Le pain nu de Mohamed Choukri

Le pain nu de Mohamed Choukri

Catégorie(s) : Littérature => Arabe , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Krityaros, le 14 juillet 2010 (Inscrit le 14 juillet 2010, 31 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 373ème position).
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Un livre qui ne dit que la vérité

Voilà un livre qui mérite beaucoup plus de succès, "Le Pain Nu" de l'écrivain marocain Mohamed Choukri a été un des premiers livres arabes à parler des sujets tabous dans la société nord-africaine de l'époque des années 30 aux années 50. Ce roman prend une forme autobiographique en racontant l'enfance de l'auteur, un enfant qui a haï son père et a préféré suivre sa propre voix de peur de ressembler à son père, l'alcoolique et le meurtrier.

Je conseillerais aux lecteurs (surtout les plus jeunes et les plus sensibles d'entre vous) de prendre assez de recul en lisant ce livre, parce qu'il expose des idées et des faits qui peuvent choquer (violence, sexualité, drogue...).

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Les éditions

  • Le pain nu [Texte imprimé], récit autobiographique Mohamed Choukri présenté et trad. de l'arabe par Tahar Ben Jelloun
    de Choukri, Mohamed Ben Jelloun, Tahar (Traducteur)
    Seuil / Points (Paris).
    ISBN : 9782020317207 ; 0,99 € ; 31/12/1998 ; 157 p. ; Broché
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Un témoignage brut

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 9 septembre 2011

Mohamed Choukri se met à nu dans ce roman autobiographique dans lequel il se confie librement sur son adolescence. L'une des principales figures de cette oeuvre est son père : un homme violent qui ne cesse de battre son épouse et ses enfants, vulgaire, par là même détestable. Dans les premières pages du roman, l'auteur évoque une scène traumatisante : la mort de son petit frère égorgé par son propre père sous leurs yeux. Cet acte monstrueux est peint avec une froideur déconcertante et à la fois une révolte qu'il n'a cessé d'enfouir en lui, n'osant contrer l'autorité paternelle dans un pays où la figure du père est inviolable.

S'ajoute à ce drame de l'enfance, l'extrême pauvreté de la famille. On y mange des fruits abîmés tombés au sol, des poissons moisis, on dort parfois à l'extérieur tel un mendiant. Le cimetière, paradoxalement, semble l'endroit le plus protecteur où l'on peut se réfugier. Evidemment, il n'y a que des morts !

D'errance en errance, Mohamed exercera de nombreux travaux, sombrera aussi dans la délinquance malgré lui. Comment vivre dans l'extrême pauvreté sans l'aide de personne ? Cette extrême pauvreté ne se résume pas à un petit salaire, elle équivaut à un grand rien, à l'absence totale de nourriture ... Mohamed n'a donc pas le choix, la vie le force à déraper.

Le seul réconfort qu'il rencontre est dans le plaisir charnel avec des prostituées, femmes attachantes, peu fiables dans ce roman. L'adolescent fait donc l'apprentissage de la sexualité, de la survie et de l'implication dans des causes sociales à la fin du roman.

Cette oeuvre se lit rapidement et ne peut laisser insensible le lecteur. Elle renseigne aussi le lecteur sur cette époque où le Maroc n'était pas libre et subissait l'influence européenne. Cette oeuvre est âpre parfois et contient quelques scènes inoubliables car frappantes. De plus, il est toujours intéressant de lire une oeuvre qui a été censurée ( 17 ans au Maroc ), car elle nous informe aussi sur l'état d'esprit d'un peuple à un moment donné.

Fils de l’errance

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 27 juillet 2010

L’aspect particulier de cette autobiographie – les tabous – ne l’est plus vraiment de nos jours et encore moins à l’extérieur des pays musulmans (où elle fut interdite). Il s’agit donc maintenant d’un livre qui ressemble aux multiples romans initiatiques publiés.

Le livre peut se diviser en trois parties. La première raconte l’enfance de l’auteur aux prises avec un père tyrannique. La seconde aborde le débordement des pulsions sexuelles à l’adolescence. Et enfin la dernière, l’éveil à l’environnement social-politique.

J’aurais aimé apprendre sur l’époque et la région, mais le format de l’autobiographie oblige au nombrilisme. En dépit de l’assouplissement des mœurs, la nature très crue du récit demeure étonnante et la voix d’une authenticité rare que l’on appelle ça du courage.

Il y’a deux suites « Le temps des erreurs » (1994) et « Visages » (1996)

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