La femme de Gilles de Madeleine Bourdouxhe
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L'amour brûle toujours plus par son absence
Nous sommes dans le milieu ouvrier des années 30. Elisa, c’est elle, la femme de Gilles. Ses journées n'existent que dans les tâches ménagères et l'attente de cet homme qui fait d'elle ce qu’elle est. « C’est chaque jour la même chose, Gilles sera là dans quelques minutes. Elisa n'est plus qu'un corps sans force, anéanti de douceur, fondu de langueur. Elisa n'est plus qu'attente ».
Elisa aime Gilles, par toutes les fibres de son corps, et c’est cet amour, cette passion qui lui donne une consistance dans l’existence. Mais dans son univers, présente déjà mais surgissant tout de même, il y a Victorine, sa soeur, et ce désir aussi brusque que dévastateur qu’elle déclenche chez Gilles.
Pas de scrupules pour ces deux-là qui se laissent emporter par la vague, l’un de la jalousie et de l’orgueil masculin, l’autre, ingénue destructrice, de ce besoin de sexe qui ne la soucie pas de faire souffrir sa sœur.
Incompréhension d’abord, accumulation ensuite des petits signes révélateurs qui mèneront à la lourde conclusion… Elisa ne dit rien. Elle préfère rester seule avec sa souffrance et son amour désespéré de cet homme qui, elle le sent, se dégoûtera de l’autre et reviendra vers celle qui l’aime de droit. Et de laisser à Gilles l’avantage de la confession… Confession qui portera un coup de plus à son cœur de femme blessée.
Mais ce n'est rien, elle sera là, amie, amante de consolation lorsque, bien vite, Victorine abandonnera Gilles à ses tourments, au profit de la sécurité du mariage. Bonheurs brefs, déceptions, humiliations, rien n'arrêtera la jeune femme dans son amour…
Pourtant… Que restera-t-il de cette Elisa qui n'existe qu'en étant, après tout, la femme de Gilles ?
Un roman éprouvant, beau, frappant par son écriture à la fois candide et libre qui donne une forte impression de modernité et de vérité touchante.
Madeleine Bourdouxhe use d’un langage simple, direct… Pour moi, c'est un peu l’écriture de John Steinbeck dans « des souris et des hommes » mais au féminin. Elle ne s’empêtre pas dans la surcharge de mots mais les émotions sont bien présentes…
Avant de le lire, j’avais découvert « La femme de Gilles » lors d’une adaptation théâtrale avec, au centre, une Elisa vraiment bouleversante dont j’ai gardé un souvenir ému. Aucune déception avec ce livre court mais magnifique, en tout cas…
Les éditions
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La femme de Gilles [Texte imprimé], roman Madeleine Bourdouxhe
de Bourdouxhe, Madeleine (Commentaires)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742790098 ; 6,60 € ; 03/04/2010 ; 154 p. ; Poche -
La Femme de Gilles de Madeleine Bourdouxhe
de Bourdouxhe, Madeleine
Labor / Espace Nord
ISBN : 9782804012960 ; 1,24 € ; 01/01/2000 ; 135 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Drame au message féministe
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 17 décembre 2020
Celui-ci sera surpris par le caractère avant-gardiste pour l’époque et puissant d’un récit d’une grande sobriété écrit avant la seconde guerre mondiale. Un tel scénario pouvait être crédible jusqu’à la fin des années soixante.
L’autrice dépeint une société ouvrière où la femme est encore à la merci de son mari, sans droit au chapitre et qui doit subir son les errements de son époux qui se présente comme une victime de ses pulsions.
Elle n’est, comme le titre l’évoque, que la femme de son mari sauf à la fin du récit, lorsqu’elle n’en peut plus.
Ce grand classique de la littérature belge francophone, bien qu’adapté au théâtre et ayant fait l’objet d’une œuvre cinématographique, est un peu oubliée sans doute aussi parce qu’heureusement la femme s’est depuis fortement émancipée.
Poignant et merveilleux !
Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 12 mai 2012
Elle aime!
Quelle souffrance, quelle belle amour que celle là !
Mais, à quel prix !
Une oeuvre tout en détail, tout en douceur, tout en violence, une oeuvre fabuleusement quotidienne, atrocement douloureuse et superbement réaliste .....
A lire absolument : l'auteur nous embarque loin des clichés, loin de nous mêmes : on vit avec cette femme, on respire, on aime et souffre avec elle et on en sort violenté mais passionné.
Un grand livre (même s'il est petit en format )................Un grand regard sur la vie !
Drame social
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 12 mars 2011
Pour ma part, n’était la dernière partie, qui fait la force du roman, une force redoutable, je l’aurais considéré comme un gentil roman de terroir, aux visées psychologiques mais sans plus. Mais il y a cette dernière partie qui, à l’instar du basculement qui s’opère brutalement dans le roman « Sukkwan Island », de David Vann, change tout à coup le propos et lui confère une dimension insoupçonnée.
Nous sommes dans un milieu ouvrier, années 30. Elisa, la femme de Gilles, vit un bonheur simple à élever ses jumelles puis la petite dernière qui arrive, et surtout à veiller au bien-être de Gilles. Gilles, ouvrier sidérurgiste, aux idées pas bien compliquées … Bref une histoire sans trop d’histoires justement, jusqu’à ce que Gilles soit littéralement ensorcelé par la sœur cadette d’Elisa, Victorine. Gilles va se perdre dans une relation sans trop d’avenir mais l’intérêt du roman, écrit par une femme – cela a son importance (il y a bien des fois où j’ai eu envie de balancer des baffes à Elisa pour la « réveiller » !) – réside dans les efforts pas humains que va consentir Elisa pour sauver son couple, pour sauver Gilles de Victorine qui se joue de lui. Et là, ça atteint un sommet, rarement décrit, de dévotion, de dévouement, de cruauté …
Elisa va aller jusqu’au bout de sa démarche et c’est en cela que ce roman gagne ses galons d’œuvre marquante. Simone de Beauvoir aurait cité « La femme de Gilles » comme l’exemple de celle qui rêve d’une fusion amoureuse alors que l’homme impose la séparation et la domination.
BEAU, MAIS BEAU...
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 27 avril 2010
Non, ce qui est exceptionnel dans ce livre c’est son écriture simple, belle vraie, sensible, spontanée, avec des phrases ciselées, ses mots directs, choisis avec raffinement, ses envolées lyriques, sa modernité étonnante pour l’époque, (rappelons que ce livre est paru pour la première fois en 1937). L’écriture rend compte de façon étonnante des sentiments et des émotions de l’héroïne, avec ses joies, ses peurs, ses peines, ses espoirs, son désespoir…
Il n’en faut pas moins que cette très belle écriture et tout le talent de Madeleine Bourdouxhe pour nous rendre à la perfection le personnage d’écorchée vive (ou devrais-je dire d’écorchée par la vie?..) d’Elisa… sans doute un des plus beaux de la littérature française…
Un seul regret à la lecture de ce livre que la psychologie de certains personnages (le mari et la sœur d’Elisa notamment…) ne soit pas plus fouillée… ce qui nous les aurait sans doute rendus plus humains…
Sinon, je ne trouve absolument rien à reprocher à ce magnifique livre, on prend tant de plaisir à le lire (il se laisse lire d’une traite en quelques heures…) que l’on aurait aimé en lire 100 pages en plus. Il est dommage que ce livre est bien trop méconnu et qu’il a fallu un film pour le faire connaître au plus grand nombre!..
Mais au final, que c’est beau, mais beau!…
superbe
Critique de FionaR (, Inscrite le 12 septembre 2006, 34 ans) - 12 septembre 2006
Un livre très réussi, très bien écrit, avec de jolies images pour exprimer les ressentis d'Elisa, doté d'une fin surprenante mais qui fait toute l'originalité, l'individualité du livre.
Epouse et mère avant tout
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 30 mai 2006
Pour la cause des femmes...
Critique de Arthémis (, Inscrite le 2 juillet 2005, 35 ans) - 20 juillet 2005
J'ai énormément aimé ce livre... Tout ce qui entoure cet univers des femmes me plait beaucoup et je trouve qu'il est bien écrit...
Une femme amoureuse
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 22 mai 2005
Puis, le grain de sable dans l'engrenage, la peccadille éhontée qui va bouleverser ce calme plat : Gilles a une aventure avec Victorine, la soeur d'Elisa. Mais celle-ci va le "sentir", comme ça, soudainement. Un regard, un sentiment, l'air... ça la bouscule, la bouleverse. Mais au lieu de réagir, de forcer les coupables à se dénoncer et cesser toute duperie, Elisa s'enfonce dans le silence. Elle guette les signes, perd goût au quotidien mais surtout tremble de perdre l'amour de Gilles. Ainsi pour prévenir cette éventualité, elle se tait, camoufle toute connivence, recueille la confession du mari, courbe l'échine mais jamais ne se rebiffe. Par contre, ce mal la ronge.
Soit, son côté "bobonne" fait bondir ! On s'insurge contre le mari adultère, la soeur intrigante, contre les gens qui pensent qu'elle "ne vaut pas mieux si elle accepte sans rien dire", contre la mère qui blâme sans tout savoir... On plaint beaucoup Elisa, on a du mal à comprendre son chemin de croix, son martyre silencieux. C'est beau, tout cet amour ? Bof. Et puis, il y a cette citation, "sans amour je ne suis rien" et "à quoi sert de vivre sans cet amour".
Donc "La femme de Gilles", c'est la dévotion d'Elisa. Jusqu'au bout. Jusqu'à la fin imprévisible. C'est une histoire de totalité, d'égoïsme et de goujaterie, encore un procès contre l'homme, bête et individualiste. Ce roman est très poignant, le portrait d'Elisa est sensuel, également dramatique et vibrant d'émotion. Une telle leçon ne laisse pas indifférent !
(Ce roman a été adapté au cinéma par Frédéric Fonteyne en 2004, avec Emmanuelle Devos dans le rôle d'Elisa).
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