Un taxi mauve de Michel Déon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Retour à la vie
Réellement emballé par le film j’ai eu du mal à entrer dans le rythme saccadé de ce livre prix de l’Académie Française 1973. Cependant il s’avère que c’est un livre magnifique.
Cela commence dans une mélancolie profonde, le narrateur, un français malade est venu mourir en solitaire, il rencontre le jeune et malheureux Jerry. Deux isolés passant le temps ensemble. Puis après différentes rencontres et expériences le narrateur est abandonné par son condisciple accaparé par l'amour. Il rencontre un médecin qui lui assure que sa maladie de cœur n'est que de la tachycardie. A l'aide de l'amitié du docteur Skully, être sociable, intelligent et gai, notre personnage reviendra à la vie et s'ouvrira à la communauté qui l'entoure, les noms, les ombres deviendront des êtres de chair et d'esprit. Un long retour à la vie.
On croisera dans ce trou perdu du Connemara les membres d’une riche famille, un affabulateur, une mystérieuse muette, un docteur excentrique, un réalisateur au chômage et tous les habitués du pub du coin qui ont le coup de poing facile.
La poésie du texte comme dans le film vous rappelle à l’essentiel : « âge : entre 50 et 55 ans. Le mauvais miroir du placard me renvoie une silhouette que je ne reconnais pas sans panique. L’homme arrête sa croissance à vingt ans. Immédiatement après, il vieillit, un long travail de sape qui, selon les cas, donne ses effets aux environs de la cinquantaine…En somme on gagne en caractère ce qu’on perd en grâce. Maigre consolation » ou encore « un jour il s’effondrerait…on le pleurerait un temps avant de l’oublier à jamais. Il distribuait à la folie des biens qui ne laissent pas de trace : la générosité, la bonté, le courage… ».
Bonne lecture
Les éditions
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Un Taxi mauve [Texte imprimé] Michel Déon
de Déon, Michel
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070369997 ; 4,47 € ; 02/02/1978 ; 441 p. p. ; Poche
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c'est moi ou....?
Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 25 juin 2022
Mystères à Dun Moïran
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 6 août 2014
L’Irlande, élément à part entière, familier, insaisissable, avec ses landes sauvages, ses bois, ses saisons, habite littéralement le livre. Le pays sert d’arrière-fond au récit personnel du narrateur, plein d’intériorité. Mais à cette approche introspective se mêle une atmosphère presque fantastique, permettant d'instiller le suspense, notamment grâce au personnage mystérieux de Taubelman, qui cache bien des secrets à la fois au fond de son âme et dans son domaine de Dun Moïran.
Les autres protagonistes, cela dit, s’avèrent tous porter aussi une part d’étrangeté. Ils forment une communauté sympathique et virevoltante dont on prend plaisir à suivre les péripéties et les vicissitudes.
Tout cela donne un certain dynamisme au roman et lui évite de n’être qu’une déambulation existentialiste d’un narrateur solitaire ressassant sa mélancolie. Heureusement, car on s’ennuierait sûrement, l’intrigue finalement tenant en bien peu de chose. Au contraire, et malgré quelques passages un peu bavards, le talent et l’élégance de Michel Déon font du « Taxi Mauve » un roman étonnant et vivifiant, qui interroge sur nos racines et notre identité.
Irlande,terre d'asile
Critique de Anonyme12 (, Inscrite le 27 février 2010, 14 ans) - 29 octobre 2013
L'Irlande sert de cadre à ce roman magnifique et les personnages, tous en fuite ou en quête d'eux-mêmes, se retrouvent dans un petit village, près de Shannon.
Le narrateur vit une vie retirée à la campagne et y fait d'étranges rencontres. D'abord avec quelques descendants de la famille Kean qui ont fait fortune en Amérique. Jerry, qui a fumé trop d'opium, Moîra une (trop) grande vedette de cinéma... Taubelman et sa fille Anne, muette qui retrouve la parole après une chute de cheval... .
Taubelman est un mélange de Pantagruel et de Tartarin mesurant 1, 90m, pour vous dire et il est le genre de type à aimer les femmes qui ont "l'âme d'infirmière"(p.81) ... un Géant pittoresque mais , contrairement à la critique de Vieil, je ne trouve pas que cela soit le seul personnage exceptionnel de l'histoire.
Or, s'il y a une figure féminine que j'ai bien aimée c'est celle de Sharon, (je n'ai pas aimé Mme Li, la domestique), plutôt légère et séductrice ( pas du tout l'âme de secouriste) car c'est elle qui va créer l'étincelle vivifiante en brisant le silence de ces histoires. Elle trouve même un peu de gravité au contact du narrateur , qui dit d'elle:
" Sharon appartenait par sa folie, son absurdité et son irrésistible attrait à un petit cercle de femmes que j'avais peu approchées dans ma vie, qui ne m'avait pas intéressé et dont à travers elle, je découvrais soudain l'infinie complication et, dans une certaine mesure, l'inattendue poétique, l'isolement total, la solitude qu'elles prenaient aussitôt pour de l'ennui et tuaient n'importe comment, avec n'importe qui." ( p.267).
Et le taxi mauve me direz-vous ? c'est celui du médecin qui parcourt la campagne !
Littéralement émue par cette histoire, le livre refermé, et par une belle journée pluvieuse, je suis encore sous le charme des personnages et des beaux paysages avec ce " je- ne -sais -quoi " de mélancolie.
Taubelman seul vaut la peine
Critique de Vieil (Nantes, Inscrit le 9 mars 2010, 93 ans) - 15 février 2011
Mais le véritable héros de l’histoire celui, sans qui, ce livre serait plat, est Taubelman. C’est un enchanteur de mots, il subjugue avec des mots. Mais on le devine plus qu’on l’entend, ce magicien. Il parle, on l’écoute. Il attire l’attention même de ceux, et ils sont nombreux, qui le méprisent. Il ment, on le sait mais toujours « la vérité existait quelque part ». J’ai vraiment aimé, vers la fin du livre, ce qu’on ne peut nommer une joute oratoire car aucune répartie ne tient face à cette virtuosité du langage, les répliques taubelmaniennes dans un crescendo de mauvaise foi où nul doute ne règne sur la crédibilité du chèque en bois lorsqu’il trompe effrontément son créancier, Mr O’Brien. Celui-ci le sait bien, il est très conscient du piège et du mensonge. Mais c’est un rat pris dans un piège, il ne peut que se débattre.
Je regrette que de tels dialogues n’aient pas égayé davantage le livre et affirmé Taubelman dont l’aspect de conteur n’apparaît que dans les dires du narrateur.
Balade irlandaise.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 12 novembre 2010
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