trouvé manquant cruellement de matière. Le Prix Nobel est ensuite passé par là et je me suis dit que je passais à côté de quelque chose en continuant à éviter cet écrivain.

J'achète donc ce livre et je le dévore littéralement en quelques heures. C'est encore sous le choc que j'écris cette critique.

En lisant celles déjà publiées sur le site, j'observe que beaucoup de lecteurs sont déçus par le côté fragmenté, incomplet ou flou des personnages et de l'intrigue. Je les rejoins sur le constat, mais pour moi cet aspect est l'essence même de ce livre et il est réalisé avec brio.

L'objet en effet n'est pas de proposer une intrigue crédible et aboutie mais au contraire de naviguer dans le brouillard des souvenirs du narrateur, réduit au rôle de spectateur passif de sa propre existence. Au cours de ce jeu de piste, on entre-aperçoit quelques destins brisés, des existences qui se croisent pour se perdre à tout jamais et les témoins si fragiles de tout cela: un numéro de téléphone, quelques photos, une fiche de police.

Ce morcellement donne toute sa puissance au propos de l'auteur qui explore ici les méandres de la mémoire: la puissance mais aussi la fragilité des souvenirs, souvent partiels et incertains, et surtout leur importance dans la construction de l'identité d'un être. La conclusion du récit, ou plutôt l'absence de conclusion, parachève le propos en laissant entendre que notre soif de vérité et de certitudes se brisera toujours sur la faillibilité de notre mémoire et le passage du temps.

Enfin, la fragmentation sert également le récit puisqu'elle maintient en haleine le lecteur qui se prête volontiers au jeu de piste et attend avec impatience le prochain indice. Le style très épuré et parfois elliptique de l'auteur est d'ailleurs merveilleusement adapté à l’œuvre.
La fragmentation colle également parfaitement aux faits, qui ont lieu pendant l'occupation, époque taboue et mal-connue qu'on aperçoit par bribes et dont l'ambiance anxieuse et oppressante ressort progressivement.

Un grand livre indéniablement.

Peut-on donner 6/10 à un prix Nobel ?

6 étoiles

Critique de Minoritaire (Schaerbeek, Inscrit le 28 janvier 2012, 64 ans) - 16 juin 2015

Quand le narrateur annonce à son ex-employeur qu’il part à la recherche de son identité et de son passé perdus, celui-ci lui répond : « Voyez-vous, Guy, je me demande si cela en vaut vraiment la peine. » Après lecture, moi aussi, je me le demande.
La première moitié du roman m’avait semblé « terriblement fabriquée », Maria-rosa m’avait dit alors que c’était « juste la petite musique de Modiano ». Mouais. À ce moment-là, je trouvais dans le roman des relents de Simenon et du « Troisième homme », mais la musique du « Troisième homme » est quand même plus entêtante que celle de ces Boutiques obscures. Et ce procédé par lequel, après chaque rencontre-piste possible, le héros reçoit des souvenirs sous diverses formes, me semblait vraiment… un procédé. Heureusement, lorsque j’ai commencé à m’en exaspérer, il a changé de tactique.
La deuxième moitié a acquis un peu en densité, mais m’a paru vaine. Ce type qui n’a pas de présent (en huit ans, il semble n’avoir pas construit d’autre relation que professionnelle) est extrêmement peu crédible, peu intentionné dans son désir. En survolant les critiques précédentes, j’ai relevé plusieurs fois l’adjectif « flou ». Oui. Les personnages sont flous, le récit est flou, l’intention est floue. Où Modiano veut-il en venir ? On se dit que, puisqu’il est nobélisé et que l’œuvre elle-même est goncourtisée, il y a quelque chose à trouver. Mais comme on ne trouve rien, on se dit alors que c’est là qu’on devait aller : il n’y a rien à vouloir se connaître ou à connaitre les gens. Merci.

Au moins aurai-je appris que « postuler » était transitif direct.

Trop trop trop

6 étoiles

Critique de Tetef (Tarare, Inscrit le 24 février 2013, 51 ans) - 3 juin 2015

Trop de dialogues, trop de personnages et trop court.

L'auteur écrit indéniablement très bien alors j'essayerai un autre de ses livres dans quelque temps.

pourquoi je suis

7 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 8 janvier 2015

Si ce livre est une enquête, elle porte sur la quête de ce que l'on est ou ce que l'on pourrait être. Cette recherche est déjà difficile quand on a sa mémoire alors quand on l'a perdue pendant une période trouble cela fait un livre, un beau livre même si l'écriture est encore celle d'un jeune écrivain en devenir et qui est devenu (même en absence de réponses à ses questions).

Obscur roman

4 étoiles

Critique de Laugo2 (Paris, Inscrit le 30 octobre 2014, 58 ans) - 11 novembre 2014

Un roman heureusement pas trop long dans lequel je ne suis pas entré du tout. Franchement, comme son titre l'indique, très... obscur... Après l'enthousiasme du premier roman lu ("La place de l'étoile"), je suis très déçu.

Sans raconter le roman car ce serait redondant et rébarbatif, c'est l'histoire d'un homme à la recherche de son passé. Ayant été frappé d'amnésie, cet homme, devenu détective privé et à qui on a attribué une nouvelle identité, cherche à découvrir qui il était auparavant. Il rencontre alors une multitude de personnes qui lui font imaginer qui il a pu être. Et c'est souvent par l'intermédiaire de photos ou bien grâce à quelques témoignages que Guy Roland (le héros) recueille des informations.
Ce roman n'est donc qu'une recherche évasive, une accumulation de rencontres qui font imaginer au héros qui il a pu être. A trop passer de scènes en scènes, de possibilités en interrogations sur une vie passée, on finit par se lasser. Aucune avancée réelle, tout est flou, flouté, dans un brouillard vaporeux d'irréalité. Et tout cela m'a laissé bien loin de l'émotion éventuelle et d'une envie de savoir. Trop de froideur et de dépersonnalisation. C'est sans doute dommage car l'entame était plutôt intéressante.
Ce roman, auréolé du prix Goncourt 1978 - qui pourtant est un gage de qualité-, m'a vraiment laissé sur ma faim. En lisant des critiques par ailleurs, j'ai été un peu rassuré car il semble que je ne sois pas le seul qui n'encense pas ce roman. Et apparemment, toute l'oeuvre de Modiano est un peu de la même veine, peu de chance donc que je revienne vers le prix Nobel 2014, il ne faudrait pas qu'une chance devienne un risque...

L'oubli

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 30 octobre 2014

Le narrateur de ce roman a de gros trous de mémoire et éprouve le besoin irrépressible de découvrir son identité. Le roman s'ouvre sur la fermeture d'une agence de détectives dans laquelle la narrateur œuvrait. Ironie du sort ! Il travaillait dans un lieu où il a mené des enquêtes pour diverses personnes afin de mieux comprendre certaines choses de leur vie ou de leur passé et lui-même souffre de lacunes sur sa propre existence. Le lecteur suit les interrogations et les rencontres successives de ce personnage.

On pourrait se dire que ce roman ne repose pas véritablement sur un sujet révolutionnaire, c'est vrai et pourtant la magie opère. L'on est bercé par le rythme du récit, par ces personnages, par les dialogues emplis de naturel ... L'on s'interroge sur notre identité, sur le temps qui passe et sur les traces que nous laissons sur Terre, autant dire pas grand-chose. Ce personnage assez banal au début du roman semble avoir eu une vie assez romanesque et semble enfouir ou refouler certains épisodes douloureux en lien avec la guerre. On sent que cet événement a laissé une trace indélébile et a modifié son rapport au réel.

L'écriture n'est pas si simple que cela. Patrick Modiano joue avec le nom de ses personnages, fait quelques pointes d'humour pour des lecteurs attentifs, construit un récit qui n'est pas toujours linéaire, ancre ses personnages dans un cadre géographique précis comme s'il était nécessaire d'avoir une telle précision pour pallier le flou des souvenirs. Certaines scènes sont frappantes comme celle où les personnages ont un contrôle de leurs papiers dans le train. Patrick Modiano parvient à charmer ses lecteurs par sa manière de construire un roman et d'interroger l'homme sur l'existence et le temps.

Obscure impasse

6 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 29 septembre 2014

En partant d’une très bonne idée de scénario relatant l’enquête d’ un détective privé amnésique qui est à la recherche de lui-même, l’auteur parvient à retenir l’attention du lecteur épisodiquement.

Son style est très bon, mais le lecteur n’est malheureusement pas systématiquement happé par ce récit. En effet, les liens entre les différents témoins du passé du héros et les flashbacks restent parfois difficiles à suivre.

Comme l’écrit déjà Killing 79, vu son style, Patrick Modiano mérite sans doute d’être jugé après la lecture d’autres de ses ouvrages car celui-ci m’a laissé sur ma faim.

Premier modiano

6 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 28 décembre 2012

Mon premier Modiano est une petite déception. La renommée de l'auteur et la quasi inexistence de détracteurs m'ont poussé à lire ce roman.
L'histoire trouve son originalité dans les variations des modes de narration qui permettent de dévoiler de différentes manières les éléments de l'identité du narrateur. Chaque point de vue, chaque pièce d'identité apporte une pièce supplémentaire à Guy Roland pour compléter le puzzle de sa vie.
Seulement ce personnage manque d'une certaine âme et on a du mal à être en empathie avec lui. Sa quête d'identité perd donc de son intérêt et on n'est guère impatient de connaître le fin mot de l'histoire. Le tableau définitif se dessine au fil des pages mais à la fin il reste une amertume, comme un goût de "tout ça pour ça!".
Le style est bon sans être transcendant. Un autre roman de ce grand écrivain me sera donc nécessaire pour donner mon verdict personnel final.

"Je" est mort

7 étoiles

Critique de Avada (, Inscrite le 26 avril 2007, - ans) - 17 septembre 2012

Qui est "je" ? Est-il singulier ou pluriel ? Que reste-t-il d'une vie ?
C'est pour répondre à ces questions que le narrateur amnésique de Rue des boutiques obscures mène l'enquête. Il multiplie les rencontres et collecte des indices qui construisent le récit de son identité. L'être qui s'esquisse peu à peu est flou, fuyant, multiple.

Ce roman soulève des questions intéressantes et son mode de narration est très habile. Mais la dépersonnalisation délibérée des personnages et le ton volontairement détaché du narrateur ne facilitent pas l'adhésion du lecteur au récit. Le texte se lit comme un roman à thèse dont l'univers factice aurait la saveur un peu fade de pâles souvenirs.

Un roman construit comme un polar

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 20 février 2012

Un homme est à la recherche de son passé. Un indice, puis un autre lui permettent de détricoter son passé. Le pourquoi de cette amnésie n’est pas dévoilé. Le héros relate les faits de son passé mais ne révèle pas le comment, c'est-à-dire les événements qui lui ont permis de se remémorer ce passé oublié. Le héros semble évoluer hors réalité. Parfois, le ressenti d’une personne l’ayant côtoyé auparavant est relaté sans qu’il ne la rencontre. Patrick Modiano nous embarque dans cette quête avec brio en ne dévoilant que certaines choses, il sait laisser planer un certain mystère qui apporte tout le charme à ce roman.

Que reste-t-il de mon passé ?

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 30 juillet 2011

Modiano affectionne les ambiances énigmatiques un peu glauques et s'est déjà adonné au thriller. Il ajoute une dimension historique, une parade narrative en or qu'est l'amnésie, un passé supposé louche, au moins partiellement, à reconstituer.
Ce cadre lui permet de dépeindre des rencontres surprenantes, des échanges incongrus, parfois proches du quiproquo, alors qu'il les devance, dans sa quête de lui-même.

Je pense également qu'il s'agit de mon préféré des romans que j'ai lus de lui. J'ai bien fait de laisser de côté pour la fin. En sera-t-il de même avec Instruments des ténèbres, de Nancy Huston, dont j'ai également entamé une série de lecture, presque simultanément ?

A chacun ses goûts

4 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 9 janvier 2011

Il en faut pour tous les goûts. Aussi, sans la moindre honte, j'avouerai que je n'ai pas aimé ce livre. J'ai même eu souvent envie d'arrêter le lecture, pourtant courte (moins de 200 pages).
En aurais-je trop attendu, attiré par le fait que l'ouvrage avait obtenu le Goncourt ? Peut-être. Bien que l'on sache que ce n'est pas nécessairement une référence.
Mais cette quête d'identité m'a paru très ennuyeuse. Ne m'en veuillez pas, et je continue à respecter l'auteur. Simplement, si vous bâillez en tournant les pages, sachez que vous n'êtes pas le (la) seule(e)....

Un long rêve

10 étoiles

Critique de Bastien N. (, Inscrit le 28 septembre 2009, 34 ans) - 29 décembre 2009

Un homme en quête de son passé. Un lieu commun, quoi. Ça aurait pu faire un mauvais roman. Ça aurait pu.

... Mais tout est subtil dans "Rue des boutiques obscures". Les métaphores sont peu nombreuses, mais poétiques et bien placées. Modiano ne cherche jamais à définir ouvertement ses personnages: leur attitude se trahit dans leur gestes et leur paroles. Par exemple, si un personnage est mélancolique, il ne sera jamais écrit "il était mélancolique", pourtant on ressent très nettement la mélancolie du personnage, encore une fois grâce à l'écriture subtile de Modiano, qui arrive à nous faire ressentir toute une pléiade d'émotions avec une économie de moyens et un style incroyables.

" Rue des boutiques obscures" m'a littéralement scotché, je n'ai pas pu laisser le roman de côté et j'ai lu ses 250 pages d'une traite. Je ne serai expliquer la très forte impression que m'a laissé ce livre. Je ressens sûrement la même chose que le personnage: une sensation de long rêve brumeux.

Pour ressentir cette émotion dont il est question, l'idéal serait que vous lisiez ce livre, qui est ma première rencontre avec Modiano, et certainement pas la dernière.

Avis mitigé

7 étoiles

Critique de Shelovesyou (, Inscrite le 2 mars 2009, 36 ans) - 2 mars 2009

Ce livre me laisse perplexe.
Un prof de la fac nous a recommandé Modiano car il trouve que ses livres sont très bien écrits. Ma curiosité m'a d'abord amené à lire "Dimanches d'août", que j'ai trouvé plutôt agréable à lire mais sans grand intérêt au fond. Pas découragée, je me dis que je n'ai pas choisi le meilleur alors j'attaque ensuite "Rue des boutiques obscures". Mais... c'est pire.

Je ne dis pas que c'est mauvais, j'aime assez le style (d'ailleurs, dans ses différents livres, on retrouve exactement les mêmes expressions parfois), on s'attache au personnage, mais pour une intrigue aussi simple (un homme a la quête de son identité), ça s'éparpille un peu. C'est trop long, si bien qu'à un moment donné, on n'a même plus envie de savoir qui il est car la frustration a pris le pas sur la curiosité.
Certains chapitres sont uniquement constitués de descriptions (type fiche d'identité), sur des personnages qui ont peu d'intérêt pour le dénouement. A quoi cela sert-il au lecteur ?

Le doux ensevelissement du passé

9 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 27 octobre 2007

Décidément, Patrick Modiano affectionne le mystère, les belles histoires d’amour et les longues quêtes d’identité. Dans « Accident nocturne », il passait son temps à chercher et encore chercher en arpentant les rues de Paris désertes à la tombée de la nuit. Dans celui-ci, c’est un peu la même chose mais l’histoire est très différente et assez obscure… Je crois qu’une deuxième lecture ne serait pas de trop car j’avoue m’être un peu perdue dans cette quête d’un homme à la recherche de son passé.

C’est très prenant comme lecture et plus je tournais les pages, plus j’étais captivée et voulais absolument savoir qui était qui et quel rôle il avait joué dans la vie de cet énigmatique Pedro. L'histoire de Pedro et Denise m'a émue ainsi que celle de tous les autres personnages. J’admire chez Modiano l’écriture bien sûr belle, douce et émouvante, mais ce que j’aime par-dessus tout de cet écrivain c’est son regard compatissant sur l’être humain et le côté éphémère de sa vie. En effet, tout ce qui est important dans la vie d’un homme ou d’une femme finit pas se diluer avec le temps et presque totalement disparaître pour ne laisser que quelques traces dans la mémoire de ceux ou celles qui l’ont connu, traces qui finiront elles aussi par se perdre définitivement dans le doux ensevelissement du passé. Très beau ! J’aimerais tant en dire plus mais je m’arrête ici, critique éclair oblige…

« Je la regardais, et de nouveau un pressentiment m’a pincé le cœur. J’ai voulu ouvrir la portière et lui demander de descendre. Nous serions partis tous les deux. Mais je me suis dit que j’avais un naturel très méfiant et que je me faisais des idées. De la main, elle m’a envoyé un baiser. »

Souvenirs confus

7 étoiles

Critique de Dalania (Dijon, Inscrite le 25 octobre 2006, 38 ans) - 27 octobre 2006

J'ai lu ce livre il y a environ deux ans et j'en ai gardé des souvenirs aussi confus que ceux du personnage principal. Je me rappelle qu'il m'a laissé un léger malaise, comme celui que j'éprouve au réveil, après un cauchemar. Et c'est justement ce pour quoi j'avais aimé.

Une sensation indéfinissable

9 étoiles

Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 4 mai 2005

Tout à fait d'accord avec Saule et Jules. Tous les livres de Modiano se confondent dans ma mémoire. De temps à autre, dans mon souvenir, émerge une image, une attitude, la brève description d'un visage, d'un mouvement de la main ou de la chevelure. C'est comme si surgissait "du plus profond de l'oubli" quelques personnages que nous n'avons pourtant jamais rencontrés... Un peu la même sensation que lorsqu'on regarde les tableaux d'Edward Hopper.

Examen de maturité

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 4 mai 2005

A l'époque en quittant le secondaire on avait un test final, ça s'appelait l'examen de maturité et ça consistait pour moi à présenter un livre. J'avais choisi Modiano, "Rue des boutiques obscures". J'aimais bien l'atmosphère du roman à l'époque.

Plus de 20 ans après je n'ai aucun souvenir de ce livre. Ce qui confirme bien ce que Jules nous en dit.

Un Modiano...

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 4 mai 2005

... comme tant d'autres. Agréable à lire, bien écrit, mais que l'on perd très vite au sein des autres que l'on a lu avec tout autant de plaisir.

Tonalité obscure.

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 mai 2005

Seconde lecture de ce Modiano et toujours autant de plaisir.
Obsessions habituelles de Modiano, petite musique habituelle de Modiano. On aime ou n'aime pas, moi, j'aime.
Amnésie. Quête de son identité. Peur de savoir. Pas d'esbrouffe. Du quotidien avec soucis à hauteur du quotidien.
Et une bien belle écriture. Simple.

En quête d'identité

8 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 19 février 2005

Lire un Modiano, c'est avoir une petite musique qui continue à se faire entendre même après avoir tourné la dernière page. Tout a été dit par Tophiv et Lucien. Il y avait longtemps que je voulais lire un roman de Patrick Modiano, si bien vanté sur ce site. Pourquoi j'ai choisi "Rue des boutiques obscures"? Par les nombreuses et élogieuses critiques entendues un peu partout et puis c'était le premier goncourt que je lisais! Je l'ai dévoré en quelques heures. Une fois commencée, la quête de Guy Roland nous captive, nous passionne et nous emporte dans les moindres recoins de Paris, que l'auteur fait vivre sous sa plume. On suit avec lui les rues de la capitale, on visionne le parcours du héros sur les pas de son passé. On attend avec lui, on s'impatiente, on veut savoir jusqu'à la délivrance, ... enfin! On sait ! Mais là aussi, le destin fait un pied de nez au narrateur.
J'ai beaucoup aimé même si j'ai été un peu déroutée par la chute qui m'a, je ne sais pas expliquer pourquoi, laissé un bref sentiment d'inachevé.

Que reste-t-il de nos amours?

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 4 mars 2002

Est-ce un hasard si, au chapitre VII de "Rue des Boutiques Obscures", le narrateur demande à Waldo Blunt, le pianiste de bar qui peut lui fournir, peut-être, des renseignements sur son passé, de jouer "Que reste-t-il de nos amours"? Evidemment non. Car ce titre est comme une mise en abyme du livre tout entier. Que reste-t-il de nos amours? Que reste-t-il de la vie d'un homme? Qui se cache derrière Guy Roland, le détective privé, qui a mis suffisamment de côté pour pouvoir mener enfin la seule enquête qui l'intéresse vraiment : la recherche de son identité? Etre soi-même l'enquêteur et l'objet de l'enquête... voilà qui évoque de hautes références : Oedipe, bien sûr (il y a de ce personnage dans Guy Roland, dont l'amnésie évoque un peu le refoulement d'un secret trop lourd au sein de l'inconscient), mais aussi Proust (tout ce livre est recherche, quête dans l'épaisseur du temps, à travers la chair des années). Et Modiano est à la hauteur. Avec, en prime, cet univers désuet, ce Paris glauque de bars, de jockeys à la retraite, de beautés alcooliques, d'hommes d'affaires gras et douteux, de pseudos incertains, de noms étranges. Il y aurait une étude intéressante à réaliser sur l'onomastique de Modiano, dont les romans sont littéralement envahis de noms propres aux connotations souvent étrangères, traçant un univers interlope qui n'appartient qu'à lui : Porfirio Rubirosa, Dédé Wildmer, Gay Orlow, Pedro Mc Evoy... Avec, en prime, une narration variée alternant pages de bottins, cartes de visite, lettres, descriptions à la troisième personne, narration à la première (un "je" qui ne recouvre pas toujours la même identité)... le lecteur est un peu enquêteur, lui aussi. Il regarde par-dessus l'épaule de "Guy Roland", dispose des mêmes cartes que lui pour venir à bout de l'énigme... s'il en est encore temps. Car la quête du temps passé est aussi une course contre la montre : les témoins vieillissent, le passé coule, sable mouvant dans un tamis. Et puis, enfin, la petite musique Modiano. Je disais récemment qu'il est rare, le roman qui nous laisse, des années après la lecture, une "petite phrase" dans un coin de la mémoire. Dans le cas de "Rue des Boutiques Obscures", j'hésiterais entre ces deux extraits : "Hutte répétait qu'au fond, nous sommes tous des 'hommes des plages' et que 'le sable - je cite ses propres termes - ne garde que quelques secondes l'empreinte de nos pas.'" "Une petite fille rentre de la plage, au crépuscule, avec sa mère. Elle pleure pour rien, parce qu'elle aurait voulu continuer de jouer. Elle s'éloigne. elle a déjà tourné le coin de la rue, et nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant?"

Mon préféré également

10 étoiles

Critique de Gueststar (Marseille, Inscrit le 4 mars 2002, 64 ans) - 4 mars 2002

C'est pour moi aussi le meilleur Modiano avec Villa triste.

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