Vassilis Vassilikos est né dans l’île de Thasos en Grèce, en 1933. Après des études de droit, il devient journaliste. Parmi une centaine de publications, « Z » est son ouvrage le plus connu. Publié en 1966, traduit et publié en français en 1967, il a ensuite été adapté pour le cinéma en 1969.

« Z » raconte avec une relative fidélité les événements entourant l’assassinat de Grigoris Lambrakis, député membre de l’EDA (parti politique de gauche). Les faits ont lieu à Thessalonique en 1963, alors que la Grèce est dirigée par l’ERE (parti politique de droite) qui, au nom de la lutte contre le communisme, n’hésite pas à adopter des mesures autoritaires.

Le roman se divise en cinq parties et couvre les événements depuis l’attentat, passant par les obsèques, puis l’instruction, s’achevant peu avant l’ouverture du procès en 1966, soit plus de trois ans après le jour du meurtre.

Suivant le sujet abordé, l’auteur adopte un ton particulier ; l’assassinat est raconté d’une manière rappelant les romans policiers des années ‘50, les obsèques sont relatées sur un ton lyrico-poétique, l’instruction prend des airs de reportage journalistique, etc. Une formule qui, bien que conférant au récit un caractère original, témoigne des hésitations de l’auteur à adopter une position précise par rapports aux faits.

Il faut dire que l’assassinat de Lambrakis et l’instruction qui s’en suivit, ont permis de mettre en lumière l’existence d’une fracture, ainsi que les dérives qui en ont découlé, entre le pouvoir politique et les forces de l’ordre. Conséquemment, le roman touche à des sujets d’envergure tels que les droits et libertés, la corruption, la justice, thèmes qui, bien que soulevés, sont cependant peu développés, ce qui donne lieu à un récit à teneur descriptive qui s’achève sur une conclusion vaguement ficelée.

Cette histoire est par ailleurs relatée sous deux angles particuliers, soit celui des événements tels que rapportés par les témoins, puis celui des événements tels que reconstitués par le juge d’instruction. Cette double perspective, de même que la qualité des dialogues, l’authenticité des personnages et la justesse des descriptions, confère au roman une indéniable qualité cinématographique.

Cela dit, à l’instar du film, ce livre devrait plaire au lecteur désirant approcher l’actualité par le biais de la fiction. Au surplus, l’histoire et les hommes ayant tendance à se répéter, ce récit n’est pas près de perdre de son actualité.