La cave de Thomas Bernhard
(Der Keller : eine Entziehung)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Du bonheur d'être épicier
A Salzbourg, peu de temps après la seconde guerre mondiale, Thomas Bernhard, quinze ans, décide de quitter le lycée, qu'il estime être une machine à décérébrer les gens, pour entrer en apprentissage dans l'épicerie de Monsieur Podlaha. Il devra nettoyer la cave qui sert d'entrepôt, se coltiner des sacs de farine, semoule ou pommes de terre de quatre vingt dix kilos et servir les clients en gardant toujours le sourire. Il accepte toutes les tâches de bon coeur. Rien ne le rebute car il se sent utile et il rencontre des gens, mais quels gens... tous les plus miséreux, le rebut de la société perdu dans l'alcoolisme, le suicide, la violence et le crime.
Un livre de souvenirs d'un période fort sombre de l'histoire autrichienne. Le pays est occupé par les vainqueurs, la nourriture est rationnée, les filles se prostituent pour des chewing-gums, des bas et des plaques de chocolat, la famille de l'auteur s'entasse à neuf dans trois pièces autour d'un chef de famille suicidaire qui veut mener à bien l'oeuvre de sa vie : écrire un bouquin de 1500 pages et Thomas se réalise dans son boulot de commis-épicier. Un témoignage intéressant mais rendu difficile d'accès par un style ampoulé, filandreux qui se développe en longues périodes tournant en boucles. Les phrases d'une page et demi ne sont pas rares, les répétitions sont si nombreuses que cela tourne à l'obsessionnel. Cela peut finir par agacer.
Les éditions
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La cave [Texte imprimé], un retrait Thomas Bernhard trad. de l'allemand par Albert Kohn
de Bernhard, Thomas Kohn, Albert (Traducteur)
Gallimard / Collection L'Imaginaire.
ISBN : 9782070768035 ; 7,90 € ; 09/01/2003 ; 142 p. ; Broché -
La Cave [Texte imprimé], un retrait Thomas Bernhard traduit de l'allemand par Albert Kohn
de Bernhard, Thomas Kohn, Albert (Autre)
Gallimard / Du monde entier (Paris).
ISBN : 9782070254170 ; 14,20 € ; 04/01/1983 ; 142 p. ; Broché
Les livres liés
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Un virage dans la jeunesse de Thomas Bernhard
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 19 janvier 2019
Thomas Bernhard surprend toujours son lecteur et n'est pas un mouton de Panurge. Aller dans le sens opposé quel que soit le contexte ne lui pose aucun problème. Et il ose affirmer clairement son point de vue. Ce quartier périphérique, ce magasin souterrain où on ne fait que porter des marchandises devient un lieu de sérénité. L'appartement familial dans lequel ils vivent à neuf devient en quelque sorte une autre cave, cette fois-ci étouffante et sujette à des tensions. Ce récit semble contenir plusieurs caves, certaines pénibles, une autre vue comme un tremplin à sa vie d'adulte.
Thomas Bernhard n'évoque pas que l'apprentissage professionnel, il parle aussi de son goût pour la musique et des cours de chant lyrique qu'il a suivis sous l'impulsion de son grand-père.
Thomas Bernhard, c'est aussi et surtout un ton, une franchise touchante, un pourfendeur de la bien-pensance. C'est un phrasé particulier avec des phrases redondantes. C'est une discussion avec son lecteur en toute sincérité. C'est aussi un seul paragraphe que constitue le roman et qui impose le tempo. C'est un visage que l'Autriche abhorre tout en étant consciente que cet auteur est réputé dans le monde entier.
Tout est égal...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 10 septembre 2012
Thomas Bernhard excelle dans l’art de raconter sa vie et les conditions misérables dans lesquelles sa famille réussissait à survivre à cette époque troublée et chaotique. Il dépeint son petit univers avec une lucidité foudroyante. C’est un livre terrible, d’un réalisme et d’une dureté parfois presque insoutenables mais la richesse du propos et la profondeur de la pensée de l’auteur en font un chef-d’œuvre et il me tarde de lire la suite.
« La nature ne connaît pas de différences de valeurs. Chaque nouvelle journée, ce ne sont toujours que des hommes avec toutes leurs faiblesses, leur crasse physique et intellectuelle. Peu importe si quelqu’un désespère avec son marteau piqueur ou devant sa machine à écrire. Seules les théories mutilent ce qui est pourtant si clair, les philosophies et les sciences en totalité, qui s’opposent à la clarté avec leurs connaissances inutilisables. On a presque tout parcouru, ce qui viendra encore ne surprendra pas parce qu’on a réfléchi à toutes les possibilités. Celui qui a fait tant de choses de travers, qui a irrité, dérangé, détruit et anéanti, s’est tourmenté, a étudié, s’est lui-même liquidé, s’est à moitié tué, s’est trompé, s’est gêné et de nouveau ne s’est pas gêné, se trompera dans l’avenir, fera beaucoup de choses de travers, irritera, dérangera, détruira et anéantira, se tourmentera, étudiera, se liquidera, se tuera à moitié et, jusqu’à la fin, continuera à faire tout cela. Mais en fin de compte, tout est égal. »
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