Zola Jackson de Gilles Leroy

Zola Jackson de Gilles Leroy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 27 juillet 2010 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 449ème position).
Visites : 10 202 

Mère Courage

Zola Jackson est une vieille institutrice noire qui vit seule avec sa chienne dans un quartier défavorisé de La Nouvelle Orléans. Son fils Caryl, homosexuel ayant suivi de brillantes études est mort d'une longue et douloureuse maladie. Zola n'a jamais accepté sa liaison avec Troy MacIntosch un avocat blanc. En août 2005, quand l'ouragan Katrina s'abat sur la ville, quand les digues du Lac Pontchartrain cèdent les unes après les autres, engloutissant des quartiers entiers, Zola refuse de quitter sa maison alors que les eaux envahissent d'abord son rez de chaussée, puis son premier étage. Il ne lui reste plus qu'à attendre la mort, coincée dans son grenier avec sa vieille chienne Lady, sans rien à boire ni à manger...
Un roman émouvant, dramatique et plein d'humanité. Le talent de Gilles Leroy amène le lecteur à se sentir rempli de compassion pour cette vieille femme pas du tout « tendance » sur laquelle la vie s'est acharnée et qui résiste avec courage tout en se remémorant, un peu dans le désordre, les faits marquants de sa pauvre existence : sa liaison éphémère avec un jeune étudiant blanc anarchiste, sa mise à la rue quand elle dut avouer à sa mère qu'elle était enceinte, Caryl, son fils métis aux yeux verts, si beau et si intelligent, gaspillant selon elle ses talents avec un compagnon blanc qu'elle n'apprécie pas. Une belle histoire dans un style proche de celui d'Hemingway par l'auteur d'Alabama Song (Prix Goncourt 2007)

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J'avais cinq marches à mon perron !

9 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 3 mars 2014

J'avais cinq marches à mon perron
Les quat' filles March avaient un père docteur
Y' avait trois lanciers au Bengale
Et le facteur sonné deux fois
N'avait pas de courrier pour moi. (comptine)

Zola Jackson aura cette phrase merveilleuse au terme de son "introspection"
Que sait-on de son enfant ? Mon fils c'était ma raison, c'était ma maison, c'était mon château.

Un livre poignant, un style simple mais qui tape juste.

plouf

4 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 3 octobre 2013

Au vu des critiques précédentes, je suis très probablement "passée à côté" (quoi que signifie cette expression !) de ce livre de Gilles Leroy.
Je n'ai pas vraiment réussi à m'intéresser à la vie de cette vieille femme déprimée, coincée entre sa souffrance et sa peur de vivre, sous couvert de loyauté envers son chien. D'entrée de jeu, ce personnage de Zola m'est apparue antipathique, intolérante, orgueilleuse et surtout, mal aimante, déçue comme une jeune fille à son premier bal en découvrant que Caryl, son fils chéri et ses beaux yeux verts, était au final bien loin de l'enfant idéal dont elle avait rêvé.
Gille Leroy semble faire un parallèle entre la vie de son personnage et l'ouragan qui dévaste la Nouvelle-Orléans. L'annonce de l'ouragan fait surgir des souvenirs de la solitude de la vieille dame, la montée des eaux correspond à l'analyse de sa vie passée, de ses colères, ses regrets, ses humiliations, pour ne laisser au final que l'essentiel. La question qui se pose est : le retrait des eaux sera-t-il la mise à nue d’une vie saccagée, ou le début d’un renouveau possible ?
Mais il y a quand même un (sacré) point positif : j'ai beaucoup apprécié l'écriture simple mais évocatrice, fluide et acérée de cet auteur, ce qui fait de cette lecture une expérience pas complètement négative.

Acceptation

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 28 septembre 2013

Ce livre court qui retrace la vie d’une femme nous entraîne sur plusieurs fausses pistes quant au destin du fils de la narratrice.

Lors de l’ouragan Katrina en 2005, une vieille femme ne veut pas quitter sa maison. Pendant la tempête, elle se remémore son passé, son fils métis brillant dont elle a accepté difficilement l’homosexualité et surtout son riche compagnon blanc, l’homme manuel qu’elle a épousé et qui les a protégés, son métier d’institutrice dont elle a été écartée à mi-temps car elle buvait. Elle survit de justesse avec sa chienne et acceptera les consolations du compagnon de son fils.

IF-0913-4094

Un huis-clos court et fort

8 étoiles

Critique de Maufrigneuse (Saulieu, Bourgogne, Inscrit le 1 novembre 2010, 35 ans) - 8 septembre 2013

Par sa force, son courage face aux malheurs de sa vie et aux dangers qu'elles rencontre avec l'ouragan Katrina, Zola Jackson apparaît comme une héroïne, une femme sublime. L'auteur ne l'a cependant pas ménagée et ne dissimule pas ses faiblesses : son alcoolisme, sa difficulté à assumer les choix de son fils qui la montre égoïste et peu empathique. Elle aura bien fait souffrir le fils tant aimé.
Le roman avance au rythme de l'eau qui monte et tandis que l'espace vital de Zola se réduit, c'est sa vie qui se déroule à nos yeux, par un plaisant jeu d'analepses. C'est pour moi la structure narrative choisie par l'auteur qui est vraiment intéressante.
J'ai eu du mal à rentrer dans le roman. L'écriture est belle mais le ton froid ne donne pas tellement de point d'accroche. Les thèmes abordés le sont de manière convenue : la ségrégation raciale, l'homophobie, la difficulté d'être une "fille-mère" à cette époque... Des thèmes que l'on a déjà vu ailleurs et qui ne sont pas traités ici avec une grande originalité. Un bon moment de lecture, mais qui ne m'a pas profondément marqué.

Portrait de femme

7 étoiles

Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 19 juin 2013

Août 2005. Zola Jackson est une institutrice noire qui vit avec sa chienne à La Nouvelle Orléans. L'ouragan Katrina passe par là, les digues du lac Pontchartrain cèdent et les eaux montent. Zola Jackson refuse de quitter sa maison sans son chien. A travers le monologue de cette vieille femme, on découvre sa vie : son fils Caryl et son petit ami Troy, un avocat blanc qu'elle a du mal à accepter, son amour pour Aaron...

Un beau portrait de femme que nous fait Gilles Leroy, une femme forte de caractère mais aussi têtue. Déçue, je pensais qu'il y aurait plus de détails sur l'ouragan mais le roman est centré sur le personnage de Zola. Leroy construit son roman fort habilement : de l'observation, on s'insinue petit à petit dans les souvenirs de la vieille femme, on éprouve tour à tour, compassion, tristesse, colère... et même un peu d’allégresse. Je regrette aussi de m'être sentie perdue dans les différentes époques évoquées. Une bonne lecture dans l'ensemble !

Le courage d'une femme

8 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 6 juin 2013

Très beau personnage de femme que cette Zola Jackson. Résidant à la Nouvelle-Orléans, elle décide de demeurer chez elle afin d’affronter l’ouragan Katrina en compagnie de sa vieille chienne Lady. Malgré les efforts de plusieurs secouristes, Zola refuse de quitter sa maison sans sa chienne. Mais l’eau monte dangereusement et il vient un moment où la brave femme doit se réfugier dans le grenier de sa demeure construite par son défunt époux mais l’eau continue de monter.

Difficile pour moi de ne pas être émue par le courage de cette femme dont la réussite de son fils a toujours été le but premier de sa vie. Son attachement et son amour pour Carly sont admirables. Mais la vie, on ne la contrôle jamais tout à fait et les choses ne vont pas toujours dans le sens prévu et souhaité. Cependant, Zola s’accroche désespérément à ce qui lui reste : son chien et sa maison.

Malgré la beauté et la noblesse du sujet, j’ai trouvé le récit un peu court et la fin un brin décevante mais il reste que c’est un très beau roman illustrant à merveille le courage d’une mère devant l’adversité et le malheur. Très émouvant.

Cataclysme autour du Golfe du Mexique

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 mars 2013

C’est fou comme l’ouragan Katrina – 2005, Delta du Mississipi - a pu inspirer. Comme si le souffle gigantesque des vents balayait la platitude des idées. « Zola Jackson », au plan littéraire me rappelle au moins la nouvelle « Jésus prend la mer », de James Lee Burke, antérieure de trois ans, et au plan cinématographique le film « Les bêtes du Sud sauvage ». D’ailleurs on me dirait que le scénariste de ce film s’est inspiré de la lecture de « Zola Jackson » que je n’en serais pas davantage surpris.
Zola Jackson est une institutrice, une noire, récemment mise en retraite au moment de l’ouragan, qui vit toujours dans son village, au bord du lac de Pontchartrain, dans sa misérable maison de planches, avec sa chienne Lady pour seule véritable compagnie.
Dans ce récit, qui alterne la chronologie du drame avec des flash-back qui viennent progressivement nous faire comprendre pourquoi Zola en est là, Gilles Leroy aborde plusieurs thèmes majeurs ; le racisme latent dans le Sud des Etats-Unis, l’état pitoyable des Services Publics dans les zones défavorisées aux Etats-Unis, notamment du temps de l’ineffable Bush, la situation féminine – et notamment des fille-mères - dans la même société du Sud, et l’homosexualité … Et Gilles Leroy n’oublie pas de faire ressortir l’âpreté de la pauvreté au pays de l’Oncle Sam. Pour nous Européens, et particulièrement les Français, qui vivons dans une société munie de ce qu’on appelle pudiquement « les amortisseurs sociaux », c’est une mise en perspective intéressante.
En si peu de pages, 140, c’est une gageure.
Une gageure mais en même temps c’est remarquablement fait. « Zola Jackson » se lit d’une traite, un peu comme un ouragan vient dévaster une zone habitée ! La fin n’est pas une fin fermée – positive ou négative – c’est une fin des plus ouverte, qui laisse entrevoir encore un espoir au fin fond de l’enfer. C’est une sacrée nouvelle tout de même !

« Je sombrais dans le sommeil des justes et du Rohypnol quand ça a pété de nouveau ; une explosion, puis deux, qui n’avaient plus rien de cristallin. On aurait dit des bombes, un volcan sous-marin peut-être. Les rues étaient calmes pourtant, le monde se reposait. Qui donc aurait eu le cœur à terroriser la ville ce soir ? L’explosion venait des rives du lac, et ce n’étaient pas des pétards de gosses ni les feux d’artifice de fêtards, c’était un fracas souterrain, tellurique qui fit trembler toutes les maisons sur des kilomètres, de Gentilly jusqu’à Bywater, en ébranlant Saint-Bernard et tout le neuvième district. Les digues venaient de céder. »

KATRINA

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 26 janvier 2013

En 2005, l'ouragan Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans.
Zola Jackson refuse de partir et organise sa survie avec son chien Lady.
Un monologue très touchant sur sa vie .
Mais les descriptions sur la situation du moment présent me font penser à celles de Gaudé dans "Ouragan", les sources de renseignements sont les mêmes évidemment.
Un très bon moment de lecture!

Plus fort que le déluge

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 10 décembre 2012

Court roman de toute évidence peaufiné longuement. J’ai beaucoup aimé cette pureté narrative, un peu comme si chaque mot avait été choisi précisément afin de rendre les phrases simples mais parfaitement évocatrices.

Dans toute cette grisaille contemporaine sinistre, il est réjouissant de lire un personnage qui voue sa vie à l’amour et s’attache aux êtres chers jusqu’à la mort, même si il s’agit d’un chien.

Un monologue touchant

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 27 février 2011

Evitant en général de lire la quatrième de couverture, j'ai été très surprise de découvrir qui était Zola Jackson: une vieille institutrice noire, seule à Atlanta, ayant perdu son fils unique.

Prise au piège de l'ouragan puis de l'inondation, elle va évoquer ses souvenirs, commenter ses choix de vie et quelquefois aussi sa mauvaise foi.
Mauvaise foi justifiée par certains événements de son passé qu'elle nous fera tout doucement découvrir.

Et comment ne pas être touchée par le drame de ces milliers de personnes: "Dans le ciel, ils sont arrivés par dizaines et ils ont tourné, de midi à minuit, des hélicoptères venus non pas pour nous sauver mais plutôt assister à notre fin: il faut croire que n'importe quelle chaîne de télévision, fût-elle à l'autre bout du pays, était assez organisée pour voler jusqu'à nous et réussir là où le gouvernement de la première puissance au monde échouait."

Un beau récit, touchant (j'avoue beaucoup de tendresse pour Lady), émouvant dans sa simplicité de ton.

Katrina est une chance pour les romanciers

7 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 22 novembre 2010

Le personnage de Zola Jackson est très émouvant et très fort ; j'ai eu du mal pourtant à "rentrer" dans le schéma proposé pour deux raisons principales :

La description de la tragédie (Katrina) ressemble trop à ce qui a paru dans les médias ; quelle est la part personnelle de l'auteur ? A-t-il approché les évènements d'une manière originale dont il nous ferait profiter ? Je n'en suis pas persuadé...

Les évènements tragiques qui ont jalonné la vie de l'héroïne sont abordés au travers d'une "grille" trop conventionnelle et "bien-pensante", homosexualité, racisme, drogue, cancer... J'ai du mal à y trouver quelque chose d'original.

Ceci dit, ce petit livre n'est pas désagréable à lire...rapidement.

une mère héroïque

10 étoiles

Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 15 septembre 2010

Quel beau roman! Quelle femme cette Zola, qui refuse de partir de chez elle au moment de la célèbre Katrina et dont les souvenirs vont remonter dans sa mémoire en même temps que l'eau monte dans sa maison. Elle est en colère Zola, contre le monde entier et surtout elle souffre terriblement. Elle souffre de l'amour pour ce fils si particulier, si rebelle (comme elle), si doué et dont elle est si fière. Sa colère et sa souffrance n'ont pas vraiment de noms et ce qu'elle attend c'est que cette eau, qui monte chaque jour un peu plus, l'emporte avec elle et tous ses souvenirs. Alors pourquoi se retranche -t-elle sous le toit? Pour Lady sa chère compagne, cadeau de son fils, qui ne mérite sans doute pas, elle, de disparaitre dans ces flots ? Peut être aussi pour cette toute petite parcelle d'espoir coincée entre colère et souffrance et qu'elle n'a pas encore envie de laisser passer...
J'ai rencontré Gilles leroy chez mon libraire, je n'avais rien lu de lui et ai tenté l'expérience. Je ne l'ai vraiment pas regretté. Sa dédicace résume bien son livre :" Pour....cette destinée d'une mère héroïque, imparfaite, humaine donc..."Tout est dit.

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